Haute-Uthyrgham, début de soirée. Sūrya sortait à peine du travail, ce qui se voyait sans doute à son regard las et un poil fatigué. Enfin, c’était son quotidien, et il ne devait pas s’en plaindre. En comparaison a d’autre personne, sa vie était loin d’être difficile.

Sa mallette à la main, son premier Pokémon sur l’épaule, l’homme s’avançais dans les rues de la ville volante. Il se sentait toujours à part dans cette cité utopique … comme beaucoup de gens, sans doute. Puis, il tendit l’oreille. Il se passais quelque chose d’anormal. Et il n’avais pas besoin d’un sixième sens pour s’en rendre compte.
Un soupir franchit ses lèvres, avant qu’il n’accélère vers la source du bruit.

Il ne m’y pas bien longtemps à comprendre la situation, même si pour lui elle était particulièrement suspecte. Une femme, hurlant sur un jeune homme, pointant du doigt son Trousselin. Sans doute son Pokémon. Les Bedwyrois n’étant déjà pas très enclin à laisser ces créatures partager leurs rues … c’était encore pire lorsqu’elles se faisaient remarquer. Les Trousselin était connu pour être assez voleur, tout était donc assez compréhensible pour l’inspecteur ; un vol de clé. Oui, il se souvenais avoir déjà traité ce genre de cas. Stupide et qui faisait beaucoup de bruits pour rien …

Enfin, il reporta son attention sur le dresseur en question. Car des possesseurs de Trousselin, il n’en connaissais pas tant que ça. Il fallait dire que c’était ni mignon, ni fort. Donc, pas très populaire.

Et … sans grande surprise, il le reconnu. D’une voix neutre, il prit enfin la parole, s’interposant dans le conflit.
« Niko Oneiros Neos. Encore ton Trousselin. » Un soupir franchit ses lèvres. Car, oui, ce n’était pas la première fois qu’on chopais son Pokémon à faire les poches aux passants. Même si pour le coup, c’était la première fois qu’il l’attrapais en plein acte. Rien de bien grave du point de vue du spécialiste eau, même sil voulais forcément que la situation se règle vite.
Et il ne savait pas forcément comment s’y prendre, car la victime semblait bien prête à projet le pauvre trousseau de clés dans les cieux de la cité volante. Lui, il comprenais les situations, mener des enquêtes, mais … calmer des gens, c’était loin d’être sa spécialité.

« Madame, sil vous plait … calmez-vous. Je crois bien qu’il y a méprise. Ce dresseur est tout autant une victime dans cette affaire. »
Oui, il était toujours infiniment sérieux, ce Sūrya. Et après, on se demandais encore pourquoi il n’avais pas d’amis.

Niko faisait de son mieux pour se démêler de cette histoire … Néanmoins, ça ne semblait pas vraiment suffire. Surya n’avait pas encore de solution toute trouvé pour calmer la femme, ayant déjà repris la parole. « C’est honteux, je vais porter … ! »

Heureusement, une idée lui vint enfin en tête, alors qu’il stoppa poliment son interlocutrice. « Ne vous inquiétez pas. Je vais m’en occuper. » Comme si c’était le geste le plus naturel du monde, le spécialiste eau sortit son badge de policier pour ainsi le dévoiler au grand jour.

« Je vais aller au poste. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez me laisser faire. » Son ton sérieux, presque grave, eu raison de la colère de la jeune femme, qui parti finalement, non sans lâcher un regard noir vers le plus jeune.
Voulant être le plus convainquant possible, Sūrya posa sa main sur l’épaule de l’autre champion, voulant un peu l’éloigner.
Jusqu’à ce qu’il reprenne la parole. « Ne t’inquiète pas. Je mentais. » De toute façon, le Trousselin était déjà connu de la police de Bedwyr et il ne pouvait pas y faire grand-chose … Encore une raison de plus de ne pas encourager la présence de Pokémon. Il soupira discrètement. L’opinion du district était encore très mauvaise sur ces créatures.

Onigiri, sur son épaule, restait curieux vis-à-vis des deux autres. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait le type acier, mais le Nigirigon était toujours très avenant avec les autres. Ne se voyant pas trop lâcher le champion en plein milieu de la rue, ses yeux se posèrent sur un petit bar, simple.

