Vraiment, je le jure, je ne sais pas du tout ce que je fous ici. Les Forges de Vulcain, un truc du genre. Ma cheffe avait tenu à ce que je l’accompagne et crapahute partout le district volcanique. District de Sūrya… Ouais. Je pouvais au moins m’y intéresser un peu.

En tout cas, cette nouvelle lubie de ma cheffe m’épuisait. Elle était tellement heureuse de partir en vacances, qu’elle avait décidé de m’emmener avec elle, quitte à fermer la boutique une semaine. Super, quoi. Vacances gratuites. Mais je préférais explorer la Jungle. Les forges abandonnées, ça ne m’enchantait pas des masses~

Radieusement, ma cheffe s’extasiait sur chaque matériau, alors que le guide nous racontait toutes ces histoires. Vraies ou fausses, ça m’était égal, honnêtement, j'écoutais à peine. Notamment car je perdis connaissance à un moment donné. Oups.

“Monsieur ? Monsieur, vous m’entendez ?”

“Eeeeeuuuuh… oui, c’est bon. J’ai pas… assez dormi. Ni mangé. Tranquille. Je vais rester assis, continuez.”, avais-je répondu alors que ma cheffe m’épongeait le visage en soupirant, puis m’offrant une madeleine ainsi que de l’eau fraîche.

“Il a des carences, vous en faites pas, il va bien, à part ça ! Pouvez-vous nous parler des gisements de minerais qu’on trouve ici ? Et comment ils sont exploités ? J’espère qu’ils font des bijoux à partir de ça, en ville. Au-then-tiques, sinon j’achète pas, je déteste les arnaqueurs…”

Las de toutes ces histoires de minerais précieux, je concentrai mon attention sur l’une des épées après m’être allumé une cigarette sous le regard désapprobateur du guide et de on Rozbouton que je venais de libérer pour m'en servir comme soutien émotionnel. Un vieux tas de rouille, pas très impressionnant comme ça avait dû l’être avant. J’avais hâte d’être à demain. Histoire qu'on explore la Jungle, quoi. Là, c’était intéressant. Je trouverai des plantes amusantes à ramener à la maison.

Défis d'écriture :

- Moyen : Acrostiche (Vermeil)

Comment j’en ai rien à foutre, de cette foutue sortie. Surtout après mon malaise, je souhaitais rentrer à l'hôtel et ronfler. Une bonne grosse sieste comme on les aime… Ouais. Puis manger un truc mieux que les gâteaux qu’on m’a filé à l’instant. On dira que ça fera l’affaire pour l’instant.

Je laissai mon regard défiler sur le tas de charbon minuscule qui était en train de rouler autour de moi. Absinthe finit par se cacher dans mon T-Shirt, quelques temps. Normal, vu son type feu, je crois. Même pas sûr en fait. Y’a des Pokémons qui possédait un faciès pas facile à porter, c’est le moins qu’on puisse dire. J’espère pour lui qu’en grandissant, il sera plus grâcieux. Gros doute, bizarrement.

Je laissais mon esprit se balader au hasard, espérant que cette déconnexion de la réalité fasse passer le temps plus rapidement. Et tout ça me faisait profiter des congés qu’on a pris. Ne pas penser. Ne pas réfléchir. Juste le néant.

Je me sentais super bien, si on oublie ma faiblesse de tout à l’heure. C’était très certainement depuis qu’on a concrétisé notre relation, Suurya et moi. Ma guérison progressait encore mieux. Et peut-être que j’allais finir par me sentir capable d’établir un dialogue entre mes parents et moi. Séparément, hein. Mon père et ma mère dans la même pièce, si ce n’est dans le même district, c’était littéralement impossible. J’allais commencer par ma mère. L’autre incarnation de l’austérité… plus tard, ouais. Je disais “plus tard” depuis quasiment dix ans, mais tranquille.

