Alors? C’était ainsi que Nikolaï me voyait? Certes nous étions amis depuis des années maintenant et son amitié comptait plus que tout pour moi, mais je ne savais pas pourquoi, ses mots, il ne me rendait pas indifférents. Ils m’agaçaient même. C’était bien pour cela que j’avais répondu brièvement à son dernier texto et que j’étais allé me coucher. Je ne pouvais pas mettre le doigt sur la raison de cet agacement, de ce quelque chose qui me rendait irritable. C’était peut-être bien la fatigue. Oui, voilà. Une bonne nuit de sommeil et j’allais m’en remettre. Si cela ne suffisait pas, au matin, je n’aurais qu’à aller faire un tour dans une zone sauvage avec mes pokémons. Ils seraient contents et moi, j’aurais de quoi m’occuper.

Une fois levé, j’allai prendre une douche et m’habillai en laissant ma chevelure sécher à l’air libre. Je me préparai quelques trucs à manger vite fait et je saluai d’une caresse tous mes pokémons en liberté dans mon appartement. Les plus gros ne s’y trouvaient pas, mais je leur avais trouvé un lieu à Bedwyr, une sorte de garderie très cher payée et très stricte. Évidemment, je ne manquais pas d’y passer pour aller saluer mon Tropius, mon Météno et mon Drattak. Je me mis à réfléchir quelques secondes, avant de faire sortir Ao. Je grimpai sur son dos et accompagné de Pinku, Shiiro et Précieuse, je m’envolai vers Oma-Oma. J’avais envie de faire un peu d’escalade sur le volcan et à son pourtour. Ma tête n’était pas totalement libre de toutes pensées concernant Niko. J’aurais pu aller voir Mikhail pour qu’il me change les idées comme la dernière fois, mais je ne trouvais pas cela correct. C’était un ami d’enfance, pas une personne qui ne me servait qu’à oublier mes tracas dans une parti de jambes en l’air.

Tout en soupirant et caressant distraitement ma monture, je levai mon regard cuivré vers le soleil. Il n’était pas encore à son paroxysme tout en haut du ciel, mais malgré tout, il restait chaud et vif. Cette chaleur me fit penser à Niko et à ses sourires…Je grognai. Je voulais le revoir sourire, le voir rire et s’amuser, mais j’avais en même temps envie que ce ne soit qu’avec moi. Je n’étais vraiment pas dans mon état normal. Les paradoxes et tout le reste me montait à la tête, voilà!

Oubliant un instant ma destination et la raison de ma venue, je laissai mon Drattak survoler le volcan après un vol d’une vingtaine de minutes. Je n’étais pas spécialement pressé alors, je lui avais demandé de prendre son temps. Je descendis de son dos une fois que nous atterrîmes au sol lui et moi. Mes autres pokémons de type vol se posèrent aussi. Précieuse qui avait pris l’apparence de Pinku se posa sur ma tête. Mon Tylton en fit bouffer ses plumes de jalousie ce qui me fit sourire et rire légèrement. Je le pris dans mes bras et lui fis un câlin. Je soupirai.

- Mais voyons, ne soit pas jaloux, Pinku. Tu sais très bien la place que tu as dans mon cœur. Lui dis-je en lui caressant la tête d’une main douce, mais ferme à la fois. Je le relâchai ensuite et déposai Précieuse qui reprit sa forme originelle sur mon Drattak. Il allait me surveiller puisque je comptais monter le volcan Ki-Brûl sans harnais ni attache. C’était avec la force de mes mains, de mes bras, de mes jambes et de mes pieds que j’allais monter cette merveille de la nature.

Nous nous approchâmes d’une zone qui ne dégageait pas une chaleur trop forte. Ce n’était pas la première fois que j’escaladais ce volcan, mais bien la deuxième fois. Cependant, je ne l’avais pas fait sans protection, mais je savais que certains pilons d’escalades se trouvaient encore ancrés dans la roche volcanique. Je connaissais les appuis, et je me savais en sécurité avec mes pokémons. J’avais tout de même apporté un sac avec des gants, des protèges coudes, des protèges genoux et un casque. Je n’étais pas suicidaire quand même. Une trousse de premiers soins, un pistolet de détresse et nourriture et eau se trouvaient aussi dedans. J’avais laissé mon téléphone et papier/crayons à l’appartement. Pas besoin de cela ici. Je voulais être dans la nature et me connecter à elle.

