Je n’aurais pas dû boire autant, hier. Plus jamais ça. Plus. Jamais.

C’était ça, la grosse connerie regrettable que mon horoscope m’avait teasé. Je ne croyais pas trop à ces merdes, mais… quand même. Ce ramassis de conneries avait prédit mon état lamentable. Plus jamais j’accepte d’aller à une soirée en pleine semaine. Si j’arrivais à tenir le coup il y a vingt ans, dans ma vie étudiante, j’étais complètement assommé, là. Une fatigue pesante. Un mal de crâne à m’en fracasser la gueule contre un mur. Histoire de me sentir un peu vivant, un truc du genre. J’étais fébrile, et je me sentais partir dès que je me mettais debout. Probablement car j’avais vomi toute la matinée et que je n’arrivais plus à bouffer. Le temps que l’estomac se rétablisse de tout le poison que je lui avais offert hier soir. Ainsi que toute la nuit.

Dans l’euphorie de la fête, j’avais peut-être descendu un peu trop de verres. Puis les jeux à boire m’avaient bien eu. J’avais participé uniquement parce qu’une femme qui me plaisait y participait, pour être honnête…

J’avais conclu. Enfin, façon de parler. Juste pour une nuit, rien de plus. Il n’y avait pas de sentiments naissants ou quoi, juste une simple curiosité des deux côtés. Puis, on avait tous les deux presque tout oublié au réveil. C’était pas plus mal. J’avais dû être médiocre, dans cet état. Mais au moins, on devait être deux à être pathétiques, donc c’était rassurant. Ma fierté n’en prenait pas trop un coup.

Restait à survivre aujourd’hui malgré la gueule de bois. Dolipranes, thé au citron et au miel… Puis beaucoup d’eau. C’était la seule chose que je pouvais faire. Et faire semblant de travailler. Une rare exception que je me permettais, tout en me promettant de faire le double demain.

Marcher un peu dehors me ferait sans doute du bien, aussi. Blotti dans un épais manteau et une écharpe en laine, je faisais le tour de la zone. Tout semblait en ordre. Pas de sous-fifres qui lambinent. Chose assez rare pour être soulignée. Vues les températures, c’était bien normal. Je n'aurais pas la patience de discuter avec des branleurs, dans mon état, en plus.

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Assez peu concentré sur ma marche, je m’étais cogné le genou contre quelque chose que je n’avais pas vu. Grognant un peu, je finis par comprendre que j’avais percuté un Terhal qui faisait sa ronde. On les voyait assez rarement, ces temps-ci. Peut-être qu’ils n’aimaient pas le froid ? Enfin, bon. Bref. J’allais retourner au bureau, j’avais déjà assez marché comme ça. Autant éviter de percuter d’autres obstacles, au risque d’être couvert de bleus bêtement.

Une fois arrivé dans mon bureau, je constatais que le Pokémon de type Acier m’avait suivi. Je n’allais quand même pas le laisser entrer dans mon bureau, si ?

“Tu ne peux pas entrer, j’ai du travail. Toi aussi, j’imagine. Retourne bosser, on se retrouvera dehors, d’accord ?”

Avec une obéissante militaire, le Terhal cligna de l'œil à sa manière et fit demi-tour. Heureusement que personne ne m’avait vu parler avec ce Pokémon. Ce n’était pas toujours bien vu, par ici. Surtout lorsqu’il s’agit de Pokémons de l’armée qui ne servaient qu’à effectuer des tâches

Le soir venu, j’entendais frapper à ma porte. Mais pas un frappement humainement faisable. On croirait qu’un tronc d’arbre essayait de l’enfoncer. Je me relevais avec irritation et ouvrir la porte, sourcils froncés, pas content, prêt à engueuler l’enfoiré qui bourrinait ma porte.

“...Ah, c’est toi ?”

Le Terhal de tout à l’heure se tenait joyeusement là. Il n’avait pas de bras (enfin, il était le bras, techniquement…), d’où ses charges répétées dans la porte.

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“Tu aurais pu attendre. Les portes sont fragiles, donc évite de recommencer !”

Je rangeais mes affaires à la hâte et sortis de la pièce avant de la refermer à clef. Direction la gare, maintenant… Le Terhal semblait toujours me suivre comme un petit Caninos.

“Tu devrais retourner de là d’où tu viens. S’ils remarquent qu’il manque un Terhal, ça va barder pour toi.”

Le Pokémon affichait un air triste, puis un air très motivé et sûr de lui. Comme s’il venait de décider d’un coup de sa démission. Me vint une idée qui n’était pas pour me déplaire… J’allais demander l’autorisation de m’en occuper, quitte à mentir un peu en disant qu’il avait besoin d’un peu de discipline et d’un dressage approfondi. Après tout, mes Pokémons se tenaient très sages. J’étais parfaitement compétent pour ça.

“Allez, viens. T’as de la chance, j’ai toujours rêvé d’avoir un Métalosse. En plus d’être puissant, c’est un Pokémon extrêmement intelligent, puisqu’il a quatre cerveaux. Avoue, ça en jette ?”

Le Terhal, qui n’était probablement pas encore très malin, sautilla de joie, très hypé par ce qu’il deviendrait en évoluant. J’avais du mal à montrer autant d’enthousiasme. J’étais tellement crevé.

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