J’avais quitté la réunion de l’organisation avec un goût amer légèrement en bouche. Ces militaires et leur lubie de devoir contrôler le moindre petit détail en plus de chercher à mettre la main sur toujours plus de puissance, n’étaient pas dignes d’être nommés protecteurs civils. Je travaillais pour le bien commun et en tant qu’historien et professeur, je cherchais la vérité. J’étais évidemment lié à l’organisation d’une manière ou d’une autre et malgré que je fusse d’accord avec sa mentalité par le passé, là, présentement, je commençais à douter de sa légitimité. La violence n’était en aucun cas une solution.

J’étais parti à l’académie Uxie pour réviser mes notes et relire tous les passages des ouvrages que je possédais pour y trouver quoique ce soit de pertinent. Je me devais de le faire au moins une dernière fois avant de penser aller directement à la source des paradoxes. De plus, cela demanderait de la préparation et au moins une ou deux autres personnes pour m’accompagner. Je n’avais pas l’intention de me rendre au point zéro sans protection. Qui sait ce qui pouvait être déclencher et quelles catastrophes pouvaient se produire. Il valait mieux prévenir que guérir. Je n'avais combattu qu’une seule et unique fois dans ma vie avec Pinku et cela n’avait pas été par choix. Autant dire que je n’avais pas apprécié l’expérience non plus.

Je soupirai en me prenant la tête entre les deux mains, assis à une table dans un coin de la bibliothèque. Je relisais un passage pour la troisième fois d’affilé sans en comprendre tous les sens. Cela m’irritait. Je me devais de revenir avec des conclusions ou des hypothèses tout du moins. Je finis par refermer le livre et passai à autre chose. J’allais y revenir. Oui. C’était sûre et certain.

Le champion d’arène me trouva entouré de livres ouverts et de feuilles de papiers pleines de gribouillis. Concentré, je ne l’entendis ni ne le vis arriver près de moi. Je relevai les yeux seulement lorsqu’il se pencha pour murmurer à mon oreille qu’il devait me parler. Me parler de quoi exactement? Je n’en avais pas la moindre idée, mais je n’allais pas le lui refuser. C’était Niko après tout. J’hochai de la tête et ramassai mes choses pour les ranger dans ma serviette de travail. Ce qui ne m’appartenait pas, je les empilai comme une tour avant de les prendre dans mes bras pour les traîner avec moi à la petite salle privée que le professeur de biologie avait réservée.

J’eus à peine le temps de déposer la pile de livres sur la table de travail que Niko vint me serrer dans ses bras. Mon cœur manqua un battement ou deux avant de se mettre à battre à tout rompre dans ma poitrine. Juste comme cela, je ressentais sa détresse et j’étais mal à l’aise de ne pas savoir quoi faire sur le coup. Il était rare que je sois nerveux, mais ce genre de situation inhabituelle pour moi était l’exception. Je déglutis sans m’en rendre compte avant de simplement passer mes bras autour de son corps pour le serrer à mon tour.

Sa voix tremblait et ses mots me serrèrent le cœur. Je raffermis un peu plus mon étreinte autour de son corps et relevai une main pour caresser ses doux cheveux couleur rose bonbon. Je fermai les yeux cherchant les mots pour l’apaiser, pour lui rendre sa tranquillité d’esprit. Je ne voulais pas le rendre malade d’inquiétude et être un fardeau pour lui. Tout ce qui m’importait c’était son bonheur et il ne semblait pas du tout l’être à l’instant. Pourquoi les relations humaines étaient-elles si complexes et difficiles? Je soupirai légèrement continuant de caresser ses cheveux sans le relâcher pour autant. Je rouvris les yeux avant de me mettre à parler, pesant mes mots.

- Tout ce que je demande c’est d’être à tes côtés, Niko…tout ce que je souhaite c’est ton bonheur…et plus tôt je trouve l’origine de ces pokémons paradoxes et plus tôt nous serons ensemble. Je serai prudent. Je ne serai pas seul.

Je ne savais pas trop si cela pouvait le calmer ou non, mais j’étais sincère. Si nous nous plaisions l’un l’autre, il était normal de voir une possibilité d’avenir à deux.

- Je ne veux pas te perdre non plus, tu sais. Je ne m’en remettrai pas non plus.

Cela aussi, c’était sincère. Si Nikolaï disparaissait dans un tragique accident, je ne pourrais le supporter. Surtout si cela était la faute de Trismegis qui l’aurait poussé à bout. Mine de rien, j’avais toujours été et j’étais toujours très protecteur envers mon meilleur ami même si je pouvais être dur avec lui. Je caressai une énième fois ses cheveux avant de tenter un contact visuel avec ses jolis yeux brillant de larmes. Mes traits se firent plus doux et moins sévères. Il pouvait voir dans mes prunelles cuivrées tout l’amour que je lui portais.

- Sois prudent, c’est tout ce que je te demande parce qu’il est sûr et certain que je vais m’inquiéter pour toi.

- Je sais.

Niko, oh très cher Niko…Je te reconnais bien là à parler de détails insignifiants pour moi, mais qui te permettre de te rassurer un tant soit peu. Je ne peux m’empêcher de te répondre d’une voix douce et empreinte de compréhension. La situation doit terriblement t’inquiéter. Moi, un simple professeur et historien à mes temps perdus qui veut chercher des réponses en dehors des protections de l’organisation, cela doit te faire peur. Je te sens si fébrile et je peux voir au-delà des larmes que tu n’as pas envie de subir une autre perte. Tu as le cœur bon et fragile et je sais que tu t’attaches vite aux gens. Je te connais et c’est d’autant plus pour cela que je t’aime.

Je t’écoute me parler des possibilités pour ma protection. J’hoche de la tête et te laisse continuer sans t’interrompre. Tu en as besoin. Je le sens et je le sais. Je laisse un léger sourire fleurir sur mes lèvres en voyant au combien tu veux ma sécurité, au combien tu y tiens à cœur. Je te comprends parfaitement et je ne te contredirai pas.

- Je sais.

Je me rappelle de ce moment où, tu as fait tes propres expériences en dehors de la ville et où tu aurais pu mourir. Je me souviens avoir eu fortement envie de te réprimander en l’apprenant d’une tierce personne, mais je n’avais rien dit. Tu allais bien malgré les égratignures.

Mon pouce alla se glisser contre cette petite cicatrice sur ton visage et j’en profitai pour essuyer quelques larmes. Nos regards étaient en symbiose, l’un dans l’autre. Je n’avais pas envie de le quitter. Je sentais mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine et c’était à cause de toi, Niko. Je ne bougeai pas lorsque tu t’approchas de moi et m’embrassai. Non. Pourquoi l’aurais-je fait? Au contraire, je répondis à ce baiser que tu m’offrais sans la moindre résistance. J’y avais songé aussi…mille et une fois. Je pouvais enfin goûter tes lèvres et toi, tu goûtais les miennes. Elles devaient avoir le goût de ce thé doux amer que j’avais bu un peu plus tôt. Qu’importe.

