- Très bien, je comprends. Tu feras à ta guise dans ce cas.

Je n’en dis pas plus. Tu le connais assez bien pour savoir que cela ne sert à rien de t’obstiner avec lui. Je préfère lui laisser le plaisir de cuisiner pour nous deux à l’avenir. Tout du moins, les jours où cela ne te convient pas et où tu es trop exténué pour cuisiner toi-même. Je suis choyé que Nikolaï veuille cuisiner pour nous deux. Tu lui es très reconnaissant même et cela se lit dans ton regard cuivré.

J’ai les mêmes ambitions que mon petit ami en ce qui a trait au passé et aux anciennes régions. Tu sais qu’après le Grand Désastre, il n’en reste rien et cela t’attriste et t’indigne fortement. Je soupire en secouant doucement de la tête. Tu ne peux pas revenir dans le passé, ni le voir, ni le reconstruire. C’est indéniable que malgré tout mes efforts, malgré toutes mes recherches, je ne suis qu’un être humain parmi tant d’autres. Tu ne pourras jamais retrouver ce qui a disparu, englouti par le malheur et les catastrophes.

- Je trouve cela déplorable et triste. Tu as bien raison, Niko.

Je le laisse sur sa lancée concernant Jinguo et Pyrus. Tu les connais assez bien eux aussi. Je ne peux pas dire s’ils ont réellement beaucoup changé depuis le temps. Tu te doute tout de même qu’ils ont évolués chacun à leur façon. Je me permets de me racler la gorge lorsque mon copain me rappelle le plongeon dans la piscine de l’homme aux cheveux verts. En plus, tu en es fier, hein Nikolaï? Je secoue la tête, un peu désemparé, mais ça va…j’ai connu pire.

- Tu ne devrais pas te remémorer de mauvais souvenirs. Je suis conscient que cela a dû t’ébranler tout ce chaos et mon attitude vis-à-vis de Pyrus. Tu dois comprendre que nous ne nous entendons pas. Je ne le supporte pas, à vrai dire.

Tu laisse planer un moment de silence avant de parler de nouveau. Un mince sourire s’affiche sur mes lèvres.

- Et puis tu sais, au final nous savons très bien avec qui tu as fini la soirée.

Oui bon, il ne s’était rien passer entre Niko et moi. Tu l’aurais peut-être un peu souhaité tout de même, mais tu le gardais pour toi. Ce n’était pas la peine de lui dire ce que je ressentais pour lui alors qu’à ce moment-là, je n’en étais même pas certain moi-même.

- Tu dois leur dire, Niko. Je suis ton petit ami à présent et non pas qu’un simple collègue de travail. Tu es chanceux, tu as le temps. Je ne compte pas prévoir de voyage avant les prochaines vacances.

Tu souris à la mention de menace de mort de la part du père de Nikolaï. Je ne suis pas dupe. Tu sais très bien que ses parents aiment trop leur fils pour tuer la seule chose bien dans sa vie. En l’occurrence, moi. Tu le regarde avec ce petit reflet affectueux dans le regard, mais ne commente pas ses propos. Je préfère me taire et être contre lui et à son écoute.

Tu hoche de la tête lorsque le professeur de biologie te propose une chemise blanche et un pantalon noir. C’est assez sobre pour moi. Tu imagines bien que l’autre homme possède aussi une ceinture si la grandeur du pantalon ne te fait pas. Je suis simplement heureux que ce ne soit pas un truc pastel qui ne ferait pas du tout sérieux. Tu préfères la sobriété et le professionnalisme à l’académie Uxie. En dehors, j’ai mon propre code vestimentaire.

Tu le laisse t’embrasser et tu lui réponds avec douceur. Ensuite, je me retrouve rapidement sous l’eau chaude de la douche pour un bon décrassage en bonne et due forme. Tu n’avais d’autre choix que d’utiliser les produits capillaires et le savon de ton petit copain, mais c’était toujours mieux que rien. Ce n’était pas la première fois, ni la dernière fois que j’allais emprunter des produits à une personne chez qui j’allais dormir.

Tu tends l’oreille après avoir éteint la douche, une fois totalement propre. J’entends Niko fredonner et chantonner et cela me fait sourire. Tu sais à ce moment même que l’homme de ta vie est heureux.

Je me séchai rapidement et enroulai mes cheveux dans une serviette propre avant d’enfiler sous-vêtement et short. Tu n’utilise pas le T-shirt, préférant être torse nu pour la nuit. Je sors de la pièce et laisse mon sourire flotter sur mes lèvres. Tu t’approches de l’homme à la chevelure rose et tu vas l’enlacer et lui voler un baiser. Ce n’est pas dans mon habitude, mais je me sens affectueux et je veux le lui montrer.

- Ton tour, mon Sucroquin. Je vais t’attendre avec tes pokémons et faire connaissance.

Autant débuter par là puisque tu risquais de passer assez souvent chez le champion de Tôkan. Je voulais les habituer à ma présence et par la suite, à la présence de mes propres pokémons. Tu sais que cela demandera certainement un temps d’adaptation.

- Je vais nous préparer le tiramisu puisque nous n’y avons pas touché. Tu n’y vois aucun inconvénient, n’est-ce pas?

Je veux m’assurer que mes actes et mes intentions ne lui sont pas néfastes ou incommodants. Tu as peur de le blesser et c’est totalement normal. Ma relation avec Nikolaï n’a même pas encore 24h. Tu veux que tout soit bien entre vous deux.

- Je te souhaite une bonne douche et à tout à l’heure.

J’avais laissé mon petit ami devant la porte de la salle d’eau. Je me tournai vers les autres pièces de l’appartement une fois qu’il eut refermé derrière lui. Mon regard cuivré se promena sur les zones ouvertes avant que je m’étire longuement tout en avançant vers la cuisine. La douche avait fait du bien. C’était important de se sentir frais et reposé. L’eau chaude aidait à calmer les muscles endoloris et avait d’autres propriétés curatives.

