J’avais la haine. Un sentiment assez commun, chez moi, vous me direz ! Rester bien docile comme un doggo devant Masha Pristi, c’était douloureux, vraiment. Qu’elle aille juste se faire foutre ou manger ses morts. C’était sans doute la pire des Commandantes, à mes yeux, cette damned bitch. Mes veines frontales allaient finir par éclater, si je continuais à froncer les sourcils de la sorte. De quoi avoir des rides avant l’âge, alors je tentais de me détendre un peu, repensant un peu à ce que m’avait dit mon psychiatrist ce matin-même.

Apaise ce volcan
Intérieur qui brûle en toi,
Ou tu imploseras.

De sages paroles si révolutionnaires !! J’avais envie d’exploser, et non d’imploser. C’est pour cette raison qu’un rire franc s’échappa de mes lèvres quand la Blondasse s’adressa à moi au sujet de gueules à éclater.

“Si ça tourne mal, j’ai déjà une magnifique escorte pour aller au poste. Si ça c’est pas merveilleux.”, avais-je répondu, bien que je sache un minimum me tenir, surtout devant les cops. Puis bon, il y avait Sūrya Mirza qui était vraiment handsome, mais Osborne n’était pas trop mal non plus, en vrai.

“La festive des mauvais jours, c’est possible ?”, avais-je demandé sans grand sérieux en haussant un sourcil. C’était bien mieux de faire la fête quand on a un coup de mou plutôt que de rester comme une couch potato sur son canapé à écumer toutes les plateformes de streaming.

Nos uniformes… On était pas aimés partout, en effet. Même si je n’avais pas très envie de lui faire ce plaisir à ce bartender, j’avais retiré mon badge et ma veste. Je ne portais pas de cravate, généralement. Avec une écharpe, c’était un peu ridicule, à mon goût. Je devais moins ressembler à un poulet que les deux autres, et d’un côté, je ne savais pas si je serais très ravi d’être associé à leur espèce. Même si on bossait pour la même entité qu’était Trismegis, finalement. Y’avait toute une sorte de rivalité entre les militaires et les policiers. Quoiqu’il advienne, on est tous des chiens du système. Et viendra un jour où je serai en haut de ce système de clébards. Peut-être pas tout en haut, mais assez pour ne plus avoir à me laisser piétiner.

“Ah. Bon. Ce serait con qu’un de nous tombe deux fois sur le traître. J’ai pas prévu de dormir à Bedwyr, tonight.”

Je me servis en hésitant plusieurs fois. Impossible de juger l’alcool à sa couleur. J’avais finalement pris une teinte assez moyenne. Au pire… Je tenais plutôt bien. Je n’aurai qu’à éviter le prochain shooter chargé.

“Maintenant qu’on bosse plus, on va être honnêtes. Vous en pensez quoi des prochaines opérations ? Je suis pas rassuré, perso. Le plus flippant dans l’histoire, c’est peut-être Pristi, finalement. Complètement crazy, celle-là.”, avais-je plaisanté sans trop hausser la voix, sait-on jamais que des oreilles indiscrètes traînent. Je comptais sur eux pour garder mes paroles pour eux. Après, on avait le droit de dire ce qu’on pensait, non ?

J’avais choisi un shooter normal, que je descendis sans souci. “Je serais bien curieux de savoir ce que vous pensez d’elle. Et je dois dire que je suis étonné que vous ne participiez pas, Mirza. C’est pas votre genre.”

Loin de là l’idée de le critiquer sur ses choix, il devait avoir ses propres raisons. J’aurais pu refuser moi aussi, mais ma fierté m’en empêchait. Je devais briller pour me remettre au niveau. Fuck, les traumas, je suis au-dessus de tout ça.

En attendant, c'était peut-être une excuse pour lui parler, que de lui déballer ça de but-en-blanc. Je me demandais comment il était, en dehors de ses fonctions de Champion ou de flic.

@Vitaly Osborne @Sūrya Mirza Shine bright

Le Champion avait libéré son Nigirigon. Je ne régis pas vraiment, si ce n’est d’un petit sourire à peine dissimulé en voyant la bouille adorable du poisson. J’avais toujours adoré les Pokémons, ce qui était un peu contradictoire avec les idéaux de l’Organisation, certes. Je n’étais pas obligé d’être entièrement d’accord avec, en même temps ! Puis, en obtenant une meilleure place et lorsque l’ordre sera rétabli, les mesures pourront sans doute être adoucies. Du moins, c’était ce que j’espérais. Il était normal que les Pokémons et leur détention soit contrôlés, pour éviter de donner trop de pouvoir aux délinquants et criminels. Logique.

