Accueil
Heian, 23h et quelques. Le soleil s'était couché depuis longtemps maintenant, et seul l'expérience me permettait d'estimer l'heure qu'il était. Quasiment tous les magasins étaient fermés, et ne restaient d'ouverts que quelques restaurants et bars. Il n'y avait sincèrement plus grand chose à y faire, et c'était naturellement que les rues du quartier avaient lentement commencé à se déserter, ne laissant majoritairement que des locaux et des gens torchés sur les lieux. Clairement, une personne aussi importante que moi ne devrait même pas s'intéresser à ce genre d'endroit… Et pourtant, c'était l'exacte endroit où j'avais envie d'être. Car après tout, pour qui sait ce qu'il cherche, n'importe quel endroit peut devenir une mine d'or.
Darwin m'avait informé plus tôt dans la journée qu'il devrait être de passage tard dans la soirée. Qui ça ? Le second d'une branche parasite qui commençait sérieusement à m'agacer depuis quelques mois. Il faisait partie de ces gens qui croyaient en la résurrection, et que Ho-Oh les sauverait. Évidemment, je savais que tout ça c'était bidon, mais ils commençaient à gagner en influence, et je préférais agir maintenant avant que ça ne devienne hors de contrôle. Voilà pourquoi j'étais là. Pour faire passer le message à cette sous-branche qu'ils feraient mieux de ne plus défier la seule branche légitime.
Ce soir-là était particulier cela dit. Pour une fois, Darwin n'était pas avec moi. À mes côtés n'étaient que Aix, l'élément clé de toute cette opération, et Cody, son Méditikka qu'il m'avait offert il y a de cela quelques semaines. Ça m'avait surpris qu'il décide de s'en débarrasser, surtout qu'ils formaient un duo inséparable à mes yeux, mais il semblait décidé, et son Pokémon également. Il m'avait dit qu'il préférait le savoir à mes côtés quand lui ne pourrait pas l'être, ce qui m'avait vraiment touché. Cela dit, si Cody semblait m'avoir accepté comme nouvelle dresseuse, j'avais encore un peu de mal à le voir comme mon propre Pokémon. Ça viendrait certainement avec le temps, et j'espérais que cette sortie puisse m'aider à m'habituer à lui.
Sous la capuche de ma cape, vêtue d'habits sportifs légers et de lunettes noires opaques pour cacher mon identité, j'attendais derrière une benne à ordures d'une ruelle sombre et étroite, assise, que ma proie arrive. Ou pour être plus précise, j'attendais que Aix et Cody fassent leur travail. Aix devait utiliser Téléport sur sa cible, et Cody le réduire au silence. Mon objectif était surtout de s'assurer que l'on ne soit pas vu. En réalité, ça n'aurait pas vraiment posé de problème si on avait été vu par l'un ou l'autre témoin. Cela dit, un témoin en liberté était un souci plus important. M'assurer qu'aucun témoin ne puisse s'enfuir, c'était ça mon rôle.
Il commençait à se faire tard, je ne savais même plus depuis combien de temps on était là, mais il semblait que notre patience était sur le point de payer. Cody m'avait indiqué de suivre son regard, et c'est là que je le vis. L'homme qu'on était venu chercher. Les mains dans les poches, l'air enjoué, il n'avait clairement aucune idée de ce qui se tramait. Au moindre faux pas, dès qu'il mettrait un pied dans la pénombre, à l'angle mort absolu de tout regard baladeur, il se condamnerait. J'en avais l'eau à la bouche rien qu'à y penser. Aix scrutait chacun de ses mouvements tandis que Cody se préparait déjà, se rapprochant du Xatu, prêt à sauter à la gorge du premier qui prendrait sa place.
Fidèle à mon poste, je continuais de vérifier que notre ruelle si peu fréquentée continuait de l'être, les laissant faire leur travail. Et avant que je m'en rende compte, j'entendais déjà quelqu'un suffoquer derrière-moi. Je n'eus aucun doute quant à ce qui était en train de se passer, mais par respect pour celui qui était sur le point de perdre connaissance, je lui fis face et, accompagné d'un sourire moqueur, lui caressait la tête alors qu'il luttait désespérément pour sa survie. Cody était en train de l'étrangler avec une telle force que j'en avais presque des remords. Enfin, presque. Les gémissements de ce connard le rendaient bien trop pitoyable pour que je ne puisse éprouver de la pitié à son égard.
Son regard était devenu vide, ses mains vides faibles, et il avait baissé ses bras. Pas de doute, il avait perdu connaissance. Cody semblait l'avoir compris également, puisqu'il avait desserré sa prise et l'avait fait basculer sur son épaule. C'était parfait, on n'avait même pas été vu durant l'acte, ce qui facilitait largement le retour aux sanctuaires. Jetant un coup d’œil par-dessus la benne à ordures, j'essayais de voir où était parti Aix. Les deux avaient échangé de place, ce qui voulait dire qu'il devait essayer de nous rejoindre, mais discrètement. S'il volait bêtement jusqu'à nous, ça risquerait d'attirer l'attention. Mais du coup, sans lui, on n'avait pas grand chose de mieux à faire. Si on voulait rentrer sans attirer l'attention, on allait avoir besoin de lui.
Hélas, avant que je ne puisse le retrouver, je sentis Cody se rapprocher. Qu'est-ce qu'il se passe ? - L'interrogeais-je en me précipitant à nouveau à l'abri des regards. Je n'eus droit à aucune réponse. Il fixait simplement l'autre bout de la ruelle. Avait-il entendu quelque chose ? Ou... Vu quelqu'un ? Il finit par m'adresser un regard, l'air de me demander l'autorisation de vérifier de quoi il s'agissait. Merde... Il y avait des chances que ce ne soit rien, ou peut-être tout bêtement un Pokémon sauvage, mais s'il y avait vraiment quelqu'un dans les parages, il valait mieux rester prudent.
