“Nous vous recontacterons.”

C’étaient les derniers mots du responsable de mon département universitaire, lorsqu’il m’avait forcé la main pour modifier cette putain de thèse pour la rendre plus “Trismegis-friendly”. Derniers mots avant qu’il ne me contacte deux semaines plus tard pour aller chercher des prélèvements dans une zone très à risques. Comme je n’avais aucun courage et qu’il fallait bien que je cesse de déprimer chez mes parents à Tôkan, je m’étais résigné à accepter. J’étais “Docteur”, maintenant. Rédacteur d’une thèse contenant des corrections avec lesquelles je n’étais pas d’accord. C’était le prix à payer pour conserver mon titre, en plus d’obtenir cette promotion. Un sacrifice amer qui allait mettre du temps à être digéré.

Mon estime de moi était au plus bas. Car j’avais été incapable de m’affirmer. Mes parents, eux, auraient envoyé chier l’Académie et changé de parcours pour rester fiers de leurs principes et idées de base. Moi, j’étais qu'un collabo, pour le coup. Je me détestais. J’avais envie de vomir, lorsqu'on me complimentait sur cette putain de thèse. Mais je gardais la face et faisait comme si de rien n’était. Même si aucune lueur ne brillait dans mes yeux, je gardais le sourire. Un sourire factice et monté de toute pièce.

On devait quadriller une zone avec la police de Bedwyr. Police scientifique, surtout, ainsi que de très bons combattants avec de puissants Pokémons. Vitaly Osborne en faisait partie. Je lui avais seulement fait un signe au loin, tandis que je broyais du noir et consommais café et cigarette. Hermes gueulerait, s’il me voyait comme ça. En même temps, il ne savait pas trop ce que je traversais. Il compatissait, mais c’était tout. C’était mon combat. De me battre contre ces pertes et ce foutu département scientifique qui avait modifié de force mes travaux pour que ça leur corresponde. Même un bon salaire n’allait pas spécialement guérir cette déception grotesque. Salaire qui s’évaporait rapidement dans les clopes et les jeux vidéos, ces derniers temps. Fallait bien quelque chose pour oublier et chasser le stress. De fait, j’étais plus terne. Des cernes, les yeux fatigués. Comme si j’avais pris un peu de l’âge.

Le policier blond s’était rapproché de moi. Je tentais de lui sourire, mais ça ne venait même pas. J’avais envie de me confier à lui et de faire exploser des choses. ce n’était certainement pas le moment, mais si on pouvait se prévoir ça, je sauterais sur l’occasion.

“Oui, on s’éloigne. Je manque d’air. Je les déteste tous.”, grognais-je d’une voix rauque, différente de d’habitude, à l’égard de mes collègues de travail. “Le cratère… Oui, parfait. Je devrais être le seul assez psychologiquement instable pour accepter d’être assigné là-bas. Puis étant Champion, j’ai largement de quoi me défendre.”

J’avais bien entraîné mon équipe, ces derniers jours. Même si je n’allais pas bien, je ne pouvais pas trop me relâcher. J’étais Champion, et des Pokémons plus violents qu’à l’accoutumée pouvaient attaquer n’importe où. Je devais être en mesure de protéger les civils, si l’un d’entre eux se montrait en ville. Beaucoup de pression sur mes épaules, encore une fois, mais je devais me montrer courageux. Plus que lorsque j’avais accepté docilement les modifications de ma thèse.

“Tout va bien, pour toi ? Vous devez être surchargés de boulot, en ce moment. De mon côté… J’étais en vacances, mais comme je viens d’être promu Docteur, me voilà. Ils ont besoin de monde, j’ai pas vraiment pu leur dire non. Mais j’aurais aimé. Au moins, ça montre que je suis de bonne volonté dans ce nouveau travail de connards…”, soupirais-je en recrachant la fumée de ma cigarette.

