Je me remettais encore de cette visite forcée à Bedwyr et à cet interrogatoire qui m’avait rendu encore plus anxieux que je ne l’étais déjà. C’était passé et cela faisait presque un mois que j’étais de retour à Agapé. Un peu plus que trois semaines dans les faits. Une chance pour moi, je n’avais pas croisé mon ex. Je n’aurais pas su comment réagir en le voyant…le meurtre n’était toujours pas légale ni même toléré…dommage pour moi, parce qu’il l’aurait mérité. Je me dis que j’aurais très certainement paniqué à sa vue ou bien figé. Une réaction primale et animale.

Je soupirai en lançant un coup d’œil vers la Sylve Brumeuse. J’étais natif d’Agapé et pourtant, je n’y avais jamais mis les pieds jusqu’alors. Je savais que nous ne pouvions pas entrer dans des zones comme celle-ci, mais l’avantage était le brouillard qui recouvrait la majorité de la forêt. Si on ne me voyait pas y entrer, on ne pouvait pas savoir que j’y étais non? J’avais envie de solitude, d’air frais et de me vider la tête. J’avais encore quelques bandages à ma main droite, signe que bientôt, elle serait guérie. Il y aurait peut-être des cicatrices de brûlure, mais je m’en moquais. Ce n’était pas la priorité de mes soucis. Je la voulais fonctionnelle plus qu’esthétique.

- Bon…C’est à moi de jouer…

Je serrai la ganse de mon sac à bandoulière entre mes doigts et je fis le premier pas pour pénétrer dans la forêt brumeuse. J’avais tout apporté en cas de nécessité. Nourriture, eau en bouteille, trousse de premiers soins et même une carte des environs…tout du moins si elle était réellement fiable. Aucune idée. Sans un regard en arrière, j’entrai sous le couvert de la brume, me retrouvant bien rapidement entouré d’arbres et de végétation. S’il y avait des pokémons paradoxes ici, j’avais mes chances de passer inaperçu…comme eux d’ailleurs. Je secouai la tête pour me sortir cette image de la tête. J’étais en sécurité…oui…J’avais mes pokémons avec moi…ils sauraient dialoguer avec les pokémons à problème…Je crois? Je me mordillai la lèvre inférieure, mais m’interdis de faire demi-tour. Pas question! J’avais besoin de cela! Je n’allais pas m’oublier une fois de plus, surtout que je devais faire une introspection sur moi-même! J’inspirai longuement avant de tout laisser sortir et je m’arrêtai de marcher pour m’orienter.

- Donc…maintenant où est-ce que je vais?

Je me décidai à aller vers l’est. Je pouvais suivre un chemin de terre sur le sol, me guidant vers une destination inconnue. Je n’avais pas peur. Je voulais me resourcer avec moi-même et donc, il fallait que je me fasse confiance. Un minimum tout du moins.

Marchant pas à pas dans une cadence assez normale, pas trop lente ni trop vive, je me dirigeai plein est. Je percevais la flore de la Sylve Brumeuse et je la trouvais plutôt jolie. Pour ce qui était de la faune, cependant, elle n’était pas très visible ou présente. Certainement que ma présence pouvait incommoder les pokémons sauvages qui se trouvait dans cette forêt. Sinon…peut-être n’étais-je pas dans un coin habité de pokémons, tout simplement. Je ne pouvais pas le savoir et je ne voulais pas me casser la tête à le savoir non plus. Je n’étais pas là pour les pokémons, mais pour moi-même.

- Très bien Trix…maintenant que tu es seul avec toi-même…qu’est-ce qui ne va pas chez toi, hm? Tout…probablement…

Je soupirai en me murmurant à moi-même. Si quelqu’un avait été présent sur place, là et maintenant, il aurait sûrement eu une pensée comme quoi je devais avoir l’air dérangé ou bizarre de me parler tout seul. Pourtant, cela faisait un bien assez conséquent de se parler à voix haute. On ne pouvait pas ignorer sa propre voix, si?