Et donc, ni une ni deux, je m’approchai de la roche et la caressai de ma main gantée avant de chercher les bonnes grippes pour débuter mon ascension. Peut-être allais-je être assez fou rendu au sommet pour me laisser tomber dans le vide et laisser le soin à Ao de me rattraper. Enfin…c’était une simple pensée qui effleura mon esprit. Peut-être…mais seulement pour l’adrénaline et non pas pour autre chose.

Je souffle alors que je regarde tout ce que j’ai à escalader au-dessus de la tête. Je sais que je peux y arriver. D’autres gens que moi l’on fait auparavant. Je me demande un instant ce que penserait Niko de tout cela. De cette envie que j’ai de gravir ce volcan sans harnais, sans corde de sécurité, sans personne d’autre que mes pokémons pour me rattraper. Il désapprouverait. Il s’inquièterait et me demanderait d’y réfléchir de nouveau, de ne rien faire de stupide. Pourtant, j’y ai réfléchi plusieurs fois et je sais que j’en suis capable. Je l’ai déjà fait et je me sens calme et serein.

Boum Boum.

J’entends mon cœur qui cogne fort dans ma poitrine. Fort, mais régulier. Je ferme les yeux un instant en serrant mes doigts gantés autour de la pierre, dans la crevasse du roque volcanique qui compose ce bouillant volcan. Un instant, un seul instant je revois le sourire de mon collègue et j’entends le souvenir de son rire. Je veux qu’il sourit comme cela tout le temps et qu’il puisse aimer sa vie, apprendre à vivre sans tracas. Il n’est pas comme moi et cela, je le conçois.

Je rouvre les yeux et reprend mon ascension à la force de mes bras et de mes jambes. J’en ai assez long à grimper. Au moins, il y a des repères, des guides laissés par d’autres avant moi. Je ne m’en fais pas. Je connais mes limites.

Y a-t-il une limite à ce que j’éprouve pour Niko? Je n’en sais rien. Nous sommes amis depuis longtemps maintenant et…c’est très bien ainsi n’est-ce pas? Pourquoi…pourquoi je me triture la tête et l’esprit avec cela au juste? Pourquoi est-ce que cela semble à ce point me déranger qu’il veuille s’amuser avec d’autres que moi? Être…proche d’autres que moi…

Je me pince les lèvres en grognant, agrippant une paroi un peu plus friable qui s’effrite sous ma main, me faisant glisser contre la roche volcanique. Je serre les dents en me supportant de mes jambes et de ma main encore agrippée à une zone sûre. Mon genou est éraflé, mais qu’importe. Je souffle de nouveau pour me vider l’esprit. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Je ne peux pas me le permettre.

- Reprend-toi…Tu vaux mieux que cela, Hermes.

Boum Boum Boum.

Je frissonne alors que je sens mon cœur s’accélérer dans ma poitrine. Je ne suis pas bien haut encore sur la paroi du volcan. J’aurais pu faire une mauvaise chute tout de même. L’adrénaline a pris possession de mes veines. Je la sens envahir mon corps tout entier et éveiller mes sens au danger potentiel. Les frissons me reprennent, mais je tente d’en faire abstraction.

Je souffle et je recommence à escalader la pierre volcanique. Mes protections ne me garantissent pas une sécurité maximale comme me l’a démontré mon protège-genou qui n’a pas pu supporter le choc contre la paroi rocheuse. Ce n’est pas grave. Ce n’est qu’une éraflure. Je tourne le regard vers mes pokémons qui restent dans les parages. Ils me surveillent. Nous sommes partenaires, une famille et je sais que je peux compter sur eux comme ils peuvent compter sur moi.