Aller au cratère ne le dérangeait pas particulièrement non plus, à en voir ses yeux dorés presque semblables à ceux d’un Miaouss qui aurait trouvé une proie intéressante à traquer. Je laissais échapper un rire nerveux, bien que légèrement amusé par l’information qu’il m’avait donnée.

“Si c’est la même chose pour tes relations romantiques, ça doit faire beaucoup d’animation.” Je marquais une pause, écarquillant un instant les yeux, tandis qu’une légère lueur venait s’y installer ne serait-ce qu’un instant. “Tu devrais plutôt demander un combat à Sūrya, il a beaucoup plus d’expérience et… Tôkan, c’est loin.”

De la modestie, toujours de la modestie. En même temps, même en étant champion dans ce district, les habitants semblaient toujours fixés sur la carrière de mon père. Qui lui était entièrement Tôkanois, et pas demi-Bedwyrois comme moi. On ne me faisait pas de remarques en face, mais je n’avais pas non plus l’impression d’être particulièrement légitime et à ma place, par moment. Surtout quand tout va si mal.

“Être flic, ça doit pas être facile tous les jours… C’est sûr que la population serait davantage rassurée que vous n’ayez pas à être en patrouille constamment. Mais c’est pour leur sécurité. Surtout quand on voit que les risques d’attaques terroristes sont en hausse, depuis… Les Feux Follets. Je n’ai rien contre le Groupe Victini, mais s’il se radicalise, il faut agir rapidement. Je ne suis pas d’humeur à vivre une guerre civile.”, crachais-je sèchement en écrasant la fin de ma cigarette dans mon cendrier de poche avant de finalement cesser de fumer. Respirer de l’air frais pour la journée ferait du bien à mes pauvres poumons. Je devais diminuer, Hermes avait raison. J’avais hâte d’être à nouveau en vacances pour changer d’air. Loin des neiges éternelles de Tôkan et de la pression familiale. Loin de Bedwyr et de son hégémonie étouffante.

Vitaly ne pouvait pas savoir pour quelle raison j’étais aussi peu enthousiaste pour ma thèse et ma montée en grade, pour choisir un vocabulaire militaire adapté au régime en place.

“Ah… En fait, elle n’a pas vraiment plu, donc j’ai dû tout modifier. Elle ne me plaît pas du tout, avec ces modifications… mais tout le monde est content. De toute façon, à part essayer de plaire à tout le monde, je ne sais pas quoi faire d’autre. Rien n’est jamais assez bien, ou comme il faut.”

Chasser le naturel… C’était ce qu’on me demandait constamment, depuis que j’étais à Uxie. Cacher mon amour pour mes Pokémons, mes idéaux… Ma volonté de changer l’Académie de l’intérieur devenait de plus en plus forte. Je devais renoncer à ma fierté pour y parvenir. Même si c’était encore plus difficile, avec les pertes que j’avais essuyées récemment.

“Assez parlé de moi. Je veux bien te donner des conseils, pour le coup… Mais tu as déjà pensé à quel genre d’équipe tu souhaitais ? Pour ton Evoli et ton Fulgudog, je vois bien une tendance canine… Mais pour être en unité canine, il faut dresser ces Pokémons strictement. Je crois qu’ensuite, leur rôle sera surtout pour la recherche ? Stupéfiants, explosifs, personnes… Et les sauvetages ainsi que la défense. Je ne sais pas trop quels types de canins correspond à quelle catégorie, mais je crois que Layla Faez s’y connaît beaucoup. Si jamais vous avez le temps d’en discuter…?”

J’éprouvais une énorme frustration vis-à-vis de Layla. Nous étions dans la même classe avant de nous spécialiser en études supérieures. Il était très difficile de se revoir, même encore maintenant… J’avais l’impression qu’elle faisait tout pour éviter qu’on aille boire un verre. Pourtant, je ne demandais rien de spécial. Les femmes ne m’attiraient pas, sur le plan romantique. Non. Je cherchais juste à renouer une amitié. Il faut croire que ça ne l’intéresse pas. C’est parfois triste, la vie.