Mes pokémons dans leurs balles, j’aurais pu les en faire sortir pour discuter avec eux ou avoir une oreille attentive, mais ce n’était pas ce que je voulais. Tout ce que je voulais c’était moi, mes pensées et la vérité sur ma propre personne, selon ma propre perspective.

Mon retour à Bedwyr même s’il fut bref ne m’avait pas laissé indifférent. Loin de là. J’avais carburé à l’angoisse et à la peur, mais aussi avec une certaine haine encore bien enfouie. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même à vouloir la mort d’un connard charismatique et manipulateur qui m’avait privé de plusieurs années de ma vie. Erg! Comme je pouvais le détester!

- J’aimerais trop le voir crever! Rahhh!

Je me pris la tête entre les mains avant de souffler et de me calmer un peu. Je ne l’avais pas vu, il ne m’avait pas vu. Il fallait que je me calme. Doux…Trix…doux…ne te laisse pas envahir de mauvaises intentions! Oui, voilà…

Je m’étais de nouveau arrêté de marcher, reprenant une attitude plus calme et sereine. C’était thérapeutique comme sortie, non? Je l’espérais tout du moins.

Mon regard tomba sur un Cerfrousse accompagné d’un Pachirisu. Je les observai tous les deux, impassible alors qu’il était absurde de rencontrer ces deux pokémons ensemble. Je clignai des yeux alors que le pauvre cervidé semblait dans l’embarras avec le pokémon de type électrik qui n’en faisait qu’à sa tête. Je m’approchai des deux créatures et cela fit fuir le petit pokémon, ne laissant que le plus gros.

Mon regard se plongea dans le sien et il sembla me témoigner de la reconnaissance. Tant mieux pour lui. Au moins comme cela, il ne se ferait plus trop embêter et il pourra retourner à ses occupations de Cerfrousse. Je lui fis un petit sourire avant de le laisser s’en aller, me retrouvant à nouveau seul avec moi-même et mes pensées.

Je me remis à marcher vers l’est, m’enfonçant dans le brouillard et la végétation, suivant toujours le chemin de terre sous mes pieds. Arrivé à une intersection, j’avais la possibilité d’aller soit à droite ou à gauche. Je me mis à peser le pour et le contre pour chaque sentier, me demandant lequel serait le mieux pour moi.

- Par où dois-je aller maintenant? Hm…Oh! Je vais tirer à pile ou face!

Je sortis de la poche de mon pantalon un pokédollar bien rond. Je regardai ses deux facettes avant de le lancer dans les airs d’une pichenette et le rattrapai pour observer le résultat. Face j’allais à droit et pile, je prenais à gauche.

- C'est gauche qui gagne. Parfait.

Je posai mes orbes océan sur la facette pile, acceptant donc de prendre le chemin de gauche. Sans hésitation, je m’aventurai donc sur ce sentier, ne regardant pas une seule seconde derrière moi. Se servir du hasard pour faire mon bout de parcours dans la Sylve Brumeuse ne m’inquiétait pas vraiment. C’était tout simplement une expérience à vivre et à tester. Oui…et dans le pire des cas, j’allais me perdre un moment ou rebrousser chemin.

Le brouillard s’épaissit un peu plus sur ce chemin. Je plisse les yeux pour tenter de mieux voir, mais cela ne sert à rien. La réalité est que je ne me vois même plus la route devant moi, ni même mes pieds d’ailleurs. J’entends des bruissements juste à côté de moi et j’arrête brusquement de marcher. Je tourne la tête dans toutes les directions pour tenter de percevoir quelque chose. Nada. Je frémis et commence à me sentir angoissé tout d’un coup. Je déglutis alors que quelque chose vient frôler mes jambes. Puis, je hurle de peur.

- AHHHHHH!

