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Dernière édition par Kanae Hasegawa le Lun 10 Juil - 15:36, édité 1 fois
Seule dans ma chambre, je grommelais. Je n'arrêtais pas d'avoir des visites importantes à mon arène ces derniers temps, et aujourd'hui, j'allais recevoir celle d'un lieutenant de l'Organisation. "C'est pour un contrôle de routine" m'a-t-on dit. Je savais que c'était nécessaire, que ça faisait parti de mon travail, mais merde. Aujourd'hui, j'aurais aimé ne pas avoir besoin de subir la présence d'un imbécile. Et au vu de son importance, j'allais devoir faire très attention à ce que Myz' ne lui fasse rien. Tss... Quelle belle journée qui s'annonce.
Je me changeais dans des vêtements plus confortable, et masquait cette colère avant de sortir prendre un peu l'air. Je n'avais pas le droit de montrer ces émotions si négatives aussi ouvertement. Il fallait préserver les apparences. C'est ce que j'ai toujours fait après tout. Personne ne veut d'une leadeuse colérique et irresponsable. Enfin, je dis ça, mais ça semble bien lui réussir à l'autre pouffe. Je soupirais intérieurement. Ce n'était pas la bonne attitude, et je le savais très bien. Je continuais de me balader dans les sanctuaires, à la recherche de mes deux fidèles Pokémons que j'avais laissé dehors, croisant aussi bien quelques créatures que des fidèles. Et surtout...
Kanae ! On a un souci avec les Éokos ! Charles... C'était l'une des mes aides à la gestion du Culte, une vraie boule d'anxiété. Je le dévisageais, me demandait s'il m'était réellement si utile que ça, tout en écoutant à moitié ce qu'il me disait. Écoute, tu gères ça comme tu veux, mais je suis occupée. Demande à Darwin. C'était une autre de mes aides. Lui, il était beaucoup plus efficace, et c'est notamment pour ça que je lui confiais les tâches les plus importantes. Charles se courba pour s'excuser, et parti en courant à la recherche de Darwin. Je n'avais même pas le courage de lui dire qu'il partait dans la mauvaise direction. C'est pas le plus futé, mais au moins il est dévoué.
J'entends un bruit. Répété qui plus est. Je précipitais un peu ma marche, trottinant légèrement, et arrivée à une place, je voyais Myz' qui frappait avec son bâton contre un pilier. Je m'arrêtais, et la regardais un instant. Tu vas le casser. - lui disais-je. Elle ne m'avait pas vu, et le son de ma voix la surpris. Elle se retourna, comme pour confirmer qu'il s'agissait bien de moi, et sauta dans mes bras. Je ris légèrement, et la câlinait. J'oubliais à quel point elle m'était utile pour me calmer. Je crois que malgré le temps, je n'ai jamais trouvé mieux qu'elle pour ça. Même si parfois, elle reste insupportable. Du coin de l’œil, je voyais Aix sautiller jusqu'à mes pieds.
Je desserrais mon étreinte et m'adressait aux deux Pokémons. Bon vous deux, je vais avoir besoin que vous soyez excessivement sage aujourd'hui, d'accord ? Je reçois la visite de quelqu'un d'important pour vérifier que l'arène soit en ordre. Je poursuivais en regardant Aix. Je compte sur toi pour tenir Myz' à carreaux. Elle s'offusqua, sans surprise, mais elle savait aussi bien que moi qu'elle n'en était pas capable. Aix leva son aile pour confirmer l'acceptation de ma requête.
Maintenant que l'équipe était au grand complet, je pouvais enfin rejoindre l'arène. Il était bientôt 8h, il fallait que je me dépêche. Je n'aurais pas apprécié arriver en retard et passer pour une paresseuse. Ce n'était pas très professionnelle. Et pourtant, une mauvaise surprise m'attendait. Là, devant l'arène, quelqu'un attendait. Étais-je en retard ? Non... C'était elle qui avait de l'avance. J'inspirais profondément, et m'exclamais fort pour attirer son attention. Vous venez pour le contrôle de l'arène ?
Aujourd’hui, c’était Koyô – un district qu’elle ne portait vraiment pas dans son cœur. Elle s’en sentait bien trop différente là, à se déplacer dans les rues, parmi tant de Pokémon domestiqués. Comme si les Pokéballs, comme des muselières, suffisaient à les rendre inoffensif. C’était faux, et elle avait des dizaines de faits divers en tête pour le prouver. En plus, c’était vraiment le pire district, pour ce qui était de la relation avec Bedwyr. Enfin arrivé devant le lieu de rendez-vous, Fleur émit un soupir discret.