Je jetais un énième coup d’œil derrière-moi, vers la rue principale, puis acquiesçais de la tête. Rester là où ils y avaient des civils qui passaient n'était certainement pas une bonne idée non plus. On avait récupéré ce qu'on était venu chercher, et à part s'exposer davantage, ça ne nous aurait rien apporté. Aix nous retrouvera. - chuchotais-je dans le vide alors que Cody s'était déjà avancé dans la pénombre. Je le suivis sans traîner, et empoignait au passage mon dernier atout : La Pokéball de Myz'. Évidemment, elle n'était pas discrète, et elle serait facilement associable à moi, mais si les choses venaient à dégénérer, je préférais avoir mon meilleur élément d’opérationnel. Si c'était le prix à payer pour faire taire ceux qui osaient se mettre en travers de ma route, alors j'étais prête à tout donner.
Monsieur, Madame,
Je vous écris ce rapport reprenant les évènements de mon investigation du Vendredi 27 octobre 2323.
Mon investigation portait sur la situation du Culte de Soleil à Koyô. La sources des étranges disparations n’a pas encore été identifié. La présence des Pokémons Paradoxes rend la tâche plus ardue encore.
Rappel de la situation passée
Lors de mon ancien contrôle à l’arène de Heian, en compagnie de la championne actuelle, Kanae Hasegawa, aucune preuve ou élément d’enquête n’a pu être ajouté au dossier.
Les éléments suivants ont été vérifiés et transmis aux services dédiés :
- Dépenses de l’arène
- Listes des challengers
- Pokémons présents
- […]
Les locaux ont également été fouillés de façon succincte. Lors de ma visite, je n’ai réperé aucune arme blanche, aucun object tranchant ou dangereux. Nous pouvons en conclure que ce sont bel et bien des dresseurs, ou des Pokémons, qui sont à l’origine de ces meurtres.
L’aspect extérieur du bâtiment était sans défauts : le jardin ne montrait aucune trace de terre fraichement déplacée ou d’autre éléments inquiétants. Inutile de préciser qu’il n’y avait aucune trace de luttes dans les locaux de l’arène, même ceux inaccessible aux publics ou au challenger.
Néanmoins, le Pokémon de la championne, une Roussil, paraissait fortement agitée et enclin à la violence : plus qu’un Pokémon lambda.
Je vous recommanderai alors de poursuivre les investigations à l’égard de Mademoiselle Hasegawa.
Investigation de ce vendredi 27 octobre 2323
Environ 22h.
Je prends le train d’Agapé. Ma tenue de civil me permet de me mêler aux autres gens, bien que les transports soient assez vides à cette heure-ci. Je prends le dernier train de la journée.
Je rejoins le district de Koyô et me dirige vers le bâtiment abandonné repéré il y a quelques semaines (dossier numéro 34920). Je fouille de fond en comble le bâtiment. Quelques traces de sang, mais aussi de feu tâchent les murs. Les photographies vous seront envoyées dans quelques jours.
23h.
L’investigation ne donne rien de plus : la police criminelle devrait délivrer son rapport dans les jours prochains. Comme prévu lors des dernières réunions sur le cas Koyô, je me dirige vers les rues ■ ■ ■ ■ ■ et ■ ■ ■ ■ ■ ■, pour enquêter sur le dossier numéro K489. Les rues sont quasiment vides.
Heureusement, j’aperçois Monsieur ■■■■. Je le prends en filature dans l’espoir d’en apprendre plus sur ses potentielles activités criminelles.
Après quelques minutes de filatures, la cible disparaît et j’aperçois un Médittika. J’entend des bruits de lutte, de suffocations, puis des pas qui se rapproche dans ma direction.
Voici les caractéristiques principales de la silhouette, dans le but d’établir un portrait-robot : Mince, environ 1m62, peau brune, visage fin, yeux recouverts de lunettes. Probablement une femme ou un adolescent. Sa longue cape m’empêchait d’en savoir plus. Ne ressemble à aucun suspect dans notre base de données.
La silhouette s’approche de plus en plus. Je me cache dans la pénombre, perdant le nouveau suspect de vue.
Le plus discrètement possible, je libère mon Psytigri. D’un regard, je lui indique de traverser la rue et de se montrer visible aux suspects. Le Pokémon sert principalement d’appats. Ce n’est pas une grande perte.
Psytsigri traverse d’un pas chancelant. Une fois dans l’angle de vision du (supposément) Médittika, il se fige.
J’en profite pour détacher mon Holo-Montre de mon poignet. La glissant dans un interstice, je prends quelques clichés de l’agresseur. Ils ressortent malheureusement flou. Je vous ai transmis ces photographies avec le rapport.
Psytsigri commence alors à paniquer. Je suis tenté à l’idée de le laisser se faire capturer pour qu’il serve d’appât.
Alors, j’attend dans la pénombre. […]
Fleur se permit un petit moment de pause, dans sa rédaction : elle voulait se souvenir de chaque élément, chaque détails qui permettrait de faire avancer l’enquête. Autant dire qu’elle passa la nuit sur ce rapport. Si elle avait écrit à la main, sa plume aurait probablement était tremblante lorsqu’enfin, elle tapa sur son ordinateur les ennuyantes formules de politesse.
Bien à vous,
Fleurestine Brémont, Lieutenant Trismegis.