“Il est sacrément actif, je crois que ça va être compliqué d’en faire un chien de policier, ahah ! Enfin, tu peux aussi posséder des Pokémons… pour toi-même. Même si c'est mal vu. Je ne voudrais pas t’influencer, après, tu fais comme tu veux !”

J’avais toujours considéré les Pokémons comme des compagnons, des amis… voire une famille. J’avais toujours été entouré de ceux de mes parents. Des Pokémons qualifiés comme dangereux, parfois. Et pourtant, jamais ils ne m’avaient blessé. Ils s’étaient occupés de moi, quand mes parents ne le pouvaient pas à cause de leurs obligations.

“C’est difficile de dresser un Pokémon déjà adulte, mais pas impossible. Déjà, je pense qu’il a besoin de beaucoup se défouler vue sa taille et… son espèce, tout simplement. Si tu réponds à tous ses besoins, il t’écoutera déjà beaucoup mieux. Sinon, aucun risque qu’il te tue… à moins qu’il ait des problèmes de violence, mais ça, c’est comme les gens…”, tentais-je timidement de le rassurer.

Je libérais ma puissante Sorcilence et lui indiquai de jouer avec le Fulgudog, pour qu’il se dépense et n’embête pas la faune locale. Si nous pouvions éviter d’avoir affaire à un Paradoxe, ça serait pas mal… Autant ne pas en attirer. La sorcière féérique, toujours aussi précieuse, préféra s’allongea sur un carré d’herbe, prenant une pose signifiant clairement : “Je bouge pas. Je prends un bain de Soleil, et quiconque me dérangera connaîtra mon courroux !”

“Chamallow, fais un effort ! Tu passes ton temps sur le canapé à manger des chips, d’habitude. Tu vas prendre du poids, à force.”

Je savais comment la motiver. Elle était obnubilée par son apparence. En effet, la fée sylvestre venait de se lever, faisant craquer son bras tentaculaire ainsi que chaque partie de son corps avant de se téléporter aux côtés du canin pour lui montrer qu’elle n’était pas rapide mais… Quand même un peu, par ce biais.

Tester ses relations romantiques. Mes joues se teintèrent de rose, bien que je ne ressente rien de spécial pour le policier. Je réagissais souvent comme ça. Encore plus en présence d’un certain homme… Mais j’y penserai lorsque nous serons en vacances et que j’aurai enfin mis mes idées au clair. Les sentiments, c’était tellement bordélique… Surtout lorsque ceux-ci se développaient alors qu’une amitié était déjà présente à la base.

“N-non merci. Je suis certain que tu as déjà quelqu’un, au moins dans ton viseur ! Le contraire m’étonnerait beaucoup, ahah…”

Il était quelqu’un de fun, enfin, je trouve… Un peu taquin, donc je l’imaginais draguer facilement en soirée. Oui, c' était forcément ce genre de gars.

Rien qui soit loin… c’est vrai. J’avais acquiescé d’un hochement de tête avant que nous parlions plus en détails de ses projets d’arène. Je pourrais peut-être lui donner des conseils pour espérer vaincre Sūrya. Il était très fort, mais les Pokémons Aquatiques avaient quand même des faiblesses.

“Ton Fulgudog risque de lui donner du fil à retordre, il a l’air déjà très fort ! Ensuite, euh… Selon en quoi évoluera ton Evoli, et tes prochains Pokémons, ça devrait aller. Un Champion essaye toujours de s’adapter à son adversaire, puisque le but, c’est surtout d’évaluer ton niveau et pas te rouler dessus injustement…”

Même si certains Champions devaient le faire, je crois. Par exemple mon père, il était assez sévère et ne donnait pas son badge au premier venu s’il n’avait pas un niveau qu’il jugeait suffisant. Heureusement… J’étais bien plus conciliant, depuis que j’avais repris l’arène.