Mon cri résonne dans la forêt tel un écho incessant. Des pokémons de type vol s’élèvent dans les airs au loin. Je dois leur avoir fait peur avec mon cri de terreur. Le cœur battant, je baisse les yeux pour voir ce qui m’a frôlé. Je distingue une forme et du vert, mais sans plus. Est-ce que je m’étais mis dans tous ses états pour une stupide fougère ?! Je me mordille la lèvre inférieure avant de soupirer, relâchant le peu d’air qui restait de mes poumons avant d’inspirer.

- Finalement…je ne crois pas que c’était une si bonne idée que cela de venir dans une forêt pleine de brouillard…seul…hm…

Mon courage à deux balles était parti et l’angoisse était revenue au grand gallot. Je reculai loin de ce qui m’avait effrayé et cela, sans m’apercevoir que je venais de quitter le sentier de terre, la route toute tracée et que donc, j’allais être encore plus paumé une fois que je l’aurais réalisé.

Je tentai de me raisonner tout en m’obligeant à avancer sans me retourner. Je me mis à penser que le chemin était plus boisé maintenant que j’étais bien plus profondément entré dans la forêt de brume. C’était plausible en fait. Qui irait entretenir des sentiers perdus dans une immense étendue d’arbres et de végétations quelconques? Pas moi en tout cas…même si c’était joli, quand j’y voyais quelque chose.

Tout en marchant, je me mis à fredonner pour me donner du courage. Ahah, la bonne blague! Oui, je n’étais pas la personne la plus courageuse au monde. Non, je ne me voilais pas la face, je le savais pertinemment. J’avais toujours cru que les gens pouvaient être bon et gentil, tous sans exception. Grosse erreur. Je m’étais trompé sur toute la ligne et maintenant, je me retrouvais avec la fragilité mentale d’un Psychokwak sur le point de se taper une migraine. Explosive, insensée et prête à rompre à n’importe quel moment.

- J’aurais peut-être dû aller faire un tour à la ferme à la place…ou dans le quartier des Beaux-Arts…dans les musées…hm…

Je me remis à fredonner plus fort lorsque j’entendis des bruissements ici et là, essayant d’oublier les autres sons pour me concentrer sur mes propres fredonnements. Oui, c’était stupide, mais dans mon état actuel, je préférais cela à m’imaginer les pires scénarios. Une boule se forma dans mon ventre et je finis par m’adossé contre un arbre pour tenter de calmer mon cœur qui battait la chamade dans ma poitrine. J’allais exploser du cœur avant 40 ans si cela continuait.

Je fermai les yeux et me concentrai sur ma respiration. Une inspiration, cinq secondes, une expiration, cinq secondes, etc. Cela à répétition.

Une fois calmé de ma frayeur et de mon début d’angoisse, je me redressai bien droit et regardai autour de moi. Je ne voyais plus le chemin de terre, ni même quoique ce soit. Aucun repère, que du brouillard. Je gémis de dépit et de désespoir. J’étais trop nul.

- Pourquoi je n’arrive pas à faire quoique ce soit de bien…pour moi-même? Je me suis paumé dans la Sylve et là…c’est sûr et certain, je vais me retrouver dans une situation fâcheuse…assurément!

Pessimiste? Un peu quand même. Positivé c’était assez difficile pour moi en ce moment alors…c’était en cours de construction…ou de reconstruction plutôt…

À peine avais-je prononcé ces mots qu’un hennissement se fit entendre près de mon oreille. Pas le genre de hennissement tout doux tout gentil, non, c’était celui d’un pokémon bien embêté de ma présence sur son territoire! Je tournai la tête vers la source du cri animal pour voir un fier Galopa de Galar dans toute sa splendeur, parce que oui, il était magnifique, qui me regardait avec hostilité. Il se mit à frapper le sol de son sabot et cela à plusieurs reprises tandis que moi, j’étais figé.

