L’Académie Uxie ayant été fermée sur quelques semaines à la suite de l’attaque de la ville du 16 Octobre, les élèves avaient besoin de rattraper le niveau, surtout pour ceux qui avaient de grosses difficultés. Tu avais donc organisé des ateliers de révisions pour les élèves qui nécessitaient du soutien dans les matières scientifiques. Je m’étais porté garant pour les aider du mieux que je le pouvais, donc ! Tu avais d’ailleurs été très attendri par la gentillesse de Yuuta Shimizu et de Sélène Saule-Heil, quand ils avaient proposé à Lydia Masson de réviser avec eux à la Bibliothèque, un peu plus tôt dans la matinée. Je me sentais souvent triste pour elle, car perdre ses parents à un si jeune âge devait être horriblement déchirant. Pour autant, tu devais garder cette information pour toi, et seul le corps enseignant était au courant. Je ne préférais rien ébruiter, car c'était suffisamment douloureux pour elle. Tu saurais pourtant l’écouter si jamais elle souhaitait en parler à un moment donné.

J’avais inscrit d’office les élèves qui nécessitaient le plus d’aides. Tu avais été déçu d’apprendre que comme il était malade, Fēi Yuè n’avait donc pas pu venir en classe aujourd’hui. Par contre, pour ce qui était de Maxim Grey, j’étais certain qu’il séchait encore les cours, comme souvent. Tu avais demandé à tes quatre élèves présents de rester sagement dans la salle de classe avec ton Gardevoir, tandis que tu arpentais les couloirs, bien décidé à l’attraper. J’imagine qu’il est en train de fumer quelque part…

“Ah, tu es là ! C'est parfait, je te cherchais.”, t’exclamas-tu en souriant doucement, mais assez fermement pour qu’il comprenne qu’il n’avait d’autres choix que de venir avec toi. “Je savais bien que tu t’amuserais à faire encore l’école buissonnière, mais il faut vraiment que tu assistes à ce cours de rattrapage, si tu veux réussir ton année… Tu sais, c’est décisif, la troisième année. Je ne suis pas là pour te sermonner, évidemment, mais c’est mon devoir de guider mes élèves vers la réussite.”

Tu prends une petite pause, assez peu confiant, car tu sais que tu n’es pas toujours pris au sérieux par tes élèves. Après tout, je n’ai que vingt-quatre ans ! Pour autant, même si tu étais gentil et compréhensif, tu savais aussi te montrer ferme et persuasif.

“J’ai prévu un goûter de fin de matinée pour vous motiver un peu !” Tu craignais un peu qu’il ne rétorque que tu infantilisais tes élèves, mais tu fis finalement taire cette voix dans ta tête qui n’avait pas sa place ici et maintenant. J’espère qu’il va me suivre, sinon je vais devoir faire appel à une arme de dissuasion très efficace : mon Spiritomb. Tu te doutais que ça n’était pas très légal, cela dit…

Je ne dis rien concernant sa consommation de cigarette. J’avais dû commencer à peu près à son âge, moi aussi, pour mieux encaisser le stress et surtout, faire un peu comme tout le monde pour m'adapter. J’étais un élève timide et introverti, à la base. Je n’étais pas de Bedwyr, mais d’un district assez solitaire, où la neige tombait presque toute l’année, loin de tout.

J’étais soulagé qu’il soit plutôt compréhensif et accepte de me suivre sans faire d’histoire. Par contre, je n’étais pas né de la dernière pluie. Je me doutais qu’il la connaissait, l’heure. Nous étions dans un monde surconnecté à Internet, et l’heure était affichée partout sur le campus. Aucune chance de perdre la notion du temps ici.

Je toussais un peu, mais conservais évidemment mon sourire cordial pour qu’il reste partant à l’idée de me suivre. J’avais de toute façon séduit son estomac d’adolescent encore en pleine croissance en évoquant le goûter-récompense ! C’était peut-être une forme de corruption, mais rien ne disait que c'était illégal, ahahah…

“Seulement quand vous aurez bien avancé dans vos révisions ! Tout travail mérite salaire, mais on n’a rien sans effort, j’espère que ça te rendra plus productif qu’en classe~”

Une petite pique pas bien méchante, mais qui j’espère lui permettra de s’activer un peu. Nous étions déjà en février, et l’année se finissait fin juin ! Il serait trop tard pour revenir en arrière, ensuite.