“...Hein ? Un Stari, ça ne parle pas, qu'est-ce que tu racontes ? Enfin, si tu parles de communication, ils émettent des ondes, oui… Mais de là à considérer ça comme de la parole, peut-être pas.”

J’étais désolé de briser ses rêves, mais… en même temps, les Pokémons n’étaient pas si connus que ça. Pas de tous, en tout cas. Je me sentais un peu coupable d’être si pessimiste et terre-à-terre, mais je n’étais pas tant d’humeur à rire. En espérant que ça ne ternisse pas l’image qu’il se fait de moi. J’étais très anxieux de montrer cette image si… négative.

“Espérons qu’aucune guerre civile n’arrivera… J’espère que l’Organisation réussira à maintenir l’ordre. Rien n’est parfait, mais… au moins, elle nous permet de garder une certaine stabilité et sécurité.”

Trismegis était très critiquable. J’étais le premier à pester concernant leur envie de séparer nettement les Pokémons des Humains. Je n’étais pas d’accord avec cette mentalité Bedwyroise sur bien des points. Et pourtant, vu le climat actuel, il fallait durcir les règles afin de garantir la sécurité de tous.

“Je… n’ai pas le droit, techniquement. Alors si tu la lis, il faudra que tu gardes ça secret et que tu ne divulgues rien, si possible.”

De toute façon, il n’allait pas la partager, ça n’était pas quelque chose de très intéressant pour la majorité des Bedwyrois. La preuve… Elle n’était pas passée sous cette forme. Mes idées avaient été vivement critiquées. Beaucoup d’objections… Alors que je savais au fond de moi que j’avais raison. C’était déprimant. C’était à en vomir. Je comprenais un peu mieux pourquoi mon père avait démissionné de l’Académie dans sa jeunesse, même si c’était bien avant ma naissance.

“Euh… à propos de Layla… justement…” J’hésitais à demander des nouvelles. Le dialogue était compliqué, entre nous. C’était… tendu ? Peut-être car nous n’étions plus que des inconnus, mais c’était assez frustrant. Toutes mes propositions d’aller boire un café ou… juste passer du temps ensemble, elles étaient toujours reportées. Reportées à quand ? Aucune idée. “Elle va bien ? …Je ne sais pas si elle t’a dit, mais on était dans les mêmes classes, dans nos premières années générales, à Uxie. On s’est perdus de vue, et on a un peu de mal à se capter, maintenant, entre son travail et le mien. Je suis un peu inquiet pour elle, je crois…? Elle te paraît comment ?”

Une machine de guerre… le terme me faisait froid dans le dos. Je ne dis pourtant rien de plus à ce sujet, essayant de retrouver un peu de calme.

Des enquêtes globales, de son côté, au moins… Il continuerait à pouvoir travailler avec moi, plus ou moins. Même si je n’étais absolument pas censé être affilié avec la police, ils avaient parfois besoin de biologistes. Et je ne refusais jamais les tâches qu’on me donnait. Il fallait que je prenne sur moi et que je travaille d’arrache-pied pour faire mes preuves. C’était le seul moyen pour qu’un jour, mes idées soient acceptées par la communauté scientifique. Pour que le monde change. J’étais animé d’une toute autre énergie que dans mon adolescence. Une énergie plus sombre, loin de l’optimisme utopique que j’avais pu ressentir avant.

“Des soucis… Si. Il y en a toujours. Mais ils n’ont jamais été agressifs ou dangereux. Il y a surtout mon Trousselin qui a tendance à voler les clefs qu’il trouve sans se poser de questions. Ou d’autres objets qu’il peut arborer pour se décorer. J’ai déjà fini au poste de police, par sa faute… Mais sinon, même pour ma Sorcilence ou le Spiritomb que mon père m’a prêté… Ils ont beau être des Pokémons aux potentiels dangereux, ils n’ont jamais blessé personne.”