HRP: défi lettre + flashback
On avait à peine marché depuis qu'on avait quitté notre planque, et pourtant Cody s'arrêta brusquement et balança au sol l'homme inconscient qu'il était en train de porter, comme si ce n'était rien de plus qu'un sac poubelle sans importance. Mais pourquoi ? Il y avait définitivement un problème. Cody n'était pas du genre à se soulager d'un poids s'il n'avait pas besoin d'être complètement opérationnel. En fait, tout cela ne faisait que confirmer une chose... Quelqu'un était dans les parages.
Je sentais qu'il était sur ses gardes, bien que je ne voyais rien de suspect à l'horizon. Je rabaissais tout de même ma capuche d'une main, et j'apposais l'autre sur son épaule pour attirer son attention. Je n'étais pas certaine de si on avait été repéré ou non, mais si j'étais certaine d'une chose, c'était que si on traînait trop longtemps, on risquait fort de le devenir. Regarde. Je lui indiquais d'un simple coup d’œil un petit passage un peu plus loin à droite. Ce chemin faisait partie du trajet alternatif qu'on avait établi avant de venir, dès fois que l'on n'ait pas le luxe d'attendre Aix pour rentrer - ce qui semblait fort être le cas. On bouge. Ma voix était autoritaire, presque agressive. Je n'étais pas stressée, mais dans ce genre d'opération où j'étais toujours à quelques erreurs près de tout voir s'effondrer, je n'avais pas très envie d'attendre qu'elles viennent à moi bien gentillement.
Mais alors que je m'apprêtais à ouvrir la marche, quelque chose attira mon attention. Quelqu'un nous regardait. Non, pas quelqu'un... Un Pokémon. Un Psystigri au vu des apparences. Était-ce lui dont Cody sentait la présence ? Pour être honnête, j'avais failli ne pas le remarquer. Cela étant, si c'était lui qu'il avait senti, alors c'était un stress en moins sur mes épaules. Se faire repérer par des Pokémons sauvages n'avait aucune sorte d'importance, tant il leur était compliqué de communiquer à des inconnus des informations dont ils ne comprennent certainement pas la signification. Pourtant, malgré le fait que j'aurais dû être soulagée par cette rencontre, je ne pouvais nier cette sensation étrange que je ressentais au fond de moi. C'était comme si ce Pokémon à l'air de plus en plus anxieux aurait dû m'inspirer pareille terreur...
Des Psystigris sauvages... Combien en avais-je vu récemment dans les environs ? Sans que je m'en rende compte, mon visage s'était crispé, probablement car le nombre auquel je pensais ne dépassait pas le zéro. Cette espèce de Pokémon ne vivait tout simplement pas à Kôyô, et j'étais bien placée pour le savoir, mais ça ne m'avait pas frappé avant maintenant. J'avais moi-même adopté ma désormais Mistigrix, faute d'en trouver à l'air libre. Mais est-ce que ça voulait dire que ce Pokémon appartenait... À un dresseur ? En une seconde, toute cette situation était devenue beaucoup plus sérieuse. Ce Psystigri, qui de surface semblait anodin, portait maintenant préjudice à toute cette opération...
Cody avait dû remarquer que quelque chose n'allait pas. Nos regards se croisèrent brièvement, et il ne fallut pas longtemps avant qu'il réalise que la présence de ce Pokémon me dérangeait, et sans avoir eu besoin d'un quelconque ordre ou justification de ma part, il s'avança vers le Psystigri. Les sourcils froncés mais les yeux vides d'émotions, telle une machine qui n'avait qu'en tête l'ordre qui lui avait été imposé, il prépara une attaque une fois à portée du petit Pokémon paniqué, et lui asséna une puissante Forte-Paume en plein dans l'estomac pour l'affaiblir.
La fuite n'étant désormais plus une possibilité, je fis à mon tour quelques pas en avant. Si le dresseur de ce Pokémon était dans les parages, alors je devais partir du principe qu'il était au courant de tout ce qu'il s'était passé, et je n'avais pas pour habitude de laisser ce genre d'informations circuler librement. J'expirais un coup, bruyamment, pour m'assurer d'être entendue. Je voulais que le dresseur m'écoute, surtout qu'il connaissait sûrement déjà ma voix, je n'avais plus aucune raison de me retenir. Sans pour autant hausser la voix, je brisais ce silence une fois pour toute.
Abrège cette plaisanterie et montre-toi. Je sais que tu es là. J'évitais bien sûr de mentionner ce que je comptais lui faire, ni même que j'avais encore des doutes qu'il soit dans les parages. Dans l'idéal, j'aurais préféré qu'il se soit barré avant d'avoir eu une quelconque information significative à mon encontre, et que ce Psystigri se soit juste perdu et se soit retrouvé, par hasard, sur ma route. Mais si j'avais appris quelque chose avec le temps, c'était que la vie était parfois bien capricieuse, même avec ceux qui travaillaient durement.
Mais son Psytsigri, c’était la victime parfaite : après tout, ce Pokémon avait l’air paniqué en permanence. Impossible qu’il trahisse son dresseur, ne serait-ce en imaginant les retombés… et au pire, ce n’est qu’un dégât collatéral. Le lieutenant n’allait pas avoir beaucoup de mal à remplacer un Pokémon totalement inutile.
Néanmoins, elle allait devoir faire quelque chose. Sa proie allait fuir. Et elle comptait bien la chasser dans les rues nocturnes de Heian, s’il le fallait. Voir même dans toute la région, s’il le fallait. Oui, c’était elle qui allait résoudre cette affaire ; elle qui allait enfin sauver ce quartier tomber dans le crime.