« Pour la peine, je ne dirais pas non à un verre gratuit. » Est-ce que c’était … une taquinerie ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Reste que l’inspecteur avait envie d’un peu se détendre, et dans le fond, il voulait aussi faire plaisir à son Pokémon, avide de connaitre le trousseau de clé problématique.
Bref, sans trop attendre la réponse du plus jeune, il s’installa à une table extérieure, cherchant déjà son paquet de cigarette dans sa poche.

Surya, du coin de l’œil, avait bien vu la détresse du jeune homme. Il s’en voulait un peu de le faire paniquer ainsi, mais il commençait à bien cerner le champion de Tôkan.
Le garçon avait d’ailleurs les mêmes mauvaises habitudes que lui concernant la nicotine, mais ce n’était pas l’inspecteur qui allait lui faire la morale.
Il haussa les épaules. Mensonge ou pas, il y avait peu de chance que la femme en question revienne pour des explications. Et dans tous les cas … nombreuses étaient les plaintes sans suites. Surya était le mieux placer pour le savoir.
« Je ne pense pas que tu ais de soucis à te faire. » Ne savant pas trop comment s’adresser à son interlocuteur, il se contenta de le suivre dans le tutoiement. De son côté, Onigiri fut satisfait d’avoir une réponse du côté du trousseau de clé, mais s’il paraissait un peu suspicieux. Est-ce que le type acier était vraiment si stupide ? Ils c’étaient déjà croisés à plusieurs reprises, pourtant !

Une fois en terrasse, le Pokémon poisson se permit de s’étaler sur la table. Son dresseur était de toute façon habitué. Surya s’alluma une cigarette, et la porte à ses lèvres. Il était déjà suffisamment mal à l’aise pour se sentir un peu anxieux ; il craignait que le silence soit pesant, car il n’était clairement pas la meilleure personne pour faire la conversation.
Niko se sentait obligé de s’excuser, mais c’était déjà de l’histoire ancienne pour l’autre champion.
« Ce n’est pas un drame. On ne peut pas toujours contrôler le comportement de nos compagnons. » Et ce n’était pas le but, d’ailleurs. Ce n’étaient pas des jouets, ni même des armes. Et même si en face de lui, il y avait un autre champion, il mesurait avec le plus grand soin ses mots. Il était de l’Organisation. Il avait certaines… valeurs à respecter.
Le plus âgé avait déjà détourné le regard. Comme quoi, c’était lui le plus inadapté socialement, dans cette histoire. Il se contenta d’emplir frénétiquement ses poumons de fumée, les yeux un peu dans le vague. Rien qui sortait vraiment de l’ordinaire en ce qui le concerne.

Puis, une question sur le travail. Surya ne savais pas vraiment comment répondre, alors, quelques instants passèrent avant qu’il ne daigne reprendre le parole. Il ne pouvait pas donner beaucoup de détails, la plupart des informations étant confidentiels.

« Bien, je suppose. » Neutre, sans expression, peut-être un peu imposant. Bref, il avait probablement l’air très froid, mais ce n’était pas son intention, ni même ce qu’il ressentait. Il était juste gêné.
Enfin, la serveuse vint prendre leurs commandes, ce qui donna l’occasion au champion de reprendre encore une fois la parole. Du coin de l’œil, il surveillait Onigiri, empiétant sur l’espace vitale de l’autre champion pour s’approcher du Pokémon trousseau de clé.

Kleis et Onigiri semblaient déjà proche ; et ils se connaissaient depuis un moment, d’ailleurs, même si le trousseau de clé semblait un peu trop stupide pour s’en souvenir.
Vouloir … les contrôler. Surya baissa les yeux. Oui, il était d’accord. Avec Niko, pas avec toute les actions de l’Organisation, mais qu’est-ce qu’il pouvait bien y faire, à son échelle ? Il n’était qu’une petite pièce dans l’engrenage de Trismegis. Il acquiesa que d’un silence, lourd de sens. Il ne pouvait pas s’en opposer à voix haute ; on était jamais trop prudent.

Peut-être par mimétisme, le champion eau commanda lui aussi une boisson alcoolisée. Ça ne pouvait pas faire de mal, non ? Il connaissait sa résistance (très mauvaise) à l’alcool, mais il avait décidément bien besoin de se détendre de temps à autre. Entre ça et la cigarette, il avait un peu trop de vices à son goût …
Sans surprise, ce fut le plus jeune qui repris la parole en premier. Surya l’écoutait d’une oreille attentive. Il aimait bien se sentir utile, dans le fond, et puis … ça ne devait pas être bien compliqué. Il avait passé quasiment toute sa vie en compagnie de Pokémon. C’était même plus ou moins les êtres vivants dont il était le plus proche, actuellement. Sans doute que le fait qu’il était quasiment muet comme une carpe n’aidait pas beaucoup à se faire des amis.