- Niko…

Je murmurai contre tes lèvres alors que nos souffles se mélangeaient. J’allais cueillir un autre baiser alors que mon corps voulait plus de toi. Je te laissais découvrir mon corps, ma peau et ma chair de ses mains et de tes lèvres. J’en faisais de même de mon côté. Les tissus qui nous recouvraient nous semblaient si inutiles voire même nuisibles. Tout du moins, moi je le percevais ainsi. J’avais envie de tout dévoiler, de tout retirer pour faire connaissance avec toi. Intime et te chérir.

Je fis tomber les livres qui se trouvaient sur la table de la salle privée en mettant plus d’entrain et de passion à te découvrir. Je me permettais d’utiliser la surface du mobilier pour nous donner un quelconque appui. C’était cela ou le mur alors bon. Je crois qu’à un moment, le ruban dans mes cheveux c’était fait la malle. Ma tignasse de neige en tempête avait fini par recouvrir une partie de mon visage me chatouillant le nez. Je grognais.

Je plongeai de nouveau mes orbes cuivrés dans ton regard, émotif, aimant, désireux et désirable. J’allai murmurer quelques mots contre tes lèvres sous un énième baiser tendre.

- Je serai toujours à tes côtés parce que je le veux ainsi.

La suite…et bien seul l’amour saurait le décrire.

Mes doigts glissent avec une infime douceur dans la chevelure bouclée de Niko. Mon visage va se lover dans son cou alors que je reprends lentement mon souffle, mon corps contre le sien, tout aussi peu vêtu l’un que l’autre. Je jette un coup d’œil vers la pile de livres qui a chuté au sol par la faute de nos actions et de notre passion éphémère. Rien de grave. Je les ramasserai plus tard. Pour le moment, je veux savourer sa proximité et écouter les battements de son cœur que je perçois avec une certaine facilité dans ce silence installé depuis peu. Je ferme les yeux pour mieux entendre, percevant mes propres battements de cœur. Je ne peux plus me tromper sur les sentiments du Tôkanien.

Je ne regrette rien et je profite du calme. Je sais que cela ne durera pas longtemps. Nous sommes tout de même dans une salle privée de la bibliothèque de l’académie. Mauvais lieu, mauvais moment, mais qu’importe. Je m’en fous. J’esquisse un sourire contre sa peau, trouvant la situation quelque peu amusante malgré l’embarras probant. Mes doigts caressent sa nuque avec légèreté. Malgré tout, je sais que nous devons parler et dire et bien, ce qu’il y a à dire. Nos actions ont parlé pour nous, mais les mots sont tout aussi importants. Je le sais et Niko doit aussi s’en douter.

Je rouvre les paupières et redresse la tête pour le regarder dans les yeux. J’imagine son visage rougi de gêne et par notre amour enfin avoué sans un mot. Je caresse son visage et je vais l’embrasser délicatement. Je n’ai pas vraiment envie d’ouvrir le bal. Je préfère ce silence et l’affection que je lui porte par mes gestes. J’ai un peu peur de dire quelque chose de bizarre ou bien de mal m’exprimer. Je n’ai pas envie de le perdre alors que je viens à peine de le trouver.

-… Niko…

Je murmure son prénom contre ses lèvres. Si seulement il pouvait réellement comprendre l’étendue de mes sentiments pour lui dans un simple regard ou un simple geste…cela serait tellement plus facile. Je me mords la lèvre et détourne finalement la tête en me redressant. La passion et tout le reste s’estompaient peu à peu. Je ne savais pas trop comment réagir à présent. Je n’avais jamais eu ce genre de relation avant…ce genre de sentiments forts pour quelqu’un. J’avais envie d’une relation durable, d’une longue relation avec lui. Pas une amourette ou une seule nuit d’amour. Lui et moi, ensemble.

Je reportai mon attention sur les ouvrages au sol. S’il pouvait parler en premier, cela m’arrangerait. Lui, il parlait mieux que moi. Il était aimé des gens en général. J’avais un caractère plus austère, dur et froid. Neutre la majorité du temps. Par contre, sa présence m’adoucissait. Le champion de Tôkan me faisait sentir plus léger, moins…rigide dans ma manière d’être.

Sauf lorsqu’il ne s’occupait pas de lui. Alors là, je pouvais bien le traiter de loque et de déchet. Ce n’était pas possible d’être aussi charmant et mignon une journée et la suivante, posséder l’allure d’un SDF. Je me mis à rire doucement tout seul. Un petit rire au souvenir de notre sortie au salon de beauté. Cela remontait à quelques mois déjà.

Je me demandais bien ce qu’il ferait sans moi. Il y en avait pas deux comme lui, oh cela non!

J’aimais sa présence contre ma peau, contre moi, dans mes bras. Je me sentais bien avec lui et ce que nous venions de faire dans cette salle privée de la bibliothèque d’Uxie ne m’embarrassait pas le moins du monde. Il n’y avait eu aucun spectateur, aucun auditeur pour nous surprendre ou nous épier. Nous avions été tous les deux seuls, ensemble dans nos étreintes enflammées. Je fermai les yeux sous sa main dans mes cheveux et ne rouvris les paupières que lorsque Niko se mit à parler.

Ah. Je fronçai un peu les sourcils à ses aveux. S’il en parlait était-ce par regret de nos actes présents? Avais-je été un si médiocre amant que le champion de Tôkan en faisait mention de manière détournée? Je ne comprenais pas trop la plaisanterie alors que l’homme à la chevelure rose bonbon riait en rougissant. Je devais exprimer le scepticisme et l’incrédulité sur mon visage et au travers de mes orbes cuivrés.

- Je vois.

Si au bout du compte, Nikolaï ne voulait qu’un moment passionné dans mes bras, je pouvais comprendre et l’accepter. Il avait tendance à beaucoup parler et à s’exprimer maladroitement. Je ne lui en tenais pas rigueur. Il avait sa manière d’être et je l’acceptais totalement. Je le serrai un peu plus contre moi, dans mes bras, lorsqu’il s’exprima vis-à-vis de ses envies. Au moins, là, il était réellement honnête.

- Si tu es heureux alors, je suis heureux. J’ai déjà fait part de mon désir de me tenir à tes côtés. Je ne vois pas quoi dire d’autres.

Terre à terre et sans filtre, je lui répondais d’une voix sérieuse. Mon expression faciale devait avoir retrouvé sa neutralité habituelle, mais mon regard de cuivre, étincelait de douceur à son égard. Mes mots étaient sincères à l’égard de mon collègue.

Je clignai néanmoins des paupières lorsqu’il me demanda depuis quand je ressentais ses sentiments pour lui. J’étais pris un peu de court, mais dans les faits, je savais pertinemment la réponse.

- J’ai toujours été protecteur envers toi. Si je dois évaluer le moment même où j’ai compris que j’étais amoureux de toi, je dirais que cela est arrivé récemment. Si cependant, je ne prends pas cela de manière rationnelle, je dirais que cela remonte à l’incident de la Grande Roue.

Je me tais un instant pour me remémorer la panne, la gifle et tout le reste ensuite. Les événements qui ont découlés et mes craintes, mes remords, mes doutes. Tout le cheminement pour me rendre à l’évidence que j’étais tombé amoureux du champion d’arène de Tôkan.

