Toujours assise à la même table que lors de la réunion avec les Victinis une heure plus tôt, Zaya attendait. Elle était restée bien après que les derniers trainards soient partit. Ce n'était pas envie mais par devoir. En effet, Lev avait demandé à la voir à l'issue de cette réunion. Ils s'étaient donnés rendez-vous environ une heure après la fin des hostilités. Si la blonde ne savait pas pourquoi l'ancien maitre l'avait appelé, elle devait reconnaitre que le timing était vraiment bon. Elle avait des questions à lui poser, surtout par rapport à cette histoire de détournement d'attention via des paradoxes. Combien en avait-il ? Que savait-il d'eux ? Elle voulait connaitre toutes les informations qu'il possédait. Après tout, c'était sur ça que se basait leur association. Outre le fait qu'ils soient mués par une volonté et une vision relativement commune, la mafieuse avait acceptée de devenir associée sous réserve d'obtention d'informations. Bien sûr, la chose allait dans les deux sens. Après tout, peut-être était-ce tout simplement pour ça qu'il l'avait fait venir...

Regardant sa montre d'un geste nonchalant, la jeune femme se dit qu'il ne devrait pas tarder, c'était bientôt l'heure.
Mais en attendant, elle avait soif.
Se levant tranquillement, elle atteint le bar et se mit à observer les bouteilles exposées. Hypérion la suivit du regard, restant adossé au mur proche de la table, étant visiblement bien là où il était. Après quelques instants de réflexion, la mahinaise arrêta son choix sur le petit frigo encastré dans le bar. L'ouvrant, elle vit des bouteilles de sodas et autres jus. Sans hésitation aucune, elle prit une petite bouteille en verre estampillée d'une pomme. Se saisissant d'un verre, elle versa son précieux jus de fruit clair avant de s'assoir au comptoir, le sirotant tranquillement.    

Porte qui s'ouvre. Porte qui se ferme.
Bruits de pas lents.
Salutations froides.
Classique Lev.
Depuis qu'elle l'avait connu lorsqu'elle aspirait, plus jeune, à un avenir de dresseuse et qu'elle s'était mangé de féroces dérouillées de sa part, elle n'avait pas souvenir de l'avoir vu se dépêtre de ces traits marmoréens. Pour autant, elle ne se formalisa nullement de sa froideur : elle savait qu'il était comme ça et que ce n'était pas à prendre personnellement. Répondant d'un simple mouvement de tête, elle lui sourit poliment tout en lui répondant :     

- Je me devais de venir. Une invitation de l'ancien maitre ne se refuse pas.

Elle avait toujours un peu de mal quand à cette histoire de destitution. En voulait-elle à Trismegis pour avoir mit fin à la ligue ? Sans doute un peu mais elle n'était pas venu pour ressasser le passé. Elle voulait savoir pourquoi il l'avait appelé et elle ne tarda pas à avoir sa réponse.
Elle s'attendait à beaucoup de choses mais certainement pas à ça.
Le choc de la demande fut clairement lisible sur son visage. Ses yeux s'étaient agrandis et l'incrédulité s'était peinte sur ses traits. Il y eut un petit moment de flou où elle ne su pas quoi dire... Elle avait juste le cerveau complétement anesthésié ; ses pensées étant momentanément à l'arrêt. Et puis, lorsqu'il mentionna Oma-Oma, ce fut comme si une vanne venait de s'ouvrir. Le flot de ses pensées revint, inondant de questions son cerveau. Pour autant, il ne faisait aucun doute quand à sa réponse.
Un sourire carnassier fendit son visage en deux, une lueur féroce s'allumant dans son regard. Hypérion s'était relevé pour rejoindre sa dresseuse : il sentait que quelque chose se passait.

- Tu sais que je ne refuserais pas. C'est un honneur et un devoir.

Ce poste, c'était la première pierre d'un changement bien plus grand. C'était le début de tout et le commencement d'une nouvelle ère pour Oma-Oma. Avec ce statut, elle allait pouvoir croitre lentement mais surement. Mais surtout, elle allait pouvoir toucher bien plus de gens. Et qui dit plus de gens touchés, dit plus de chances d'arriver à ce qu'elle désirait. Mais surtout, ça lui donnait une certaine de petite immunité qui allait assurément s'avérer utile.
Tentant de canaliser le rush d'émotions qui la tenaillait, la jeune femme reprit un air un peu plus sérieux.  

- Je peux donc compter sur toi et les Victinis pour aider Oma-Oma ?  

La question était double en vérité. D'une part, elle voulait savoir ce qu'il en pensait et d'autre part, elle voulait voir si elle pouvait toujours continuer à considérer les Victinis comme un groupe pertinent et non pas comme un groupe sur la voix de l'implosion. Ceci dit, ce n'était pas la seule question qu'elle avait pour le chef des rebelles. Prenant son verre, elle en but une gorgée tout en se repositionnant dans son siège, croisant ses jambes.

- Par ailleurs, j'aimerais connaitre toutes les informations que tu as sur les paradoxes. Vu que tu vas faire diversion avec eux, tu dois en savoir plus qu'il n'y parait. Et ces informations m'intéressent.  

Au moins, elle partageait avec l'homme aux cheveux gris ce côté direct dans les discussions. Après tout, elle savait que ça ne servait à rien de tourner autour du pot.

La blonde nota la réaction de l'homme quand à la mention de son ancien titre. Le retour de la ligue... En soit, c'était quelque chose que la mahinaise souhaitait aussi mais pas forcément pour les mêmes raisons que l'ancien maitre. Certes, c'était un symbole des liens entre humains et pokémons mais surtout, c'était un outil économique formidable. Qui disait dresseurs, disait vente en tout genre et donc business et donc travail à offrir à la population. Avec le travail venait un salaire qui lui-même offrait un nouveau train de vie à ceux le percevant. C'était un pas important vers la renaissance de son district et la mafieuse était bien décidée à faire en sorte que la ligue revienne d'entre les morts, que ce soit avec ou sans l'aval des autorités.
Mais ça, ils en parleraient une prochaine fois car il y avait présentement d'autres thèmes plus pressants à traiter.

Écoutant attentivement ses réponses, elle ne pouvait pas espérer mieux et en fut largement contente. Elle lui donna une adresse e-mail cryptée et unique à laquelle il pourrait lui envoyer les documents et les vieilles archives. Si besoin, elle lui signifia qu'elle pourrait se déplacer pour consulter d'elle-même ces documents si l'envoi n'était pas possible. Elle lui renouvela par ailleurs  une nouvelle fois son contentement de l'avoir comme associé et lui précisa que s'il avait besoin de quoique ce soit, la Milice n'hésiterait pas à l'aider, dans la mesure du possible. Après ça, ils continuèrent à discuter de tout et de rien, terminant leurs verres avant que Zaya ne prenne finalement congés, remerciant Lev pour cette entrevue.