« Je peux t’aider. Mais je ne te promets pas d’avoir la réponse à tout. »
Un sourire discret se dessina sur les lèvres du dresseur à la vue de l’affection que son premier Pokémon recevait. Il se sentait en confiance ; en même temps, c’était aussi un champion. C’était déjà un gros point commun.
Puis, les boissons arrivèrent … en espérant que Niko pose vite ses questions, sinon l’inspecteur de police n’allait pas rester sobre longtemps. Déjà, il se cachait un peu dans son verre, laissant couler quelques gorgées dans sa gorge.

Niko allait visiblement déblatérer un bon moment : ça ne dérangeait pas le champion eau qui, à défaut de savoir faire la conversation était une bonne oreille. Il faisait alors de son mieux pour être attentif, même si ses neurones commençaient, lentement mais sûrement, à décéder sous l’assaut de l’alcool.
Néanmoins, sa matière grise était visiblement encore assez active, Surya tiqua. Oui, quelque chose ne lui allait pas.

« Tu devrais changer de sujet. » Trop sec, sans s’en rendre compte, le plus âgé reprit la parole avec quelques secondes de silences très pesantes.

« Tu vas sans doute t’attirer des problèmes, à développer sur cette question. C’est dangereux. » Il baissa les yeux, fuyant presque son regard. Il devait faire attention à ce qu’il disait ; il en avait bien conscience. Mais … la question lui tenait à cœur. Ecume … est-ce que c’était ce lien que le Millobellus avait avec sa mère qui l’a fait revenir à ses côtés ? Le spécialiste eau se posait souvent la question. L’effet de la substance dans son corps commençant déjà à faire effet, Surya sentait une vague d’émotions l’envahir. Il ferma les yeux quelques secondes, avant de se reprendre. Prudent, il jeta un coup d’œil aux alentours. Peut-être paranoïaque, même, mais il ne voulait pas être écouté.

« Je pense … que tu as raison. Que les humains et les Pokémons ont le potentiel de faire ressortir aussi bien le bon … que le mal présent en chacun. L’organisation agit sur la peur, car on ne peut être sûr de rien » Bien et mal … des notions arbitraires, de toute façon.

« Mais ce n’est pas un point de vue accepté ici. Il faut que tu y réfléchisses. » Et voilà que la conversation était déjà devenu très grave … comme quoi, l’inspecteur avait vraiment le don pour saper l’ambiance. Il soupira, blasé par sa propre façon de réagir. Il se sentait un peu coupable.

« Excuse-moi. Je me doute bien que tu travailles sur ta thèse depuis de nombreux mois. »

Sūrya y était peut-être aller un peu fort … en tout cas, c’était son impression et il commençait lentement mais sûrement à s’en vouloir. Oui, il ne voulait surtout pas que Niko prenne des risques avec ce sujet, bien que l’inspecteur le trouvais des plus intéressant. Mais il devait prendre en compte le district dans lequel il étudiait. Les gens de Bedwyr étaient fermés au remise en question, aux critiques sur leurs façons de voir des choses. Qu’est-ce qu’il pouvait y faire ? Le spécialiste eau était peut-être pessimiste, mais il repensait déjà à toute ces personnes, disparues du jour au lendemain …

« Tu devrais quand même … faire attention. » Un simple conseil, car il ne savais pas trop quoi rajouter de plus. Le jeune homme était bien décidé, ce n’était pas lui qui allait l’arrêter. Sans doute que Sūrya n’aurais pas dû donner son avis, mais il ne voulait s’empêcher d’être inquiet. Et de la même façon, il ne pouvait pas contredire de façon évidente l’Organisation. Quelle crédibilité pourrait-il avoir après ça ?

Mais le garçon était comme lui, c’était sans doute ça, qui lui faisait peur ; idéaliste au possible, voulant changeant les mœurs coûte que coûte. Ils étaient tous les deux champions, après tout. Il pensait que ça pouvait fonctionner … le champion eau hocha la tête. Il ne savait pas vraiment quoi rajouter. Il craignais déjà que Niko le vois comme un homme rabat joie, mais … lui aussi, il aimait ses Pokémons, lui aussi, il voulait une harmonie entre les deux peuples. Alors pourquoi tout le monde critiquait la voie qu’il avait choisi ?

