Journée de travail classique pour l’herboriste … même si ces dernières semaines avaient été, sans surprise, plutôt agitée. On pourrait croire qu’il était heureux que son commerce en profite, mais c’était loin d’être le cas. L’attaque des Paradoxes remuaient des souvenirs désagréables en lui, réanimant presque des douleurs fantômes dans son bras droit. Enfin, ça, il n’allait certainement pas l’avouer à l’oral - ce serait aller contre sa fierté naturelle.

La journée restait cependant paisible : encore une fois, il était seul à la boutique, comme la plupart du temps. Il n’était pas le genre de personne à vouloir partager les tâches, de toute façon. Le carillon ainsi que le bruit de la porte venant de s’ouvrir attira son attention, et comme à l’accoutumée, il drapa son visage d’un sourire de commerçant, courtois, plein de bonne volonté, mais sans doute un peu faux, dans le fond.

Néanmoins, cette voix, il la reconnaissait. « Bonjour, Vitaly. Ça faisait un moment, non ? » Un policier, amitié plutôt … surprenante. Cependant, leurs deux familles se connaissaient depuis maintenant un bon nombre d’année – alors Pyrus pouvait faire fit des affiliations du blond. En plus de ça, il avait déjà été récupéré pas mal de fois sa sœur en garde-à-vue, donc … les forces de l’ordre, il commençait à connaître, mine de rien. Qu’il le veille, ou non.

D’un œil observateur, il scruta le policier : l’air fatigué, presque malade ; Oui, il n’était pas venu ici pour les beaux yeux du vendeur. Pas principalement, en tout cas.
Les attaques de paradoxe … son regard s’assombrit, le temps de quelques instants, avant de reprendre sa lueur espiègle naturelle. « Non, pas encore, en tout cas …. Lilium n’a toujours pas trouvé de moyen de s’attirer des ennuis, visiblement. Tu as eu moins de chance, n’est-ce pas ? Tu donnes l’impression de ne pas avoir dormit depuis des semaines. » Etonnant de le voir si prévenant, mais il était tout de même observateur vis-à-vis de ses proches…
« Tu veux quoi, aujourd’hui ? Des vitamines, ce seraient déjà un bon début. Avec ta tête de cadavre, tu vas faire peur aux autres clients.~ »

Pyrus ne se retint pas pour émettre aussi un ricanement, sur le sujet de sa sœur : si les deux étaient très proches, ça ne les empêchait pas d’être aussi très taquin entre eux. « Si seulement. Elle se contente d’exister, et c’est déjà pas mal. Mais c’est trop calme. Je suis sûr qu’elle manigance quelque chose. » Il soupira doucement. « De toute façon, je connais l’adresse du poste de police d’Uthygram, maintenant. »

Un peu plus sérieux, l’herboriste avait remarqué l’état du blond. « Les risques du métier, je suppose. » De son côté, il courrait seulement des risques de coupures et de blessures légères : c’était déjà suffisant. Il préférait un travail calme, mais il pouvait comprendre ceux qui aimait l’adrénaline, le goût de l’aventure. Il avait été comme ça, lui aussi.

Encore une fois :  un ricanement. « Des clients pour les pompes funèbres, peut-être. » Il lui lança un regard amical. « Je rigole, ne t’inquiètes pas. » Autant éviter d’être brouiller avec son seul ami flic.
Le regard plus sérieux, il observa son bras. Avant d’hocher la tête. « Je vois. Je vais te trouver de quoi soulager ça. » Des plantes contre les œdèmes … et la douleur, aussi.
« Fait-attention. Ce serait dommage de te retrouver découper dans une ruelle. » Il marqua une pause. « Tu as le don pour t’attirer des ennuis, c’est assez fou. A croire que je n’ai que des personnes problématiques dans mon entourage. »

Il soupira doucement – dans le fond, il était proche de sa sœur. Mais pas physiquement. Ils avaient toujours la même complicité, mais elle habitait à Kalahari depuis pas mal de temps, désormais. Chaque moment ensemble était précieux … et riche en chamaillage, aussi. Comme s’ils étaient ecore des enfants.
Néanmoins, les bêtises enfantines de la plus jeune était devenue des non-respect des lois, une fois adulte. Autant dire qu’il allait finir par prendre un abonnement pour le trajet Uthyrgham – Bigorn’eau.
« Je ne sais pas. Je ne l’ai pas vu depuis un moment. Peut-être qu’elle est déjà en cellule, à l’heure actuelle ? Ou entrain de se rouler dans le désert de Kalahari. Ou les deux. »