On devait facilement le reconnaitre – il avait une tenue bien plus habillé que les passants, en grande partie qu’il était obligé de bien s’habiller. Ce n’était pas son style de civil, même si là, vu la chaleur, il s’était contenté d’une chemise blanche, d’une cravate noire et d’un pantalon de la même couleur, tenant sous son bras une pochette – désordonnée- remplis à ras bord de document. En attendant, Fleur détailla l’arène du regard. C’était dure à avouer, mais elle aimait l’ambiance qui se dégageait du lieu. Une ambiance lugubre, un peu glauque. Enfin, ce n’était pas pour ça qu’elle allait se montrait plus permissive, ou gentille.
Un baillement sonore, avec qu’une voix l’interrompe. Fleur posa ses yeux fatigués sur ce qui semblait être la championne. Son visage était connu, de toute façon. Se contentant d’un petit mouvement de tête en guise de salutations, le lieutenant repris vite la parole.
« C’est bien moi. Il faut bien que quelqu’un s’en charge. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas plus envie que vous de faire ça. » Il lui lança un sourire mi-amusé, mi-sarcastique. « Déjà, je dois vérifier les locaux. Histoire de voir si vous cacher des cadavres, et à quel points ils sont décomposés. » Bon, comme à l’accoutumée, son humour glauque était … sans doute malaisant. Mais au moins, c’était un peu moins lourd, non ?
Un petit nom peut-être ? Tss. J'appréciais tout de même son honnêteté et son côté un peu piquant. Très bien dans ce cas, on n'aura pas besoin de s'éterniser plus que nécessaire. - lui répondis-je en souriant, me dirigeant déjà vers l'entrée sans même avoir pris la peine de m'arrêter pour lui offrir des présentations digne de ce nom. Après tout, ce n'est qu'à causes de nos obligations que nous sommes réunis à mon arène, et elle n'avait pas l'air intéressé par l'idée de faire connaissance. Pas que je m'en plaigne. Les cadavres ? J'avais été prise par surprise. Au final, elle n'avait pas l'air aussi formelle que j'aurais cru. Vous perdez votre temps, je les ai déplacés hier. Je ris bêtement.
Arrivée à la porte, je sortis la clé de ma poche, déverrouillais l'arène, et la rangeais à nouveau. Que l'on se mette d'accord tout de suite... Mon ton était sérieux. Je me tournais pour lui faire face, plongeant pour la première fois mon regard dans ses yeux. Mon arène est un endroit sacré. Seuls ceux qui se battent sont autorisés à parler. Bien sûr, j'imagine que vous ne pourrez vous y plier. Il faut quand même que vous puissiez travailler. Je m'arrêtais un temps, fronçant un peu plus les sourcils. Donc, je vais vous autoriser exceptionnellement à déroger à cette règle. Tâchez toutefois de ne pas parler pour ne rien dire. Me suis-je bien fait comprendre ? Mon regard était presque accusateur, comme si je m'attendais à ce qu'il soit irrespectueux, mais au fond je n'en savais rien.
Dans le passé, nombreux sont ceux qui ont brisés cette règle, et ça n'avait jamais manqué de me mettre hors de moi. Chaque arène a sa spécificité. La mienne, c'est le silence, et la pression qu'elle inflige sur les challengers. L'angoisse de l’obscurité, de l'incertitude, du silence assourdissant. Tout ça, c'était mon arène. Alors forcément, quand un arrogant perturbait ce silence, c'est toute l'ambiance qui s'écroulait, et le combat qui perdait tout son intérêt. Je ne compte plus les combats que j'ai annulé à cause de ça.
À force d'exiger le silence, j'avais fini par l'associer à cette arène complètement, et j'avais fini par exiger qu'elle reste silencieuse en tout temps. Ce n'était pas aussi important que durant les combats, et c'était pourquoi j'étais d'accord de laisser la lieutenant briser cette règle, dans une certaine mesure.