L’imitant, Sūrya recommanda une boisson. Ses joues étaient rouges, déjà, mais il avait besoin d’encore un peu d’alcool pour étouffer son angoisse envahissante.
Niko n’était pas mieux, et … le plus âgé s’étouffant presque dans sa boisson, les joues d’autant plus rouges. « Niko, tu … tu devrais éviter de t’exprimer comme ça … ! Surtout en public … ! » Il se passa une main sur le visage, honteux. Il n’aimait pas ces regards suspicieux portés sur eux !
« Je sais que … Bedwyr est loin d’être parfait … mais ce n’était pas une raison… » Il porta une nouvelle cigarette à ses lèvres, les yeux brillants. Il n’était vraiment pas un exemple de sobriété, à l’heure actuelle …

Niko semblait voir sa prudence comme un moyen de se protéger … Néanmoins, ce n’était pas vraiment l’attention de Surya. Non, il pensait surtout à l’autre champion et voulait lui éviter le plus de problème possible. Ça l’embêtais un peu, qu’on le vois si … égocentré. Sans savoir quoi répondre, le spécialiste eau hocha la tête. De toute façon, il ne sentait pas capable de le faire changer d’avis. Et à sa place, est-ce qu’il voudrait vraiment changer de thème, comme ça ? Il aurait probablement la même réaction, alors il ne pouvait rien dire.

Et puis … Tôkan ? C’était vrai qu’il venait de là-bas. Surya n’avait jamais mis beaucoup les pieds dans le district de glace, mais il pouvait au moins saisir la comparaison.
« Les gens … n’ont pas les mêmes mentalités, ici. Tu finiras par t’y faire. Tout n’est pas si … noir et blanc… » Une réponse premier degrés et sérieuse, rien de bien étonnant venant de la part de l’inspecteur. Est-ce qu’il était rasoir ? Sans doute. Il ne s’en rendait même plus compte, avec le temps.

Pourtant, il commençait lui aussi à dérailler sous le poids de la boisson. Un sursaut le pris, en voyant l’autre … s’écrouler sur la table ? Inquiet, il leva une main vers le plus jeune, craignant qu’il ne se réveille pas, et … c’est ce qu’il fit, a peine quelques instants plus tard. Il n’avait pas eu le temps de réagir, son temps de réaction ayant été déjà beaucoup affaibli. Il avait le regard humide, ce qui trahissait son manque de sobriété.
Avec sa stature, on pourrait s’attendre à ce qu’il soit très résistant à l’alcool, mais c’était loin d’être le cas.

Il ouvrit la bouche, voulant prendre la parole, mais voilà que l’autre homme était déjà parti. Un soupir, une bouffée de fumée dans l’air, et Surya se releva, prenant avec lui son Pokémon. Une fois Niko de retour, il lui tendit un billet.
« Je … Ce n’était qu’un verre ; prends-ça. Tu n’as pas à tout payé. » Il avait presque oublié qu’il s’était fait invité, mais il n’avait aucune envie de profiter de lui.
Et, comme une mère surprotectrice, il s’inquiétais pour le professeur.
« Dit, hum … il faudrait … peut-être que je te ramène … si tu veux … » Sa crédibilité s’envolait à mesure qu’il peinait à aligner des mots. Bref. Lui aussi, il avait peut-être besoin d’accompagnateur, mais il n’était pas prêt de l’assumer.

Niko avait d’autre avis … tabou, sur le district. Sūrya ne pouvait qu’être d’accord ; il n’aimait pas l’éthique de Bedwyr, il ne s’y était jamais senti trop à l’aise – mais est-ce qu’il se sentait vraiment à l’aise quelques part ? Néanmoins, dans le fond, ça ne lui plaisait pas vraiment d’entendre ça. Car il avait choisi de servir cet endroit. Car il avait choisi de le changer. Car il n’était pas aussi mauvais que les autres le pensaient.
Et pourtant, il ne savait pas quoi répondre à l’autre Champion. Il avait un peu honte – est-ce qu’il était vraiment un traitre, à avoir repris l’arène ? Et Soraya, elle, est-ce qu’elle était vraiment une traitre ? Il n’avait plus que son travail, plus que Bedwyr. Plus de famille à protéger. Est-ce qu’il portait vraiment malchance, dans le fond ? Il se sentait si vide, en comparaison à des gens … des gens comme Niko. Oui, tout ce qui le faisait avancer, c’était l’espoir de changer les choses.
Ces pensées tournaient dans sa tête, encore et encore, comme une spirale qui allait le faire défaillir. Il ne voulait pas penser à ce genre de choses – mais c’était plus fort que lui. Comme quoi, c’était peut-être pour ça qu’il ne buvait pas souvent …