Puis, il me chargea et moi, d’un coup, je me jetai au sol pour l’éviter de justesse. J’eus le souffle court en touchant le sol, m’éraflant ici et là et déchirant un peu mes vêtements sur les épines d’un buisson. J’entendais les sabots du pokémon sauvage se ruer vers moi et je me relevai de peine et de misère avant de me mettre à courir dans le sens contraire de la bête. J’allais peut-être mourir aujourd’hui finalement.

- AHHHH! Non! Je m’en vais!

Je tentais le dialogue, ne sait-on jamais. Il y avait peu de chance que le Galopa de Galar puisse avoir la moindre pitié pour moi. Je comprenais. J’avais mis les pieds chez lui et voilà, maintenant il voulait ma peau. Une rafale psy s’abattit sur moi sans crier gare et je ne pus éviter l’attaque qui me frappa de plein fouet au bras gauche. La bonne nouvelle était que malgré la douleur lancinante, mon bras était toujours rattaché à mon corps et que j’étais aussi bien vivant. La moins bonne nouvelle fut que cela me projeta plus loin dans la forêt et que je me retrouvais dans une zone complètement inconnue. Oui, tout m’était inconnu…mais je voulais me rassurer moi-même, okay?

Je tendis l’oreille en gémissant de douleur, n’osant plus bouger le moindre muscle. Le pokémon psy semblait s’éloigner au son de ses sabots et de ses hennissements. Je soupirai de soulagement avant de tiquer en sentant l’horrible douleur dans mon bras gauche. Ok, les pokémons étaient bel et bien dangereux, je pouvais donner ça à mon ex…mais pas tout quand même! Juste l’idée de donner raison à ce connard me donnait envie de vomir…Erg…

Je me permis une petite pause, étalé sur des cailloux et des plantes vertes, préférant me reposer que de me relever. J’avais peur de regarder mon bras en vérité…après la fracture au bras droit et la main droite brûlée, maintenant le bras gauche percuté par une attaque psy…Il y avait comme une récurrence…hm…

- J’en ai déjà marre…

Je soupirai en me murmurant cela sans grande conviction. Je plaquai mon bras droit contre mes yeux, ne voulant pas me mettre à pleurer. J’étais couché sur le dos, immobile et je n’entendais plus le moindre son aux alentours. C’était serein…si on oubliait que je venais de me faire attaquer par un Galopa de Galar et qu’il ne m’avait pas manqué. Je soufflai un bon coup avant d’accepter de me redresser pour m’asseoir. Je jetai enfin un coup d’œil sur mon bras gauche. Il était dans un fichu état. Je crois qu’il était même déboîté au niveau de l’épaule. Meh…je m’étais maudit tout seul alors…

Je me mis sur mes pieds tant bien que mal et je me mis à observer les alentours. Je tremblais un peu à cause du choc, mais ça allait. Je tenais bon quand même. L’adrénaline était ma meilleure amie pour le coup. Je voulais avancer un peu avant de me rafistoler. Je voulais être certain de ne pas avoir de représailles de la part du pokémon sauvage qui m’avait attaqué.

Après une dizaine de mètres, je me laissai tomber sur une souche d’arbre et je me mis à chercher ma trousse de premier secours dans mon sac à bandoulière. Je l’ouvris de ma main plus valide que l’autre et je pris les bandages. Je me fis une écharpe de fortune avec ce que j’avais sous la main. À première vue, je n’avais pas le bras cassé, mais une radiographie permettrait de confirmer le diagnostic ou non. Puis, comme il était déboîté, je ne pouvais pas le bouger et le remettre en place dans ces conditions…Hors de question. Pas tout seul en tout cas.

- Okay Trix…Je crois qu’il est temps de rentrer et de retrouver le chemin vers l’orée de la Sylve Brumeuse avant qu’on ne cherche de nouveau à te tuer…

Je me relevai et repris ma marche, cherchant à retourner sur un sentier quelconque, histoire de peut-être réussir à sortir de là sauf...