Je me retournais, et poussait la porte d'entrée. Myz', que j'avais presque oubliée, se dépêcha de rentrer en me bousculant et se dirigea sur le tatamis. C'était amusant de voir comment, malgré que cet endroit terrifiait certains, il l’apaisait. C'était l'endroit où elle se sentait le mieux. Aix rentra également pour s'installer dans les gradins, et une fois que le lieutenant avait gagné à son tour l'intérieur, je m'assurais de fermer la porte derrière-nous. Sans dire un mot, je laissais les clés sur la porte, et lui indiquait de me suivre. Je ne voulais pas qu'elle se sente enfermée. Et si je lui autorisais à parler, je préférais garder le silence. Laisser la clé sur la porte, c'était lui montrer qu'elle était libre de partir quand elle le désirait.
On passait devant les gradins gauches, et une fois arrivé dans le coin de l'arène, je lui indiquais une porte. Celle de sous les gradins. Oui, ces gradins cachaient en réalité les vestiaires. C'était des vestiaires tout ce qu'il y a de plus classique, là où pouvaient se changer les dresseurs avant de se battre. Ça pouvait surprendre, mais c'était également l'endroit le plus éclairé de toute l'arène, quand on allumait l'interrupteur tout du moins. C'était volontaire. Encore une autre façon de jouer avec les sens des dresseurs. En sortant de cette douche de lumière, la pénombre de l'arène n'en était que plus grande, et plus terrifiante. C'était à se demander pourquoi je n'étais pas une championne de type Spectre.
Son carnet à la main, ses cernes sous ses yeux, et son envie de bosser non existante, Fleur suivit Kanae à travers l’arène. La blague ? Elle lui arrache un petit rictus amusé. « Dommage. J’aurai bien aimé les disséquer. » Encore plus glauque. Super, l’ambiance.
Ah. La voilà déjà plus sérieuse : Fleur releva sa tête de ses notes, le regard interrogateur. Ses yeux, elle y voyait quelque chose d’un peu effrayant – comme une énergie malsaine. Rien de très concret, ni de très logique, mais avec le temps, l’auteur avait laissé une part de son esprit rationnel succombait à l’ésotérisme. Et il y avait vraiment quelques choses de bizarre, dans ce regard. Mais passionnant, aussi.
Bonjour, curiosité mal placée. « Compris, chef. Retenez tout de même que je suis sous la protection de Trismégis, alors ne me coupez pas la langue de façon trop évidente. » Blague, mais, son regard était tout aussi glauque, comme si c’était des menaces. Bref, rien de trop étonnant pour Fleur, mais s’il jouait très souvent au gentil petit lieutenant pour mieux se faire voir auprès des autres. Sauf que c’était loin d’être n’importe qui.
Fleur pris quelque temps pour scruter l’intérieur. L’ambiance était tout aussi pesante. Presque … surnaturelle, spectrale ; Ce serait mentir de dire qu’elle n’était pas attirée par ce genre de chose. En fait, c’était presque apaisant. Ses Pokémons, par contre, elle s’en moquait un peu : elle n’aimait pas ce côté ami-ami avec ces créatures qu’avaient les habitants de Koyô. Comme mettre une arme entre les mains d’un enfant : ni drôle, ni mignon.
Bref, se taisant pour le moment, elle suivit la championne jusqu’au gradin, ne remarquant pour le moment rien de bien particulier. L’inspection n’allait certainement pas être la chose la plus fun au monde …La lumière lui agressa les yeux. Maintenant, c’était l’heure d’être chiant.
« J’aimerai jeter un coup d’œil aux relevés de compte de l’arène, si possible. Une fois le tour fini, bien-sûr. Le manque de lumière, c’est parce que vous avez du mal à payer les factures d’électricité ? … Excusez-moi, le calme, je sais. »
C'était déjà assez surprenant qu'un lieutenant de l'Organisation fasse des blagues aussi lugubres, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il surenchérisse au vu de ma réponse. Décidément, c'était un drôle d'énergumène qui se présentait devant moi. Je lâchais un sourire en coin à sa remarque. Couper des langues ? Voyons, ce n'était pas le style de la maison. Qui plus est, Myz' préfère les coups qui ne laissent pas de marques.