Et alors, de ce que Fleur voyait sur son holomontre, la silhouette s’était presque figée, face à son Pokémon Psy. Son dresseur ne bougeait pas – il n’allait tout de même pas compromettre sa position.
Puis, des mots ; une voix qui disait un peu trop quelque chose à Fleur. Pourtant, sa mémoire semblait presque compromise. Ce qui était… étrange. Mais la situation était loin d’être anodine.
Elle n’arrivait certes pas à situer la voix, cependant, elle connaissait les plans de la ville comme si c’était elle qui en avait dessinée les rues.
Elle saisit deux sphères : celle de son Archéomire… et celle de son Métamorph. C’était osé, mais autant le tenter. Un peu de risque de temps en temps, ça ne faisait jamais de mal.
Alors, de la main, elle indiqua à son Métamorph de prendre son apparence, de devenir une vulgaire copie – après tout, c’était ce qu’il faisait le mieux. La seule utilité à son espèce. En espérant qu’avec l’obscurité, leur petit criminel n’y voit que du feu. « Je suppose que je n’ai plus le choix. » Sa voix ne changeait pourtant pas : monotone, presque robotique. Fleur n’avait jamais été très doué dans tout ce qui était émotions. Néanmoins, elle ne comptait certainement pas se dévoiler aussi facilement…
Gamma s’avança dans la rue. La tête baisse, cachant son visage cartoonesque. Le dresseur, lui, avait déjà filer dans la rue adjacente, sans se laisser voir. Son but ? Prendre l’individu en étau, avec comme arme son solide Archéodong.
Sans doute que l’ennemi allait vite voir la supercherie. Peut-être, ce n’était pas ça, le plus important.
Ainsi, le dresseur fila, faisant de son mieux pour que le bruit des chaussures contre le bitume ne trahisse pas sa position. Enfin, il arriva dos à l’ennemi. Il avait une meilleure vision de la scène – et sans doute que son Holomontre, abandonnée au sol, allait prendre de magnifiques clichés de la vagabonde.
« Hypnose. » Surprise. Le type Psy se jeta presque sur le Méditikka, utilisant un rayon violacé pour tenter de l’endormir.
« On est un peu plus tranquille maintenant, tu ne trouves pas ? » Un rictus mauvais étirait ses lèvres. Pourtant, sa voix n’avait pas gagné en émotion.
« J’espère pour toi que tu as des explications. » Fleur gardait tout de même une main sur ses Pokéballs, se doutant bien que son adversaire avait plus d’un tour dans son sac. .
Il s'arrêta après quelques pas fatigué, la tête toujours baissée. Qu'est-ce qu'il essayait d'accomplir ? Je ne sais pas à quoi tu joues, mais je t- - Avais-je commencé à dire sur un ton agacé avant de m'arrêter net. Cody, lui, s'était déjà avancé, n'attendant que d'être assez proche que pour lui sauter à la gorge. Pourtant, de mon côté, quelque chose me dérangeait. Je ne savais pas si mes yeux m'avaient joué un tour, mais pendant un instant, cette personne m'avait semblé... Familière.
Une fois à portée, mon Méditikka se jeta sur lui et le plaqua au sol. Il lui coinça la tête en passant un bras autour de son cou, et se mit à serrer.
Pas trop fort. J'aimerai vérifier un truc. Et telle une machine, il relâcha légèrement la pression. C'était toujours suffisant que pour l'incapaciter, mais peut-être que j'aurais une chance de discuter un peu avec lui avant qu'il s'évanouisse.
Insouciante, je m'avançais à mon tour vers cette figure que je croyais avoir reconnue sans pour autant avoir réussi à mettre un nom dessus. Un pas après l'autre, je m'engouffrais innocemment dans son piège, aveugle quant à la présence de ce dernier. Enfin, jusqu'à ce que Cody, en remarquant quelque chose qui semblait m'avoir échappé, fronça davantage les sourcils et se remit à serrer de toutes ses forces la personne qu'il maîtrisait. Il finit par le relâcher et à le balancer sur le côté avant de se ruer derrière moi et de sonder les environs. Je n'étais pas sûre de comprendre ce qu'il passait, mais si Cody m'avait désobéit, c'est qu'il devait y avoir une raison. Que ma sécurité... Était en péril ?
Toujours confuse, mon regard fini par s'apposer sur celui qui était à mes pieds, et je compris immédiatement ce qui l'avait dérangé. En me rapprochant, j'avais enfin pu découvrir le visage de cette personne. M-Merde ! - Hurlais-je à petite voix en découvrant de qui il s'agissait. Un Lieutenant de l'Orga ! Super ! J'évitais de m'en prendre à l'Orga autant que possible, mais là c'était un peu tard pour faire machine arrière. Fais chier ! C'était un problème, un très gros problème ! J'étais furieuse. Ça n'allait m'apporter que des ennuis cette connerie ! En plus, celui-là m'avait rendu visite il n'y a pas si longtemps. J'allais me prendre encore plus de contrôles qu'av-
H-Hein... ? Mon air frustré se transforma en incompréhension. Son visage... Je n'y avais pas fait gaffe, mais à mieux y regarder... On aurait dit... Je levais la tête brusquement. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Un Métamorph !? Ce n'était donc qu'une distraction !? Ça sentait pas bon, pas bon du tout. Déjà qu'un Lieutenant mort n'allait m'apporter que des ennuis, mais un vivant et susceptible de m'avoir reconnu... Toutefois, sa disparition amenait beaucoup de questions dont je n'avais pas forcément les réponses. Enfin... Ces réponses ne tardèrent pas vraiment à arriver.
