Fleur sursauta presque, voyant un Munna au-dessus de son épaule, mais bien heureusement, il repris vite son sérieux.
« Veuillez m’excuser. Vous pouvez reprendre. » Il n’avait pas tant un rôle exécutif, pour ce qui était des sciences, mais son travail était surtout de faire des rapports … un peu barbant, à première vue, mais Fleur restait immensément curieux vis-à-vis des études et expériences de Trismégis. Elle savait qu’elle n’avait encore pas tout vu, loin de là ; et ça excitait de plus en plus sa curiosité.

Enfin, elle en aurait presque oublié sa mission du jour : comme prévu, son ex-femme l’appela, et il fit signe de s’éloigner, l’écoutant raconter … un peu tout et n’importe quoi, pour faire du remplissage. Fleur, de son côté, gardait un air solennel, comme si à l’autre bout du fil, on lui racontait des informations top-secrète.
Puis, une fois l’appel fini, il revint vers ses collègues. « Excusez-moi. Urgence. Je dois m’absenter, le rapport sera fini plus tard. C’est de la plus haute importance. » Ou pas.
Les saluant d’un mouvement de la tête poli, il prit déjà la marche pour quitter le petit laboratoire militaire. Il était bon, en excuse : il n’allait probablement avoir aucun mal à justifier son absence, même si c’était juste une histoire de vomi.

Fleur s’éloigna, s’avança dans les couloirs comme si elle ne venait pas de trouver encore une raison de sécher le travail – c’était une bonne raison, cette fois-ci. Plus ou moins. Une fois sorti de la salle d’expérience, elle soupira doucement.
Avant de remarquer que sa montre-téléphone tremblait étrangement. Plein de SMS. Et visiblement, c’était son ex qui se demandais pourquoi elle lui avait envoyé des messages si aléatoires. Fleur réfléchissait quelques instants, avant d’écrire un simple ; « Ce n’est pas moi. Je n’ai pas encore perdu la boule. »
Un regard à gauche, puis à droite. Une lumière attira son attention.

« Montre-toi, où tu vas passer un sale quart d’heure. » Son ton était plein de neutralité, mais ses doigts glissaient déjà sur sa Pokéball. Styx se ferais sûrement un plaisir de fracasser le Pokémon qui la faisait tourner en bourrique – de toute façon, elle se doutait déjà de l’espèce. A croire que les scientifiques du laboratoire étaient incapables de contenir leur sujet d’expérience.
Encore un soupir, voyant que le spectre s’éloigna rapidement, ayant choisi l’option la plus simple : la fuite.
Et il repris sa route : il allait être en retard à … sa grande réunion. Oui : mensonge parfait.

Fleur quitta donc le quartier militaire, puis ensuite le district central. Bien évidement, il n’avait pas oublié tout ses affaires … et surtout de préparer un alibi en béton pour son absence. Il n’aimait pas parler de sa vie privée – il voulait laisser sa fille en dehors de son travail, de l’organisation.
Une fois arrivé à Agapé, il se rendit compte qu’un Pokémon avait les yeux fixés sur lui. Un chat, avec les pupilles dilatées et larges, et surtout l’air complétement … vide de toute émotion. Ou au contraire, trop plein. Fleur le fixa quelques instants, dubitatif. Il fit un pas en direction de la sortie de la gare, et la créature en fit un autre.
Soupir. Voilà qu’un Pokémon avait décidé que c’était sa maman. Ou pas.
S’occupant pendant son trajet, Fleur se remémora les capacités du félin : des pouvoirs psychiques très puissants, mais dur à contrôler … ça l’intéresser un peu, mais est-ce qu’il avait vraiment envie d’avoir une bestiole si dangereuse chez lui ?

… Il avait déjà un spiritomb, en fait, la question ne se posait même pas. Un coup d’œil au-dessus de son épaule. Le félin était toujours là, bien qu’il tentait de se cacher derrière une poubelle.
Soupir supplémentaire. Fleur arriva à l’école primaire, récupérant rapidement sa fille, qui semblait déjà aller bien mieux.
« Dit, pourquoi il y a un miaou qui te suit ? » Bonjour, déjà ? Enfin, l’enfant se dirigea vers le petit chat, toute contente et déjà entrain de lui faire des câlins. « Eh, regarde comme il est mignon le minou ! Tu peux le garder ? »
Un sourire se dessina sur les lèvres de la lieutenant. « Et c’est toi qui lui achèteras ses croquettes ? » Taquine, même avec sa propre fille. « Rentrons. Tu es malade, non ? Tu dois te reposer. Aucune distraction. C’est ça d’être malade, non ? »
Elle faisait la comédie ;  c’était sûr. Emily râla, prenant tout de même le petit Pokémon sauvage dans ses bras, avant de se diriger vers la demeure (l’appartement mal rangé) de son parent.