J'étais agréablement surprise en la voyant sonder l'arène. Je ne me faisais pas d'illusion cela dit, ça restait son travail, mais à ce moment-là, on aurait vraiment dit que ça ne lui déplaisait pas tant que ça. Instinctivement, je détournais le regard quand elle alluma la lumière du vestiaire, le temps de laisser mes yeux s'adapter à leur rythme, puis le redéposait sur celle aux cheveux rouges. La vue d'elle à moitié-aveuglée par la lumière me fit lâcher un petit rictus. Les relevés de comptes ? Je lui indiquais les casiers à sa droite. Une étiquette indiquait "ARÈNE" sur l'un d'entre eux, c'était pas difficile de savoir duquel je parlais. C'est là où je gardais toute la paperasse liée à l'arène qu'on était susceptible de me demander. Évidemment, une partie des documents étaient restés aux sanctuaires, mais le plus important était là.
Une fois le tour fini... ? Mais ma chérie, qu'est-ce que tu veux voir de plus ? À part lécher les gradins et bouffer de la paperasse, je ne vois pas ce qu'il te reste à faire. Je me retenais cependant d'exprimer cette pensée à voix haute. Si je venais à lui manquer de respect, ça n'en finirait jamais. Je m'approchais du casier que je lui avais indiqué, ne prêtant même pas attention à sa provocation sur la lumière, et sortit une clé de ma poche avant de déverrouiller la boîte de Pandore. Pendant un temps, je restais encore plus silencieuse que je ne l'avais été jusqu'à présent. Baladant mon doigt dans la pile de documents, oubliant l'existence de l'autre énergumène, il me fallut quelques dizaines de secondes pour finalement en extirper un dossier assez fin. Le tendant en arrière, j'accompagnais rapidement mon geste d'un coup d’œil interrogateur au lieutenant, comme pour confirmer que c'était bien ce qu'elle voulait.
Myz' nous avait rejoints ? Quand ? Elle avait l'air plutôt intriguée par ce qu'il se passait. Oui, elle avait dû confondre la lieutenant pour un dresseur, alors même que je l'avais prévenu. Elle me sourit et, avec un visage débordant de malveillance, s'approcha discrètement de la Trismegis. Je plissai des yeux. Pas de doute là-dessus, si je la laissais faire... Mon regard se déporta à nouveau sur miss paperasse. Et si... Je laissais faire ? Hmm... Non, évitons. C'est certes un Trismegis, mais il n'en vaut pas la peine. Je toussais violemment deux fois et fixait Myz', attirant son attention et lui faisant comprendre mon désaccord vis-à-vis de ses petits projets de bastonnade. Gagnant ses côtés, et appuyant mon désaccord en l'ébouriffant d'une main, je souriais toute innocente à mon invité.
J'hésitais à briser mon vœu de silence, mais je me retins. Pour l'heure, c'était à lui de mener la danse. Mon arène est en règle, et toute cette rencontre n'est rien de plus qu'une gigantesque perte de temps. Au plus tôt fini, au mieux ce sera. Qui plus est, s'il traînait trop, j'en connaissais une qui aurait du mal à se contenir. La patience, ça n'a jamais été une vertu dont se paraît ma Roussil. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Bref : les documents. Heureusement, bien rangé, mis en évidence … parfait. Fleur haussa simplement la tête, fouillant tranquillement le dossier... Quelques papiers fut scanné par sa montre, quelques notes prises dans son carnet… Elle n’avait pas les valeurs de références exactes, mais ça lui semblait bon.
Puis, son regard glissa sur le renard de feu : un regard sombre, car elle avait senti l’aura de ce Pokémon. Plein de malice, de malveillance. Elle avait toujours cette sensibilité, au fond d’elle. Après tout, elle avait beaucoup trainé avec des mediums de Koyo, dans son passé. Néanmoins, elle ne voulait pas mettre les pieds dans le plat. A quoi bon ?
Elle comprenait que ce lieu était bien plus sombre qu’il n’y paraissait, mais actuellement, elle ne pouvait pas y faire grand-chose : ses doutes, ses ressentis … ce n’étaient pas de vraies preuves.
Kanae toussa, ce qui arracha Fleur de ses pensées qui, à son tour, repris une expression un peu plus décontractée. Autant faire comme si elle n’avait rien remarquée.
« Tout me paraît en ordre. » Sans surprise. Ca aurait été trop facile, sinon. Car le lieutenant n’était pas dupe : comme tout le monde, il savait que c’était le district qui comptait, probablement, le plus de Victini : et que la championne n’était pas forcément copine avec l’organisation. Ca aussi, ça n’était pas surprenant.