Maintenant arrivé dans notre salle de classe en tout petit comité, je repris ma place aux côtés de Naito, mon Gardevoir. Sa présence ne serait certainement pas approuvée par beaucoup de membres de l’Organisation, mais j’avais pris soin de demander l’accord aux élèves présents. Visiblement, personne n’était très dérangé par sa présence, alors je lui laissai le loisir de rester en dehors de sa Pokéball !

“Très bien. Maintenant que nous sommes au complet, Naito va vous distribuer des feuilles d’exercices et de révisions avec des schémas à compléter. J’ai pu remarquer que le chapitre sur les capacités d’adaptation du cerveau et ses limites a pu poser souci. Ce qui est normal, vu les événements s’étant déroulés cet automne… Mais j’ai foi en vous ! On va revoir tout ça, et si vous avez des questions, ce sera le moment pour moi d’y répondre.”

Je tentais de paraître positif pour les motiver un peu, eux qui avaient des difficultés dans ma matière. Cependant au moment où Naito revenait vers moi après avoir tout distribué, j’entendais un bruit sourd. Une explosion ? C’était bien une explosion, pas vrai ? Je commençais à sentir beaucoup de nervosité chez mes élèves. Regardant un instant vers la fenêtre, je ne vis rien de particulier… Mis à part que les rideaux de la Bibliothèque de ce bâtiment étaient fermés. Bizarre, mais pourquoi pas…?

“Euh… Monsieur ? C’était quoi, ça…?”, demanda une élève un brin anxieuse.

Ne sachant pas trop quoi lui répondre, je ris d’un air gêné. Je craignais qu’il ne s’agisse de quelque chose de vraiment anormal. Peut-être que c’était des travaux, mais il n’y en avait pas vraiment dans la zone…

“...V-vous pensez que les Paradoxes sont venus s’attaquer à la Haute ?!”, s’écria un autre élève en se mettant debout.

Quelques instants plus tard, c’est une alarme incendie qui s’enclencha. Pas dans notre bâtiment, mais celui où Lydia et ses camarades s’étaient dirigés un peu plus tôt pour réviser, donc la Bibliothèque. Pourtant, je ne voyais pas de fumée. C’était vraiment louche, pour le coup. Je devais maintenant jouer mon rôle de professeur, et les rassurer du mieux que je le pouvais.

“Quoiqu’il arrive, restez bien dans cette salle de classe et gardez votre calme. Je ne sais pas quel était ce bruit, ni ce qui a pu déclencher l’alarme, mais ne vous inquiétez pas. Les pompiers arriveront si jamais c’est un incendie ! Notre bâtiment est sûr, et aucun Pokémon Paradoxe n’est sur le campus. L’Organisation est en parfaite capacité de gérer ces menaces, grâce aux études réalisées cette année !”

Ces études auxquelles j'avais beaucoup participé en tant que chercheur... Et, j’étais moi-même en mesure de protéger mes élèves en cas d’attaque de ces Pokémons surpuissants. Mais… Si la menace était autre, j’allais être rendu impuissant. Je me demandais ce qu’il pouvait bien se passer… Mon intuition était fixée sur ces rideaux fermés. Cela ne présageait rien de bon en plus d’être inhabituel.

Je ne le pris pas mal lorsque mon élève me taquina. Après tout, les adolescents aimaient bien avoir un genre de rapport d’égalité avec les adultes, et c’était bien normal ! Tant qu’il restait poli et respectueux, je n’irais jamais le disputer. Par contre, j’avais bien une chose à éclaircir, qu’il ne pense pas obtenir à manger systématiquement et à chaque fois qu’il va faire un effort, sinon j’allais me ruiner…