- Je m’en souviens comme si c’était hier.

Je vais caresser délicatement la joue qui avait reçu ma gifle quelques mois auparavant.

- Je ne suis pas parfait et ne le serai jamais, mais si tu m’accepte tel que je suis, je serais le plus heureux des hommes d’Ahovu.

Nous allions pouvoir évoluer avec l’aide de l’autre et supporter ce qui était plus difficile aussi. J’allais devoir travailler fort pour devenir une bonne personne de soutien émotionnel, mais j’allais y arriver. Avec le temps et sa présence à mes côtés. Je voulais arrêter de le voir triste et déprimer. Peut-être le faire arrêter la cigarette aussi. J’allais le lui proposer ou le lui demander sans le lui ordonner. Être moins autoritaire et sévère, plus laxiste. C’était une tentative à prendre, un autre point de vue.

- Je t’épaulerai peu importe tes décisions futures. Tu as bien plus de valeur à mes yeux que tout le reste. Toi, Niko Óneiros Neos…

Je souris légèrement et glisse sa paume contre mon torse, la plaçant contre mon cœur.

- … ce n’est pas possible comment tu me fais sortir de ma zone de confort.

Mon cœur battait fort dans ma poitrine. Fort et vite aussi. Et cela, c’était entièrement de la faute du rose tout contre moi.

Je caresse délicatement la joue de l’homme que j’aime. Cela me fait encore un peu bizarre à penser, mais je ne peux plus me voiler la face. J’aime Nikolaï et je ressens la profondeur de mes sentiments à son égard. Des sentiments qui ont mûri, grandi en moi pendant plusieurs longues années. Je n’avais simplement pas su les comprendre. Je crois bien qu’à force d’avoir voulu le protéger, je m’étais attaché au point où l’affection que je lui portais à l’époque est devenue plus vraie, plus réelle et maintenant, c’est ce que nous appelons amour.

Je l’écoute attentivement alors que mon amoureux me parle de son cousin. Je le garde près de moi comme soutien, mais je n’ose pas parler. Je ne voulais pas l’offenser ou encore dire quelque chose qu’il ne fallait pas. J’avais encore beaucoup à apprendre pour être plus subtil et moins franc. Je n’allais pas changer pour autant, mais j’allais m’appliquer pour calmer ma rudesse lors de nos interactions sociales. Tout du moins, essayer d’être un bon soutien. C’était ce que l’on attendait d’un petit ami après tout. Je le croyais tout du moins.

Et puis, Quand Niko me demanda de le regarder, je m’exécutai sans hésitation. Je plongeai mes yeux couleur de cuivre dans ses prunelles si jolies et expressives. Ses mots firent leur petit bout de chemin à mes oreilles et firent battre mon cœur encore plus fort dans ma poitrine. Cela en était presque gênant pour moi de réagir ainsi. Le rose devait avoir atteint mes joues car, je les sentais chaudes.

- …Niko…

Sortir de ma zone de confort n’était pas très facile pour moi, mais je me sentais de le faire avec le Tôkanien. J’hochai légèrement de la tête, les joues encore rouges de gêne, mais je savais que le professeur de biologie pokémon n’irait jamais à me juger pour ce que je ressentais. J’avais le désir d’explorer ce qui m’était encore inconnu avec lui. Y aller pas à pas, ensemble et voir où est-ce que cela pourrait bien nous mener. Rien de trop rapide ou de trop lent, mais à notre rythme tout simplement.

- Seulement si cela est avec toi.

Je le relâchai quand je le sentis frissonner de froid. Je ne pouvais pas le garder éternellement contre moi, malheureusement. J’en profitai pour me rhabiller moi-même, lui jetant des petits coups d’œil de temps en temps. Pas que je l’espionnais ou quoique ce soit, c’était juste que je voulais m’assurer qu’il soit bien.

Puis vint le sujet sérieux. Évidemment. Nous étions là pour cela à la base. Discuter.

Je soupirai en me passant une main dans les cheveux, quelques mèches blanches glissant entre mes doigts.

- Non. Bien évidemment que non. Je veux des réponses, Niko. Le Grand Désastre, le passé et tout le reste. C’est ce qui m’importe pour notre avenir à tous.

Je retrouve mon air sérieux et impénétrable. Je me penche pour ramasser les ouvrages et les bouquins qui jonchent le sol de la salle privée tout en gardant une oreille attentive à ce que me dit mon collègue. Il doit avoir peur pour moi et c’est compréhensible.

- Je connais les risques. Je connais le mode de fonctionnement de l’organisation et comme tu le sais très bien, je n’approuve pas. Le seul moyen pour moi de rester à l’académie malgré mes divergences intellectuelles est de rester ouvert et disponible. Ce que je veux dire par-là que tout ce que je découvrirai lui reviendra.

Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais dans l’eau chaude avec Trismegis. Ils avaient à plusieurs reprises retouché mes planifications de cours, mais je n’en avais jamais parlé. Quelle importance? Cela ne m’avait jamais empêché de parler de ce dont j’avais envie et d’instruire mes élèves et mes étudiants sur l’histoire passé de notre monde.

- Ce n’est pas qu’une impression, Niko. C’est la réalité. L’histoire est censurée et même parfois réécrite, mais cela ne colle pas. Il y a des trous, des anachronismes et des éléments qui ne font aucun sens. C’est pour cela que je veux découvrir la vérité.

Je m’approche de lui pour aller déposer un baiser sur son front, me redressant sur mes pieds pour y arriver. Je sais qu’il sera quelqu’un d’important pour notre avenir et pas que le mien. J’ai foi en ses capacités.

- Tu vas y arriver. J’en suis persuadé. Ne laisse pas les autres dicter ta vie. Tu sauras gravir les plus grandes épreuves et apporter du bien dans ce monde.

Parfois je me disais que si je n’avais pas eu la piqure pour l’histoire et l’enseignement, j’aurais très bien pu finir journaliste historique et événementiel. Le genre à toujours chercher la vérité sur ce qui se passe ici et là ou bien à chercher à découvrir toutes les facettes d’une catastrophe ou d’un gros évènement. Je secouai la tête pour ne plus y penser. J’étais prof. J’avais une responsabilité envers mes élèves et mes étudiants.

- Je veux que tu prennes les risques nécessaires, mais que cela n’attente pas à ta vie. Tu m’as bien compris? Hors de question que je sois mort d’inquiétude.

Je parlais sérieusement. Je déposai les livres sur la table de la salle privée et j’observai avec le plus grand sérieux, mon petit ami. Désormais, nous étions deux et non pas un plus un. Deux.

- Je te fais confiance pour prendre les bonnes décisions.

- Je serai prudent.

Je sais bien que Niko s’inquiète déjà de me voir aux prises dans une situation dangereuse pour moi. Je ne peux pas lui mentir non plus. L’honnêteté est très importante dans une relation qu’elle soit professionnelle, amicale ou même intime. Je ne veux pas lui mentir et lui dire que tout sera rose et gentil alors que nous savons très bien tous les deux que la vie n’est pas comme cela. Il y a tellement de teintes différentes qui alimentent notre vision du monde et elles sont différentes d’un individu à l’autre. Je peux tout de même lui affirmer que je serai prudent avec l’organisation et mes recherches. Comme je l’ai déjà mentionné, je ne ferai rien seul et j’ai déjà ma petite idée sur la personne à contacter pour m’accompagner sur le terrain.

