Surya était sorti, avait pris l’air – bientôt, la mission de l’orphelinat. Une certaine angoisse était présente en lui, comme un poison, l’affabilisant, petit à petit. Sa Foi en l’organisation était malade, affamée de raison de la croire – mais comment faire ? Il ne croyait plus en rien. Parfois, il se levais même, en ayant l’impression de ne jamais avoir quitté le monde des songes.
Sa psyché commençait déjà à subir les blessures de cette vie sans repos, sans repères.

Alors, il avait quitté le bureau un peu en avance, cette après-midi-là. Il avait relâché sa crinière d’onyx, dont il ne savait plus quoi faire. Puis, à sa bouche, machinalement, il avait scotché une cigarette. Il en abusait, il le savait, même il n’était plus à une près. Qu’est-ce que ça pouvait lui faire, de toute façon ? En cas de malade, il allait pouvoir recevoir les meilleurs soin – pas comme ceux de son district d’origine. Il n’aurait pas à se soucier de son travail – pas comme les familles affamées d’Oma-Oma.
Il détestait ce qu’il faisait, et pourtant, il ne pouvait s’en empêcher.

Il marchait, encore et encore, sans se soucier d’où il allait finir. Puis, des cris de supplications attirèrent son attention. Il s’arrêta, regardant autour de lui : aucun passant n’en avait quelque chose à faire.
Pourtant, il s’était arrêté. Son regard clair se posa sur une ruelle. Il s’y avança, avec présence. Jusqu’à tombé sur une petite silhouette, maladive.

Ses yeux se posent sur … quelques Pokémons. Un Cornèbre, aux yeux aussi blessés que son aile, pendant, à un angle absolument pas naturel. Pourtant, de l’autre, il protège un autre corps. Puis, à ses côtés, un Evoli d’argent. Les Pokémons semblent se connaître, être amis : les deux Pokémons semblent partager le même but. Empêcher les humains d’encore blesser leurs amis, le troisième de leur petit groupe.

Et le cœur du champion rate un battement. Peut-être qu’à ce moment, son cœur abimé se voit un peu dans ses créatures blessées. Alors, il se baisse, et tend une main. « Je ne vais pas vous faire de mal. » Sa voix est calme, douce – peut-être que c’est grâce à ça que le Cornèbre baisse son aile. L’Evoli d’argent, lui, n’accepte pas sa confiance – pas encore, en tout cas.

Derrière eux, il y a un second Evoli – d’une couleur banale, cette fois-ci. Une plaie lui zèbre l’abdomen. Son sang s’est déjà répandu, en partie, au sol. Surya comprend vite que cette blessure, elle n’est pas naturelle : un objet à été utilisé.
C’est un humain, qui a fait ça. Un instant, il a honte de son espèce. Il a honte être à Bedwyr, de travailler pour l’organisation.
« Si vous le laissez-là, il va mourir. » Quelques instants passe. Puis, enfin, les deux acceptent de laisser le Champion prendre le corps de leur ami.

Surya n’avait pas prévu ça, mais peu-importe. Alors, il emmène l’Evoli à un Centre. Il paye ses soins – de toute façon, il ne sait que faire de tout cet argent. Le renard choisi de rester avec lui – l’oiseau, aussi, comme si cette simple main tendue leur avait perdu de reprendre un peu espoir en l’humanité.
Et l’Evoli d’Argent, lui, jauge du regard le champion, avant de s’éloigner dans une ruelle, lançant un regard à ses deux amis. Il reviendra, un jour. Pas tout de suite, mais il reviendra.