« Un petit tour extérieur, et je pense que ça sera bon. » Prenant les devants, Fleur retins un bâillement sonore, avant de sortir, la championne sur ses talons. Elle ne pouvait pas s’empêcher de sentir la présence – désagréable – de ce Roussil.
Fleur devait la provoquer, cette bestiole. Elle ne savait pas encore comment, mais elle n’avait pas d’autre choix pour voir clair dans ce petit manège. Pour observer sa vraie nature.
Encore fallait-il trouver la bonne stratégie.
« Je n’ai rien à redire. Néanmoins, d’autre contrôle plus en … profondeur auront probablement lieu. Je pense que vous avez conscience que beaucoup de choses étranges se passe dans ce district, ces derniers temps. Enfin, je ne voudrais pas vous accusez, bien-sûr. » Son sourire était presque, angélique, innocent. Bien différent de ce qu’il ressentait vraiment.
Puis, son Roussil … ils étaient proches, évidement. Rien que ça, ça ne plaisait pas le lieutenant. C’étaient des compagnons de combats, peut-être, mais pas des animaux de compagnie.
En tout cas, Fleur ne rajoutait rien, pour le moment. Elle attendait de voir ce que la championne allait faire, dire.
L'espace de quelques secondes, l'air était lourd. Si quelqu'un avait été ne serait-ce que quelques mètres en retrait, comme à la porte par exemple, il n'aurait certainement pas pu ressentir ce qu'à ce moment-là, j'ai ressenti. Il y avait une tension difficile à décrire. D'un côté, Myz' qui voulait péter la gueule à la lieutenant, et de l'autre cette dernière qui la dévisageait. Et j'avais beau m'être interposée discrètement, essayant de préserver les apparences alors que dans le fond, j'avais un peu envie de soutenir ma Roussil, cette ambiance particulière, peut-être angoissante dans le fond, ne s'était pas dissipée.
Il fallut que le lieutenant prenne à nouveau la parole pour qu'enfin on puisse passer à autre chose. J'étais un peu surprise de l'entendre vouloir faire un tour extérieur. N'avait-elle pas de l'avance ? Pourquoi ne s'en était-elle pas chargée plus tôt ? Elle aurait pu me poser ses questions après-coup. Soit, j'hochais la tête alors qu'elle passait devant moi et je donnais une petite tape dans le dos à ma Roussil, la sentant encore bien agitée. Ne voulant pas prendre de risque, je m'assurais également de lui ôter des mains son bout de bois préféré. C'en était à mourir de rire, on aurait dit que je venais de voler une sucette à un enfant. Elle sautillait pour essayer de le récupérer, et me tirait même sur la robe pour essayer de gagner quelques centimètres, mais quand je me mis à mon tour en mouvement, elle abandonna, frustrée.
La lieutenant ouvrit assez rapidement la porte, preuve qu'elle était perspicace et qu'elle avait compris qu'elle n'était pas enfermée, puis l'air frais. Je la suivais rapidement dehors, m'assurant d'être suivie par mes deux compagnons, avant de verrouiller la porte dans l'autre sens, de reprendre mes clés et de la rejoindre. Merci d'avoir respecté ma requête. Je parlais de ma demande de rester le plus possible silencieux à l'intérieur. Ça aurait pu sembler sarcastique, mais ça ne l'était nullement. Elle avait été bien plus respectueuse de cette volonté, presque tradition, que l'ont été certains de ses prédécesseurs, et ça méritait, malgré tout, d'être souligné et salué.
Oh mais ne vous en faîtes pas, il n'y a aucun mal. De toute façon, que je vous dise que j'en sois responsable ou non, ça ne changerait rien. Personne ne vous écoutera sans preuve. Et c'est bien parce qu'il n'y a jamais eu de preuve concrète que je ne me tracasse pas de ces accusations. Je le dis sur un ton presque amusé, gardant pourtant bien en tête les événements que je prenais à la légère. Elle devait faire référence aux nombreux cas de disparition dans la région, et je me doutais que cette réponse allait la faire chier. Qu'est-ce qu'elle allait faire de toute façon ? Je n'avais rien dit de mal ou qui pourrait m'incriminer.
J'étais debout, à fixer la devanture de mon arène qui n'était pas tant différente du style des sanctuaires. Je ne savais pas trop pourquoi on était là, et me demandait presque si j'avais bien compris. Quand elle disait "tour extérieur", est-ce qu'elle parlait de la cour devant mon arène ? Mon regard se porta sur les environs. Était-elle une fervente amatrice de piliers en cyprès et de dalles de pierres ? Ou alors en avait-elle juste marre que je ne lui réponde pas. Monsieur se sent seul et veut faire la causette donc ?