Le corps de Cody s'écroula derrière-moi alors qu'une Hypnose surprise le plongea dans un sommeil profond. C-C'est pas vrai !? Je m'étais faite avoir comme une bleue... Je me relevais doucement, tentant de masquer l'adrénaline qui m'avait envahie. Là, il avait l'air un peu plus arrogant, sûr de lui. C'était donc ça qu'il avait en réserve pour moi. Soit, j'allais devoir ruser, mais je savais que si je jouais bien mes cartes, je pouvais m'en sortir.
Je réfléchis à chaque mot que je m'apprêtais à prononcer. Un pas de travers, et tout pouvait déraper. Surtout qu'il semblait toujours sur ses gardes. Alors, malgré mon envie de lancer une violente pique contre l'Orga, je me retins. Je me contentais de croiser les bras et de m'adosser au mur le plus proche. Pendant tout un temps, je ne dis rien, et laissait le silence monopoliser notre discussion. Finalement, je me décidais à nous libérer de ce poids. J'imagine que oui, en un sens, nous sommes plus tranquille. Après, je ne vais pas te mentir, j'apprécierais que ton ami ne me regarde pas comme ça. - Disais-je sur un ton léger qui était complètement déplacé au vu de la situation, tout en pointant du doigt son Archéodong.
Alors que je tentais de gagner du temps sur le sommeil de Cody, j'essayais déjà d'anticiper la suite des événements. Hélas, le seul plan que j'avais trouvé semblait risqué, et monologuer n'allait pas faire des miracles, surtout que je gardais en tête qu'il enregistrait peut-être tout notre échange. Réfléchissant encore un temps, je poursuivais. Après tout, si le silence lui devenait trop insupportable, il forcerait une action qui pourrait ne pas m'arranger.
J'imagine que si je te dis qu'il a fait un malaise et que je le ramenais juste chez lui, tu ne vas pas me croire ? Mon ton était sérieux, et même si une once de taquinerie pouvait se laisser ressentir dans ma voix, je n'en arborais pas l'expression. Je finis par me décoincer du mur et, sans mouvement brusque, m'avançait doucement vers mon Méditikka. De toute façon, je ne sais pas à quelles genre d'explications tu t'attends. T'as pas l'air d- - Je m'arrêtais dans ce que je disais. Non, ce n'était pas l'heure pour du sarcasme. C'est pas difficile de faire le lien avec les rumeurs qui traînent en ville.
J'étais arrivée à côté de Cody. Déstresse, Princesse. - Avais-je tenté de le rassurer d'un signe de la main tout en me baissant, m'étant par ailleurs laissée tenter par un petit surnom. Même si j'en avais après toi, je n'ai pas de quoi me permettre de tenter quoi que ce soit. Je passais ma main sur le corps de Cody, l'inspectant pour voir s'il avait blessé sans que je m'en aperçoive. Alors que je continuais de vérifier ce fait, je poursuivais la conversation. Cependant, j'espère pour toi que tu n'imagines pas que je suis venue seule. Tu t'imagines bien que ce n'est pas mon petit passe-temps du soir avant d'aller me coucher. Enfin, j'ose espérer que ce n'est pas ce que tu t'imaginais.
Je finis par me relever. Cody ne semblait avoir reçu aucune égratignure - ce qui était rassurant -, mais je ne pouvais par contre pas me permettre de rester trop longtemps à ses côtés sans que ça paraisse louche. Je peux te poser une question, Princesse ? Je devais avouer que ce petit nom que je lui donnais était des plus ridicules, mais il m'amusait beaucoup. J'essayais de rester sérieuse, bien sûr, mais je n'avais pas tout à fait le temps de peser le poids de chacun de mes mots. Mon plan était sur le point d'entrer en marche, et je devais me concentrer sur ce que je faisais.
Si tu essayes de m'arrêter, c'est bien car tu te soucies de la vie de cet homme, pas vrai ? - Disais en indiquant l'homme à quelques pas de lui. Puis, un air malicieux, je laissais ma voix basculer dans une arrogance crasse et un ton bien plus sinistre. Donc j'imagine que s'il était mort, il n'y aurait plus de problème, pas vrai ? - Je laissais cette idée se glisser dans son esprit. L'idée que depuis le début, l'homme qu'il pensait sauvé avait déjà perdu la vie. Après tout, mon Pokémon l'avait bien jeté au sol comme s'il était déjà crevé, non ? Je fis d'ailleurs quelques pas sur la gauche, m'éloignant de ma victime sans pour autant m'éloigner du Lieutenant, cherchant à subtilement le convaincre que le pire était plausible.
Ce n'était qu'un bluff, bien sûr, mais s'il tombait dedans, alors mon plan était tout tracé. Mes bras à nouveaux croisés, je gardais ainsi mes mains prêtes à plonger dans les poches de ma veste à attraper une Pokéball à la moindre chance que j'avais. Tout ce qu'il me fallait, c'était un moment où il baisserait sa garde. C'était tout ce dont j'avais besoin. Juste une seconde d'inattention. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était prier pour que ça marche.
De toute façon, tous les coups étaient bons pour faire régner la justice, non ?
Bon, Gamma avait subit quelques attaques et dégâts, mais ça, ce n’était pas son souci.
Surprise pour l’ennemi, Fleur était arrivée dans son dos. Maintenant, le vrai affrontement allait débuter.