Tout comme le blond, Pyrus se fit rapidement assez joueur. « Tu tiens tant que ça à ce que je te vois en uniforme ? Les blonds, pas forcément ce que j’aime le plus. » Direct, mais bon, ça c’était un Kalani tout craché.
« Tu veux vraiment le savoir ? J’ai des contacts, si tu veux. Parfois, c’est mieux de ne pas avoir les connaissances. ~ » Ce n’était pas comme si son voisin, et accessoirement meilleur ami avait ce métier, hein. Peut-être qu’ils se partageaient les mêmes clients – vivants pour Pyrus, et finissant chez Jinguo lorsqu’ils passent l’arme à gauche. Pas très fun comme pensée, je vous l’accorde.

Curieux, il laissa son regard glisser sur les cicatrices du blond. « Tu parles trop, je l’ai toujours dit. » Encore une plaisanterie, mais son ton était déjà plus calme, plus sérieux. « Si ça te fait encore mal, j’ai des plantes pour apaiser les douleurs. Et aider à la cicatrisation. » Il ne demandais pas plus de détails – car l’herboriste savait qu’il y avait une frontière, entre eux deux. Lui, n’était pas friand de l’organisation. Et surtout, le blond devait avoir des informations inaccessibles au citoyen lambda.
Puis, finalement, lui aussi il savait ce que c’était, d’avoir son corps marqué à jamais. La curiosité des autres, c’était parfois désagréable.

Néanmoins, l’Uchinien avait bien saisi le sens de ses paroles : le policier avait l’air perdu. Peut-être que c’était une relation douloureuse. Ça aussi, ça ne le regardait pas, mais…
« Malheureusement, je n’ai rien qui soigne les cœurs brisés, dans mon étal. » Taquinerie gentille, pour le coup, et sans doute cachant une pointe d’inquiétude.

Comprenant l’invitation, il vint montrer l’application au Trismegis – mais ne se tu pas pour autant. « Rien de très amusant, ni même intéressant, ces temps-ci … Ma Chlorobule était toujours aussi colérique, mais … je me demande si j’arriverais à récupérer les autres, un jour… Au moins Muguet. Elle est pacifique. Elle pourrait avoir une bonne influence sur Lierre. »

Sa Rafflesia, il la connaissait tellement longtemps. Et il s’en voulait tellement de s’en être éloigné. Sa peur l’avait poussé à se séparer de tout ses Pokémons. Jusqu’à ce que sa cadette lui en foute un autre entre les pattes.
Mais il sentait qu’il serait bientôt prêt à passer à autre chose. A ravaler sa peur, et à oublier les stigmates du passé. Ou plutôt, à les accepter.

Soupir et haussement d’épaules. Sa sœur était une teigne, ce n’était pas nouveau. « Ça m’arrangerais. Je vais finir par louer un appartement à Bedwyr pour limiter les trajets. » Pauvre Lilium, qui se faisait casser du sucre sur le dos à distance, mais… c’était de bonne guerre. Les deux avaient toujours été très taquins, ce n’était pas nouveau.

Sourire presque lubrique lors des « avances » du blond. « Avec quelques verres dans le sang, peut-être. Mais retiens-toi de succomber à mes charmes quand je suis au travail, quand même.~ » De simples plaisanteries. Ou pas. Peut-importe. Pyrus jouissait d’une réputation d’électron libre, qui était avéré, alors il se moquait un peu de qui finissait dans son lit.

Les croques-morts, c’étaient quand même un peu moins sensuels, comme sujet de conversation.
Il se concentra alors sur le bras de Vitaly, qu’il examina avec douceur, même si le contact froid du métal devait un peu surprendre le policier. Un sourire satisfait étira ses lèvres. Il avait visé juste. Il le savait. L’herboriste était observateur, après tout. Ses capacités sociales n’étaient plus à prouver.
« Je sais bien. Heureusement, l’argent n’est pas ma motivation. Sinon j’aurai choisis un autre métier.» Ou il se serait vendu à l’organisation.
Il releva ses yeux vers ceux du blond, prêt à l’écouter, si besoin. Il pouvait bien se concentrer sur quelqu’un d’autre que sa propre personne, de temps en temps. Mais Vitaly souhaitait visiblement garder sa vie privée… eh bien, privée. « Pas d’exception. Je devrais peut-être mettre une taxe en plus… »

« Ne t’inquiètes pas, je me débrouille avec mon équipe. » Comme d’habitude, il n’aimait pas trop montrer ses difficultés. En parler, c’était déjà presque trop.