Et sinon, ça fait longtemps que vous êtes lieutenant ? Vous avez détruit combien de vies pour arriver à ce poste ? - Lui demandais-je sans déplacer mon regard, souriant comme si je n'avais rien dit de grave.
Ah~ ça se voyait que je m'étais retenue là-bas. Je me sentais tout de suite mieux maintenant que je n'étais plus sous la contrainte de mon vœu de silence. J'étais plus libre que jamais. Je me retournais et m'avançais vers un des bancs à l'entrée, puis m'assis, rapidement suivie par Aix qui s'empressa de voler jusqu'à mes genoux. Mon regard s'était adouci alors que j'avais commencé à le grattouiller sous le bec. Ne vous privez pas si vous voulez vous asseoir. Vous avez un cerveau, vous savez comment faire.
Les Trismegis avaient bien raisons : Fleur n’en doutait pas, mais c’était clair que l’harmonie entre humains et Pokémon n’étaient qu’une façade. Qu’au final, ces créatures revenaient toujours à la violence, simplement. Comme si c’était dans leur gêne. Les deux mondes ne devaient pas se mêler, en tout cas, pas comme ça : pourquoi est-ce que cette créature de feu, si équilibrée, Kanae la prenait pour un animal de compagnie ? C’était incompréhensible de son point de vue. Mais soit. Certaines personnes étaient stupides, annihilées par cette image du dresseur, ami avec ses Pokémons, qui se véhiculaient depuis tant de siècle.
Néanmoins, la championne restait polie, montrant de la reconnaissance. Fleur hocha simplement la tête. « De rien. Je ne tiens pas à déranger vos traditions. » Il avait au moins du respect à ce niveau : après tout, il comprenait ce que c’était. Puis, en tant que Trismegis, il avait appris à se faire bien paraître, à lisser son image, à avoir l’air plus gentil, respectueux, attentifs aux autres qu’il ne l’était vraiment.
Elle semblait aussi comprendre la situation, même si sa voix manquait clairement de sérieux. Encore un hochement de tête de la part du lieutenant. « Même avec toute la bonne volonté du monde, je ne peux malheureusement pas vous innocentez sans preuve. » Fleur pris un air presque gêné, honteux, triste à l’idée que Kanae se fasse accuser. Dans le fond, il n’en avait rien à faire. Il n’avait pas toute cette pitié qu’il affichait. Il la feintait seulement. Comme il feintait beaucoup d’émotions, dans la vie de tous les jours.
Bref – la visite, donc. Elle regarda rapidement aux alentours, prenant quelques notes, mais sans surprise, rien qui ne sortait de l’ordinaire. De toute façon, elle avait autre chose à faire que de fouiller de fond en comble. Concentrée sur sa tâche, Fleur eu quelques instants de blanc, avant de comprendre le sens de la nouvelle intervention de Kanae. Oui, un blanc lourd de sens. Le temps que les masques tombent, sans doute.
A bas les apparences, Fleur releva le regard vers la championne, son aura déjà plus … lugubre. Sombre.
« Depuis assez longtemps pour savoir reconnaître quelqu’un qui cache quelque chose. Et vous, depuis combien de temps avez-vous des machines à tuer, avec vous ? Vous allez retenir votre Roussil de me réduire en poussière encore combien de temps ? D’ajouter une victime de plus à sa liste ? » Son regard, sa voix, son expression… étaient neutre d’expression. Ce qui en était presque glaçant. Oui, Fleur n’allait pas perdre son sang-froid. Les menaces ne l’inquiétaient pas. De toute façon, la jeune femme savait très bien que le lieutenant ne pouvait pas disparaître, comme ça.
Il ne répondit même pas à la phrase finale de son interlocutrice, ne venant pas s’assoir. Il fallait encore jauger la situation. Peut-être que ses propres accusations avaient été trop fortes. Peu-importe.