- …ou qu’on ne décide de te considérer comme étant disparu…

Je n’avais parlé à personne de mon excursion dans la forêt. Pourquoi l’aurais-je fait? Ce n’était pas spécialement permis de quitter la ville pour se rendre en zone naturelle. Je n’avais pas envie que quelqu’un s’interpose ou encore n’en vienne à contacter la milice ou la police pour cela. Non…je m’étais tut comme un idiot et maintenant, voilà le résultat. J’étais hors-piste, désorienté et amoché. La bonne nouvelle c’était qu’au moins, j’étais toujours vivant. Pour combien de temps encore? Aucune idée et je ne voulais pas y penser.

J’inspirai profondément en levant les yeux devant moi. Je tournai la tête à gauche, puis à droite et même que je me permis un 360 pour analyser l’environnement autour de moi. Déjà, je n’allais pas rebrousser chemin. Des plans pour tomber de nouveau sur le Galopa de Galar. Il valait mieux que j’avance tout droit ou encore que je bifurque légèrement sur la gauche ou la droite. Il fallait que je marche en continue. Si j’arrêtais, ce n’était que pour deux-trois minutes maximum.

Tant que je voyais de la clarté au-dessus de moi, je pouvais supposer qu’il faisait encore soleil et que la nuit n’était pas encore sur le point de tomber. J’aurai pu regarder l’heure, mais ma montre holographique avait été brisée suite à l’attaque de la créature féérique. Comme quoi leur assurance anti-choc, ce n’était que des paroles en l’air…

Je finis par arriver près d’un ruisseau, entendant son eau couler non loin de moi. J’allai dans sa direction me fiant plus à l’ouïe qu’à la vue. Le brouillard étant quasi nul et épais par moment. Mon sens de l’écoute était mon plus grand atout dans cette situation.

Une fois arrivé au ruisseau, je m’accroupis et observai mes deux mains. L’une était encore recouverte de bandages, en convalescence et l’autre…pendait à mon bras désarticulé. Super. Je me forçai à plonger ma main brûlée dans l’eau fraîche du ruisseau et m’aspergeai le visage pour me débarbouiller et me rafraîchir. L’eau allait m’aider à garder les idées claires.

- Je fais quoi ensuite…?

Je fermai les yeux en laissant l’eau ruisseler sur mon visage. Cela faisait du bien. Je soupirai lourdement en serrant les dents. Ma main me faisait mal et mon bras…enfin...Je tressaillis en sentant quelque chose se resserrer contre mon corps. Je rouvris les paupières d’un coup et je tournai la tête pour voir un petit Bulbizarre qui tentait de me réconforter. Je clignai des yeux et penchai la tête sur le côté. Pourquoi faisait-il cela? Il était assez près de moi pour que je puisse le voir. Il était petit, jeune…certainement un bébé ou quelque chose du genre.

- Salut…Tu es bien gentil…hm…tu voulais me réconforter?

Je me tourne complètement vers lui et nos yeux entre en contact visuel. Nous nous fixons une bonne minute sans que l’un ou l’autre ne cligne des yeux. Il finit par me relâcher et se détourne. De sa liane, il m’agrippe le poignet et me tire avec lui. Je crois qu’il veut m’aider à sortir de là. J’ai le cœur qui palpite dans ma poitrine. Un poids disparait et je me sens plus léger.

Je me lève et je me mets à marcher à sa suite. Lui, il ne me lâche pas.

- Merci…merci beaucoup petit…

Nous avançons sans savoir où je vais. Ce Bulbizarre doit le savoir, mais pas moi. C’est certainement dans la Sylve Brumeuse qu’il est né. Je frémis. J’espère que cela ne me coûtera pas de lui faire confiance aussi aveuglément. Pourtant…je crois qu’il est sincère. En plus, sa poigne est douce et il ne serre pas trop comme s’il ne voulait pas me blesser plus que je ne le fusse déjà. Je l’en remerciais intérieurement.

