Demain aux aurores,
A jamais, âmes séparées.
Regrets, tourmenté.

Ce soir-là, avant d’aller me coucher, jamais je n’aurais pensé qu’un énième tsunami dévastateur viendrait anéantir le port meurtri de mon âme à peine remis des derniers taifū des mois précédents.

Pourtant, la nouvelle avait éclaté. Je n’avais pas réussi à terminer le dernier an-dango, lorsque j’avais vu la nouvelle aux informations. J’avais le cœur meurtri. Je voulais vomir. Rien n’allait très fort, ces derniers temps. Même si j’avais réussi à avoué mes sentiments à Hermes, il restait un fond de kanashimi. Je ne savais plus comment faire cesser ces namida qui s’écoulaient sans cesse, jours après jours. Je n’avais plus vraiment goût à rien. Je tentais de camoufler ces émotions douloureuses en me concentrant sur le travail. Il faut que j’étais très isogashii, notamment avec la mission que Masha Pristi prévoyait… Je commençais à me faire ma place.

Je voulais parfois tout abandonner ! Je… à quoi bon continuer ? Stitch, Haru, et maintenant Layla ? Pour les deux derniers, j’étais plein de regrets. Zan’nen. Oui. C’était dommage ! Encore une fois, je n’avais pas pu revoir Layla et recréer un lien avec elle. C’était trop tard. Trop tard ! Je ne faisais rien correctement ! Haru était dans le coma par ma faute…! Je n'en pouvais plus… Je veux que tout s’arrête. Pitié.

Je n’avais pas pu manger, ce jour-là. Ni le lendemain. Jusqu’à ce que mon père me rende visite pour tenter tant bien que mal de me remonter le moral. Il était rare qu’il se rende à Bedwyr, depuis qu’il l’avait quittée.

~

J’avais toujours les yeux gonflés. J’avais encore pleuré ce matin même. Mon âme était trop tourmentée. Heureusement qu’Hermes était là pour moi. Heureusement que mes ryōshin étaient là eux aussi.

Je me tenais debout, solennel, bien qu’assez en retrait par rapport aux keikan. Vitaly et Sūrya… Ils devaient être bien plus tourmentés que moi. Je m’en voulais d’être dans un si triste état. Je n’arrivais pas à rester concentré sur les kotoba de l’homme qui parlait. C’était trop douloureux. Je voulais que mon cerveau se mette en veille. Peut-être à tout jamais. J’en avais marre de souffrir. Marre de toutes ces pertes.

Défis d'écriture :

Moyen : En immersion
- Tsunami (les grosses vagues, tu connais)
- Taifû (typhon)
- An-Dango (dango aux haricots rouges, c'est super bon)
- Kanashimi (tristesse)
- Namida (larmes)
- Isogashii (occupé)
- Zan'nen (cheh dommage)
- Ryôshin (parents, quand on parle des deux)
- Keikan (policiers)
- Kotoba (mot)

Difficile : Haiku

Après Sūrya puis Vitaly, mon regard avait été attiré par une chevelure bleutée que je venais de reconnaître. Mikhail, l’ami d’enfance de Hermes. Je ne pensais pas qu’il avait un lien avec Layla, c’était assez surprenant… Je me demandais comment il pouvait se sentir, lui aussi. Quelque part, je me sentais moins mal, de savoir que je n’étais pas le seul à ressentir ce gouffre dans mon cœur.

J’avais eu un genre de contact visuel avec l’Uchinaïen, avant de me diriger vers Vitaly, qui venait de se faire offrir une cigarette par Sūrya, lequel s’était légèrement mis en retrait. Je fis ensuite signe à Mikhail de nous rejoindre. J’étais sans doute le seul à le connaître, mais je ne voulais pas faire comme si je ne le connaissais pas et l’ignorer. Il ne fallait pas rester seul, par ces temps moroses.

Arrivé au niveau de Vitaly, je ne savais pas vraiment quoi dire, alors le le pris un instant dans mes bras et lui tapotai le temps, les yeux encore humides.

“M-mes condoléances.”, avais-je fini par briser ce silence un peu trop lourd. “Je suis désolé que tu… aies vécu ça. J’ai de la peine à imaginer ce que tu peux ressentir…”

Un regard vers l’Inspecteur de Police, qui ne reçut pas d’étreinte, puisque je le savais assez peu tactile, puis vers le barman, espérant ne rien dire de trop maladroit, même s’il allait bien falloir que je lui pose la question.

“Je ne savais pas que tu la connaissais, ni que tu serais là aujourd’hui… Euh… Comment vous vous êtes connus ?”

Même si c’était difficile, converser était la seule chose à faire. Avancer. Même si on en venait à flancher parfois, la vie continuait. Injustement.