Plus je monte et plus il fait chaud. C’est suffoquant et pourtant, je suis à peine à l’un huitième de mon ascension. Le volcan est immense et fier. Il englobait tout le paysage lorsque j’étais sur le dos d’Ao, mon Drattak. J’inspire profondément et laisse mes poumons s’occuper d’oxygéner mon corps. Je laisse le dioxyde de carbone s’échapper de la commissure de mes lèvres et je me concentre sur chaque geste que j’ai à poser.

Je repense à ce que Nikolaï m’a dit l’autre jour. Cette escalade que nous allions faire ensemble au cours de l’été, mais qui ne semble pas avoir eu lieu au final. Non. Elle n’a pas eu lieu. Et là, je gravis seul ce volcan en me disant que ce n’est pas grave, que cela arrive et que depuis que je l’ai vu, hospitalisé, que je m’inquiète pour lui. Encore plus qu’avant. C’est normal? Suis-je normal? Non…pas vraiment…

Je dépose mon front contre la pierre face à moi et je grogne. J’avais trop envie de grimper avec lui, là, tout de suite et maintenant. Au moins, j’aurais pu lui poser toutes les questions qui me venaient en tête. J’aurais pu le voir en chair et en os et non pas que par lettre et par mot. Je m’en voulais de…de ne pas être assez bien pour lui. Pas comme j’aurais aimé l’être dans tous les cas.

Boum Boum.

Je suis tracassé par ce que je ressens. Je n’arrive pas à trouver la logique dans tout cela. J’avais ce désir d’être aux côtés du professeur de biologie et en même temps, je ne voulais pas m’imposer. Je ne pouvais pas le faire. S’imposer serait mal. Je l’avais déjà assez malmené par le passé avec mes mots durs et cruels, ma vérité beaucoup trop franche parfois. Là, il voulait se détendre, prendre du bon temps et s’amuser. Ce n’était pas le moment pour une prise de tête sur des émotions diffuses et des sentiments dont je n’arrivais même pas encore à mettre le doigt dessus. Niko avait assez souffert par ma faute. Je ne voulais pas lui causer plus de souci.

Je le connaissais depuis longtemps maintenant. Nous avions passé une partie de nos études ensemble, que lui et moi. Nous étions presque inséparables. Ce n’était plus vraiment le cas à présent. Nos vies d’adulte avaient divergé. Nous ne sommes plus indispensables à l’autre pour être heureux. Pourtant…j’avais cette impression qu’il était bien plus malheureux loin de moi. C’est compliqué. Tout est compliqué et moi en premier lieu.

Je soupire en rouvrant les yeux, voyant un peu plus haut des pokémons sauvages ici et là qui semblent plus ou moins curieux de ma présence sur ce volcan. Je savais que je n’avais réellement fait souffrir Niko, enfin…pas de manière exagérée, mais j’avais été dur avec lui. Mon sérieux et mon désir de l’aider conjuguer à mon manque de tact et à mon manque d’inhibition avaient certainement dû le blesser à maintes reprises. Des mots pouvaient avoir beaucoup plus de poids qu’une attaque physiques. Je grognai de nouveaux. Ce que je pouvais être con parfois!

Je continuai mon ascension en maugréant contre moi-même. C’était peut-être pour cela que mon collègue passait son temps à s’excuser et à modérer ses propos. Il avait sans doute peur de mes réactions et de mes paroles crues et acérées. Pourtant…il me connaissait bien, non? Je ne savais plus trop quoi penser. Peut-être bien que tout ce qui me passait par la tête, là, maintenant n’était qu’une pure fantaisie, un mensonge que je me construisais moi-même pour éviter de me donner le moindre espoir avec lui. Ou peut-être bien que cela est la vérité aussi.

BOUM BOUM

L’espoir. Je me demandais bien à quoi est-ce que j’espérais avec Nikolaï. Mon cœur se serra indubitablement lorsque je me mis à penser au Tôkanien et que j’imaginais un nous. Non. Impossible. Les battements s’accélérèrent et je secouai vivement de la tête. Je…Avais-je simplement le droit de ressentir cela pour lui? Je sentais la chaleur me monter au visage et si j’avais eu une glace ou un miroir devant moi, j’aurais certainement pu me voir rouge Écrapince.