« C’est … compréhensible. » Il ne parvenait pas à débattre, alors, tout ce qu’il pouvait faire, c’était acquiescer à demi-mot. Les faibles n’étaient pas voulus à Bedwyr. Les pauvres non plus. Qu’est-ce qu’il faisait là, alors ?
Dans tous les cas, il devait enterrer ces réflexions parasites, alors, il fut un peu satisfait de voir que Niko avait accepter le billet tendu. Il fit un non de la tête, pour bien confirmer que de son côté, ça ne le dérangeait pas. Sūrya n’aimait pas se faire inviter.

Puis, lorsque Niko répondit à sa question, ses joues se gorgèrent un peu de sang ; il était gêné. La sociabilité, ça n’avait jamais trop été pour lui.
« J’ai … un appartement dans la ville basse. » Oui, il ne pouvait pas se résoudre à vivre en haut, au-dessus des autres. Ça le dégoutait un peu. Puis, il avait encore la maison familiale à entretenir, à Oma-Oma. « Mais ce n’est pas très grave. Je suis habitué aux trajets. » Et puis, oui, il ne fallait pas oublier qu’il s’inquiétait un peu.

Et décidant que c’était réglé, l’homme se mit en route … en suivant Niko, évidement, il ne savais pas où ce dernier habitait.
Le trajet fut silencieux – Sūrya, comme souvent, était plongé dans ses pensées. Mais c’était presque pire que d’habitude ; anxieux, le policier c’était réfugié dans un mutisme, bien trop confortable pour lui. Il avait fumé jusqu’à ce que sa cigarette s’effrite entre les doigts. Et sa plus grande peur, sur le moment, c’était bel et bien que Niko se rende compte que quelque chose n’allait pas.

Il devait décidément arrêter de boire : oui, la cigarette, ça suffisait amplement. Et ce même si sa consommation était dangereusement haute. Mais Surya avait toujours été comme ça. Il ne savait pas rester seul avec lui-même, sans aucune substance pour l’accompagner ; la solitude était son pire ennemi, ses propres pensées sa prison sans porte de sortie.
Malgré le silence lourd du spécialiste eau, l’autre champion tentait de faire la conversation. Un bon point pour l’effort. Néanmoins, la question paraissait vide de sens dans les oreilles du plus âgé. « …De la même manière qu’on descend, je suppose. » Après tout, il n’avait pas des milliers de façon de passer de la haute à la basse ville. Il préférait encore les longs trajets que de vivre là-haut, au-dessus de tout le monde, perché au-dessus de la région comme un roi factice. Oui, il avait sa propre façon de voir Haute Uthyrgarm, sans doute pas très passable pour un policier de Bedwyr …

Et, il marcha encore quelques mètres, son esprit engourdi prenant quelques instants pour se rendre compte que l’autre homme s’était arrêté. Perdu, il se tourna vers lui. Il ne comprenait pas bien ce qu’il se passait. Puis, son cœur se mit à battre vite, et sa gorge, a s’enflammée. Il ne voulait pas paraître fébrile, surtout pas devant un autre champion, surtout pas devant un inconnu. Ça lui était insupportable. Alors, il baissa la tête, les yeux dans le vague.

« Ce … n’est pas ta faute. Ne t’en soucie pas. » Parler était compliqué. Pourquoi est-ce qu’il était comme ça, au juste ? Il détestait ce côté irritable de sa personnalité. Et il ne se comprenait même pas. Il avait l’alcool sensible, oui, mais pas à ce point.
Marquant quelques secondes de pause, il vint se masser les yeux, sentant ses dernières défenses s’affaiblir, se sentant perdre le contrôle. Il avait une vie de rêve ; il était sorti d’Oma-Oma, il était champion, inspecteur pour Bedwyr, menait un train de vie confortable, et pourtant, il s’en voulait d’aller encore aussi mal. Car toute ses choses n’avaient jamais réussi à lui faire se sentir de nouveau complet. Car il enviait encore les autres, qui avaient l’air beaucoup plus vivantque lui. Cette jalousie était dure à vivre, honteuse ; un vrai poison dont il n’arrivait pas à se débarrasser.
Et en plus de ça, il était lugubre, visiblement. Il ne l’avait pas pris mal. Il aurait peut-être même trouvé ça amusant, dans un autre contexte.