“Je vous récompenserai uniquement lorsque nous aurons bien avancé, sinon vous allez tous vous endormir sur vos tables. Tu te souviens des effets du sucre sur le cerveau ? L'accumulation de glucose peut augmenter l'activité des neurones responsables de l'endormissement et faciliter le sommeil. Ce n’est pas ce que je souhaite pour cette séance de révision, alors autant travailler un maximum avant toute chose !”, lui répondis-je joyeusement, mais avec une certaine espièglerie. Maxim était un élève amusant, même si j’espérais intérieurement qu’il fasse davantage d’efforts, quand même…

Maintenant bien arrivés dans la salle de classe et les sujets distribués, je constatais les regards un peu désespérés de mes élèves les plus faibles. Mais il ne fallait pas baisser les bras ! Toutes les matières n’étaient pas des plus faciles pour tous, mais ça restait à leur portée. Je me devais de les rassurer avant toute chose.

“Ne baissez pas les bras, d’accord~ ? Nous allons tout reprendre dès le début, et lentement ! Si vous avez été accepté à Uxie et que vous êtes en troisième année, c’est que vous méritez votre place et que vous avez toutes les ressources intellectuelles nécessaires pour vous en sortir ! J'ai foi en vous !” …Je savais que certains d’entre eux étaient juste des enfants de bourgeois, et que leur place avait été limite achetée, mais ça, je n’étais pas supposé le dire, car cela soulèverait des injustices nettes. “Et, oui, Maxim. Je vais faire en sorte de rendre ça intéressant. Tu as tout à fait le droit de me donner des suggestions, d’ailleurs. Si cela peut tous vous faire progresser, bien sûr.”, lui répondis-je sur un ton de défi. Je n’allais pas me faire marcher dessus quand même ?

Nous avions été interrompus par le bruit d’une explosion, dans le bâtiment d’en face. Même s’il était situé à une certaine distance, nous avions entendu ce BOOM caractéristique. Une explosion, cela ne faisait aucun doute. Ce n’était pas un simple pétard. Je pensais à une bombe, ou une attaque de Pokémon ayant des effets similaires, mais je ne voulais pas inquiéter mes élèves.

“Non, ce ne sont pas des Paradoxes. S’ils avaient ne serait-ce était qu'aperçu à l’entrée de la ville basse, l’alerte aurait déjà sonné depuis bien longtemps, alors ne vous inquiétez pas trop et restez bien à vos places. C’est peut-être une fausse alerte ! Ou alors les étudiants en chimie ont raté une expérience, ce sont des choses qui arrivent.”, tentais-je de justifier en haussant les épaules, même si je n'étais pas très convaincu par ma propre théorie.

Par contre, avant de devoir retourner à nos révisions, j’allais devoir calmer ces élèves, et surtout : les garder à l’intérieur de la salle de classe. L’alarme ne concernant pas notre bâtiment, nous n’étions pas forcés de sortir. Puis… S’il s’agissait d’une mauvaise alerte et qu’en réalité, il s’avérait que c’était un alerte intrusion-attentat ou une alerte chimique ? Dans ces deux cas, il était strictement interdit de sortir. Il fallait rester confinés dans les salles de classe et se barricader. Donc je n’allais pas prendre de décision hâtive, à moins que l’alarme sonne pour l’école toute entière.

“Si l’alerte incendie avait été donnée pour notre bâtiment, oui. Mais ce n’est pas encore le cas. Et ne voyant pas de fumée, je crains que la mauvaise alerte n’ait été sonnée, si danger il y a…” Je fus stoppé dans mon discours visant à rassurer tout ce beau monde lorsque je vis un Zapétrel blessé voler faiblement en direction de notre fenêtre. “Eh, c’est… le Zapétrel de Lydia ?!”, réalisais-je avec une immense inquiétude dans les yeux. “Ouvrez-lui, ceux qui sont proches de la fenêtre ! Il a l’air blessé !”

Et mon élève dans tout ça ? Est-ce qu’elle allait bien ? Un danger se profilait peut-être, pour que son oiseau soit venu nous retrouver.

Cette séance de révision était sans doute complètement foutue ! Ce n’était pas grave, je pourrais toujours en organiser d’autres, j’avais tout le temps nécessaire pour ça, puis j’étais payé pour ! Et même sans être payé, je serais capable de le faire, de toute façon, ahah… C’était ça, d’être très investi.