Néanmoins, je secoue la tête lorsque mon collègue commence à énumérer quelques gens potentiels pour m’aider avec mes questionnements et ma recherche de réponses. Le simple fait de l’entendre me proposer l’aide d’historiens du groupe Victini me fait froncer les sourcils légèrement. Je n’approuve pas vraiment cette possibilité. Cela pourrait me coûter plus cher de me retrouver étroitement en contact avec une personne de cette affiliation rebelle que de simplement chercher auprès de gens de confiance.

J’acquiesce cependant lorsque le professeur de biologie propose Jīnguó. Cela serait intéressant de travailler avec lui. Pour ce que je me rappelle de lui et de notre brève rencontre à Uchinâ, il est impartial quant à l’histoire et ce qui reste à découvrir. C’était lui qui avait allumé la flamme pour cette matière et j’allais lui en être éternellement reconnaissant. Une collaboration avec lui ne devrait pas me faire de mal, n’est-ce pas?

- Je vais y réfléchir. Jīnguó m’a beaucoup appris par le passé. Je lui dois beaucoup.

Je n’en pensais pas moins. Et puis, maintenant Niko faisait dans l’humour. Un humour assez ironique en réalité. Je l’observai avec sérieux sans rire. Après la réunion que nous avions eu, pouvait-il réellement croire ses propres mots? Masha cherchait à monopoliser le pouvoir et faire régner la crainte par la menace des paradoxes. Sécuriser les lieux contre les dangers, oui, utiliser les dangers pour engendrer la peur, non. Je n’étais absolument pas d’accord sur cette option. Sa vision du monde laissait grandement à désirer. Pourquoi est-ce que les gens de pouvoir se retrouvaient toujours être des fous ou des psychopathes narcissiques avec une tendance sociopathes? Je n’arrivais pas à le comprendre.

Je me décidai à aller le serrer contre moi lorsque mon petit ami se mit à ériger un éloge sur la sécurité de l’organisation et sur ses propres compétences en tant que champion. Ma vision de ses propos tout du moins. Je collai ma tête contre son épaule et grognai pour toute réponse. Je n’aimais pas l’idée de la savoir dans une situation précaire sans porte de sortie. J’avais l’impression qu’il allait être un appât à gros gibier. Du coup, au lieu de répondre quelque chose de méchant ou de blessant, je grognais comme un marabout d’un ton un peu bourru.

Cependant, lorsque Niko me demanda si je voulais aller dormir chez lui, je relevai immédiatement la tête pour le regarder dans les yeux. Une étincelle brillait dans mon regard cuivré. C’était une très bonne idée! Je pourrais alors apporter mes ouvrages et mes livres chez lui et m’endormir à des heures pas possibles sans penser à devoir me réveiller ultra tôt pour me préparer pour le boulot! Brillant!

- Très bien, mais j’ai encore beaucoup à faire. Aussi, j’ai envie de lire ta thèse, ce soir et de revoir ton autel à Giratina. Tu l’as peaufiné depuis le temps?

Ses croyances ne me dérangeaient pas le moins du monde. J’avais les miennes et il avait les siennes et c’était parfait comme cela. J’en profitai pour le relâcher et reprendre mes ouvrages sur la table de la salle. J’allais les amener avec moi et donc, les sortir de la bibliothèque. J’en avais acquis le droit avec tout l’argent que je versais à l’académie pour instruire les étudiants avec des bouquins neufs et instructifs. J’allais y faire attention comme à la prunelle de mes yeux.

- Je te suis Niko. Si tu es sage, nous pourrons peut-être dormir ensemble.

Petite taquinerie de ma part. Je n’avais aucune idée de la tournure à venir pour notre soirée, mais s’il me laissait veiller et lire au lit, j’allais être plus que ravi. M’assoupir à ses côtés serait tout aussi bien en soi. À voir une fois là-bas. J’espérais seulement que Wolfy ne saccage pas l’appartement et qu’il soit en mesure de s’occuper de mes pokémons jusqu’au lendemain. Une épreuve de confiance pour moi. À suivre…

- Hm. Tu connais le fond de ma pensée à ce sujet, Niko.

Il n’y avait pas plus à en dire. Mon collègue connaissait mes réticences vis-à-vis de la rébellion et du groupe Victini ainsi que mon aversion pour la violence et le non-respect des règles. J’étais quelqu’un de terre à terre et de foncièrement respectueux, enfin…du règlement surtout. Mon respect se gagnait, mais pouvait aussi se perdre. Je ne voulais pas m’approcher du groupe rebelle et ainsi basculer dans l’illégalité. Je prenais déjà de gros risques de mon propre chef par moment, mais je ne pouvais pas me résoudre à voir des gens du peuple, des civils tenter de leur propre chef de construire un tout autre gouvernement en faisant fi des règles. Peut-être était-ce simplement parce que je ne les comprenais pas? Je n’en avais pas la moindre idée, mais je ne tenais pas non plus à me retrouver avec ces gens et risquer gros. Le changement se ferait de l’intérieur avec le temps. Je sais que Niko y parviendra un jour.

J’observai l’homme pour qui j’avais de forts sentiments. Impassible à ses propos concernant l’Uchinien très tactile. Sa plaisanterie ne me touchait guère. Je ne pipai le moindre mot et écoutai simplement ses paroles idéalistes. J’aimais cet optimisme chez Niko. J’aimais à voir de son point de vue que nous puissions un jour tous être égaux. J’avais foi en lui et j’allais le soutenir peu importe ces futures épreuves à venir.

Le rouge sur ses joues ne manqua pas à mon regard cuivré et encore une fois, je ne dis rien de plus, gardant le silence et mes ouvrages entre mes bras. Un simple sourire en coin alla se poser sur mes lèvres, signe que malgré ses protestations, j’allais très certainement bûcher sur mes travaux historiques. Il allait s’en remettre. Il le faisait toujours, me concernant.

De toute façon, une fois chez lui, nous allions bien voir ce qui nous serait possible de faire ou non. Je lui avais fait comprendre mon désir de lire sa thèse non censurée et de continuer à vaquer à mes occupations. S’il trouvait moyen de me détourner de tout cela, grand bien lui fasse de le faire. Je n’étais pas immuable non plus.

Et puis, une fois à son appartement, nous fûmes accueillis par son Gardevoir. Je n’avais pas pensé sur le coup que mon petit ami puisse garder ses pokémons en liberté dans sa résidence comme je le faisais moi-même. C’était plutôt rare à Bedwyr. Les gens n’avaient soit aucun pokémon, soit, ils les gardaient dans leur balle sauf nécessité. La plupart des pokémons que nous pouvions observer à l’extérieur étaient sauvages. Enfin, c’était ainsi que le district se comportait en société. Sur mes terres de naissance, c’était tout autre.

- Bonsoir à tous. Ravi d’être parmi vous.

