J’ai l’impression d’être au cœur d’une tempête. Le vent, le sable, la pluie torrentielle, le feu et l’électricité, tout cela entremêlé ensemble. Je reste en retrait alors que Shiro s’occupe de nous protéger au mieux de ses capacités. Elle se donne à fond et elle semble avoir compris que l’autre pokémon n’est pas du genre à dialoguer. Tout du moins, c’est ce que j’aperçois difficilement lorsque j’ouvre mon œil valide pour voir ce qui se passe. Je frémis et me recule davantage pour ne pas être dans le chemin de qui que ce soit.

Je tourne la tête vers Sūrya et il semble assez embêté par l’attitude de son Milobellus. Je ne connais pas la créature, mais elle semble de plus en plus violente, visiblement. Son dresseur tente de le calmer, en vain. C’est là que je me rends compte que la nature ne peut pas être domptée. Une majestueuse bête comme le Milobellus qui se retrouve enfermée dans une balle pour je ne sais combien de temps. Cela doit être frustrant. C’est pour cela que je ne mets que très rarement mes pokémons dans leurs pokéballs. Je préfère leur laisser leur liberté.

Le sol tremble sous l’attaque du gigantesque serpent de mers. J’évite une onde aquatique tout aussi de justesse que le champion de Bedwyr. Je tombe à genoux en perdant l’équilibre et secoue la tête. Le combat s’achève. Je le sens et je le sais. La dernière attaque du Milobellus n’a pas pu rater sa cible. Le paradoxe a dû la recevoir en pleine tête ou en plein poitrail. Comme de fait, le Mite-de-Fer tombe lourdement au sol dans un grincement sinistre. Je me relève et m’avance tant bien que mal vers lui, prudent tout de même. Je sors une balle de mon sac et je capture la bête métallique qui ne résiste pas, K.O. Je me tourne ensuite vers Shiro, ma Lakmécygne, puis Sūrya en soupirant de soulagement. C’était fini.

Je commence à ressentir une douleur à mon œil droit. Enfin, je ne peux pas dire si c’est l’œil ou la paupière. J’essuie le sang et l’eau qui coulent sur mon visage.

- J’aimerais toute ta discrétion quant à la capture de ce paradoxe s’il te plait. J’ai besoin de son authenticité pour mes propres recherches et je sais que détenir une telle créature ne passera pas inaperçu par l’organisation si cela se sait. Je peux compter sur toi, Sūrya?

Je l’observe de mon orbe cuivré encore opérationnel, gardant mon autre paupière fermée. Je ne veux pas risquer d’empirer ma blessure ou de faire des constants sans un ophtalmologue avisé. Une infection pourrait être fatal pour mon œil. Mieux valait le garder fermer pour éviter quelques complications que ce soit.

- Nous devrions nous rentre à Lapis-Cité pour faire soigner nos pokémons et nous-mêmes. J’ai besoin de soins médicaux et toi aussi, visiblement.

Nos vêtements étaient lacérés ici et là, mais l’inspecteur de police semblait en bien meilleur état que moi. Tout du moins, à première vue.

- Allons-y avant que d’autres paradoxes ne nous tombent dessus. Cela serait beaucoup trop risqué et j’ai ce qu’il me faut.

Je me détourne pour commencer à avancer dans la direction d’où nous venions. Mes pokémons semblaient inquiets pour moi, mais je les rassurai d’une caresse délicate à chacun d’eux. Shiro se proposa pour me ramener, mais je déclinai, la sachant blessée, elle aussi. Je ne pouvais lui demander autant d’efforts. Je pouvais encore marcher malgré ma vision réduite.

Nous n’avons plus rien à faire dans le désert. De plus, nous ne sommes plus en état de continuer nos recherches. Nos pokémons sont blessés et nous-mêmes le sommes. J’ai ce qu’il me faut pour continuer mes thèses et je possède la discrétion de Sūrya quant à la capture que je venais de faire. Il valait mieux rentrer à Lapis-Cité.

J’avais tourné la tête vers l’inspecteur de police lorsqu’il m’avait demandé si mon œil allait bien. J’hochai calmement de la tête, acceptant son chiffon pour m’aider à éponger le sang qui coulait de ma blessure ainsi que l’eau de pluie qui restait dans ma chevelure de neige, gouttant sur mon visage. J’allais le nettoyer une fois à la maison et le lui rendre propre. Je devais avoir un produit efficace contre les tâches tenaces chez moi.

- Merci.

Je continuais de marcher dans la direction menant vers la grande ville du district lorsque Sūrya reprit la parole. Je secouai la tête en posant ma main sur son épaule. Ce n’était rien. Les pokémons pouvaient être imprévisibles tout comme l’être humain l’était aussi. Chaque individu avait sa propre personnalité et il était reconnu qu’un pokémon puissant pouvait avoir tendance à agir par sa propre volonté.

- Ce n’est rien.

Je n’allais pas remuer le couteau dans la plaie. Je n’en avais pas l’intention, ni de bonnes raisons de le faire. Juste à regarder l’autre homme, je pouvais voir que cela lui faisait quelque chose que son Milobellus ait agi de la sorte. Cela devait être difficile de protéger autrui lorsqu’un pokémon n’en faisait qu’à sa tête.

Et puis, une fois à Lapis-Cité, nos chemins se séparèrent, moi prenant le chemin du centre pokémon le plus proche pour soigner mes pokémons avant ma propre personne. J’allai ensuite à l’hôpital pour me faire examiner et soigner. Je ne restai même pas plus de deux heures. Après cela et avec des indications claires du spécialiste ophtalmologue, je rentrai à Bedwyr, à mon appartement. J’avais un rapport à rédiger et des recherches à compléter.

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Capture du Mite-de-Fer par Hermes Umalei