Je laissai échapper un rire franc. “Si seulement ! Je dirais pas non à un rendez-vous. Mais non. Je dois juste passer voir ma mère.”

Et mon Lougaroc qui était avec elle, accessoirement. La bestiole était devenue complètement apathique depuis l’accident. Il était blessé, lui aussi. Surtout psychologiquement, on dirait. J’allais pas tarder à contacter une comportementaliste pour qu’il puisse enfin aller mieux, on l’espère.

“Bah quoi ? Monsieur le Champion a peur de pas tenir assez bien~ ?”, me moquais-je en voyant sa palmface habituelle devant l’idée brillantissime d’Osborne.

Je haussais un sourcil lorsque le blond laissa son holomontre dans son Théffroi et l'envoya vaquer à ses occupations. Bizarre, comme move, mais je n’allais pas relever tous les trucs bizarres que chacun faisait, sinon, on avait pas fini de tout critiquer. Déjà que j’étais une sacrée langue de pute, au quotidien.

Retour au sujet : Masha Pristi. Je pourrais disserter sur elle et son intervention à la réunion toute la soirée, mais je doute que les flics soient ravis de m’entendre baver sur notre supérieure alors qu’on était supposés se détendre un peu, et pas se donner envie de brûler sa voiture.

“Elle est pas nette, en même temps. Autant, je la connaissais que peu, avant le bordel du Festival de l’Aube. J’avais rien à redire sur elle. Elle bosse bien. Maintenant j’ai presque envie de dire que c’est le chien galeux de l’Organisation. Je comprends pas son but. Tross a bien dû approuver son projet pour qu’elle le mette en pratique, remarquez.”

Fuck Tross, j’avais envie de dire, mais mon roulement d’yeux voulait déjà tout dire. J’étais un poil contestataire, et probablement certain d’avoir de meilleures ambitions et idéaux que mes supérieurs. Plus que ces deux-là, au moins. les autres Commandants, j’attendais de voir comment ils fonctionnaient, dans ce genre de crise.

Pourquoi la Pristi m’avait clashé ? Je n’en savais rien. Je commençais à grogner de mécontentement.

“Déjà parce que ma mission d'intervention à Tôkan compte un nombre de morts et de blessés astronomique, parce que les situations d'urgence... Voilà, quoi. C'était le jour de l'apparition des Paradoxes à Kalahari, aussi. personne n'était prêt. Mais apparemment, je suis un incompétent. Qu'elle répète ça à mes collègues décédés, tiens, tsk. Puis... Parce qu’elle ne souhaite que des chiens qui lui lèchent le cul. Ou des Fleurestine Brémont qui vont dans son sens sans discuter. Ce que je ne suis pas.”

Est-ce que ma jalousie et mon envie d’être meilleur que Fleur reprenait le dessus ? Peut-être bien. Je l’adorais, mais je ne comprenais pas toujours ses positions. Cela n’empêchait pas qu’on bosse très bien ensemble et qu’on soit très complémentaires, après.

“Qu’elle soit militaire, c’est normal. C’est l’Organisation qui est comme ça. C’est pas ça le souci. Elle est juste complètement timbrée et imbue d’elle-même. Elle a l’air de tout prendre pour un jeu. Et nous, on est ses pièces.”

Mon rang inférieur me forçait à lui obéir. Jusqu’à ce que je devienne Commandant à mon tour. Elle ne pourrait plus rien me dire, en théorie. Et je pourrais l’envoyer chier sans risquer ma place, ce qui serait juste mer-veil-leux.

“A vrai dire, j’en sais rien. Ils dévoileront bien leurs origines à un moment, quand ils seront sûrs d’être proches de la Vérité. En attendant, à part attendre et se torcher la gueule pour oublier, y’a rien à faire.”, plaisantais-je en attrapant un deuxième shooter. Bien chargé. Est-ce que c’était le traître ? Aucune idée. J’avais l’impression qu’au moins un des deux avait été consommé par Sūrya Mirza. Il devait être fun, bourré. J’espère.

@Vitaly Osborne @Sūrya Mirza Shine bright