Bon, Chamallow avait déjà mis quelqu’un dans le coma, mais c’était pour protéger un enfant qui était en danger. Et finalement, tout s’était arrangé sans encombre, alors inutile d’en parler plus que ça.

“Euh… Je ne sais pas toujours évaluer les âges, mais c’est possible qu’il reste très jeune dans sa tête plusieurs années.”, affirmais-je en le suivant plus au centre du cratère. “Je dirais que j’ai fait au feeling. Mon premier Pokémon n’est pas spécialement offensif, mais il est doué pour faire tourner en bourrique ses adversaires. Ensuite, j’ai essayé de combler avec des Pokémons plus offensifs, mais également un peu plus robustes. J’ai surtout pris des Pokémons avec lesquels j’avais… de la complicité.”

Difficile à assumer ouvertement ça devant l’Organisation. Ils me riraient au visage. Et me diraient que je ne connais rien de la vie, que ce n’est pas un conte de fées où tout le monde est gentil au fond de son cœur. Comme si je ne le savais pas…

“C’était difficile, ces combats, oui… Heureusement, personne n’a été trop gravement blessé à ce moment-là. Pour ceux qui ont combattu… Être un bon support, c’est déjà très bien ! Le tout c’est d’avoir de la variété, ce que tu sembles déjà avoir.”

Je hochais la tête. Mélofée pour le soin, c’était très bien. Evoli ainsi que Théffroi, même en évoluant, je savais qu’ils étaient assez ambivalents bien que plutôt offensifs. Mais assez fragiles, mine de rien. Ce qu’il lui manquait, c’était un Pokémon défensif. Ou un tank, si on veut parler comme dans les RPG.

“Tu devrais ajouter un Pokémon défensif, et ce sera pas mal ! Un type Acier, peut-être ? Métalosse ou Magnézone, par exemple ? Je te conseillerais surtout de prendre un Pokémon avec lequel tu seras à l’aise, bien sûr.”

N’ayant à peine plus le temps de réfléchir à d’autres Pokémons potentiels, je sentis mon corps se raidir. Plus aucun Pokémon ne se trouvait aux alentours hormis les nôtres. Mon sang se glaça lorsque je découvris avec horreur la silhouette d’un… Gallame ? Gardevoir ? Un amalgame des deux, mais en robotique. Ce qui n’était pas sans rappeler les images que nous avions pu apercevoir des Pokémons Paradoxes aux infos.

“M-merde, c’est pas le moment…!!”

Lorsque la créature découpa une roche solide en deux, je fis quelques grands pas en arrière avant d’envoyer ma Sorcilence sur les devants. On allait devoir se battre. La fuite était impossible. Il nous rattraperait aussitôt. J'étais sombre. L'angoisse me rendait de plus en plus apathique. Celle-ci se transformait en force froide. Il était hors de question que je crève ici. Ni que je subisse une autre perte.

Nos discussions avaient coupé court. L'ambiance pesante découlait de la présence malveillante du Garde-de-Fer. J’avais entendu son nom et avais pu observer quelques informations à son sujet. Il possédait forcément les mêmes type que Gallame et Gardevoir, en toute logique… De mémoire, au moins le Type Combat. Mais pour l’autre ? Psy ou Fée ? J’allais devoir envoyer ma Sorcilence. Elle était sans doute l’une des plus puissantes de mon équipe, en plus de posséder de puissantes capacités de soin. Un bon allié pour Vitaly.

“On va devoir se démerder… Ok. Vitaly, écoute-moi ! Type Combat et Fée, ça me revient. C’est un amalgame entre un Gardevoir et un  Gallame, comme tu peux le constater.”, déclarais-je d’une voix grave et on-ne-peut-plus sérieuse. Cela détonnait avec ma chevelure rose bonbon. Vraiment. Mais l’heure était grave. Il fallait qu’on l’immobilise et qu’on le ramène vivant aux équipes de recherches. Il fallait en apprendre plus sur leurs capacités pour mieux les gérer plus tard ! J'étais Champion, je pouvais y arriver. Et mes connaissances de chercheur... Elles allaient servir.