Difficile de savoir si elle pensait vraiment sa réponse. Je trouvais qu'elle en faisait presque trop pour quelqu'un d'aussi haut classé dans l'Organisation. Elle avait un petit côté piquant, mais elle était restée professionnelle et ne s'était pas permis d'agressivité directe, malgré nos divergences d'opinions évidentes. Pour peu, ça me mettrait presque le doute sur ses intentions. Cela me faisait légèrement rire. Au final, je n'étais peut-être pas la seule à me restreindre dans ce que je pouvais dire ou laisser transparaître. Nul doute que quelqu'un d'aussi haut placé qu'un lieutenant était aussi très limité.
Il lui fallut du temps avant de réaliser ce que je venais de dire. Son regard plus sinistre suite à ces accusations m'amusait grandement, et quand j'entendis ce qu'elle avait à répondre - des accusations bien plus personnelles et bien plus piquantes que ce à quoi je m'étais attendue - je ne pus m'empêcher d'afficher un sourire mesquin. Tu veux jouer à ça, donc ? Mais mon lieutenant, que donc pourrais-je bien avoir à vous cacher ? Je suis une citoyenne des plus exemplaire. Et puis, vous l'avez dit vous même : Tout est en ordre. J'en avais fait des caisses, jouant les victimes tandis que je la fusillais d'un sarcasme si évident qu'il en était presque blessant.
Je me relevais lentement, gardant Aix dans mes bras, mon visage passant soudainement d'une expression moqueuse à une qui affichait clairement mon agacement. Je suis déçue cela dit, lieutenant. J'avais appuyé sur son titre, presque comme pour le dévaloriser. Je croyais que tout comme pour ma requête, vous alliez faire preuve de respect, mais c'était sûrement trop vous en demander. Pas que ça me surprenne, je ne m'attends jamais à grand chose de la part de vous et vos petits camarades. Serrant mon ami ailé contre ma poitrine, je perdais momentanément mon regard sur sa mèche, avant de poursuivre. 16 ans et 5 ans. Mais j'imagine que ça n'a aucune valeur pour quelqu'un comme vous.
Aix se libéra de mon étreinte, et se posa plus loin sur la place. Est-ce qu'il avait compris qu'on parlait de lui ? Je balayais la place du regard, et trouvais rapidement Myz'. Elle étais assise pas très loin, parterre, à nous regarder discuter. Elle n'avait pas changée depuis tout à l'heure, et avait toujours cet air d'enfant puni. Regardez-la un moment. - Lui disais-je, pointant ma Roussil. Elle a des sales manières, certes, mais de là à croire qu'elle a déjà tué des gens, c'est exagéré. Même si elle en était capable, je ne lui laisserai pas faire. Cela ne voulait pas dire qu'elle était innocente de tout crime, mais je tenais à clarifier ce point. Jamais je n'avais autorisé Myz' à tuer qui que ce soit. Ni même Aix, d'ailleurs.
Je suis une championne d'arène, pas une morveuse à qui on a bêtement confié des Pokémons. Mon ton était devenu froid et sec, mon regard beaucoup plus sévère que jusqu'à présent. Je maintenais mon regard sur elle pendant un instant, puis soufflait un coup du nez. D'un pas, je me dirigeais vers Myz', laissant ma partenaire de discussion derrière. Arrivée face à ma boule de poil, je m'accroupis et l'ébouriffait encore une fois. Des machines à tuer... Décidément, l'Organisation n'a pas changé d'un pouce. - Marmonnais-je, continuant machinalement ces mouvements cyclique sur la tête de ma vulpin. Il n'y avait rien à faire, ces abrutis n'y comprenaient rien.
Mais dans le fond, ils étaient un peu pareil, non ? Dommage que leurs idéaux étaient opposés…
Fleur savait que l’Organisation était loin d’être parfaite ; mais c’était toujours mieux que des hippies idéalistes. L’organisation, c’était ce qu’elle avait choisie de protéger, tout comme son père avant elle.
Son sarcasme était comme une lame acérée. Le regard de Fleur était tout aussi aiguisé. Un sourire mauvais étira ses lèvres. Sinistre, dénuée de toute joie, de toute bonne intentions.
« Oh, excusez-moi. Suis-je bête… Vraiment, quelle erreur de penser que des gens aient pu disparaitre dans un lieu si sacré. Que le Culte, si parfait, puisse faire des choses si mauvaises. » Son ton était tout aussi faux. Plein de mensonges. En apparence, tout était normal, mais…
Fleur savait que quelque chose n’allait pas. Son titre sonnait comme une insulte, sortant de sa bouche. Un soupir s’échappa des lèvres du roux. Des menaces, des insultes…
Cette conversation n’avait plus aucun intérêt : elle savait très bien que la championne n’allait lui donner aucune information supplémentaire.