Je m’inclinai poliment face aux pokémons présents. Je leur témoignais mon respect. Je jetai un coup d’œil au canapé déjà occupé par la Sorcilence de Nikolaï. Une bonne chose pour moi. Je n’aurais pas eu envie de subir la vengeance du Spiritomb explosif du champion d’arène de Tôkan. Je laissai un léger sourire flotter sur mes lèvres et je me dirigeai vers la table à manger pour m’installer à une chaise et surtout, y déposer mes livres et mes papiers en tout genre.

Je tournai la tête vers mon amoureux, si je pouvais l’appeler ainsi dès à présent, lui demandant poliment un café, noir. Je me sentais un peu alourdi de nos ébats et de notre passion momentanée. Un stimulateur pouvait arranger les choses.

- Ton appartement est bien rangé et bien organisé. Est-ce ton œuvre ou celle de tes pokémons?

Petite question anodine et dont la réponse laissait très bien transparaitre. Ne voulant pas s’ennuyer, les pokémons du professeur de biologie avaient trouvé à s’occuper, j’imagine. Les miens pouvaient parfois me faire le même coup ou tout le contraire. Avec un colocataire, c’était bien différent, cependant.

Je laissai le temps que l’on me serve mon café avant de reporter mon attention sur la tête rose bonbon de mon collègue enseignant. Mon regard sérieux et déterminé voulait tout dire tout comme ma main tendue.

- Ta thèse s’il te plait. Je la veux là, tout de suite et maintenant.

Mon ton? Il ne laissait pas place à la discussion ou à l’argumentation.

Ma simple question à son égard l’avait mis dans tous ses états. Niko tentait de se justifier, de ne pas paraître pour un mauvais dresseur de pokémon. Il n’en était pas un, au contraire. Je secouai doucement de la tête et l’observai de mes yeux de cuivre. Il prenait mes mots au premier degré comme toujours. C’était mignon et naïf.

- Niko, ça va. Je comprends parfaitement la situation. C’est la même chose chez moi.

J’en profitai pour lui caresser le bras lorsqu’il passa près de moi et lui fis un bref sourire doux et léger. Je le remerciai pour la tasse de café et j’observai la couleur de celui-ci dans le récipient. Il n’était pas noir comme je l’avais demandé. J’haussai un sourcil, puis les épaules et j’en pris une gorgée. Peu importe, mon petit copain me l’avait préparé et il devait y avoir mis du sien pour me faire plaisir. Le goût était sucré bien plus qu’amer.

- C’est délicieux. Merci mon Sucroquin.

Petit surnom vite comme cela. Avec sa chevelure rose et frisée, son caractère doux et son type de prédilection, il avait tout à fait les caractéristiques d’un Sucroquin. Je souris malgré moi en y pensant et en approuvant ce surnom. En plus, ce pokémon pouvait flotter dans les airs. C’était tout simplement parfait pour Nikolaï.

Après, j’étais redevenu sérieux concernant la thèse de mon amoureux. Le champion de Tôkan, mais aussi scientifique m’avait dit qu’on lui avait censuré une bonne partie de son travail. Je voulais voir les conséquences de cela et ainsi lire l’œuvre originale pour me faire une idée. C’était immoral selon moi de brimer les recherches d’autrui par simple peur et abus de pouvoir. Je serrai déjà les poings de mécontentement juste à y penser.

Je soupirai lourdement avant de me mettre à la lecture. J’aurais aimé avoir une version papier, mais j’allais me contenter de l’ordinateur portable du professeur de biologie. J’hochai de la tête à ses paroles, le laissant aller vaquer à ses occupations. Je le rejoindrais bien assez tôt, une fois mes lectures terminées.

En pleine lecture, je finis par sentir quelque chose frôler mon pied. Je baissai les yeux et je vis un Evoli rose. Je me penchai et le pris dans mes bras pour l’installer sur mes genoux en lui gratouillant l’encolure. Je souriais avec douceur à la jolie créature.

- Tu sais que tu es un pokémon adorable, toi? Je t’assure que si.

Oui, je lui parlais ou plutôt, je murmurais tout en continuant de lire ce qui se trouvait sur l’écran de l’ordinateur de Niko. J’avais assez de concentration pour cajoler l’Evoli et lire la thèse de mon petit copain. En tout et pour tout, j’eu environ 45 min de lecture. La thèse originale était beaucoup plus longue que la censurée. Fait établi, malheureusement. Redéposant Mochi au sol, je me levai de ma chaise et m’approchai de Nikolaï, au salon. Je passai mes bras autour de son cou et appuyai mon menton sur sa tête.

- Ta thèse originale est bien meilleure que cette pale copie censurée. Le travail des détails et cet approfondissement de tes théories sont très intéressants. Dommage que des idiots domine ce monde. Ils ne comprennent pas la valeur de ce qu’ils ont sous les yeux. Je suis fier de toi, Niko.

Je déposai un baiser sur le haut de sa tête avant de me redresser et de passer de l’autre côté du canapé. J’allais bien pouvoir trouver une place sur celui-ci, non? Maintenant que ma lecture était faite, je pouvais passer à autre chose et donc, passer du temps de qualité avec mon collègue et petit ami.

- Fais-moi une place sinon je m’assois sur toi.

Direct, comme toujours. Niko savait très bien que j’étais capable de le faire. À savoir s’il préférait m’avoir à côté de lui ou sur lui. C’était son choix. Peu m’importait tant que je pouvais être près de lui et passer une belle soirée à ses côtés. Au moins, je me sentais plus léger maintenant que nous étions officiellement un couple. Je connaissais la profondeur de mes sentiments à son égard et cela ne m’effrayait plus. Je les acceptais.

- Je suis bien avec toi, Niko. Merci de m’avoir fait une place dans ta vie.

Je crois que c’était tout nouveau pour nous deux. Tout du moins, pour moi, c’était ma première vraie relation amoureuse. Je ne voulais pas que nous soyons gênés l’un envers l’autre et je cherchais encore un peu ma place. Je voulais le protéger, mais sans acte de violence. L’amener à être heureux et à sourire beaucoup plus. Petit à petit j’y arriverai.

- Je vais te regarder jouer. Je ne sais pas comment cela fonctionne. Tu m’expliques, s’il te plait?

- Ils essayent de m’aider, mais cela ne veut pas dire que l’aide est pertinente et efficace. Ils rangent et m’apportent le nécessaire lorsque j’ai besoin d’un objet précis.

Certains de mes pokémons étaient plus aptes à m’aider que d’autres. Ceux qui ne pouvaient pas entrer dans l’appartement par exemple, n’étaient d’aucune utilité et restaient dans leur enclos en ville. Les plus petits m’aidaient du mieux qu’ils le pouvaient. Cela ne voulait pas dire pour autant que c’était quelque chose de bénéfique. Parfois, cela rendait le ménage bien plus chaotique que voulu et je devais mettre un veto pour n’avoir qu’un seul pokémon pour m’aider. J’avais alors souvent droit à une cacophonie de piaillements et cris en tout genre. J’avais l’impression d’être en classe quand les élèves ne m’écoutent pas et discutent entre eux comme si je n’étais pas là.