« Excuse-moi. Je crois que j’ai trop bu. » Il mentait un peu trop souvent à son goût. C’était contraire à ses valeurs, mais … il ne pouvait pas s’en empêcher. Ses poings tremblaient un peu ; il ne savait pas comment réagir … comment il était censéréagir. Les normes sociales lui étaient trop inconnues. Est-ce qu’il devait le repousser, lui dire la vérité, se confier ? Il s’en sentait incapable. Peut-être que ce serait bien, un jour, de se libérer de ces pensées parasites ; mais il ne savait pas s’il en était capable.
Alors il attendait, attendait que l’autre homme agisse, qu’il fasse les efforts à sa place, peut-être.

Son anxiété avait du mal à redescendre ; ce n’était pas étonnant, il avait toujours eu du mal à la contrôler, et ça ne s’est pas amélioré à l’âge adulte. Il faisait de son mieux pour lutter, la cacher, mais … c’était loin d’être facile. Les substances semblaient toujours être une façon de restreindre ses démons, mais ça finissait toujours par nous retomber dessus : l’alcool le rendait encore plus sensible, ne pas fumer pendant plusieurs jours le faisait devenir irritable … rien n’était vraiment une solution, mais Surya se contentait encore de simplement mettre des pansements sur ses plaies béantes.

Niko avait raison : l’alcool avait réveillé des choses, mais … c’étaient des choses toujours là. Même s’il essayait de les oublier. Encore une fois, il se trouvait incapable de répondre, de débattre, alors, il restait muet. Muet dans un silence, comme une réponse affirmative. Est-ce qu’un jour seulement il ne sentirait plus aussi vide, aussi fragile ? Il ne savait pas, mais à l’heure actuelle, il ne savait plus grand-chose.

Et de même, il ne put faire autre chose que d’hocher la tête, acceptant de passer encore quelques instants en compagnie de l’autre champion. Il n’était pas spécialement proche : après tout, Surya n’avait pas beaucoup d’amis, et encore moins à Bedwyr … alors, il se sentait mal à l’aise, mais il ne se sentait pas en état de refuser. Peut-être qu’un peu de chaleur humaine ne ferais pas de mal, après tout.


Gêné, il avait dû mal à se faire une place dans l’appartement du spécialiste conte : c’était plutôt normal, mais … ce n’était pas chez lui. Tout le contraire de son Pokémon, qui ronflait quasiment sur son épaule et qui, réveillé par l’ouverture de la porte, compté bien s’installer sur la première surface qu’il trouverait.
Suivant les indications de l’autre homme, Surya se mis assis, l’esprit encore embrumé, sans remarquer son Nigirigon s’étalant déjà sur la table. Ne faisant quasiment pas attention aux autres Pokémons dans la pièce.

Une fois la boisson arrivée, une fois de plus, il se perdit dans son silence, scrutant son reflet dans la boisson sombre ; presque comme s’il ne se reconnaissais pas.
Puis, des mots s’échappèrent de lui, de ce reflet sombre. « Dis, est-ce que, parfois, tu as aussi l’impression qu’il te manque quelque chose ? »

Encore un blanc de quelque seconde. Avant qu’il ne se referme de nouveau. Il saisit la anse de sa tasse, les joues un peu rougies. « Désolé. Je ne sais pas trop ce qui me prends. » Une gorgée de café pour cacher un peu sa gêne. Il était profondément mal à l’aise, comme s’il était en milieu inconnu.

Puis, il se ravisa, oubliant presque son mensonge. Peut-être que l’heure était à la confidence, peut-être qu’enfin, il arrivait à délier sa langue, alors, il se remit à parler, pour apaiser un peu ce torrent négatif qui le noyais.

« En fait …J’ai cette impression … souvent. Un vide. Je ne sais pas comment régler ça. » C’est propre pensée était juste un soucis de plus, pour lui. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir ce flot intense. Parce qu’il n’avait plus grand-chose dans sa vie. Ses Pokémons, ses objectifs … et c’était plus ou moins tout. Il n’avait pas d’origine auxquelles se raccrocher, pas vraiment, en tout cas. Il n’avait plus de famille, pas vraiment d’amis, peu de passion… Non, juste son but, qu’il avait choisi d’accomplir, quitte à s’y tuer.
Et c’était tout.

« Je … suis désolé de t’embêter avec ça. C’est futile. » Un pas en avant, deux pas en arrière. S’ouvrir lui faisait trop peur.