Un blanc, un silence profond saisis la rue, les alentours. Et Fleur zyeutait son rival, son opposé, attendant presque une réaction de sa part. Quelques mots s’échappèrent finalement de la bouche du lieutenant. « C’est un peu dur de trouver des excuses, maintenant, non ? »
Son visage, son ton étaient quasi inexpressif – mais on pouvait quand même déceler une pointe de sarcasme. A ses côtés, son Archéodong gardait pourtant le même air froid, mécanique. Visiblement à l’affut de chaque geste, chaque mouvement suspects.
Un rictus apparu sur les lèvres du roux, lorsque l’ennemi repris la parole. « Désolé. Je crois qu’il est tiraillé entre le fait de te laisser partir en un seul morceau, ou en pièce détachées. » Phrase glauque et flippante, mais ça, c’était plutôt habituel quand on connaissais la dresseuse. Son interlocutrice paraissait d’ailleurs perdre de son calme, de sa sérénité. Mais qui était cette personne ? Elle était sûre de l’avoir déjà vue, et c’était des plus désagréables de voir sa mémoire la faillir – elle qui avait compté sur elle toute sa vie.
« Tenter quoi que ce soit ? Il me semblait t’avoir vu commettre des choses illégales. Les homicides et agressions, ce n’est malheureusement pas encore autorisée. T’attends-tu vraiment à ce que je te laisse filer ainsi ? Que tu sois seule, ou non, je m’en moque pas mal. »
Ses questionnements étaient presque amusants, à ses oreilles. « Je suppose que je n’ai pas le choix. En espérant que ce ne soit pas tes dernières paroles. » Sourire mauvais. Des menaces ? Peut-être.
Est-ce que l’ennemie la voyait si gentille, pleine de bonnes volontés.
« Dans les faits, peut-être. » Fleur marqua une pause. « Mais tu crois vraiment que c’est un dégât collatéral qui va m’empêcher de poursuivre ma mission ? Ce que je veux, c’est te ramener à Bedwyr, te faire croupir en prison et enfin boucler ce dossier. Qu’il y ait un meurtre de plus, ça, je m’en moque pas mal. Qui pourrait prouver ma culpabilité, de toute façon ? »
« Je suis lieutenant, pas un vulgaire moucherons, pas un sbire. Les informations, c’est moi qui les construits. Les rapports, c’est moi qui les écrits. »
« Je me ferais un plaisir d’écrire que tu as malheureusement perdue la vie durant cet affrontement. »
Un geste, puis un nouveau Pokémon fit son apparition sur le terrain – son Garde-de-Fer, obtenu quelques semaines auparavant. C’était la première fois qu’elle l’utilisait au combat : les technologies de l’Organisation étaient encore en phase de développement, ce qui rendait la bête encore très … explosive.
« Eclat Magique. Janus, Bouclier. » Comprenant ces ordres quelques peu cryptique, l’Archéodong se plaçant devant son dresseur, pour le mettre à l’abri du combat.
Quant au Pokémon Paradoxe … le pseudo-Gardevoir émit un cri, un grognement bestial, avant de s’enveloppé d’une lumière rose. L’attaque est aussi bien destinée au Méditikka, qu’à sa dresseuse – et elle allait devoir rapidement éviter, si elle ne voulait effectivement pas finir très prochainement entre quatre planches.
Quelque chose me fit tiquer dans ce qu'il dit. "Malheureusement"...? Comment ça "Malheureusement" ? Depuis quand un lieutenant de l'Orga balançait ce genre de truc ? Et pourquoi est-ce qu'au lieu de me conforter dans la médiocrité de leur système, j'y voyais davantage une menace en la personne qui me faisait face ? C'était comme si tout cela n'était rien de plus qu'un jeu pour lui. Même l'idée qu'il puisse être seul contre tous ne semblait pas l'atteindre.
J'avais envie de rire. C'était quoi ça !? Mais non, je devais rester calme. Au plus j'en montrais, au plus je risquais de me foutre dans la merde. Sauf que... Il avait l'air trop à l'aise. Je détestais ça. Comment pouvait-il être si apathique !? N'étais-je pas la personne qu'il cherchait justement ? Il aurait dû être extatique de me croiser, ou inquiet pour la victime, ou en colère ! Pourtant, je ne ressentais pas ces émotions de sa part. Comment c'était possible qu'il s'en moque autant ? Il avait définitivement un problème dans sa tête celui-là.
J'étais ailleurs pendant un moment, concentrée à essayer de cerner l'énergumène en face de moi, et c'est là que ça a dégénéré. Il libéra un nouveau Pokémon, et immédiatement je me sentis faire un pas en arrière. On aurait dit un Gallame... Non, un Gardevoir ? En fait... On aurait dit les deux à la fois. "Un... Paradoxe ?" Ça ne valait même pas la peine que je le questionne sur la raison de sa possession d'une telle créature. Déjà parce qu'il avait l'air suffisamment timbré que pour pouvoir me sortir tout et n'importe quoi comme raison, mais aussi parce que...
Des ordres venaient d'être donnés. Je compris immédiatement que l'attaque n'était pas destinée qu'à Cody, mais également qu'il ne serait pas capable de l'esquiver. Surtout que la ruelle n'était pas très large... Il fallait agir, et vite ! Je ne pouvais pas rester sans rien faire et laisser cet arrogant prendre le dessus. Alors je me précipitais aussi vite que possible vers Cody et, une fois arrivée devant lui... "Q-Qu'est-ce-qu" Quelque chose me frappa violemment de toute part avant que je n'ai le temps de laisser évacuer toute ma stupeur.
