Depuis la mise en garde de la commandante Masha Pristi et les recommandations concernant les balades hors zone civile, ma vie était devenue…nulle et ennuyeuse. Moi qui avais l’habitude d’aller me resourcer en pleine nature, j’étais contraint de rester en ville ou dans des zones urbaines loin de la moindre parcelle de nature possible. J’exagérais…mais à peine. Il y avait de la milice un peu partout et il fallait avoir une dérogation ou un permis pour sortir.

J’étais friand des règles et tout cela. Elles méritaient que nous les respections, mais dans ce cas-ci, c’était très stricte, trop même. Nous étions brimés dans notre liberté de mouvement. Je ne pouvais plus aller à la rencontre des pokémons sauvages dans leur habitat naturel. J’étais pas mal irrité de cela. Je ne le montrai pas, évidemment. Je ne voulais pas me retrouver en cellule pour avoir tenu tête à un officier. Je n’étais pas stupide ni irrationnel.

J’avais donc jeté mon dévolu sur la seule zone assez naturelle que je connaissais et dont je n’avais pas encore mis les pieds, la ferme Tahport. Elle se trouvais dans des vallées champêtres et au moins, il n’y aurait pas que des murs de briques et d’acier à perte de vue. L’air y serait pur aussi.

J’avais amené avec moi Pinku et Shiro. Mes deux pokémons de type vol voletaient à côté de moi, pour une fois. Lorsque j’arrivai à la ferme, je fronçai les sourcils en observant la clôture d’un enclos. L’une des parties semblait s’être affaissée ou s’être brisée et il y avait des Wattouat un peu partout qui sautaient et gambadaient. Je grognai avant de soupirer. Le propriétaire de la ferme ne devait pas être au courant de l’incident et maintenant, ses pokémons se baladaient en zone libre. Bravo l’efficacité d’une barrière en bois hein. Sarcasme, évidemment.

Je me dirigeai vers la porte de la ferme et toquai, attendant une réponse, mais rien. Il n’était pas là ou quoi? Je croisai les bras sur ma poitrine et me mis à réfléchir. Bon d’accord, il était tôt, mais pas siii tôt. Il ne devait tout de même pas dormir encore, si?

- C’est vraiment énervant tout cela…

Je murmurai à moi-même avant de tourner la tête vers les pokémons de type électrik qui bêlaient un peu plus loin. Pas du tout ma zone de confort ce type. Pas du tout.

- Nous ne pouvons pas laisser cela dégénérer plus que cela, mais…tout seul, ce sera long…très long…hm…

Je sentais que mon moment détente allait être déjà de courte durée. Voire inexistant.

Je me secouai un peu, histoire de me reprendre. Ce n’était que des Wattouat, pas des pokémons à la base très violents. Et puis, ceux-là appartenaient à quelqu’un. Donc, ils devaient être habitués à la présence humaine. Facile...en théorie. Déjà, il me fallait de quoi réparer la clôture endommagée et je n’étais pas menuisier ou homme à tout faire. Je grognai en me mettant à réfléchir, cherchant des yeux des outils pour m’aider dans ma tâche prochaine.

Pinku se mit à piailler à mon oreille avant de se poser sur ma tête. Je grognai de plus bel, mais le laissai faire. Shiro quant à elle atterrit à mes pieds et se frotta contre ma jambe. Ils me supportaient peu importe ma décision. Trop mignon. Je leur fis un bref sourire avant de m’avancer vers l’un des côtés de la maison, y cherchant des instruments de chantier ou quelque chose pour clouer des clous, du bois, n’importe quoi.

- On doit trouver quelque chose pour réparer la clôture…Si vous voyez des planches de bois ou des outils, faites-moi signe.

Mes pokémons crièrent en cœur et je me mis à fouiller l’endroit, un côté de la maison à la fois. Après une dizaine de minutes de fouille ici et là, je finis par trouver un marteau avec une boîte de clous. Parfait. Je pouvais aller inspecter le bois de la clôture maintenant. Je ramassai le marteau d’une main, les clous de l’autre et je me dirigeai pas à pas vers l’enclos endommagé. Plus j’avançais, plus il y avait de Wattouat sur le chemin. Sérieusement…c’était tout un troupeau quoi!

- Si seulement j’avais un pokémon canidé pour les regrouper…

Je murmurai pour moi-même. C’était peut-être le matin, mais avec de la chance, d’autres gens auraient dans l’idée de venir faire une visite à la ferme et je ne serais pas le seul à me taper tout le boulot.

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Utilisation du Charme Chroma sur le Évoli

Ce ne fut pas trop long que quelques individus firent leur apparition à la ferme. Aucun signe du propriétaire, cependant. Occupé à tenter de trouver une solution pour cette clôture et son bois abîmé, je sursautai légèrement en entendant la championne d’Uchinâ à côté de moi. Je levai les yeux vers elle et l’observai quelques secondes avant de lui faire un signe de tête. Nous nous étions officiellement rencontrés lors de l’attaque des pokémons paradoxes environ un mois plus tôt. Elle semblait égale à elle-même et son accoutrement totalement plausible avec le lieu et les activités environnantes.

- On dit vous et non toi. Nous ne sommes pas amis. Le vouvoiement est de mise, mademoiselle.

Ton sévère, neutre et distant, c’était tout moi. Je n’étais pas en colère ou insulté, mais j’étais très concerné par les règles et la politesse…surtout la conduite sociale auprès d’autrui. Le respect c’était important sinon cela apportait le chaos.

