Je n’avais jamais été violent avec qui que ce soit auparavant. Je me rendais compte du résultat, maintenant. Mon geste…cette gifle que j’avais cru bénéfique sur le coup, elle avait entaché ma relation avec Nikolaï. Je le voyais au simple fait qu’il était de nouveau calme, mais aussi distant, presque froid à mon égard. Je pouvais observer sans aucun doute les ravages d’un simple acte violent et physique sur une personne. Cette fois-ci, Hermes, tu avais foiré ton coup et c’était pas peu dire. Son sourire avait disparu pour de bon et c’était ma faute. J’étais dure avec lui, tout le temps même et je ne m’en rendais compte que maintenant. Niko n’avait pas la poisse, c’était moi qui n’arrivais pas à gérer mes propres mots et mes propres actes alors que je les pensais bons.

Je le suivis à l’extérieur de la cabine, en pleine réflexion sur mon propre comportement vis-à-vis de mon collègue et ami. Je sentais une petite boule se former dans mon estomac et dans la gorge. Du remord? Peut-être bien. Je n’y étais pas habitué, mais cela y ressemblait.

Mon regard de cuivre se posa sur un nouvel individu que le champion d’arène identifia comme son cousin. J’en savais très peu sur Nikolaï, en vérité. Pinku sur ma tête se mit à piailler et je tentai de lever les yeux vers lui alors que ses serres s’agitaient dans ma chevelure de neige. Cela tirait un peu et je tiquai. Ce Tylton!

-  Vas-y, je dois m’occuper de Pinku qui a emmêlé ses serres dans mes cheveux. Aie!

Prétexte pour nous séparer quelques instants? Peut-être. J’avais envie de m’excuser de mon agissement dans la cabine, mais je n’arrivais pas à savoir si c’était trop tôt ou non. Je n’étais pas un spécialiste des relations humaines. Je m’en tenais loin habituellement. Mais là…c’était Niko quoi. La tête rose avec qui j’avais passé du temps à la bibliothèque de l’académie quand nous étions étudiants. Le garçon souriant et enjoué, mais timide qui portait souvent des teintes de pastel. Il était…la personne la plus proche de moi, littéralement.

Je n’avais pas remis les pieds chez mes parents depuis quelques années et outre des cartes postales et un appel de temps en temps…rien.

Je me débattais un peu avec mon Tylton au plumage rose et blanc. Il piaillait de plus en plus fort et tirait de toute ses forces vers le haut avec ses serres pour s’extirper de mes cheveux. Il me donnait même des coups de ses ailes duveteuses, essayant de s’envoler sans grand succès.

- Attend une seconde! Non, arrête…! Aie!

C’était pire alors qu’il s’y mettait en fait. Je tentai donc de le contraindre à se calmer, mais en fait c’était sûrement mon châtiment pour être un gros con envers mon collègue de travail. Rip mes cheveux.

J’étais seul avec mon pokémon, Nikolaï ayant fini par se rendre auprès de son cousin pour le saluer. Je laissai échapper un lourd soupir avant de sentir Pinku se débattre sur ma tête. Il le faisait certainement exprès. Je le méritais après tout. Comment avais-je pu penser une seule seconde que de porter ce coup à mon ami était une bonne idée? J’étais un crétin visiblement. Bravo à moi pour cette nouvelle découverte de ma personne. Au moins, si le champion passait du temps avec son cousin, peut-être que cela lui remonterait le moral…peut-être…

- Pinku…S’il te plait, arrête de t’agiter comme cela. Tu vas m’arracher tous les cheveux de la tête! Aie!

Je réfléchissais encore à la manière de retirer mon pokémon sans avoir à utiliser sa balle. Je détestais le mettre dedans. Je me disais que les pokémons avaient leur place en nature, en toute liberté d’acte et de mouvement. Une pokéball, c’était une sorte de cage et un moyen d’oppression. Les pokémons n’étaient pas nos esclaves, ni même des objets. Ils sont des êtres vivants avec leur propre conscience, leur propre personnalité.

Une paire de mains supplémentaires apparues dans mon champ de vision et je vis le Tokanien à la chevelure rose bonbon me venir en aide. Niko…Je ne le méritais pas. Je posai mes orbes cuivrés sur lui et je les détournai presque immédiatement. Je n’avais pas envie de le voir triste ou froid avec moi. Je me concentrai sur mon Tylton agité à la place. Voilà. Bonne idée.

- Je n’en sais rien…Aie!