Je poussais un grand cri de douleur. Une myriade de rayons lumineux m'avait assailli de toute part, ou du moins c'est ce que j'en avais compris, ayant été presque aveuglée par l'attaque. À contre-cœur, je refis quelques pas en arrière, mais cette fois-ci, ce n'était plus tellement à cause de ma surprise. Non, j'avais juste putain de mal, et j'avais du mal à garder l'équilibre. Tout ce à quoi j'arrivais à penser, c'était "Ne tombe pas". J'avais trop peur qu'en mettant un genou à terre, il ne creuse l'écart et que c'en soit fini de moi.
Ma cape avait été partiellement déchirée dans toute cette putain d'histoire. M-Meeerde ! SALOPE ! JE VAIS TE LE FAIRE PAYER ! JE VAIS TE CREVER ! J- Urgh... Ça faisait si mal. Machinalement, j'avais ramené ma main droite à mon ventre, et... Du sang. Putain, je saignais. Je n'avais pas la moindre idée de si c'était grave ou pas. Ma respiration était saccadée en tout cas. Ça ne pouvait rien présager de bon. Je... Je devais faire quelque chose. Je devais trouver une solution pour m'en tirer.
Rapidement, je déplaçais ma main dans une de mes poches, et agrippait la Pokéball de Myz'. C'était loin d'être idéal, mais je craignais que si je ne la déployais pas maintenant, j'allais crever ici. Je grinçais des dents. Quelle horreur. Ce n'était même pas une bonne solution. Soit je me faisais tuer ici, soit je sortais Myz' et j'allais devoir battre toute l'équipe d'un Lieutenant de l'Orga... Quelle belle soirée de merde ! Si j'avais sû comment ça allait se finir, j'aurais demandé à Darwin de m'accompagner.
Mais... Mais oui, c'est ça ! Si j'arrivais à le joindre, peut-être que tout n'était pas perdu. Il pourrait venir, m'aider à réduire au silence ce connard, et se charger des deux corps. Enfin, c'était plus facile à dire qu'à faire. Mes blessures avaient beau ne pas m'empêcher de bouger, elles allaient clairement me ralentir. Peut-être que si j'arrivais à gagner juste assez de temps pour qu'Aix nous retrouve, je pourrais au grand minimum m'enfuir ? Oui, j'allais faire ça.
Je fronçais les sourcils, et laissant passer un énième couinement de douleur, je relevais la tête. "Donc laisse-moi résumer la situation." - Avais-je commencé à lui répondre, à moitié arrogante, à moitié pitoyable. "Tu es un lieutenant mais tu veux enfreindre la loi. Tu m'accuses de crimes mais tu n'as aucune preuve concrète de ma culpabilité. Et tu es prêt à te jeter sur moi sans avoir la moindre assurance que tu en ressortiras en vie." Un rire moqueur et dédaigneux échappa à ma bouche. "T'es quoi, exactement ? Attardé ?"
Cette dernière insulte venait du cœur. C'était comme si toute la haine que je contenais d'habitude envers l'Orga était sortie dans ce seul mot. Peut-être que l'insulter n'était pas la meilleure des idées cela dit, mais c'était si bon. J'en avais plus grand chose à foutre de le cacher de toute façon.
J'eus un léger moment d'incompréhension alors que je sentais mon corps basculer vers l'arrière. Mes jambes m'avaient-elles lâchées ? Non, ça devait être autre chose. Je finis par comprendre une fois arrivée au ras du sol. Les petits rebonds et la distance qui se créait entre moi et le lieutenant aurait déjà dû être suffisant à comprendre, pourtant, je baissais quand même la tête pour regarder dans sa direction. M-Merci. - M'adressais-je à mon Méditikka en lui tenant délicatement son oreille gauche.
Il avait emprunté le trajet initial - celui qu'on avait prévu et qui évitait les endroits les plus fréquentés -, essayant de m'escorter en sécurité, un bras dans mon dos, l'autre sous mes jambes pliées. Je me demandais comment c'était possible qu'il soit toujours d'aplomb après l'attaque du Pokémon Paradoxe, puis ça me parut comme une évidence. Dans toute ma maladresse, j'avais dû servir de bouclier à Cody. Il avait dû se réveiller peu de temps après ça et avait dû comprendre que j'étais en danger.
"Continue de courir. T'arrêtes pas." La douleur me reprit. C'était presque comme si, en léguant la responsabilité de ma sécurité à Cody, tout mon corps avait cessé de lutter contre la peine que me faisaient ressentir mes blessures. 'fait chier ! Sans le vouloir, je resserrais ma poigne au niveau de son oreille. "On doit retrouver Aix." - Lui avouais-je, le regard perdu dans celui qui m'avait pris pour cible. Il n'y avait aucune chance qu'il me laisse partir aussi facilement, même si ça voulait dire laisser l'autre type derrière.
Non, Fleur était en position dominante. C’était elle qui allait nettoyée Ahovu de ce genre de scélérat – quitte à ce qu’il y ai un peu de dégât collatéraux.
Enfin, là, c’était le moment du combat. La cible paraissait étonnée, surprise, dans l’incompréhension. Fleur n’en ressentait que plus de puissance. Tremble, regarde-moi dans les yeux, je sais que tu as peur. Cachée derrière son Archéodong, Fleur ne risquait quasi-rien. Mieux encore, elle était à la première place pour assister à la déchéance de sa cible.
Le piège était déjà amorcé ; Des attaques de Paradoxe, sur un humain ? Est-ce que c’était bien éthique ?
Elle n’en avait rien à faire. Est-ce que tuer des gens, c’était éthique ? Est-ce que détruire des vies au noms d’un dieu Pokémon qui n’a aucun intérêt pour les humains, c’était éthique ?