Puis, vint un homme qui me souffla la fumée de sa cigarette ou peu importe ce que c’était, dans ma direction. Je le regardai, impassible alors qu’il me disait que je n’avais pas à faire cela, que le propriétaire n’aurait qu’à se démerder. Pas très participatif, ce fumeur d’herbe. Je grognai et levai le regard vers lui, plantant mes orbes cuivrés dans ses yeux de consommateur de drogues illicites.

- Vos propos stupides et inutiles ne sont d’aucune aide ici, monsieur. Si vous aviez au moins le tier de mes compétences intellectuelles, ce que je doute fort, vous auriez pu comprendre que dans une société comme la nôtre et dans les temps comme les nôtres, l’entraide est nécessaire à la survie d’une bonne cohésion sociale. Évidemment, vous être trop avare et drogué pour le savoir.

Méchant? Moi? Totalement. Je détestais par-dessus tout, les gens de son espèce. Fainéant, mou, sans aucune compétence intellectuelle et aucune jugeote. Certes, il avait un boulot, un fleuriste peut-être? À la vue de son camion plus loin et des fleurs qui se trouvaient non loin près de la grange et selon ses propres mots aussi. Un vendeur de plantes. Tant que ce n’était pas des plants de drogues…cela ferait mauvaise image pour cette ferme.

- Prenez donc un outil pour m’aider à remettre cette clôture en place au lieu de vous plaindre. Cela ne mènera nulle part.

Allait-il m’aider? Certainement pas. J’avais été très vindicatif à son égard et il était peu probable que cette personne accepte de collaborer. Hm…tant pis. C’est à ce moment que le policier arriva. Je l’entendis appeler mon prénom, grimaçai légèrement et lui serrai la main. C’était quoi cette familiarité que tout le monde avait avec moi? Je n’étais pas populaire ou spécial. Je ne comprenais pas pourquoi on me tutoyait après seulement quelques rencontres fortuites ici et là. Je soupirai intérieurement.

- Policier Osborne. Ravi de vous revoir.

Je me demandais s’il avait un pokémon canidé. Cela pourrait être pertinent pour rassembler tout ce troupeau.

- Vous n’auriez pas un pokémon capable de regrouper ces Wattouats par hasard? Cela serait dommage que le propriétaire des lieux perde quelques bêtes.

Ma simple remontrance vis-à-vis de la courtoisie et de la politesse avait été giflé de la main par la jeune femme avec moi. Qu’est-ce que le fait que j’ai des amis ou non venait faire dans une demande toute simple de politesse et de respect à mon égard? Je n’en avais pas la moindre idée. Pour moi, le vouvoiement était de mise lorsque nous étions en présence d’individus qui ne nous étaient pas familiers. Point à la ligne. Ce n’était pas difficile à comprendre, non? Peut-être bien que de nos jours, les gens avaient oublié cela…malheureusement.

J’haussai les épaules, n’ayant rien à répondre verbalement à cela. Soit. Si elle ne voulait pas être poli c’était son problème, pas le mien. Il fallait croire que la formalité c’était à présent surfait. Puis, je tournai mon regard cuivré vers le fleuriste qui semblait avoir pris mes paroles de manière très personnelle. Ah. Mes propos vindicatifs avaient touché là où cela faisait mal, hum? Les gens…ce qu’ils pouvaient être sensibles à la vérité et à la franchise…

- Je ne suis pas raciste et je ne savais même pas que vous étiez Kalaharien avant que vous ne le mentionniez.

Je fronçai néanmoins les sourcils en me faisant cracher de la fumée au visage. Je détestais la cigarette ou toute substance qui se fumait. Je voulais que Niko arrête ce poison avant qu’il ne se fasse plus de mal ou en devienne simplement trop accro. Je toussai un peu et me reculai de quelques pas.

Je n’eus pas le temps de répliquer quoique ce soit que le policier vint désamorcer la situation. Je soupirai lourdement avant de me détourner. Si personne ne voulait coopérer, j’allais tout faire tout seul. Ce n’était pas un problème. J’allais simplement prendre plus de temps. Mon Tylton et mon Couaneton se lovèrent contre moi, croyant que j’étais attristé par la situation. Je les caressai quelques instants avant de regarder les pokémons présents sur les lieux. L’agent Osbourne avec son Théffroi, l’autre con avec ce petit évoli sauvage, la championne qui semblait se foutre pas mal de tout. Bref…

- Je n’avais pas l’intention d’offusquer qui que ce soit. C’est gentil de votre part d’aider, agent Osborne, mais je ne veux pas forcer qui que ce soit à faire acte de bienveillance et de volontariat si cela les mets mal à l’aise.

Puis, le consommateur de CBD se mit à me piquer de nouveau. J’étais peut-être aussi rigide qu’une porte de prison, mais au moins, je n’avais pas l’air d’avoir une passoire comme cerveau. Je grognai et je m’éloignai un peu du groupe sans toutefois être trop loin pour ne plus entendre ce qui se disait. Comment aurais-je pu savoir si ce fleuriste était handicapé hm? Un handicap n’est pas une excuse. Un humain reste un humain qu’il ait deux bras ou qu’un seul.

- Ce que les gens sont devenus douillets et dramatiques…tch…

Je roulai des yeux avant de tourner la tête vers Vitaly et son inspection rapide de la situation sur la ferme. Peut-être pourra-t-il convaincre Hélia d’aider un peu? Pour ma part, je me concentrai sur la clôture et je tirai sur le bois brisé pour le retirer totalement, histoire de laisser un espace ouvert bien propre.

- Si vous trouvez du bois solide et qui pourrait servir à réparer cette clôture, prévenez-moi, s’il vous plait. C’est tout ce que je vous demande puisque le moindre petit effort semble être mission impossible. Sauf pour vous, agent Osborne. Merci pour votre aide précieuse.