Puis, l’apparition du Pokémon blessé de Lydia nous avait d’un coup tous inquiétés. Que s’était-il passé…? Maxim semblait vraiment dans un état d’anxiété généralisé. Je le laissai utiliser son portable, des fois qu’il ait des nouvelles de ses camarades, tandis que je laissais l’oiseau aux soins de mon Gardevoir quelques instants jusqu'à ce qu’il soit remis sur pied.

Par contre, dans le cas d’une attaque terroriste, ça n’était peut-être pas une si bonne idée que ça, de contacter Lydia, surtout si son holomontre était en mode sonnerie…

Pourquoi pensais-je à une attaque terroriste au juste ? J’étais assez craintif depuis qu’un des laboratoires dans lequel je travaillais avait été pris d’assaut. Je devais me faire des idées. C’était peut-être juste un petit incendie ! Rien de grave, n’est-ce pas…?

N’est-ce pas…?

Et, forcément, au moment où j’avais pensé ça, la police s’était pointée. Des unités d’assaut très entraînées à en croire leurs tenues… C’était mauvais signe. Lydia, Yuuta, Henry et Sélène étaient justement dans ce bâtiment ! Je faisais les cent pas, avec une grande nervosité qui m’était très caractéristique, mais qui s’était également décuplée.

“Je…” C'est vrai, ça ! Pourquoi aucune alarme n’avait sonné jusqu’alors ? “Elle devrait sonner très rapidement, si ce n’est pas le cas. En attendant, essayons de respecter les consignes de sécurité en cas d’intrusion, d’accord ?”

Je tremblais comme une feuille, et je commençais à fermer les rideaux et éteindre toutes les lumières, aidé par mon Gardevoir qui s’occupait de verrouiller la porte de la salle de classe.

L’alerte attentat retentissait enfin, et la police semblait négocier avec les intrus. Nous pouvions entendre ce qu’ils se disaient grâce aux mégaphones, de quoi nous donner des sueurs froides. Ils voulaient Henry Golpa. Un très bon élève à l’avenir prometteur, dont le père était un riche pilier pour l’Organisation, sur le plan financier. Les négociations avaient pour objectif d’affaiblir Trismegis financièrement…? Ils allaient beaucoup trop loin, merde…!

“Euh… écoutez-moi tous, s’il vous plaît !” Un peu d’autorité, pour camoufler mon teint qui commençait à être livide. Je devais parler fort, avec l’alarme qui se jouait. “Des terroristes attaquent la Bibliothèque dans laquelle certains de vos camarades se trouvent, c’est un fait.” Il fallait parfois être honnête, même si la Vérité faisait mal et nous tiraillait de l’intérieur. “Maxim a raison, nous devons rester là sagement et suivre les consignes ! Nous ne pourrons sortir que lorsque la police aura annoncé qu’il n’y a plus de risque.”

“Mais… Ils… Ils vont mourir ? Leur but c’est de nous tuer pour aspirer la crainte et faire plier le gouvernement à leurs revendications, non… ? Je… je déteste les Victinis, qu'ils aillent tous se faire foutre !!”

Cette élève tremblait comme une feuille, alors je m’avançais vers elle, posant une main réconfortante sur son épaule. Les Victinis… Non, il ne s’agissait que d’une branche extrême qui n’avait rien à voir avec Lev Adé. C'étaient les Feux-Follets, les coupables. Les Victinis étaient pacifistes, ils ne souhaitaient que l’égalité, d’après mes parents. Parents que je soupçonnais de faire partie du groupe. Je devais arrêter de me torturer psychologiquement, ce n’était pas le moment.

“Normalement, s’ils obtiennent ce qu’ils veulent, ils ne feront de mal à personne, ils viennent de le dire… Dans tous les cas, la police les traquera, et la partie terroriste du Groupe Victini finira par disparaître. L’Organisation Trismegis sait très bien réagir dans ce genre de cas. Elle existe pour créer un havre de paix, après tout !”

Je souriais en essayant d’avoir l’air rassurant, même si ce n’était pas évident que j’avais des doutes quant à l’organisme pour lequel je travaillais, par moment. Au moins, Trismegis n’attaquait pas des innocents ? Je ne savais plus où donner de la tête. Les Victinis étaient-ils en train de se radicaliser dans le mauvais sens du terme ?