Défis d'écriture :

- Difficile : Mort au V

Bon, maintenant que j’étais remis sur pied, j’avais fait au moins semblant de m’intéresser à la forge. Même si c’était très loin d’être de notre domaine, ça. J’avais fini par poser des questions, quand j’en avais, afin de faire passer le temps un peu plus vite. Maintenant, c’était l’heure de bouffer. On avait pris une pause. Un genre de pique-nique, même si j’avais juste quelques vieux sandwiches triangles pas chers achetés ce matin au fond de mon sac. J’économisais pour le reste du voyage, en fait. On sait jamais qu’il y ait une urgence. je flippais tellement de me retrouver dans la merde que je continuais à économiser même quand je n’en avais pas trop besoin. Dur dur, la maladie mentale…

“T’abuses. Mange plus que ça ! En plus, c’est bourré de merdes. Heureusement que je prévoie toujours trop de bouffe. J'espère que tu nourris ton Rozbouton mieux que toi-même.”, soupira ma cheffe en me servant une portion de salade de pâtes.

“Sois bénie par les dieux !”, m’exclamais-je avec des étoiles dans les yeux. “Ouais, faut que j’arrête de vivre comme un pauvre.”

“T’as encore des dettes ? Sans vouloir être curieuse… Enfin si, je le suis.”

“Presque plus. Je dirais que dans six mois je suis débarrassé ? Je vais enfin pouvoir souffler.”

La vérité, c’était que grâce aux colis que je livrais pour le groupe, je me faisais de l’argent de poche. Tout partait dans les remboursements. C’était beaucoup plus rapide comme ça. C’était pas trop tôt, n’empêche. Je devais être dans la merde depuis bien dix ans. Passait encore quand je bossais pour la Jaspe, mais ma thune disparaissait rapidement dans de la merde.

“Allez. Dans moins d’un an, t’es diplômé ! Si t’es sage~”, me taquina-t-elle en me donnant un coup de coude dans les côtes.

La visite avait repris son cours, et j’étais beaucoup moins sur les rotules que ce matin. Notamment parce que j’avais mangé, comme vous vous en douterez. Bizarrement, ça remettait bien en forme, d’être rassasié… je recommande, 20/20. Mais bon, j’avais cette petite fatigue liée à la digestion qui me rendait somnolent et moins attentif à ce qu’il se passait.

J’avais décidé de faire sortir un peu Dryade pour qu’elle prenne le Soleil aux côtés d'Absinthe. Elle avait bien grandi, depuis la première fois que je l’avais rencontrée. Elle ressemblait maintenant à un petit olivier. Elle allait devenir plus grande encore, quand je l’aurai entraînée suffisamment. Comme si ça, si jamais je tombais à nouveau sur des Pokémons Paradoxes, je serais rôdé.

Mes prochains objectifs sur le court terme commençaient à se dessiner. Il y avait… Déjà, commencer à accepter des petites missions pour le Groupe Victini. Rien de trop illégal, et pour être certain de ne jamais être chopé. Rien de compromettant, c’était bel et bien possible, non ?

??? :
Salomon Strueux ?

Salomon :
Quoi ?
C’est qui ?

??? :
Peu importe.
J’ai entendu dire que vous avez rejoint le groupe récemment.

Salomon :
Ah ouais, d’accord. Vous êtes un stalker.

??? :
…
Un quoi ?
Quoiqu’il en soit, votre engagement nous sera très précieux, sachez-le.

Salomon :
Mouais mais ça me dit pas comment vous vous appelez.
C’est peut-être une arnaque.
Peut-être que je m’appelle pas Salomon Strueux.
Un nom risible et bien merdique, vous trouvez pas ?

??? :
Non, non. C’est bien vous.

Salomon :
Ok. Vous me voulez quoi ?

??? :
Rien de spécial, si ce n’est savoir si partager des informations avec moi vous intéresserait. Et j’aimerais également savoir si vous comptiez vous engager plus sérieusement. Vous êtes tout nouveau et je ne connais pas encore vos ambitions.

Salomon :
Vous connaissez tout le monde ?

??? :
Non.
Vous avez simplement manqué de discrétion, et je vous ai remarqué.
Dans un train pour Uchinâ.
J’étais là.

Salomon :
…Ah. Ouais. Après, c’est pas comme si j’avais parlé de plans ultra secrets. Je disais juste à ma collègue que j’étais engagé, quoi.

??? :
Oui, je sais. J’ai tout entendu.
C’est très bien.