Je m’occupai de préparer une part de tiramisu pour chacun de nous. J’avais pu trouver tout ce qu’il me fallait dans les tiroirs et les armoires de l’appartement du professeur de biologie. Je mis la table, déposai les assiettes contenant le gâteau sur celle-ci et quittai la cuisine pour le salon.

Je posai mes yeux sur les pokémons spectres de mon compagnon. Effectivement, ils étaient en train d’apparaître ici et là. La Pitrouille du champion de Tôkan passa à côté de ma tête. Nos regards se croisèrent et dans un petit cri d’effroi, elle s’éloigna de moi d’un coup. Elle se cacha derrière le canapé avant de revenir flotter près de moi. Sûrement que le pokémon ne s’était pas attendu à ce que nous nous regardions dans les yeux d’un coup comme cela. Je n’étais sûr de rien, mais je lui fis un petit signe de tête pour la rassurer. J’étais un inconnu pour tout le monde après tout.

- N’ai pas peur. Je suis navré de t’avoir fait peur. J’imagine que tu n’as pas l’habitude de voir des étrangers chez Nikolaï, n’est-ce pas?

Je parlais d’une voix plus douce. J’aimais la proximité des pokémons, quel qu’ils soient. Je me tournai ensuite vers le Brindibou de Niko et je m’en approchai pour lui gratouiller le cou. Je pouvais d’or et déjà percevoir le caractère noble de ce pokémon. Juste à sa droiture, sa manière de jauger tout ce qui se passait autour de lui. Je le trouvais magnifique.

- Ravi de rencontrer les autres partenaires pokémon de Niko. J’espère que nous pourrons tous bien nous entendre.

Mochi vint se frotter contre mes jambes et je le ramassai dans mes bras pour le cajoler. Cet Évoli semblait demander beaucoup d’attention et d’affection. Enfin, c’était juste avant qu’il ne décide de sauter de mes bras pour tenter d’atteindre le perchoir de Lord Bou. Je ne pouvais dire si cela était un bien ou un mal. Mochi semblait prêt à embêter le pokémon vol.

- Tu ne devrais pas l’embêter, Mochi.

Je soupirai avant d’entendre un bruit lugubre provenir du canapé. Je tournai la tête pour voir le Spiritomb de mon petit ami qui me jaugeait. Je ne pus m’empêcher de ressentir un frisson le long de la colonne vertébrale. Je m’approchai de lui et m’accroupis face à lui devant le canapé.

- C’est donc toi le fameux Méphistophélès. Enchanté. J’aimerais veiller à une bonne entente entre nous. Niko en serait plus que ravi.

Puis, Mochi décida de bondir pour atterrir sur mon dos, me faisant tomber contre le canapé et le pokémon spectre. Résultat, ma tête qui lui passe au travers et un évoli très heureux qui se dandine à côté de moi, fier de son mauvais coup. Aie. De plus, c’est à ce moment-là que le Tokânois se décida à sortir de la salle d’eau. Un beau spectacle à offrir à ses beaux yeux!

Je ressortis la tête de là assez rapidement cela dit. Je n’avais pas envie de mourir après cet affront vis-à-vis du pokémon spectre.

- Je suis vraiment désolé. Ce n’était pas du tout intentionnel.

J’étais à présent assis au sol, face au Spiritomb et sa colère possible. Comme quoi, tout ne se passait pas nécessairement comme prévu!

Je suis un peu gêné face à ce qui vient de se passer. Mochi semble fier de lui, mais pas pour longtemps visiblement. Nikolaï arrive et observe la scène un instant avant de remettre les pendules à l’heure pour ses deux pokémons. Je soupire silencieusement avant de me masser la nuque. J’en profite pour retirer la serviette qui retient ma chevelure de neige et la dépose à côté de moi.

- Je vois.

J’accepte ses représailles dissimulées sous une plaisanterie que je ne comprends pas très bien. Je suis moi-même assez fatigué, mais je sais que je ne dormirai pas tout de suite. Je pose mes orbes cuivrés sur mon petit ami qui va chercher sa part de tiramisu. La mienne est encore sur la table à manger. Je la prendrai un peu plus tard. Je préfère simplement fermer les yeux en allant m’adosser au bas du canapé.

Je ne dois pas être facile à vivre pour le professeur de biologie. Pourtant, il éprouve les mêmes sentiments que moi, la même envie d’être ensemble, lui et moi. Je laisse tout de même flotter un léger sourire sur mes lèvres. J’apprendrai. Je saurai faire ressortir le meilleur de lui-même et le meilleur de moi-même dans notre relation naissance.

Je rouvre les paupières lorsqu’il s’installe contre moi et comme une seconde nature, je passe un bras autour de ses épaules. J’aime sa proximité, le contact de nos deux corps l’un contre l’autre.

- J’ai envie de dormir avec toi, Niko tout comme de me réveiller demain matin à tes côtés.

Je sais que mes mots risquent de le faire rougir, mais je m’en moque. La vérité est ce quelle est un point c’est tout.

- Trois consonnes, quatre voyelles et un seul sens : je t'aime.

Je vais embrasser Niko avec douceur, puis je me relève, l’entraînant à table avec moi. Il valait mieux manger à la table que par terre. Ensuite, nous aurions tout le loisir d’aller nous coucher et de dormir pour la nuit. J’allais certainement bien dormir entre ses bras et l’odeur de sa peau.

- Bonne nuit mon Sucroquin.

C’est sur ces mots que je m’assoupis nos corps blottis l’un contre l’autre et cela, jusqu’au lendemain matin.