Serais-je tombé amoureux de mon meilleur ami contre toute attente et à tout hasard? Je…Je ne pouvais l’envisager, mais…comment aurais-je pu qualifier ce que je ressentais à l’instant si ce n’est que cela? Je devais encore réfléchir, trouver de vraies réponses et grimper ce volcan allait m’y aider.

J’ai l’impression de perdre mon souffle alors que mon cœur bat la chamade dans ma poitrine. Je réalise peu à peu ce que je ressens pour Nikolaï et je ne peux pas y croire. Comment? Pourquoi? Je n’avais pas de réelle réponse à donner à ses questions. Cependant, je pouvais plus ou moins dire quand j’avais fini par développer plus que de l’amitié pour lui. Je crois que cela avait débuté le jour où au parc d’attraction, je l’avais giflé et où pour la première fois de ma vie, j’avais ressenti du remord et de la culpabilité. C’était cela, le déclencheur.

Je me voilais la face depuis un moment déjà. L’été allait toucher à sa fin bien plus vite que je pouvais le penser. Je ne voulais pas gâcher cette relation que nous avions l’un vis-à-vis de l’autre. Mes sentiments bien que nouveaux pour moi et leur réalisation ne devaient pas entraver notre amitié. Nikolaï m’avait bien dit qu’être ami avec moi était important pour lui. Et puis…les derniers SMS que nous nous étions envoyés…cela était plus qu’évident qu’il ne ressentait pas la même chose pour moi. Cela le gênerait. Je lui faisais honte bien souvent aussi. Un point de plus pour que notre relation n’évolue jamais. Que cela reste au point mort.

- Je suis vraiment mal barré hein…

Je soupirai une énième fois en continuant de gravir l’énorme volcan. Mes pokémons de type vol m’encourageaient de leurs cris. Je tentai de me focaliser sur mon ascension plutôt que sur mes sentiments à l’égard du champion de Tôkan. Certes, il voulait aller à la soirée à Uchinâ avec moi, mais simplement pour ne pas être seul. Ce n’était pas un rendez-vous, mais bien juste une soirée entre amis. Rien de plus, rien de moins. Je ne devais pas me faire d’histoire et me convaincre de ne pas espérer à plus. Oui. Voilà. Le rendre heureux, mais de loin. Veiller à son bonheur dans l’ombre. Comme cela, je n’allais pas m’imposer. Il serait tranquille et n’aurait pas plus de pression ou d’embêtement. Bien.

L’air commençait réellement à être assez étouffant et la chaleur n’aidait en rien. Il y avait aussi une forte odeur de soufre. Je grimaçai en sentant mon genou éraflé qui me démangeait. Je devais trouver un endroit sécuritaire pour m’arrêter un instant. Une plateforme rocheuse ou une petite corniche pourrait faire l’affaire. Je plissai les yeux à la recherche de quelque chose du genre. En même temps, je prenais note de m’acheter du matériel de meilleure qualité la prochaine fois que je devais m’équiper. Ces genouillères ne valaient pas grand-chose en fin de compte. Je grognai et j’aperçu enfin l’objet de mes désirs immédiats.

Je grimpais quelques mètres de plus avant d’atteindre une petite corniche reliée à une large crevasse dans la croûte volcanique. Je m’assurai qu’elle était stable et qu’elle n’allait pas s’effondrer sous mon poids avant de prendre quelques trucs dans mon sac pour nettoyer ma blessure et retirer ma protection brisée. Tant pis, je ferai sans. L’alcool piqua ma blessure et je grognai. Au moins cela allait être propre et désinfecté. Je mis un patch protecteur dessus pour ne pas que de la poussière ou de la cendre ne l’infecte. Je préférais prévenir que guérir.

Je profitai d’être sur cette surface sécuritaire pour prendre une gorgée d’eau. La chaleur faisait perler la sueur sur ma peau et imbibait mes vêtements. C’était vraiment une montée très ardue mine de rien. Je devais être plus prudent et surtout m’arrêter fréquemment si le chemin me le permettait. Enfin…l’ascension plutôt. Il n’y avait aucun chemin sur la surface même du volcan. Je montais à mains nues sans autre matériel que mes muscles et ma détermination. Heureusement que des gens avaient déjà laissé leur repère d’escalades passées. La part d’inconnu était alors bien moindre et les chances que je ne me plante et cours à une mort certaine aussi.