Salomon :
Pour vous répondre : ouais, je compte m’engager plus sérieusement. Déjà, je livre des colis, c’est pas trop mal. Puis je vais pas trop tarder à aller dans les Sables d’Agates.

??? :
N’en dites pas plus. C’est très bien. Faites le nécessaire.

Salomon :
Parce qu’on est sur écoute ? Les SMS sont interceptés ?

??? :
J’ose espérer que non.
Non.
Je vous confirme que non.

Salomon :

Et c’est quoi votre blase ?

??? :
Mon quoi ?

Salomon :
Votre nom. Si je vous croise un jour, quoi.

??? :
…Appelez-moi Eldorado.

Salomon :
Comme la cité d’or mythique ?

Eldorado :
C’est cela.

Salomon :
Esteban ? Zia ? Tao ? Le faucon en or ?

Ni Esteban, ni Zia, ni Tao, ni le faucon en or Eldorado :
Non.
Bonne journée à vous.
Nous nous reverrons peut-être.

Salomon :
Wtf, ok.

Défi d'écriture :

-Facile : SMS

Cet échange bizarre avec cet Eldorado m’avait rendu perplexe. J’étais en effet monté dans un train pour Uchinâ, y’a quelques jours. Pour aller acheter quelques trucs à un herboriste. C’était plutôt cool, d’ailleurs. Un homme super beau et passionné par le métier qu’il exerçait. Son bras en métal m’avait rendu un peu triste, maus je ne m’étais pas trop attardé dessus. j’aurais pu me retrouver avec la même chose à la jambe, si je n’avais pas eu de chance.

Un très mauvais souvenir, cet affrontement contre les Paradoxes. Même si d’un côté, ça nous avait sacrément rapprochés, avec le policier… Bon, il n’y avait pas que ça, mais ça aidait un petit peu. Parce qu’être en danger de mort, ça éveillait les passions, il paraît.

Le Soleil commençait à décliner, nous n’allions pas tarder à rentrer. En espérant que demain, nous pourrions visiter des étendues un peu plus… verte, si je puis dire.

J’y songeais tout de même assez souvent. Toujours aussi souvent qu’avant, en fait. Mais cette fois, l'appréhension commençait à s’estomper. Ma mère. Il fallait que je la revoie. Cela faisait plus de dix ans que je laissais traîner ça, après tout. Je devais la revoir et lui parler. Cette femme que je considérais comme un modèle. Comme un idéal. Comme le petit bonheur de mon enfance. Je culpabilisais tant de prendre autant de temps. Mais était-ce vraiment de ma faute ? Avant, j’aurais dit que non. Que mon père m’en avait empêché. C’était bien vrai quand j’étais mineur, ça. Mais depuis que j’avais dix-sept ans et que je vivais par mes propres moyens, hein ? Seules les barrières psychologiques restaient. Et il fallait qu’elles cèdent au plus tôt. Elles commençaient à s’abaisser progressivement. Puis, maintenant, j’avais son adresse. Elle avait même un autre nom de famille. Pas son nom de jeune fille, mais un autre. Elle avait dû se remarier avec un autre homme. J’étais heureux pour elle. Elle avait droit au bonheur comme tout le monde.

J’avais tout de même peur de ce qu'en penserait mon père, de cette retrouvaille. Il n’allait pas l’apprendre. Il ne vivait pas à Heian, puis il n’avait plus de nouvelles de moi, si ce n’est par mon oncle qui se contentait d’embellir la vérité pour me protéger. Sans non plus mentir, hein. Il n’était pas comme moi. Il était bien plus lumineux et honnête. J’aspirais à devenir comme lui. Un peu un mélange entre lui et l’image que je me faisais de ma mère. C’était dommage pour le paternel, que je ne lui ressemble que physiquement, mais, eh, on ne pouvait pas ressembler à ses deux parents à cent pourcents.

Lui aussi, faudrait que je le revoie. Même si ça allait être beaucoup plus douloureux. Je ressentais le besoin de poser les poings sur la table et de lui dire à quel point j’en avais chié. Mais que je m’en sortais tout de même malgré tout ça. Que je construisais mon bonheur pierre par pierre. Pas grâce à lui, certes. Mais je le faisais quand même.