Les derniers jours avaient filés bien trop vite. Entre les entraînements et l'opération de sauvetage, Zaya n'avait pas vraiment eut le temps de respirer. Pour autant, elle n'était pas de retour dans la jungle pour un pique-nique reposant au frais. Elle était de nouveau là pour la même chose. Elle devait bien l'avouer, crapahuter sous la canopée avec un effet apaisant sur elle même si ce n'était pas de tout repos. Et puis, elle n'avait pas d'autre choix si elle voulait s'endurcir, elle et ses pokémons. Pour ne plus avoir à perdre qui que ce soit, elle se devait d'évoluer, à l'instar de ses partenaires. Il lui fallait plus de force, plus de pouvoir.
Ça valait pour son équipe mais aussi pour sa mafia.
Le groupe était encore trop petit, trop embryonnaire pour réellement être pertinent. Malgré la motivation de ses troupes, le manque d'argent se faisait sentir et il fallait qu'elle trouve comment y remédier et vite. Elle espérait que la mission dont elle avait chargé Vox porterait bientôt ses fruits. Elle avait besoin de ces informations. Elle avait besoin de ce lien avec la Jaspe.
La tête pleine de ses plans à venir, la blonde se pencha pour éviter un venipatte sauvage qui marchait tranquillement sur une branche, ne s'attendant pas à voir une humaine ici bas. Quoiqu'il en était, pour l'heure, la question de sa mafia devait être mise de côté. L'important présentement, c'était l’entraînement. Et, surtout, c'était réussir à retrouver un certain pokémon bleu. La jeune femme n'avait pas abandonné l'idée de retrouver et capturer ce fichu aligatueur. Et puis Sham nourrissait depuis lors une rancune certaine envers cette espèce reptilienne.
Il n'y avait plus qu'à espérer que la chance serait de son côté !  

Tapit dans l'ombre, il rodait. Observant, cherchant, chassant. Il traquait en vérité une proie bien particulière. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il était obsédé par eux. Il n'avait pas réussit à digérer sa défaite. Il avait du battre en retraire, lui, si fort, si fier. Lui qui était en haut de la chaine alimentaire de cette forêt. Le fait d'avoir été obligé de fuir, la queue entre les jambes face à un carvanha qui plus est, un carvanha dressé, lui donnait la nausée.
Quand était-il tombé si bas ?
Il lui fallait laver cet affront... Et puis, les cicatrices qu'il avait de ce jour là ne cessaient de l'élancer. Il lui fallait calmer leur douleur. Comment ? En retrouvant et tuant ceux qui les avaient crée. Seulement à ce moment là, il pourrait oublier, passer à autre chose. Ayant gravé dans sa mémoire le visage de l'humaine et de ses pokémons, il n'avait eue alors de cesse de sillonner la jungle à leur recherche. Cependant, trouver des humains par les temps qui couraient été chose difficile, sans compter l'étrange tension constante qui planait depuis quelque temps sur la jungle. Mais il s'en fichait ; il n'avait d'yeux que pour sa revanche.
Alors, quand il entendit des pas, quand il vit cette chevelure blonde jaillir de la canopée, son sang ne fit qu'un tour. Se mettant à nager à toute vitesse, remontant le cours d'eau dans lequel il était, il se propulsa hors de l'eau avec un puissant coup de queue, fondant sur l'humaine, gueule béante.
Bientôt, bientôt il aurait la satisfaction de sentir ce doux sang chaud entre ses crocs.
Bientôt, il aurait festoierait.

Des remous attirèrent l'attention de Zaya alors qu'elle se rapprochait d'un cours d'eau. Tournant la tête pour mieux observer ce qui l'intriguait, elle se retrouva nez à nez avec un aligatueur énorme qui surgit de l'eau comme une furie. Par instinct de survie, elle régit sans réfléchir. Son corps sauta en arrière de quelques pas, sa machette fendit l'air, entaillant très succinctement la joue de son agresseur. Il rugit. D'un de ces rugissement à vous faire trembler l'âme.
Ce n'était pas de la douleur, c'était de la rage pure.
Sauvage. Violente. Magnifique.
Leurs regards se croisèrent et elle comprit. Elle connaissait ce pokémon. C'était lui qu'elle cherchait sans véritablement penser le trouver. C'était... parfait.
Un rictus sadique déforma son visage alors qu'elle envoyait l'une de ses ball en direction de l'eau. Sham en sortit aussitôt et, reconnaissant tout de suite celui qui lui avait brisé les côtés, il lui fonça dessus sans retenue.
Lui lacérant l'épaule de ses crocs, le requin s'éloigna rapidement alors que l'alligator se retournait lentement vers lui. Il y eue quelques secondes de flottement, suspendue dans le temps. Quelques secondes durant lesquelles les deux esprits présents entrèrent en communion parfaite sur un point.
Tuer.
Il devait le tuer.

S'en suivit un combat d'une violence rare dont chaque coup faisait mouche, suivit par d'autres bien plus rageux. Quand à la mafieuse, elle observait la scène de la berge, donnant ses ordres sans faiblir, étant tout aussi exaltée que les deux pokémons. C'était ça qu'elle aimait dans les combats. Ce frisson terrible d'incertitude quand à la victoire. Soudain, un moment de calme. Elle en profita alors pour sortir une ball vierge. Ce gros lézard était trop beau, trop pur dans sa violence parfaite pour qu'elle le laisse partir une seconde fois.
Elle le voulait pour elle. Et elle l'aurait.        