Suivant les indications de la championne, le lieutenant posa son regard sur la renarde. Mais il était certain de ce qu’il avait ressenti – de l’aura qui émanait du Pokémon. La Roussil n’était pas pure. Elle n’était pas innocente.
Quelques instants, Fleur garda le silence, son regard toujours aussi sombre. Dénué de faux semblants.
Morveuse ? Championne ? « De mon point de vue, tout cela revient au même. » Un champion, c’était juste le meilleur des morveux, non ? Le plus idiot, celui qui entrainait les Pokémons les plus puissants, quitte à mettre la sécurité des autres en jeu.
Elle soupira doucement. Oui, rester, c’était inutile. Elle ne prit même pas la peine de répondre à la dernière intervention de Kanae.
« Vos mots n’ont aucune valeur, à mes yeux. Je ne vais pas poursuivre pour aujourd’hui. Vous en avez peut-être fini avec moi, mais pas avec l’organisation. » Rangeant ses papiers, le lieutenant fit quelques pas vers la sortie.
« Vos crimes ne resteront pas impuni. »
Ho ? Elle avait montré les crocs, et tout comme j'avais pu l'être, elle était d'un sarcastique surprenant. Je ne me m'étais pas attendue pas à une telle attitude venant d'un haut-gradé, la plupart tentant souvent de rester professionnel, mais ce n'était pas pour me déplaire. J'aimais bien ce genre de discussion malicieuse, où tout le piquant réside dans le non-dit.
"Cela revient au même" ? Quel culot ! Par contre, ça en expliquait des choses. Si elle voyait tous les dresseurs comme des gamins avec des armes dangereuses entre les mains, ça faisait sens qu'elle ne faisait aucune distinction entre un dresseur débutant, et un champion d'arène avec des années d'expérience. Ils devaient tous être fous à ses yeux. Et pourtant, elle devait bien en avoir elle aussi, non ? De mémoire, ils utilisaient aussi des Pokémons chez les Trismegis. Est-ce que sa philosophie ne comptait pas au moins pour eux ? Sûrement que son petit cerveau matrixé ne s'est jamais fait la réflexion. Oui, nulle doute, elle était digne de faire partie de "l'élite" de l'Organisation.
Je ne pus contenir un sourire. J'avais déjà reçu des tas de visites de la part de membres de l'Organisation, certains étant persuadés du pire me concernant, mais jamais personne n'avait trouvé quelque chose à redire dans mon arène. Je comprenais les suspicions à mon égard, et c'est bien pour ça que je mettais toujours un point d'honneur à garder mon arène parfaite. Alors fatalement, qu'elle me dise que je n'en ai pas fini avec eux m'amusait fortement. Que y avait-il à trouver dans mon arène ? Jamais personne n'y trouverait quoi que ce soit. C'était juste une perte de temps, et c'était à se demander si ce n'était pas exactement ce qu'ils voulaient. Me faire perdre mon temps.
Sortie de mes songes par la lieutenant qui me menaçait tout en partant, j'arrêtais de caresser mon Pokémon, et me relevait pour lui faire face. Tout sourire, le saluant d'un grand geste de la main, comme si je disais au revoir à un ami, je lui dis : Vous aussi ! Pour quelqu'un d'extérieur à la conversation, il aurait été impossible de dire que je lui crachais une dernière dose de venin avant qu'on ne se sépare, mais au fond de moi j'étais convaincue qu'elle l'avait compris. Puis il partit, me laissant satisfaite de ce dernière échange.
Je soufflais un coup. Enfin seule... Ou pas. Myz', qui avait remarqué le départ de la lieutenant, avait rappliqué en vitesse et m'avait fait les yeux doux. Oui, c'est vrai, je lui avais pris son bâton. Hésitant un petit peu, je finis par lui donner un petit coup sur la tête avec, avant de lui rendre. Merci de t'être tenue. Je sais que ce n'était pas facile. Elle l'agrippa et le serra fort contre son torse, heureuse d'avoir retrouvé son précieux. Elle était adorable.
Mais tout de même... Les mots de la lieutenant résonnaient dans ma tête. Des machines à tuer, hein ? Mon regard se déporta sur Aix qui nous fixait au loin. Peut-être... Qu'elle n'avait pas complètement tord non plus.
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