Un dresseur tué ? Pyrus avait correctement interprété son lapsus, mais feinta de ne pas l’avoir fait. « Une plante ? Je t’aurais plutôt vu avec des chiens, ou ce genre de choses. Tes collègues vont te moquer de toi. ~ Les mains en l’air ou des fleurs, c’est ça que tu comptes faire ? » Un léger rire s’échappa de ses lèvres, avant qu’il ne reprenne de façon un peu plus sérieuse.
« Je pourrais t’aider, évidement. Je pense que tu ne trouveras pas meilleur dresseur que moi, pour les Pokémons plantes. »

De la drague ?  De la blague ? Un peu des deux, sans doute – Pyrus se contente alors de répondre d’un petit sourire amical, joueur, et plein d’ambiguïté. Sa réputation n’était pas à refaire, sur ce point ; il ne disait jamais non à une nuit de plaisir, tant que la personne était à ses goûts. Certains pouvaient voir en ça une marque de confiance en soi, ou à l’inverse une instabilité. Il s’en moquait, de toute façon, de l’avis des autres.

Si ça dégénère ? Autant dire que Pyrus était curieux. Très curieux. « Mon petit Vitaly a bel et bien un chagrin d’amour.~ » Est-ce qu’il se moquait de lui ? Un peu. Un peu beaucoup, même ! Mais promis, dans le fond, il s’inquiétait quand même. « Je suis déjà une excellente pub à moi tout seul. »

Un léger rire s’échappa de ses lèvres – sans doute pour chasser un peu l’angoisse et l’inquiétude de Vitaly, et puis aussi pour chasser ses propres doutes. Il n’aimait pas s’attarder sur… sa partie métallique. Le mal était fait, à présent : c’était impossible de changer le passé. « C’est sûr qu’à l’organisation, ils n’ont pas l’air très dégourdi, niveau combat Pokémon. Je ne sais même pas si le champion de la région tient la route : après tout, il a été pistonné, sa mère était bien plus puissante. Enfin ! Comme si on était sélectionnés selon ses compétences, à Bedwyr. » Balle perdue pour le champion aquatique.


« Essaie, pour voir.~ » Sourire carnassier, mais toujours aussi joueur : mais dans les faits, il restait concentré sur son examen.

« C’est déjà un peu plus crédible. Bon, Evoli, un peu moins… » La police, c’était censé faire un peu peur, non ? Là, c’était plutôt loupé… autant dire que l’ancienne équipe de Pyrus était déjà plus terrifiante : en même temps, il ne fallait oublier qu’il avait quelque Pokémon en commun avec la Commandante de type Poison.
« Bien-sûr, je peux t’aider. Mais j’aimerai bien savoir pourquoi. Tu prévois une reconversion en tant que maraicher ? »

C’était assez drôle, de rire et de s’amuser avec un policier Trismegis, alors que Pyrus était encore en réflexion pour rejoindre les Victinis. Enfin, il n’était pas aussi extrême que sa sœur : la vie professionnelle de Vitaly, ça ne le regardait pas. Même s’il adorait tout savoir. Et faire la commère. Mais ça, c’était juste son caractère naturel.

« Sans doute moins que ton salaire de fonctionnaire. » Petit clin d’œil vers le blond. De toute façon, il n’était pas jaloux, pour ce qui était de l’argent. Il avait certes grandit dans un foyer pauvre, mais il s’en sortait suffisamment bien pour ne plus se soucier de ce qu’il gagnait.

L’herboriste soupira doucement. « Bravo ! Tu viens de comprendre que séparer les humains des Pokémons, ce n’est pas toujours une bonne chose ! Tu es si intelligent, Vitaly, tu mérites bien une médaille. » Il restait léger et joueur – même si dans le fond, il savait comment l’Organisation voyait le monde. Bedwyr était au centre du monde. Personne n’en avait rien à faire, des pauvres qui mouraient de fin. Ce n’était pas une nouveauté. Il continuait tout de même les soins, un moment.

« Le reste des massages, tu pourras les faire seul. Ou engager un stagiaire pour le faire, peut-importe. » Il ne voulait pas alourdir l’atmosphère. Heureusement, il avait la blague fatigue.
« C’était la seule raison de ta venue ? A moins que tu ne veuilles vraiment me raconter tes peines de cœur ?~ » Bon, peut-être qu’il se moquait un peu de lui. Juste un peu.