Lorsque Niko se mit à parler de son job à mi-temps, je me rappelai des souvenirs de notre scolarité, du pensionnat et tout cela. Je me souvenais donc bel et bien de cette époque et de ce petit uniforme et tablier qu’il devait porter quand il travaillait. J’étais allé à ce café quelques fois pour l’attendre, ne voulant pas qu’il rentre tout seul à des heures tardives. Malgré que nous vivions à Bedwyr, le soir, ce n’était pas toujours sécuritaire, même à Uthyrgham.

- Je me souviens surtout de l’uniforme et du tablier que tu portais en répondant avec un grand sourire à tes clients.

Après m’être approché de mon amoureux et l’avoir enlacé par derrière, je l’écoute me parler de sa thèse et de l’injustice qu’il a dû subir vis-à-vis de celle-ci. Je reste-là quelques instants, lui offrant mon soutien physique et moral de part ma présence. Peu importe ce que je pouvais lui dire, je n’étais pas considéré comme quelqu’un d’importance dans cette organisation. Je ne pouvais pas réellement changer le monde, ni Trismegis. J’étais plutôt perçu comme une menace de par mes propres recherches de la vérité historique.

- Je serai à tes côtés quoiqu’il arrive. Compte sur moi, Niko.

Dès que son pokémon quitte le canapé, j’en profite pour m’y installer aux côtés de mon petit ami. Je pose mes orbes cuivrés sur lui et je glisse ma main contre sa joue, un léger sourire sur mes lèvres. Qu’il est bête parfois, mon Nikolaï. Comme s’il y avait eu une chance que mes sentiments à son égard soient différents? Aucune chance. Je n’étais pas aussi expressif que lui, certes, mais je l’aimais et c’était indéniable.

Mes doigts remontèrent dans sa chevelure bouclée en une douce caresse.

-  Tu peux être heureux maintenant.

Je l’observe encore un peu avant de baisser les yeux sur la manette de jeu entre les mains de mon collègue. Je l’écoute attentivement me parler de son jeu, des détails et en quoi cela consiste. J’hoche de la tête lorsqu’il me propose d’essayer. Pourquoi pas? Je me doute que je ne serai pas doué, mais qu’importe. Je voulais faire plaisir à Nikolaï. J’allais donc tester ce jeu et ses mécaniques même si ce n’était pas du tout mon élément. Je pris la manette entre ses mains et je posai mon regard sur l’écran.

- Je ferai de mon mieux, mais il y a un plus grand pourcentage de chances que j’écrase une défaire qu’une victoire et donc, que cette campagne se termine drastiquement. Sois-en conscient.

Suivant ses instructions, j’allai sélectionner un personnage dans la liste des classes disponibles. Je pris mon temps à choisir les passant en revu un à un. Je retenais l’information avec facilité, forces et faiblesses ainsi que tout le reste. Une fois tous les personnages inspectés, je fis main mise sur le croisé avec son large bouclier et ses résistances importantes aux dégâts. J’aurais très bien pu prendre un barde ou un danseur, mais mon but était de protéger ceux et celles que j’aime et j’apprécie. Un tank était donc un choix inéluctable et perspicace de ma part.

- Très bien. J’ai choisi.

Et puis, le jeu débuta et je mis toute ma concentration et mes connaissances historiques à mettre en place une tactique pour contrer l’ennemi. Sans y prendre garde, je me mis à apprécier ce jeu et son contenu quoique fantasque tout de même et improbable. Je me mis à ressentir l’envie de gagner et je mis tout en œuvre pour que cela arrive. Tout du moins, jusqu’à ce que je sois terrassé par plus fort que moi. J’avais bien avancé, bien plus que je ne l’aurais cru au départ. Je laissai échapper un grognement alors que j’étais game over.

- Je crois que c’est terminé pour moi. Ce jeu devient addictif. Ce n’est pas bon pour moi. Ni pour toi, d’ailleurs.

Je m’étire et rends la manette de jeu à mon petit copain avant de me pencher vers lui pour l’embrasser. Je préférais cette addiction à celle d’un écran et d’un jeu.

- Tu veux que l’on prépare de quoi manger? Il commence à se faire tard et nous n’avons rien mangé. Nos corps ont dépensé beaucoup d’énergie récemment et ils ont besoin de nutriments et de se sustenter.

Je me demandais ce qui pouvait se trouver dans le frigo de Niko. J’espérais ne pas y découvrir de boissons énergisantes à la tonne!

Nos élèves…Cela ne faisait pas si longtemps que j’étais devenu professeur d’histoire à l’académie et je ne me voyais à ma place nulle part ailleurs. J’aimais l’enseignement et octroyer à autrui la possibilité de connaître notre histoire, celle du passé en l’occurrence. Je pouvais être fier de ceux et celles qui avait réussi à obtenir leur diplôme, de ceux et celles qui avaient travaillé d’arrache-pied pour avoir de bonnes notes pour réussir ou encore de ceux et celles qui ont simplement compris qui ils étaient en acceptant ses propres forces et ses propres faiblesses. Je vivais dans leur monde d’une certaine manière et je faisais en sorte de les guider du mieux que je le pouvais vers le droit chemin. Celui du juste et de la vérité.

Je souris avec douceur à mon amoureux, ne répondant rien. Il n’y avait rien à répliquer à cela. C’était vrai. Eux aussi faisait du mieux qu’ils le pouvaient, tout du moins, par moment. Certains étaient plus souples sur la rigueur qu’ils mettaient sur les travaux et les examens, mais soit. Je n’étais pas leur père et je ne pouvais que leur attribuer la note qu’ils méritaient pour leurs médiocres efforts.

Niko savait qu’il pouvait compter sur moi pour tenter de le faire sourire et de le rendre heureux. Je n’avais pas tellement d’expérience dans ce domaine relationnel, mais je n’allais pas abdiquer au premier problème ou au premier conflit. J’allais être présent et à l’écoute, tout du moins, lorsqu’il en ressentirait le besoin. Mon collègue restait tout de même un homme indépendant avec ses propres choix. Je ne me voyais pas me permettre d’influencer sa vie de manière drastique ou encore de lier ses décisions avec des ultimatums. Il avait simplement mon soutien de manière la plus raisonnable qu’il soit.

J’hochai de la tête lorsque mon petit ami se proposa pour m’aider à faire des choix vis-à-vis du jeu vidéo auquel il m’initiait. Je voulais être bon élève et comme il s’y connaissait mieux que moi il aurait été stupide de ma part de l’ignorer. C’est ainsi que nous pûmes jouer ensemble sans avoir à tenir chacun une manette de jeu. Le temps passa assez vite, plus vite que je ne l’aurais cru.

La faim me tenaillant l’estomac, j’ai fait part de ma requête à mon compagnon à la chevelure rose bonbon. Je l’observai de mes orbes cuivrés, m’attendant bien sûr à une réponse de sa part. Je n’exprimais aucune émotion lorsqu’il ouvrit la bouche pour parler et exprimer le fond de sa pensée sur la question. Je détournai simplement la tête pour regarder à son total opposé. Il n’y avait aucune gêne sur mes joues, non. Juste…je me questionnais sur l’absurdité de ses propos. Le sexe ne nourrissait absolument pas. Enfin…peut-être que Niko cherchait simplement à faire de l’humour ou…avait-il de nouveau envie à d’autres ébats? Je soupirai avant de me frotter l’arête du nez. Je cherchais les bons mots avant de me retourner vers lui pour le regarder droit dans les yeux.