Un autre coup d’ailes et de plumes duveteuses en plein visage. Merci Pinku, vraiment.

Mon regard se posa de nouveau sur le champion face à moi et je l’observai finalement. Je ne pouvais pas m’en empêcher au fond. Il était devant moi après tout et…les mots sortirent tout seul.

- Je suis désolé.

Aucun artifice, aucune hésitation non plus. Je grimaçai alors qu’enfin une patte se retrouvait libérée de mes cheveux de neige. Pinku tira davantage sur la serre encore prisonnière pour s’extirper, mais je l’en empêchai du mieux que je pus. Niko allait m’aider…non, il m’aidait alors que j’avais été une vraie crasse avec lui. Je détournai de nouveau les yeux, embarrassé.

- Plus qu’une…Tu n’es pas obligé de m’aider, Niko. Je…mérite ce qui m’arrive.

Le cousin de Nikolaï, je l’avais complètement oublié et je m’en foutais pas mal en fait. Disons que j’avais plus à penser qu’un type que je ne connaissais pas du tout et qui m’importait peu. S’il voulait venir aider par contre, je n’étais pas contre, mais si c’était pour se marrer ou autre par contre, il allait goûter à mon venin.

- Je devrais tailler les griffes de Pinku plus souvent…hm…

Je soupirai lourdement alors que Pinku s’agitait encore contre mon crâne. Un peu moins par contre, mais tout de même. Maintenant qu’il avait une serre de libre, il forçait un peu plus pour libérer la dernière. Je grimaçai en sentant ses griffes contre mon cuir chevelu. Vraiment, je devrais lui tailler les griffes plus souvent. Je relevai mes orbes de cuivre vers Nikolaï lorsqu’il se mit à me parler. Il semblait confus face à mes propos et il réfutait tout en me disant que nous avions passé une journée parfaite ensemble. Je clignai des yeux en l’observant. Vraiment? De mon point de vue, cela avait été un désastre et j’en étais le fautif. Sauf pour l’arrêt de la grande roue, bien évidemment. Pourtant, mes actions à l’encontre du rose n’avait pas été des plus glorieuses.

J’inspirai et ouvris la bouche pour parler.

- Niko…Je n’aurais pas dû te gifler comme je l’ai fait. J’ai réalisé que cela t’avait blessé et que parfois, même moi, je peux être stupide. Tu ne peux pas nier ce qui est arrivé comme cela. L’après-midi n’a pas été aussi parfait que tu le crois. J’aurais dû trouver un autre moyen moins drastique pour t’aider à te calmer, mais je ne savais pas comment et…je ne sais pas vraiment encore. Les interactions sociales, ce n’est pas mon fort. Je vais travailler là-dessus. C’est une promesse.

Oui, je parlais beaucoup. Oui, je lui faisais une telle promesse. Je ne voulais simplement pas que cela se reproduise. Pas avec mon collègue ni ami. Je m’étais excusé et j’avais fait état de mes préoccupations, mais je ne me sentais tout de même pas mieux. C’était la culpabilité et le remord qui m’envahissaient. Ils risquaient d’être là pour un petit bout de temps. Je m’en doutais bien.

Je finis par passer à autre chose lorsque je sentis une ficelle ou une corde frôler mon visage. Je tournai la tête pour voir un Baudrive jaune et bleu qui cherchait à aider mon Tylton et moi. Je le regardai quelques instants avant d’hocher doucement de la tête. Ce pokémon ne nous voulait aucun mal. Il était là pour libérer Pinku de sa prison capillaire et ainsi sauver mes cheveux. Effectivement, je n’avais pas dans l’idée de finir chauve.

- Merci Niko et merci à toi, pokémon sauvage. Ensemble nous devrions être en mesure de libérer Pinku sans le blesser.

Peut-être bien une ou deux minutes plus tard, nous finîmes par décoincer la serrer de mon pokémon vol et celui-ci s’envola bien haut dans le ciel en se secouant. Je savais qu’il reviendrait tôt ou tard vers moi. Il n’allait jamais bien loin.

Le Baudrive finit par passer ses bras autour de mon cou, émettant des sons joyeux. Il semblait fier de lui et heureux que cela soit terminé. Peut-être ce pokémon de type spectre avait-il de l’affection pour moi? Aucune idée à vrai dire. Je le laissai simplement faire.

- Je ne serai donc pas chauve. C’est une chance. Par contre, je vais devoir aller au salon de coiffure prochainement pour arranger ce massacre. Je dois avoir des centaines de nœuds maintenant…