Une fois que le spectacle fut entièrement terminé, des Korillons commencèrent à se rassembler pour faire leur propre concert. Visiblement, ni les employés du sanctuaire, ni les touristes, ni les habitants du coin ne semblaient foncièrement dérangés par ces Pokémon.

C’était plutôt proche de la mentalité de Tôkan vis-à-vis des Pokémons. C’était vraiment très rassurant qu'en grande majorité, les autres districts les voient comme nos semblables ou presque, en tout cas. C’était parfois très compliqué et déprimant de devoir cacher mon amour pour les Pokémons, à la capitale de Bedwyr. Kleis, Prince et mes autres Pokémons étaient bien plus heureux à la maison.

Les événements passés avaient fortement joué sur cette méfiance, cette peur irrationnelle des Pokémons. Mais pouvions-nous réellement leur en vouloir ? Le Grand Désastre avait perturbé beaucoup de Pokémons, oui. Et on pouvait en dire autant des Humains, à mon avis. Le taux de problèmes psychologiques, comme les traumatismes exacerbés, ça avait dû en rendre certains agressifs. Nous étions tous des êtres vivants avec nos réactions. Certaines acceptables, d’autres non.

Alors que je réfléchissais un peu à rien de très intéressant et tournait en boucle sur le fossé qui séparait les Humains des Pokémons à Bedwyr, mon regard fut attiré par autre chose que le tintamarre de Korillon.

Nourrir les Poichigeons… C’était une chose qui posait de nombreux débats. Certaines régions l’autorisaient, alors que d’autres non. Il me semblait que Kôyô autorisait bien qu’on donne des graines ou des baies aux Pokémons sauvages. Cependant, je pouvais parfaitement comprendre pourquoi on déconseillait le fait de les nourrir. Après tout, plus on leur en donne, et plus ils en réclament. Et donc plus ils en réclament, et plus ils deviennent gros… Ce qui peut nuire à leur santé, dans certains cas. Déjà, car ils mangent trop. Puis également car certaines personnes, connaissant assez mal leur alimentation, peuvent leur donner n’importe quoi. Peu étonnant que des Pokémons tombent malades, pour le coup. Après, je ne pense pas que ça soit pour cette raison qu’on ne doive pas les nourrir à Bedwyr, mais c’est encore un autre sujet.

D’ailleurs, si je pensais à tout ça, c’est bien parce qu’un Poichigeon me réclamait à manger depuis dix bonnes minutes alors que je regardais le spectacle de danse. L’oiseau, se montrant de plus en plus belliqueux, me fit céder, et je lui lançai des croquettes que j’avais l’habitude de donner à mon équipe en cas de fringale.

Je n’aimais pas céder aussi facilement, mais bon… Il était loin d’être très gras, ce Pokémon, alors autant ne pas faire crier son estomac affamé plus longtemps.

Après avoir nourri le Poichigeon, celui-ci partit gentiment sans rien demander de plus. Avec un peu de chance, il n'était pas parti chercher des copains pour venir me quémander d’autres croquettes… J’en avais assez pour mes Pokémons pour la journée, mais autant ne pas nourrir la terre entière. Mon salaire n’était pas infini, non plus… Surtout que je comptais passer l’après-midi à faire les boutiques pour acheter des produits dérivés d’animes, si possible… Atara en avait bien plus, mais j’étais certain qu’ils avaient des exclusivité ici aussi ! Rien à voir avec le peu de choses qu’on avait à Sunoh, en comparaison… Et c’était bien dommage.

A peine eus-je le temps de faire deux pas supplémentaires que je tombai nez-à-nez avec un Lilliterelle qui semblait aussi vouloir manger. Je soupirais et lui laissai un petit tas de nourriture sur le sol avant de commencer à m’éloigner de cette zone pour le moment, de peur qu’une armée de Pokémons sauvages viennent me harceler pour se nourrir.

Commençant à en avoir plein les pattes, de crapahuter dans le sanctuaire, je finis pour m’acheter à manger et à boire, pour enfin me poser sur les marches d’un escalier. Midi n’allait pas tarder à arriver. On pourrait manger dans les Quartiers des Délices, puis continuer notre escapade dans les rues commerçantes pour trouver quelques bêtises à acheter. C’était concrètement l’objectif du jour, puisque j'étais là, bien que par accident et mégarde.

…J’avais eu une hallucination ? J’avais comme l’impression que des yeux m’avaient regardé un instant, dans le bâtiment derrière moi. Ca faisait froid dans le dos. Et je ne ressentais pas la même aura que celles des Pokémons Spectres que je connaissais très bien. Avec curiosité tout de même, je décidai d’aller voir de quoi il s’agissait. A mon avis, ça ne pouvait être que des Pokémons appréciant se cacher dans l’obscurité. Trop sensibles à la lumière du Soleil, peut-être ?

Je pris mon courage à deux mains, et j’approchais de l’intérieur du bâtiments, dans lequel une horde de Zarbi dansaient en formant des mots dans un langage probablement inconnu et inintelligible. Sans trop me poser de questions supplémentaires, je les filmai, au cas où je rencontre un spécialiste des Zarbis dans le sanctuaire. Qui sait, peut-être qu’il pourrait m’apprendre deux ou trois choses sur leur comportement ? Ces Pokémons étaient vraiment mystérieux.

En sortant du bâtiment aux Zarbis, j’aperçus un Tarsal danser très différemment d’un Tarsal habituel. En… Moonwalk, oui, c’était carrément un Moonwalk, qu’il me faisait, là. Je repensais à Naito que je devrais normalement revoir ce soir. Je possédais ce Gardevoir depuis qu’il était Tarsal, et je l’avais justement rencontré ici, aux Sanctuaires Izumo, quelques années auparavant. Il n’y sentait pas vraiment à sa place, d’un naturel plutôt timide et maladroit. Il peinait à se produire devant les autres Tarsal, Kirlia et Gardevoir du coin, et c’est pour cette raison qu’il s’est retrouvé à me suivre dans les rues de Heian. …Ayant complètement craqué pour lui, je l’avais recueilli sans aucune hésitation. Capturer un Pokémon était loin d’être interdit ici. Encore heureux… Je ne l’avais pour autant jamais emmené avec moi à Bedwyr. Le pauvre était assez peureux, craintif… J’avais préféré le laisser avec la majorité de mes Pokémons ainsi que ceux de mes parents, à la maison. Là où il était libre de faire ce qu’il voulait, sans restriction. Il était devenu un Gardevoir quelques mois auparavant, alors que la Mysdibule de mon père était en train de se faire attaquer par un Hexagel sauvage. A croire que le courage était parfois un bon moyen d’évoluer… Je devrais prendre exemple sur lui.