Afin de pimenter mon quotidien, j'accepte les missions en dehors de la mégalopole. Pour l'instant pas grand chose, si ce n'est qu'un check-up dans un refuge pokémon. Il s'agit d'une rencontre mensuelle, ausculter les pokémons pour assurer que tout aille bien. Rien de bien méchant, mais c'est l'occasion idéale pour changer d'horizon. Je prépare tout mon matériel de professionnelle en pensant à amener Canartichot. Il n'a pas eu l'occasion de beaucoup sortir, les pokémons n'étant pas très acceptés à Bedwyr. Partir dans la nature est idéal pour dégourdir ses pattes et rencontrer d'autres créatures. C'est plein d'enthousiasme que je quitte la capitale.

J'ai hâte de repasser mon permis moto. Le taxi coûte une blinde, bien plus que l'essence pour mon bolide. Au moins, je peux rattraper ma courte nuit et préparer mes documents. J'admire ce tableau naturel qui défile sous mes yeux. Bercée par les ballottement de l'auto, mes lourdes paupières se ferment doucement. Des images de mon enfance surgissent dans mon esprit. Je me remémore mes chasses aux insectes accompagnées de mon ami Rémy qui les a détesté. J'ai adoré lui fiche la frousse en lui balançant des chenipottes dans la tronche. Je me rappelle aussi des cueillettes de mûres en compagnie de ma cousine Élise. Je l'ai accusé de gober tous les fruits rouges alors que j'étais la coupable. Ça a été marrant. Et surtout, un traumatisme ressurgit.

Mon oncle ; le fils de mon papy d'amour ; le frère indigne de mon papounet. Cinquantenaire, célibataire, il s'est intéressé à moi alors que j'ai à peine soufflée ma cinquième bougie. C'est fou cette réminiscence aussi lointaine me soit restée en mémoire. Je sens encore sa main s'immiscer sournoisement sous ma jupe, son haleine putride me souffler dans le cou, sa bouche me sortir des obscénités indéchiffrables pour mon jeune âge. Il m'a persuadé de partir seule dans la forêt à ses côtés, prétextant qu'un pokémon « super rare » a surgit dans les fourrées. Manipulateur et beau-parleur, tout le monde lui a fait confiance, nous laissant partir seuls, ensemble dans les bois. Il a réussi a trompé tout le monde et a commencé à abuser de moi, jusqu'à ce qu'un miracle se produit. Deus Ex Machina : une Forgelina m'a secouru. Munie de son marteau d'acier, elle a frappé mon oncle de toutes ses forces, le dissuadant de m'agresser. Sa détermination à me défendre a été remarquable. Elle m'a protégé de toute son âme, faisant fuir mon oncle. À son retour, il a prétexté à ma famille que je me suis perdue dans les bois. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Ce pokémon à l'instinct maternel amplifié m'a prit sous son aile, me consolant en me présentant son royaume. En rentrant à Agapé, j'ai pour objectif de dégoter la maison de Forgelina. Cet espace onirique si magnifique qui est resté en mémoire durant toute mon enfance, au point de me faire oublier cet incident traumatisant. Surtout, j'aimerais rencontrer cette Forgelina encore une fois, pour la remercier. Je suis plus déterminée à la rejoindre qu'à réaliser mon job.

Finalement, j'atteins ma destination plus rapidement que d'habitude. Le sommeil a raccourci le temps de la route. L'établissement est caché dans les bois, à l'extrémité de Bourg-Guignon. Je me grille une clope en contemplant les lieux. Impossible d'admirer l'horizon, les arbres m'en empêchent. Ils remplissent tout mon panorama, rendant l'atmosphère complètement étouffant. J'ai cette même sensation où la fois lorsque j'ai été seule en compagnie de mon oncle : prise au piège. Les sapins semblables aux barreaux d'une prison. J'oublie mon nœud dans l'estomac pour pénétrer dans le refuge.

Je me présente à l'hôtesse d’accueil :

━ Bonjour, je suis le Docteur Connor. Je suis ici pour contrôler l'état de santé des pokémons.
• Défi d'écriture accompli : Mort au V (+30 XP)
• Demande de rencontre