- Il est connu que le sexe attise l’appétit et non pas qu’il le comble. Si tu as envie que nous recommencions, je n’y vois aucun inconvénient, mais je ne te connaissais pas une telle libido. C’est bon à savoir. Pour ma part, je mangerais bien quelque chose de consistant avant nos prochains ébats. Je ne suis pas du genre à faire une activité éreintante, le ventre vide.

Je me lève du canapé. Tant pis s’il n’a pas faim. Moi si. Je m’étire de nouveau et je me dirige vers la cuisine non sans caresser affectueusement Mochi qui est encore dans les parages. Je vais ouvrir le frigo de mon hôte et je cherche ce qui pourrait nous servir d’ingrédients pour un bon petit repas. Même si le champion d’arène ne présentait aucun intérêt à manger pour l’instant, je n’allais pas le laisser sans rien non plus. Je me disais qu’un truc pour deux serait l’idéal. Quelque chose de léger et qui ne nous pèserait pas trop, si nous voulions nous amuser un peu plus tard.

- Des sandwichs te conviendrait-il, Niko? Je vois des charcuteries et de la laitue. Tu as du pain quelque part?

Vite et efficace. C’était un repas qui pouvait être équilibré si nous y ajoutions tous les groupes alimentaires et qui allait bien se digérer par la suite. En espérant que tous les produits soient frais et non pas périmés, il en va de soi.

La tête encore dans le frigo, je me mis à sortir tout ce dont j’avais besoin pour moi et mon amoureux. J’espérais ne pas trop le brusquer à fouiller par moi-même, mais le connaissant, il ne risquait pas de le prendre mal.

Je crois avoir embarrassé davantage Niko avec mes propos, mais je ne le remarque qu’après les avoir prononcés. Il semble avoir honte, le visage rouge de gêne, mais je n’allais pas m’excuser alors que c’était lui qui avait amené le sujet en premier lieu. Peut-être l’avais-je offusqué de mes mots sans tact, mais je n’étais pas connu pour ma subtilité non plus. Je n’aimais pas tourner autour du pot. Je préférais la franchise et la vérité même si celle-ci pouvait embarrasser ou blesser. Quoique pour cette dernière, j’essayais d’y mettre un peu plus d’empathie. Cela dépendait de l’individu à qui cette vérité était destinée. Je comprenais le sens du proverbe : Toute vérité n’est pas bonne à dire. Cependant, bien souvent, je le balayais de la main. C’était à la fois une qualité et un défaut.

Je sortis la tête du frigo pour jeter un coup d’œil à mon amoureux qui venait me rejoindre dans la cuisine. Il me montra le tiramisu du doigt et j’acquiesçai. Si c’était lui qui l’avait fait, c’était certain que cela serait délicieux. Et sans y prendre gare, j’étais là à l’observer couper le pain, un léger sourire aux lèvres. J’aimais ses jolies boucles rose et ces couleurs pastel qui lui donnaient un petit côté délicat et féérique. Évidemment, je le connaissais assez bien pour savoir qu’il savait être dur parfois. J’aime cette personne à mes côtés et je ne peux pas m’empêcher de l’admirer pour qui elle est. Niko est vraiment quelqu’un d’exceptionnel et je suis choyé de pouvoir être au plus près de lui en cet instant même.

Je sors de mes pensées pour déposer les ingrédients sur le pain fraîchement tranché. J’espère secrètement que le champion d’arène n’a pas remarqué mon absence soudaine. Pas que j’en ai honte, mais je ne voulais pas l’inquiéter non plus. Il se mit soudain à me poser des questions dans le domaine culinaire et mon expérience dans celui-ci. Je penchai la tête sur le côté, prenant un air sérieux alors que je réfléchissais à mes mots.

- Je sais cuisiner, mais je ne le fais que rarement. Étant très occupé avec les cours, mes travaux et tout le reste, je me contente du plus rapide et du plus équilibré. Habituellement, j’essaye de manger sainement, mais je ne suis pas le cuisinier de ces repas. Cependant, si tu veux que je te cuisine quelque chose, je le ferai avec grand plaisir. Ma mère m’a donné une boîte avec une vingtaine de recettes de chez moi. Tous des plats authentiques d’Uchinâ et même d’Alola. Tout du moins, en principe.

Je retombe dans le souvenir de cette soirée à Uchinâ. Soirée où je n’avais pas spécialement prévu d’aller, mais dont j’avais tout de même fait acte de présence pour Niko. Il était vrai que le professeur de biologie avait séjourné chez mes parents pour l’occasion, ne voulant pas l’obliger à payer une chambre dans un hôtel alors qu’il y avait la place dans la maison des Umalei. Évidemment, nous n’avions pas pu éviter Heramina et son interrogatoire des plus gênants. Je lui avais cloué le bec bien assez vite cela dit. Non mais!

- Tu me fais penser qu’aux prochaines vacances, nous pourrions aller passer quelques jours dans nos familles respectives, ensemble. Il y a beaucoup d’activité de plein air qui me semblent intéressantes à faire en couple.

Parce que pour moi, nous étions dès à présent un couple. Difficile à croire, mais c’était la vérité et notre réalité maintenant. Je tendis son sandwich à mon amoureux et je me dirigeai vers la table à manger pour m’asseoir à une chaise. Manger debout m’incommodait. Je préférais être confortable pour déguster mon repas.

Puis vint le questionnement sur mon amitié avec Mikhail. Je relevai mon regard cuivré vers Nikolaï et l’observai avec une lueur de douceur dans mes prunelles.

- En effet. Quand nous étions plus jeunes, Mikhail avait le béguin pour moi et il me suivait constamment partout. Je le laissais faire. Cela n’était pas un mal en soi. Jadis, j’étais un enfant passionné, fougueux et qui adorait l’énergie des foules et des fêtes. Cependant, mon avidité pour la connaissance et pour l’histoire m’a fait perdre cette étincelle. J’avais besoin d’être sérieux dans mes études pour parvenir à l’avenir que je désirais plus que tout au monde. Disons que Mikail m’a appris que ce que je croyais disparu ne l’était pas finalement. Je suis Uchinien, un fils d’Uchinâ et cela peu importe l’endroit où je me trouve.

Je me tus. Je ne savais pas si je répondais bien aux questions de mon petit ami, mais je n’étais pas certain qu’il veuille tous les détails. Ce n’était pas pertinent de lui dire que j’avais déjà couché avec Mikhail. Mes amourettes et mes soirées plus libertines du passé ne le concernaient pas. Nous ne nous devions rien vis-à-vis de cela.

J’entamai ensuite mon sandwich avant de me mettre à penser à quelque chose d’autre. Un sourire sincère s’afficha sur mes lèvres, authentique.