Les voix de ces cinq étudiants résonnaient dans mes oreilles. Je commençais à sentir une profonde angoisse prendre possession de mon corps. Je ne pouvais pourtant pas m’écrouler devant eux. Je ne pouvais pas faiblir devant mes élèves, car j’étais supposé être une figure d’autorité. Pourtant, j’étais comme eux. J’avais peur. Et je commençais à ressentir des émotions contradictoires. Je détestais ces terroristes. Qu’il s’agisse de Victinis ou non, je les abhorrais. J’avais hâte qu’ils déguerpissent au plus vite et que la Police les pourchasse, les traque, et les enferme derrière des barreaux, ne leur laissant plus jamais la possibilité de blesser qui que ce soit. Pourtant, je comprenais leur volonté d'affaiblir l'Organisation car... Le système était d'une injustice. J'en avais conscience. Je ne savais toujours pas trop quoi penser. Je n'étais qu'un professeur de sciences, moi !

Non… je ne pouvais pas en vouloir à Lev Adé. Je ne savais même pas si les Victinis reconnaissaient vraiment les Feux-Follets comme leurs alliés. Ce serait de la folie que de traiter avec des terroristes… cela entacherait l’image de cette association qui n’avait que pour conviction d’obtenir plus de libertés concernant les Pokémons et les combats.

“Eum…” J’avais du mal à parler. Beaucoup de mal à laisser échapper le moindre son qui restait en travers de ma gorge, comme prisonnier. “C-calmez-vous, s’il vous plaît ! Je sais que c’est une situation angoissante, mais ne mettons pas de l’huile sur le feu !”

J’avais bien envie de répondre à la question de cet élève. Je savais très bien pourquoi la Police n'intervenait pas encore. C’était logique.

“Ils ne peuvent pas. S’ils prennent des décisions courant le risque que vous camarades soient blessés, ça ne va pas… En fait, il faudrait que les policiers acceptent les conditions des Feux-Follets, pour qu’ils les relâchent sans souci. C’est comme ça que fonctionne une prise d’otage.”

Je tentais de faire un peu d’humour, dans un élan désespéré.

“C’est du chantage. Un peu comme moi quand je vous promets un goûter si vous travaillez bien !”

Non, c’était bien pire, dans le cas de la prise d'otages. Je ne prenais pas mes élèves en otage, moi. Même si certains pourraient prétendre que c’était tout comme, lorsqu’on n’aimait pas la biologie.

“Ils ne semblent pas très bien organiser. Les autorités verront une faille dans leur discours, et ils sauveront vos camarades. J’en suis certain !”

Je me montrais très positif, même si ma tête tournait et me faisait mal. Je sortis le fameux goûter de mon sac à pique-nique. Autant manger pour compenser l’anxiété, même si c’était un peu un comportement de boulimique… Complètement ce que je faisais lorsque je me sentais angoissé.

“Venez manger un peu et prendre des forces. Les cours de rattrapage sont annulés et seront reportés en cours à distance dès que je trouverai la possibilité de le faire…”, me résignais-je. “Maxim ? As-tu des nouvelles ?”

Je gardais aussi un œil sur le Pokémon de Lydia qui s’était endormi dans les bras de Naito, mon Gardevoir.

“Si, justement. Le cours étant annulé, je propose qu’on mange maintenant…”, avouais-je, voulant éviter d’attirer les foudres de mes élèves qui étaient tous bien anxieux de la situation, bien que nous ne soyons pas directement impliqués au cœur de l’attentat. “Mangez autant que vous voulez !”