Bien sur que ça n'allait pas être aussi facile...
Après tout, on n'obtient rien sans se battre. Il n'était donc que naturel que les choses soient ainsi. A vrai dire, la jeune femme aurait même été déçue s'il s'était laissé faire aussi facilement. Cette fois-ci, il n'était même pas rentré dans la pokéball. Il l'avait juste shooté violemment d'un coup de patte avant de replonger pour s'occuper du requin. A les regarder combattre ainsi, Zaya en avait des frissons. Ces démonstrations de puissances brutes donc ils faisaient preuve lui rappelait à quel point les humains étaient bien faibles face aux pokémons. Après tout, dans cette bataille acharnée, elle n'était d'aucune aide. Même avec un arme, rien n'était dit qu'elle serait plus efficace. Après tout, la peau des aligatueurs était dure et leurs écailles les protégeaient terriblement bien sauf à quelques endroits plus délicats. Mais globalement, ces êtres là étaient de véritables tueurs, de petits condensés de fureur de la nature. Et Arceus, que c'était beau !  

Sham se démenait comme un beau diable, ne voulant qu'en découdre. Paradoxalement, malgré leur inimitié réciproque, les deux pokémons possédaient un seul et même but : laver leur honneur et se venger. Il était quelque part très ironique de s'en rendre compte car finalement, ils n'étaient peut-être pas si différents l'un de l'autre. En tout cas, ce qui était sur, c'était qu'ils mettaient tout les deux la même hargne dans chacun de leurs coups.
Tranche par-ci.
Morsure par là.
Esquive. Aqua-jet.
Et ils recommençaient. Inlassablement. 
Leurs échanges étaient si effrénés et brutaux que l'eau de l'endroit où ils se trouvaient se teinta de carmin. Les pokémons alentours, pourtant habitués à ce genre de scène, avaient fuit ventre à terre, espérant que la fureur des deux combattants se calmerait vite.     
Finalement, ils s'arrêtèrent momentanément.
Reprenant leurs souffles avec difficulté, le sharpedo se demandait bien combien de temps il allait pouvoir encore tenir. Car ce connard était fort, bien plus fort que lui, il pouvait lui reconnaitre ça. Mais il était malgré tout hors de question de ployer l'échine et de fuir. Du coin de l’œil, alors qu'il était perdu dans ses réflexions, il vit une ball voler en direction du reptile.
Non... Il n'avait pas envie que ça s’arrête tout de suite...
Ils ne faisaient que commencer !

Le reptile disparu brièvement.
Un mouvement.
Deux mouvements.
Il s'échappa de nouveau de la pokéball en rugissant férocement.
C'était assez !
Il en avait marre de se faire interrompre par cette foutue dresseuse ! Qu'on lui laisse livrer bataille en paix ! Pour être sur que ça ne se reproduise pas, il fallait éliminer cette gêneuse.
Se retournant vers l'humaine, les yeux injectés de sang par la colère, l'aligatueur sortit du lit de la rivière, laissant Sham à sa rage et frustration solitaires. Le voyant faire, Zaya recula de quelques pas, s'armant de sa machette tout en libérant Kitalpha. Le reconnaissant, le sauvage grogna de plus belle et se jeta sur l'insecte. L'esquivant habilement, il s'en suivit un nouveau combat effréné où Kitalpha tentait de l'empoisonner tout en le ramenant dans l'eau pour que Sham puisse l'attaquer également.
Du deux contre un, injuste ?
C'était au moins ce qu'il fallait pour l'abattre.
Car, depuis le début de la bataille, le reptile n'avait pas montré le moindre signe d'affaiblissement. Oui, il avait prit des coups, oui, il en avait esquivé certains et parés d'autres. Mais d'ans l'absolue, la seule et unique véritable chose qui ressortait de tout ça était son écrasante expérience en plus que ses adversaires. A chaque coups, il se maintenait, drapé dans sa fureur plus ou moins calme et ripostait sans relâche, intelligemment, habilement. Mais il y aurait bien un moment où il serait fatigué, où il relâcherait son attention. Et là, elle frapperait de nouveau, encore.
Jusqu'à épuisement de tout son équipement s'il le fallait.  

Le travail d'équipe de ses partenaires avaient de quoi rendre Zaya incroyablement fière. Et elle l'était. D'ailleurs, une fois que tout ça serait terminé, peut importe l’issue, elle se promit de les gâter un peu. Ils le méritaient. Kitalpha palliait parfaitement aux défauts de Sham sur la terre ferme et inversement. Unit dans leur envie commune de réussir à battre cet ennemi redoutable, ils étaient en symbiose presque parfaite. rien d'étonnant à ça cela dit surtout quand on connaissait leur penchant commun pour la ténacité. Bien que l'insecte soit plus calme que le poisson, il n'en restait pas moins agressif dans ses attaques et réussissait à user petit à petit ses adversaires. Là où le requin était bien plus brute et frontal. Après tout, les dents, c'est pour s'en servir, non ?
Mettant à profil leurs compétences et savoir-faire, ils harcelèrent le reptile qui, lui non plus, n'en lâcha pas une miette. Ne se démontant pas, il rendait coup sur coup bien qu'une certaine forme de ralentissement commençait à se faire sentir. C'était très léger, presque imperceptible, mais c'était là. Un coup de griffe moins véloce, une incapacité à esquiver un coup. Ce genre de petit détail qui ne passaient pas inaperçue aux yeux de celle qui observait toute la scène.
Et puis, à un moment, il s'effondra à demain, ployant le genou.
De sa gueule entrouverte goutait un liquide violacé. Le poison de l'insecte faisait enfin effet.
Allez, c'était maintenant ou jamais.