- Très bien.

Je me redressai et secouait mes vêtements avant de taper mes deux paumes ensemble tout en les frottant l’une contre l’autre. Mon regard se posa sur Ao qui survolait un peu plus haut dans le ciel avec mes autres pokémons. Pinku vint à ma rencontre et je le caressai quelques instants en lui souriant. Mes pokémons savaient me remonter le moral et me faire oublier mes tracas. Je pouvais toujours compter sur eux.

Je terminai de ranger mes effets personnels et je me remis en route. L’escalade de ce volcan ne se ferait pas tout seul. Si je ne voulais pas y être jusqu’à la nuit tombée, je ne devais plus traîner dans mes pensées et surtout me sortir un beau Tôkanien de l’esprit. Y repenser ne me servirait à rien de toute façon. Jamais cela ne se réaliserait. Lui et moi, nous n’étions pas faits l’un pour l’autre. Quand même j’aurais voulu le contraire. Je devais me faire une raison.

Je tentai de faire le calme dans ma tête. Je ne voulais penser à rien. Je préférais nettement le vide à des pensées envahissantes et parasites. Mon cœur avait retrouvé un rythme normal et je ne l’entendais plus. Tant mieux. Je me sentais revigorer à gravir ce volcan comme cela. Je n’avais aucune pression, rien pour me ralentir ou me demander de me presser. Dans l’immédiat, j’avançais au rythme que je désirais. Je m’assurais de prendre les bons points pour mes mains et mes pieds. Je ressentais la chaleur au travers de la roche volcanique. C’était assez impressionnant et intriguant.

Une fois à la hauteur d’une profonde crevasse, je vis deux yeux brillants m’observer. Indéniablement un pokémon. Aucun humain ne pouvait survivre longtemps dans un environnement aussi peu hospitalier et surtout terriblement chaud et lourd. Un grondement se fit entendre du fond de la crevasse et je posai mon regard cuivré sur la créature. C’était un Magby. Catégorisé comme un bébé pokémon, ce type feu n’en n’était néanmoins pas inoffensif. Il pouvait infliger de graves brûlures. Je restais prudent et j’hochai simplement de la tête en signe de respect. J’étais dans son habitat après tout. Je voulais lui montrer que je n’étais que de passage et donc, que je n’étais pas une menace pour lui et les siens.

Cela dura quelques minutes tout ou plus avant que le pokémon ne se détourne en grondant de plus belle. Il me laissait partir, mais avec un avertissement. Normal. Je ne m’attardai pas plus longtemps et je montai quelques mètres de plus pour m’éloigner de la crevasse et du danger potentiel. Évidemment, j’avais mes propres partenaires pokémons non loin, mais il valait mieux ne pas irriter la faune locale.

Je devais maintenant avoir gravi le quart du volcan. J’étais trempé de sueur et je m’essuyai le front du revers de la main avec mon gant. Fiouh! J’aurais tout donné pour pouvoir retirer mon haut, mais cela n’aurait pas été une bonne idée. Surtout pas de la peau humaine versus de la roche brûlante et aussi coupante qu’un rasoir.

Je devais prendre sur moi et oublier cet envie-là aussi. Il y avait un moment pour tout et ce n’était certainement pas le bon là, maintenant. Une fois tout en haut, peut-être. Quoique je n’en étais pas encore rendu-là. Je devais déjà m’assurer de monter jusqu’au sommet et ce n’était pas aussi aisé qu’une balade de santé sur un joli sentier. C’était un défi à relever. Un défi que j’allais relever. Je n’étais pas un défaitiste là-dessus. Rien ni personne ne pouvait m’empêcher d’accomplir ce but. Pas tant que je ne me résignais pas. Je m’en sentais capable et c’était tout ce qui m’importait. Comme j’aimais si bien le dire, que ceux qui n’y croyaient pas aillent se faire foutre.