- Nous ne serons jamais séparé par quelque distance physique. Nous comptons les uns pour les autres et nous n’avons pas besoin de coup de téléphone ou de lettre pour le savoir. Enfin, j’ai promis de rentrer plus souvent à la maison et je crois qu’au fond, cela me fera le plus grand bien. Et toi, mon Sucroquin? Es-tu fier de tes origines? De ce qui a été ton enfance et t’a amené à l’être d’exception que tu es aujourd’hui?

S’il osait se rabaisser, j’allais ouvertement m’y opposer. C’était du passé cette loque que j’avais retrouvé sur un banc à fumer et boire ces boissons énergisantes, le teint cireux et blafard, presque maladif. L’homme que j’avais devant moi était plus rayonnant et expressif. Une personne qui méritait le plus grand des bonheurs.

- Si jamais tu ose te dénigrer, j’écrirai une thèse complète pour réfuter tes dires. Je te le jure que je le ferai.

- Je ne veux pas que tu ailles croire que je ne sais pas cuisiner. De plus, je ne veux pas t’obliger à cuisiner pour moi. Le faire ensemble sera déjà bien et ton pokémon pourra très certainement nous aider. Je ne souhaite pas non plus lui voler sa place.

Nikolaï semble tout de même enchanté à l’idée de cuisiner des plats de chez moi en ma compagnie. Nous sommes déjà à l’essai mine de rien, puisque nous avons fait des sandwiches ensemble. Ce n’est certes pas compliqué, mais chacun veille à sa tâche et je suis content de cela. Ce sont des petits moments comme ceux-là qui valent de l’or dans une relation à ce que j’ai entendu dire. Un souvenir heureux qui perdurera et qui se répètera très certainement dans le futur.

- C’est normal que les recettes ne soient pas exactement les mêmes, nous n’avons pas nécessairement les mêmes ingrédients, mais cela reste assez semblable. Nous ne saurons jamais réellement, cela dit à quoi pouvait bien goûter la nourriture à Alola.

J’avais ensuite enchaîné sur la possibilité d’un lieu pour nos prochaines vacances. Mon petit ami me fit assez rapidement savoir qu’il voulait que nous allions chez ses parents à Tôkan dans l’espoir d’éviter Uchinâ. Je comprenais parfaitement ce désir. Sa première expérience n’avait pas été des plus plaisantes. Altercation entre Pyrus et moi ainsi que l’abus d’alcool. Tout pour ne pas garder un bon souvenir de cette fête. Je ne lui en voulais pas. J’acquiesçai donc de la tête à sa préférence de destination estivale.

- Je comprends. C’est d’accord.

Il allait se sentir un peu moins hors de son élément là-bas, à Tôkan. C’était à mon tour de me rendre dans un lieu qui ne m’était pas familier. Cela ne me dérangeait aucunement. Je pouvais très bien vivre cette aventure avec lui. De plus, j’allais enfin pouvoir rencontre mes beaux-parents. Autant déjà les imaginer comme tel puisque je ne comptais pas quitter Niko. Pas après que nous nous soyons trouvés tous les deux. J’aimais le voir enthousiaste à l’idée de faire de l’escalade avec moi. J’avais déjà hâte d’y être, mais ce ne serait pas pour tout de suite, hélas.

Je souris en le voyant si expressif suite à mes propos concernant mon enfance et ma vie à Uchinâ. Niko voulait en apprendre davantage sur moi. J’avais aussi l’envie d’en apprendre davantage sur lui. Je n’avais rien à lui cacher de mon développement de l’enfance à l’adolescence. Rien qui n’en vaille la peine tout du moins. Je voulais qu’il le sache et je ne m’étais pas gêné pour tout lui dire dans les grandes lignes.

Je secouai la tête en laissant échapper un petit rire. Mon collègue voyait des choses inexistantes chez les gens. Par exemple, il croyait que Jīnguó le détestait, mais c’était faux. L’homme est simplement plus difficile à cerner. C’est un passionné tout comme l’est Nikolaï. Ils pouvaient très bien s’entendre s’il lui en laissait la chance. Peut-être devrais-je les présenter de nouveau l’un à l’autre sans l’influence d’autres personnes autour d’eux? Hm…c’était une idée à explorer.

- Jīnguó ne te déteste pas. C’est une personne très terre à terre et passionnée lorsqu’on le connait. Je vous présenterai de nouveau dans une situation moins dynamique et plus calme.

J’écoutai ensuite mon amoureux me parler de lui, de son enfance et je le laissai dire sans l’interrompre. Je me permis de me lever de table à la toute fin pour aller serrer son épaule avec douceur. Ses aveux, ses doutes et tout le reste, il me les livrait sans avoir peur de mon jugement. C’était important pour lui de parler et puisque je lui avais demandé à son tour de me parler de lui, je faisais en sorte d’être là et d’être attentif à ses moindres mots.

Je soupirai lorsqu’il eut terminé et j’appuyai mon menton sur sa chevelure rose bonbon, gardant ma main sur son épaule.

- J’ai vraiment très hâte de rencontrer ces hommes qui ont su élever un fils aussi formidable que toi, Niko.

Je ne jugerai pas. Je n’apprécie pas particulièrement le groupe Victini et je n’adhère pas à leurs idéaux, mais chacun vit sa vie comme il l’entend. Chaque individu à son passé, son présent et son avenir. Les parents du professeur de biologie ont leur propre bagage et malgré peut-être des choix douteux dans leur jeunesse, ils sont arrivés au point où ils en sont maintenant. Rien n’est tout blanc ou tout noir. Il y a bien des nuances.

- Je crois que tes parents veulent te protéger. Tu sais bien comment tu te mets dans tous tes états quand tu t’inquiètes pour quelqu’un non? Ne vas pas ressasser le passé des autres. Ce n’est pas bon pour toi.

Je ne veux pas non plus l’empêcher de rêver, mais c’est bien mieux pour lui de comprendre là, tout de suite, qu’il y a des choses qu’il ne pourra jamais savoir. S’impliquer dans la vie d’une personne et en connaître tous les bas-fonds n’était pas nécessairement un cadeau. Trop en connaître non plus d’ailleurs. J’étais comme cela et je savais déjà qu’il y aurait des risques pour moi à trop vouloir savoir. J’assumais mes choix. Totalement.

Je me redressai puis passai une main dans ses cheveux avec légèreté. Il était temps que je termine mon sandwiche et qu’ensuite, nous passions à autre chose. J’allai donc me rasseoir à ma place et terminai mon repas avant de chercher une prochaine occupation à faire avec mon petit copain. De plus, il commençait à se faire tard et nous avions cours le lendemain.

Après réflexion faite, j’optai plutôt pour une bonne douche bien chaude pour me nettoyer de nos ébats précédents. Il avait fait chaud et nous avions sué tous les deux après tout.

- Si tu n’y vois pas d’inconvénient, j’aimerais prendre une douche et ensuite t’emprunter des vêtements pour demain. Enfin, si tu as quoique ce soit de sobre qui puisse m’aller dans ton armoire. Mes vêtements sont froissés.

J’étais prêt à parier qu’au matin, mes vêtements seraient propres et bien pliés, mais je le gardai pour moi. Je voulais simplement lui emprunter quelques habits et avoir son odeur pour un petit instant.