J’avais l’impression de suivre un Bulbizarre-guide. Je me sentais aveugle face à tout ce brouillard. Je ne pouvais qu’avancer sans trop me poser de question. Si je décidais d’arrêter, peut-être que le pokémon allait s’en aller sans moi. Je ne le voulais pas. J’avais trop peur de rester seul dans cette forêt imprévisible et dangereuse. Enfin…surtout hors sentier à vrai dire. Si je ne m’étais pas égaré, tout cela ne serait certainement pas arrivé.

- Tu sais l’où on va?

Évidemment, le type plante ne me répondit pas. Il tira simplement sur mon poignet pour ne pas que je m’arrête. J’avançais pas à pas évitant des branches ou des racines au dernier moment. Je trébuchai néanmoins sur une pierre et m’étalai de tout mon long au sol dans un bruit sourd et un gémissement douloureux. Je voulais rentrer chez moi…

Le Bulbizarre s’approcha de moi et m’aida à me relever. Il épousseta mes vêtements de ses lianes et agrippai de nouveau mon poignet. Il émit quelques petits cris et je secouai la tête en soupirant. Vivement la civilisation d’Agapé et sa population excentrique et colorée…au moins, il y aurait peu de chances que je me retrouve dans une mauvaise situation comme tout à l’heure. Je n’avais pas envie de me retrouver de nouveau confronté à un Galopa de Galar. J’avais survécu simplement parce que mon bras avait reçu l’impact de son attaque. Encore heureux d’être en un seul morceau.

- Merci…Je ne sais pas trop comment te remercier…pour tout ce que tu fais…

J’eus un souvenir de mon enfance. Je me souvins que tout petit, j’avais eu la forte envie et l’intense désir de posséder un Bulbizarre. Cela remontait, bien évidemment. J’esquissai un sourire et je me penchai pour caresser la tête du pokémon plante et poison.

- Tu es brave et courageux, mais surtout tu as grand cœur d’aider un humain comme moi.

J’avais cette peluche de Bulbizarre que je traînais un peu partout quand mes parents étaient trop occupés avec l’art et tout le reste. Je me souvenais que je lui faisais tout le temps des gros câlins et que je le serrais contre moi avec le plus de force possible. Je n’étais qu’un gamin à l’époque et quand je devins plus vieux, je l’avais simplement délaissé pour tenter de satisfaire ma famille. Je ne me rappelais plus si mes parents l’avaient encore. Sûrement pas.

Je me reconnectai avec la réalité lorsque le Bulbizarre tira sur mon poignet pour que je me remette à avancer. J’obéis sagement, sans un mot de plus. Le trajet semblait aléatoire et interminable. Je me demandais si nous avancions dans la bonne direction. Après un moment, je me remis à parler.

- Pourquoi est-ce que tu m’aides? Je…Je ne suis qu’un être humain…Je suis sur votre territoire, dans votre forêt, à vous, les pokémons…Je n’arrive pas à comprendre…

Oui, je ne comprenais pas son action, cette envie de m’aider, mais qu’avais-je d’autre comme option? Me balader par moi-même? C’était ce qui m’avait amené à perdre presque un bras. Sortir mes pokémons de leurs balles? Hors de question. Je ne voulais pas les mettre en danger. Il ne me restait donc que le choix raisonnable de suivre un pokémon totalement étranger et espérait au mieux et non au pire.

Plus nous avancions, plus le brouillard semblait se dissiper. Je pouvais mieux percevoir les alentours et nous nous retrouvâmes sur un sentier. Lorsque mes pieds touchèrent la terre du chemin, la liane à mon poignet se relâcha et je ne fus plus sous son emprise. Je tournai la tête vers le petit pokémon. Il souriait et laissait échapper des cris joyeux. Je souris et me penchai pour lui caresser la tête.

- Merci infiniment pour ta bonté. Je n’aurais jamais retrouvé ce chemin sans toi.

Il semblait ravi de me l’entendre dire.