J’avais sorti des gâteaux faits maisons de différentes sortes. Des cupcakes, des marbrés au chocolat et du tiramisu. Et avec ça, quelques bouteilles d’infusion de thé glacé. Je laissais mes élèves se servir, pour ceux qui auraient faim. Je me doutais que certains auraient l’estomac noué par la situation. Pour autant, je voulais faire en sorte qu’ils puissent au moins obtenir un lot de consolation, si on peut appeler ça ainsi…

Toujours pas de nouvelles de la part de Lydia… Je m’en doutais. Nous en saurions davantage une fois qu’ils seront tous tirés d'affaires. Vivement que le père d’Henry Golpa retire ses parts de l’Organisation, qu’ils laissent tranquilles ces pauvres innocents ! …J’en venais à penser qu’il valait mieux affaiblir économiquement Trismegis et se plier aux ordres des Feux-Follets. Je n’étais pas très courageux. Je n’étais pas vraiment un battant. Je voulais seulement vivre dans une utopie où tous les camps cohabiteraient ensemble, sans se faire une guerre où il ne peut y avoir de vainqueurs sans faire des sacrifices sanglants.

Je me murais dans le silence, prenant un verre de thé glacé en patientant avec appréhension. Jusqu’à ce que - malgré le verre des vitres qui nous séparaient du bâtiment pris d’assaut - nous pûmes entendre que la situation se débloquait.

Visiblement le père était arrivé et avait obtempéré. Cela mettrait à mal les finances de Trismegis, mais cela signifiait aussi que Lydia et les autres s’en sortiraient indemnes !

“Bientôt fini… Avec un peu de chance, ils seront même attrapés dans les prochains jours.”, marmonnais-je pour moi-même. “Vos camarades seront sûrement interrogés par les policiers, pour qu’ils obtiennent des informations quant à l’identité des terroristes. Peut-être qu’avec un peu de chance, tu pourras aller voir Lydia, Maxim. Vous avez l’air d’être très proches, ils accepteront peut-être de te laisser venir !”

Je faisais surtout la discussion pour passer le temps et oublier mon état anxieux généralisé. Je me posais beaucoup de questions. Impossible de savoir ce qu’il se passait là-dedans. Les policiers avaient évoqué un gros bordel, et le nom d’un homme que je ne connaissais pas. Lysandre Wood ? Qui pouvait-il être ? Un protégé de la police ?

“M-mais non…! C’est juste occasionnel, puis avec une activité physique régulière, on ne grossit pas pour si peu !”, me justifiais-je comme je le pouvais, plutôt heureux d’entendre Maxim plaisanter malgré la gravité de la situation, à l’extérieur de cette salle de classe qui était à la fois notre lieu d’asile et notre prison.

Les autres élèves ne mangeaient pas vraiment. Quoi de plus normal… De mon côté, je m’étais servi une part de tiramisu, quitte à passer pour un gros gourmand. Je devais simplement éviter de me resservir compulsivement, sinon j’allais avoir mal à l’estomac, avec toute l’anxiété que je ressentais.

“Je l’espère aussi. On ne peut jamais trop prévoir, et…”

J’avais été coupé par une élève. Je comprenais ce comportement impulsif et cet indignement qu’on peut ressentir quand on est adolescent. Pour autant, je me devais de bien leur faire comprendre que c’était dangereux. Agir de la sorte avec des criminels ne pouvait que nous desservir.

“S’ils n’écoutent pas leurs revendications, vos camarades risquent de mourir. La police a pour rôle de protéger les civils, et non de les mettre en danger. Ils captureront ces criminels plus tard, quand ils seront certains que rien ne pourra arriver aux élèves et au personnel.”, me répétais-je calmement, espérant que ces éclaircissements rassurent un peu mieux.

Je hochais la tête. Je ne sous-entendais pas forcément un crush de Maxim pour Lydia, initialement. L’amitié était déjà un très joli sentiment, et ça pouvait être aussi puissant que de l’amour, même si c’était différent.

“Nous irons la voir, elle est les autres, dès que nous le pourrons. L’accompagner au commissariat ne devrait pas poser souci.”

Peut-être qu’il faudrait même l’accompagner à l’hôpital, si elle présente des blessures. Je préférais ne pas y penser, car je commençais à ressentir une appréhension particulièrement désagréable, surtout depuis que nous avions appris que l'otage avait été blessé. En espérant que ça ne soit rien de grave… Le sécurité d’Uxie allait devoir se renforcer, pour éviter que ce genre de choses arrive à nouveau. Ces terroristes ne souhaitaient que semer la peur pour nous empêcher de vivre !