“M-merde, fais gaffe à toi. Je crois qu’il a un talent qui augmente Champ Électrifié et…” Je ne terminai pas ma phrase pour donner mon premier ordre. “Chamallow, Brume Capiteuse sur ton alliée !”

Je pensais très important d’augmenter sa Défense Spéciale, face à cette machine à tuer. Mais je ne pouvais pas juste être un support. Il fallait que nous soyons tous deux très ambivalents.

“...Prescience. Il prépare Prescience. Ton Pokémon peut encaisser ?”

Je l’espérais. Je serrais fortement les dents, réfléchissant rapidement à une offensive efficace.

“Rafale Psy !”

La Sorcière Sylvestre lança un violent rayon psychique en direction de la créature métallique, restant relativement en avant, comme pour protéger la Tritox qui était plus petite qu’elle.

Hors-RP :

Brume Capiteuse (Défense Spé Tritox +1)
Rafale Psy (ne rend pas confus, j'ai tiré les dés)

Je devais protéger le Pokémon de Vitaly. Ainsi que Vitaly lui-même, en fait. C’était l’une des raisons pour lesquelles j’avais gardé ma Sorcilence sur le terrain. Comme nous en parlions tout à l’heure, avec le policier, avoir une équipe équilibrée était très important. Si je devais jouer le rôle de support et de healer pour nous permettre de survivre le plus longtemps possible face à la créature robotique… Je remplirai mon rôle.

Le Garde-de-Fer était empoisonné. “Parfait.” Vitaly avait su en profiter pour l’amocher suffisamment pour le mettre plus en colère encore. S’ils avaient des émotions, évidemment…? Nous n'en savions rien, pour le moment. Par contre… Les coups qu’il nous avait porté ainsi que l’Entrave posée sur notre plus grand atout n’allait pas nous arranger.

“Vibra-Soin sur Lullaby ! Puis Rafale Psy sur l’ennemi !”

La survie. C’était bien plus important que de porter d’énormes coups sur le simili-Gallame. Je tremblais un peu, bien qu’animé par l’adrénaline qui avait commencé à prendre possession de mon corps. Il fallait que je sois à la hauteur de mon titre de Champion. Que je sois autant à la hauteur que l’aurait été mon père à ma place.

“Ta Tritox a d’autres capacités poison ? Dans tous les cas, continue à bourrer, je te soutiens à côté !”

Je n’avais pas de quoi me soigner moi-même, mais si ce que je faisais actuellement pouvait déjà nous éviter d’avoir un pied dans la tombe…

Hors-RP :

Vibra-Soin sur Tritox.
Rafale Psy (ne rend pas confus, j'ai tiré les dés)

Le fait d’avoir des Pokémons de support, c’était sans doute notre plus grand atout. Cela lui permettait d’attaquer efficacement sans trop se soucier du reste. La collaboration, c’était parfois bien plus important que la volonté d’en découdre davantage que son binôme. Finalement, c’était comme dans les jeux vidéo… C’était bien beau de vouloir tous jouer les gros bourrins, mais avoir un healer et un buffer était essentiel. Oui, oui. C’était comme ça que mon père m’avait appris la stratégie Pokémon et qu’il continuait à l’enseigner à des enfants de Sunoh.

La Tritox n’allait pas faire long feu, si elle restait si proche aussi longtemps. Les capacités de soin de ma Sorcilence n’étaient pas infinies. Vitaly le savait également, c’était pour cette raison qu’il m’avait demandé de tout lâcher pour que sa Tritox revienne vers nous.

