Je m’étais habillé et coiffé sérieusement, aujourd’hui. Il fallait être le plus présentable possible, devant les grands de l’Organisation. Chemise blanche bien repassée, cravate, veste et pantalon gris à carreaux. Un joli ensemble, bien loin de mon style lorsque j’étais en civil. Je m'étais simplement permis un peu de maquillage, de quoi embellir mon teint un minimum et effacer mes cernes.

J’étais nerveux. Très nerveux, même. Je savais qu’on surveillait mes moindres faits et gestes, depuis que j’avais soumis ma thèse à examination. Même en l’ayant modifiée pour leur convenir et ayant présenté des excuses à en perdre tout orgueil et toute fierté, je savais qu’on me gardait à l'œil. Malgré mon sérieux dans mon nouveau travail.

Je soupirais. J’allais devoir encore faire mes preuves à plusieurs reprises.

J’étais installé auprès de mes collègues scientifiques. Logique. Si je connaissais Flora et me sentait plutôt à l’aise avec elle… on ne pouvait pas en dire autant de Madame Pristi. Elle me terrifiait. Pourtant, je me devais de l’écouter parler. Beaucoup d’entre nous allaient prendre la parole, moi compris, si on me le demandait. Je n’étais qu’un scientifique parmis tant d’autres, un poisson dans l’océan. Mais j’étais surtout… Champion d’arène. Donc on me dévisageait quelques fois. Mon visage était connu, et ça me mettait encore plus mal à l’aise.

Combats contre les Paradoxes… Ah, oui, la routine, quoi. Mais je me gardais de le dire à haute-voix. Et concernant ces pistes, c’était vrai. Nous en avions. J’avais moi aussi mes petites théories… Mais j’évitais de dire le fond de ma pensée, bizarrement, depuis quelques semaines. Il fallait appliquer les ordres donnés, même si je me sentais souillé et humilié au fond de moi. Je devais serrer les dents pour espérer un jour changer un minimum les mentalités. Au moins du pôle scientifique.

Ce fut ensuite au tour de Fleur Brémont. Je lisais ses livres et… il avait parfois effectué des contrôles dans l’arène de mon père, puis dans la mienne. Rien de bizarre, puis, je l’appréciais, malgré son statut imposant et intimidant. Lui aussi avait rencontré un Paradoxe par hasard ? Je hochais la tête lorsqu’il y fit mention.

Par la suite, j’évitai de sourire lorsqu’une femme aux jolis cheveux colorés prit la parole, même si j’en avais envie. Une mission suicide… Cela dépendait. Si on se préparait, avec le soutien de l’armée, nous serons relativement en sécurité. Le risque zéro n’existait jamais. Fleur se montrait pourtant rassurante.

…Comment ça Professeur Umalei ? Il était là ?! Mes yeux rencontrèrent les siens. Il avait dû faire une remarque et visiblement, ça n’avait pas trop plu. On partageait les mêmes idées et convictions, et je le connaissais pour sa franchise, bien que frontale, possédant toujours un fond de vérité. Je ne pus m’empêcher de prendre la parole pour, en quelques sortes, le défendre :

“Veuillez m’excusez. Niko Óneiros Neos, du département de biologie. Il me semble que le professeur Umalei m’a fait mention de sa volonté d’étudier les Pokémons Paradoxes pas plus tard qu’en début de semaine, dans le cadre de recherches universitaires historiques. C'est bien de cela dont il est question, si je ne me trompe pas ?”, lui demandai-je, espérant qu’il saisisse ma perche pour qu’il soit tiré d'affaires. "Je ne souhaitais pas prendre la parole pour cette raison, initialement. En fait, notre équipe de recherches, de paire avec la police scientifique a pu également relever de nombreuses informations sur le Garde-de-Fer que Monsieur Osborne et moi-même avons affronté le mois dernier. Nous laisserons nos analyses à disposition, ainsi que celles d'autres sujets d'expériences menées par le laboratoire. Je vous remercie de votre écoute, je vous laisse poursuivre., avais-je conclu d'un sourire formel, maintenant habitué à cacher ma timidité et mon manque de confiance.

Mon cœur battait à la chamade. Je ne pensais pas prendre la parole personnellement à ce propos, mais... Hermes ne m'avait pas laissé le choix, avec les bêtises qu'il avait pu émettre à semi-haute-voix. Enfin, en espérant que ça me soit bénéfique pour plus tard, cette intervention.