Non – l’Histoire ne retenais toujours qu’un seul héros, qu’un seul vainqueur : et cette fois-ci, ça allait être l’Organisation.
Le sang. Le rouge éclairait presque la route, les environs. Cette couleur vermeille, aussi écarlate que les yeux de Fleur. Pourtant, ça ne lui faisait presque rien – les personnes normales ressentiraient peut-être un dégout, de la peur, mais elle … quasiment rien. Juste un arrière-goût de satisfaction, de travail bien fait. Ses paroles, elles n’avaient aucune importance, à ses yeux.
« Est-ce que tu tentes de m’énerver ? De sauver la situation en me faisant perdre mon calme ? » Une esquisse de sourire étira ses lèvres. « Désolé pour toi, mais ça ne va pas se passer comme ça. »
On l’avait déjà insulté bon nombre de fois, dans sa vie. Souvent, surtout dans son enfance, elle avait l’impression d’être une anomalie, de ne pas être normale. Puis, elle avait appris à fonctionner comme les autres, à les brosser dans le sens du poil, et tout cela c’était stoppé.
Maintenant, ça ne lui faisait plus rien. Parfois, peut-être une maigre pression, dans son cœur, comme si elle était encore un peu cet enfant incompris, dans le fond – mais jamais plus que quelques secondes.
« Hypn—» Le lieutenant se stoppa, en voyant sa cible … s’éloigner de lui ? Il se mordit rapidement la lèvre, avant d’annoncer de nouveaux ordres.
« Janus, suit-les. » L’Archéodong, comme une machine, s’éloigna, lévita pour suivre le trajet de l’ennemi. D’un geste, Fleur rentra son Paradoxe dans sa sphère, avant de suivre le Pokémon Acier.
Pourtant, dans la nuit sombre, le duo semblait aller plus vite qu’eux. A bout de souffle, Fleur s’arrêta dans sa course, avant de lâcher un discret juron.
Un échec ? Il semblerait bien, mais … la jeune femme avait laissée des choses derrières elle.
« Janus, retournons en arrière. »
« Je n’ai pas envie que ces traces de sang disparaissent. » Puis, elle devais s’occuper de la victime, accessoirement.
Alors, elle revint sur ses pas – acceptant, pour le moment, son échec. Mais satisfaite de pouvoir au moins apporter des preuves supplémentaires à ce dossier. Et puis, avec un peu de chance, toutes les blessures infligées étaient suffisantes pour achever la criminelle.
Pendant ce temps, Cody ne montrait toujours aucun signe de s'arrêter. Une vraie machine, ce Pokémon. Ça se voit qu'il a été entraîné par Darwin... "Prends à droite et a-" La douleur me reprit, et je me recroquevillais momentanément. Quelle connerie ! Je n'avais pas le temps pour ça. "Et arrête-toi. Il faut qu'on le retrouve." Je n'avais pas mentionné son nom, mais c'était évident que je parlais d'Aix.
Sans même hocher de la tête, mon nouveau Pokémon fit comme ordonné. Il prit à droite, puis me déposa dans un endroit à l'abri des regards. "Merci." C'était dur, mais ça allait le faire. J'avais de quoi me faire soigner aux Sanctuaires. Ma seule crainte du moment, c'était les séquelles que ce combat allait me laisser. Si elles étaient trop importantes, ça n'allait pas me faciliter la tâche. Je ne pouvais pas montrer que j'étais blessée. Ça attirerait les questions, voire les suspicions.
Je ris légèrement du nez en m'apercevant que je ne savais déjà plus où était Cody. Il devait sûrement avoir grimpé sur le toit de la bâtisse derrière-moi. En hauteur, retrouver Aix sera plus simple. Après tout, c'est comme ça que lui nous retrouve d'habitude. Il n'y avait donc rien de mieux à faire qu'attendre.
Je repensais à notre rencontre. Oui, ce lieutenant m'avait déjà l'air bizarre la première fois que je l'avais vu, mais aujourd'hui... C'était une toute autre histoire. Il a un gros problème mental. Comment ça se fait qu'un type comme lui soit arrivé si haut ? S'il était borderline à ce point, il devait forcément compensé ailleurs... 'Fais chier ! Je préfère ne pas me débarrasser des lieutenants autant que possible, mais si l'occasion se présente, je ne vais peut-être pas avoir le choix que de m'occuper de lui...
Aucun stress. Aucune pression. Aucune hésitation. Il a agit exactement comment il aurait dû. Et si ça n'avait été pour le brio de Cody dans sa fuite, j'aurais pu mourir ici... J'ai été trop imprudente. Je ne peux plus me le permettre. Il faut... Que je me trouve plus de Pokémons. Dès fois qu'une situation similaire se reproduise.
L'espace se tordit sous mes yeux, puis rapidement apparurent Cody et Aix. Une téléportation, hein ? J'eus un léger rictus. "Ravi de vous revoir, vous deux." Je levais une main pour caresser la joue de Cody qui s'était rué à mes côtés. Malgré l'expression neutre de mon Xatu, je pouvais ressentir une légère inquiétude au fond de lui.
"Bon, allez. On rentre. Il fait froid ici." Évidemment, entre mes blessures et ma cape déchirée, l'air frais de cette soirée ce faisait un peu plus ressentir. Cody me souleva à nouveau du sol, et me porta de la même manière que tout à l'heure - un bras sous les jambes, l'autre sous mon dos -, tandis qu'Aix s'envola doucement pour se rapprocher de nous, puis se posa.
L'espace se tordit autour de nous.
Il n'y a plus personne.
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