“O-okay, je vais faire ce que je peux…! Chamallot, encore une Rafale Psy !”

Je n’étais pas trop un adepte du bourrinage stupide, mais je n’avais pas le choix. Maintenant que son Fulgudog était sur le terrain, on allait pouvoir le gérer un peu mieux, je l’espère, malgré la force acharnée de ses coups beaucoup plus violents que ceux d’une Gallame (ou Gardevoir) habituel.

Tranche-Nuit puis… Deux fois Éclat Magique. Les dégâts se faisaient bien ressentir, mais nos deux Pokémons semblaient plutôt bien les encaisser. Nul besoin de soin pour l’heure…

…Ah, ça y est. Ma Sorcilence commençait à péter les plombs. Ses cheveux étaient emmêlés. Misère… Elle allait en faire qu’à sa tête. Elle avait déjà commencé, puisque des Éclats Magiques volaient dans tous les sens vers le Garde-de-Fer.

“C-concentre-toi, je te recoifferai plus tard ! Il faut en venir à bout, c’est notre vie qui est en jeu !!”

Si ça avait convaincu mon Pokémon... Aucune idée, mais j’étais à cran. Et ce Paradoxe était encore une fois une goutte de trop à tout ce stress ressenti ces derniers jours.

Hors-RP :

Rafale Psy (ne rend pas confus)
Éclats Magiques parce qu'on l'a décoiffée

Les Éclats Magiques du Pokémon Paradoxe… Ils étaient proches. Très proches. Même si ma Sorcilence avait répliqué de la même manière, on recevait ces éclats. Moins nombreux, certes, mais tout de même… Vitaly avait très bien réagi en s'agrippant à ma chemise pour me faire m’accroupir au sol. Il avait l’air complètement paniqué alors que moi… J’étais plutôt envahi par le sang-froid. L’adrénaline me rendait presque apathique. Pour le moment. Il me tenait toujours aussi fermement. Je finis par lui tapoter la tête gentiment. Mes vêtements étaient légèrement déchirés, et j’avais quelques égratignures peu profondes. Rien d’alarmant, même si ça méritait un peu de soins…

“Tout va bien. Le Garde-de-Fer est bien affaibli, je le sens plus lent dans ses mouvements… Regarde.”, repris-je avant de me relever après avoir réussi à le faire me lâcher.

Les derniers ordres qu’il avait donné à son Pokémon me donnèrent des frissons. Surtout lorsque je vis tout ce sang. …C’était pas le mien, si ? “Vitaly, tu…” Le sien. Merde. C’était sans doute pas trop profond, mais j’allais devoir désinfecter tout ça quand on en sera venu à bout, sinon, il risquait une infection… On ne savait pas de quoi étaient faits ces Pokémons, après tout. Un virus qui les aurait fait muter ? On ne pouvait pas le savoir. Autant rester prudent.

Dès que le Garde-de-Fer fut vaincu, je m’effondrai. J’avais mis de côté mes émotions pour la survie, mais maintenant, j’étais nauséeux. Je n’avais pas peur du sang, mais voir encore un de mes proches dans un état abominable, je… je n’en pouvais plus.

“Vitaly…? T-tu te sens comment…?” Pitié, qu’il ne fasse pas de malaise, et que ses jours ne soient pas en danger, je ne pourrais pas supporter une énième perte… Déjà Stitch… Puis Haru, mon cousin, qui était dans le coma, à la frontière entre la vie et de la mort… Je me mis à sangloter d’un coup, sans que personne ne l’ait vu venir. Craquage complet. J’avais honte de faiblir comme ça alors qu’il était dans un état physique bien pire que moi.

“D-désolé. C’est… Les temps sont durs en ce moment. Je devrais… te soigner. J’ai tout ce qu’il faut dans mon sac, je crois…”

Je fouillais dedans assez fébrilement pour en sortir du désinfectant et des compresses, le regard un peu dans le vague.