La blessure sur mon genou me lançait malgré la protection et malgré que je l’aie nettoyé. C’était normal après tout. Même une éraflure aussi petite soit-elle pouvait être dérangeante. Je fermai les yeux pour souffler quelques secondes. Il ne me restait qu’un protecteur au genou alors, je devais redoubler de prudence. J’avais à la fois envie de solitude, mais aussi du contraire. Je n’avais pas l’esprit clair. Mes pensées étaient parasitées. Je grognai de frustration et rouvris les paupières, plus déterminé que jamais à gravir ce volcan jusqu’au sommet. Je ne connaissais pas la défaite, tout du moins pas ce genre de défaite. J’avais pour habitude de ne pas me laisser affecter par tout et n’importe quoi, mais là c’était différent. Là c’était de Niko qu’il s’agissait. C’était de la personne qui me rendait à la fois dingue et confus dont il était question. Mon meilleur ami et la personne qui comptait le plus pour moi et encore plus maintenant que je prenais conscience de mes réels sentiments à son égard.

J’étais plus déterminé que jamais. Oui. Plus déterminé à le rendre heureux, à le voir s’épanouir et à faire en sorte que la joie, le bonheur et le calme soient ses trois idéaux à venir. Dans sa vie professionnelle comme personnelle. Je me foutais bien de mes propres sentiments au fond. Oui. Peu m’importait tant qu’IL retrouvait le sourire, qu’il s’amuse et qu’il puisse rire. Je ne voulais pas que ma présence que peu de gens appréciaient ne l’affecte si je traînais trop près de lui, trop intime. Être plus signifiait un nouveau tournant dans nos vies et cela voulait aussi dire nous. Une vie commune et une demande émotionnelle que je ne savais pas être fait pour supporter. Jongler avec les émotions d’autrui, les craintes et les peurs…tout le négatif et même le positif…je n’étais pas doué pour cela. Je manquais cruellement d’expérience. Pouvais-je être ce pilier? C’était trop confus pour moi. Je ne m’en sentais pas capable et je ne voulais pas briser ce que nous avions.

Mon cœur se serra momentanément dans ma poitrine à cette pensée. Je ne renonçais pas…n’est-ce pas? Ou, le faisais-je en réalité par peur de l’inconnu? Peur de ne pas être assez bien pour Nikolaï. Certes, il avait aussi son mot à dire, mais ses messages textes en disait déjà beaucoup sur notre réalité. Je devais arrêter d’y penser. Arrêter de me prendre la tête pour une relation que je me découvrais vouloir au fond. Je grognai de nouveau et accélérai mon ascension du volcan.

La chaleur était de plus en plus étouffante et je m’arrêtai à environ trois quarts de la réussite. Je me sentais défaillir et m’épuiser plus vite que je ne l’aurais cru. J’étirai une main tremblante vers une pierre pour l’agripper et mes orbes cuivrés se posèrent sur mon membre tremblant et faible. Je devais renoncer même si je ne le voulais pas. Ma détermination de continuer pouvait me mener à ma perte. Ce n’était pas ma première montée, mais je n’étais nettement pas dans une condition optimale à présent pour l’achever. Pas par ce chemin tout du moins. Je soupirai et lâchai prise, me laissant tomber dans le vide. Je me sentais à la fois léger et lourd. Ma chute vers le bas du volcan se profilait et le sol se rapprochait de seconde en seconde.

Ao arriva et me rattrapa sans problème. Je tombai sur son dos, le visage face au ciel. Je posai mon avant-bras sur mon front avant de lever une main vers le ciel. Un dracaufeu passa près de nous. Je tournai la tête vers lui et l’observai, majestueux, sauvage. Je l’admirai quelques instants. Voler équivalait à la liberté. Je ne voulais mettre personne en cage.

Je finis par me redresser et tout en caressant mon Drattak, je lui ordonnai de rentrer à la maison. Il était temps que je retourne à cette vie que j’avais choisi et ainsi donc, à ma propre cage de fer et de métal.

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Utilisation d'un Charme Chroma + d'une Masterball sur le Salamèche