Il faisait beau en ce moment, et June ne pouvait en être plus ravi. Alors certes, le beau temps emenait son lot de pokémons qui sortait de leurs terriers pour se promener dans les villes, ce qui faisait qu'évidement, les rangers étaient réquisitionnés sur le terrain. Mais on était bien loin du vrai danger, dans l'immédiat, alors la rose pouvait profiter tranquillement de sa journée.

Leuko?

Ben oui. Évidemment, le métamorph en avait profité pour s'éclipser, et prendre l'apparence du moindre pokémon qui pouvait croiser sa route. Ça allait être un plaisir de devoir le chercher. Et plus elle s'attardait à s'apitoyer sur son sort, plus elle risquait de galérer à retrouver la petite boule rose.

Le meilleur endroit pour commencer, connaissant Leuko, c'était les jardins autour de la base. À cette période de l'année, il y avait tout un tas de pokémons attirés par le pollen des floraisons en cours. Du coup, qui de mieux indiqué que Stab pour retrouver son collègue parmi une nuée d'insecte? June appelait à elle son dardargnan qui, honnêtement, avait bien besoin de s'étirer les ailes. Il faisait vibrer la chitine de ses ailes, et aiguisait ses dards. La jeune femme posait une main sur son épaule, calmant tout de suite les idées qu'il pouvait se faire. Pas de bagarre, juste de la recherche.

Le duo sortait du bâtiment pour chercher au milieu des bosquets. Il y avait des insectes un peu partout, quelques curieux amoureux des pokémons qui venaient voir ce spectacle que la nature pouvait leur offrir, et des pokémons qui vivaient leur vie, paisiblement. Tout ce pour quoi June travaillait, en fait. Elle était ravie. Puis, assez rapidement finalement, la guêpe qui lui servait de coéquipier lui mit un petit coup d'épaule pour attirer son attention. Plus loin, deux lewsors qui faisaient connaissance...?

Ah, non. Un lewsor, oui, mais le deuxième n'en était clairement pas un. Il y avait trop d'erreurs dans la copie de cette apparence pour ne pas laisser place au moindre doute. L'illusionniste avait essayé de se faire des amis. Après, et ça, il avait du mal à comprendre, copier le visage de quelqu'un n'était pas forcément la meilleure chose à faire. Elle envoyait alors Stab le récupérer calmement, le dardargnan étant d'autant plus menaçant qu'un métamorph et le but n'était pas d'inquiéter le lewsor, puis la rose s'approchait d'un homme qui semblait être suffisamment proche pour être le dresseur éventuel.

Excusez-moi, ce lewsor est avec vous? J'espère que mon métamorph lui a pas fait peur, au moins.

Pourquoi son pokémon aurait peur? Effectivement, Leuko était loin d'être une menace. Le plus grand danger, avec la boule rose, aurait été qu'il reste collé au lewsor comme un chewing-gum. Ça n'irait pas plus loin que ça. Le métamorph était juste un peu en mal d'affection, et son premier réflexe, c'était de voler l'apparence de ceux qu'il croisait. Cette fois, la chose n'avait pas été mal reçue, donc c'était une bonne nouvelle.

Certains pokémons n'aiment pas être copiés, et il ne demande pas vraiment l'autorisation avant de le faire.

Elle regardait les pokémons se présenter avec un sourire attendri. Surtout Stab qui essayait tant bien que mal de paraître amical. Enfin, pas agressif, plus exactement. C'était quelque chose avec lequel il galérait beaucoup au quotidien. Mais là, il fallait se faire une raison: ce n'était pas le petit alien qui allait commencer un affrontement. Il se contentait alors d'hôcher la tête, de ramasser le métamorph, et de se diriger vers leur dresseuse.

Cette dernière rencontrait alors un homme qu'elle n'avait encore jamais vu ici. Enfin, après c'était pas si surprenant, c'était rare que June puisse flâner à la base. Et puis surtout, elle s'en serait probablement rappelé, du mec qui empêchait son mélo d'évoluer. Elle l'avait regardé faire, une main sur la hanche, sans trop savoir quoi en penser. Ça pouvait être quoi, la raison, pour garder ce bout de chou petit?

Avant qu'elle ne puisse trop y réfléchir, le poignet de la rose avait été embarqué de force. Il voulait voir les coxys, apparemment. Ce qui en soit n'était pas un problème, c'était la parfaite saison pour les voir. Par contre, pourquoi elle se faisait embarquer comme ça, ça... C'était une autre histoire. Rapidement, puisqu'elle n'avait pas vraiment eu le choix, la ranger avait accéléré le pas pour rattraper l'homme. Il lui avait demandé de la guider, et pourtant, c'était lui qui guidait toute la troupe...

Par là, vous aurez une meilleure vue.

Elle montrait du doigt un coin à la bordure du terrain de la base, non loin de bosquets hauts et touffus, une tanière parfaite pour quelques insectes prêts à agrandir leur famille. Pour l'instant, les seuls insectes visibles étaient un coconfort et un dardargnan, plus loin. Il y avait aussi un oiseau qui les observait, prêt à partir en chasse. Pas alors que Stab était là. La guèpe s'était envoyé sans attendre d'ordre, et se contentait simplement de tenir le zapétrel à l'écart. Laissant ainsi à June tout le loisir d'en apprendre plus sur l'homme qui l'accompagnait aujourd'hui.

Passionné par les insectes? Ou par les coxys en général?

En espérant que ce soit pas indiscret, évidemment.

La rose avait souri à son faux dégoût en matière d'insecte. C'était vrai qu'une grande partie du monde avait un peu de mal avec ce genre de pokémons. Y avait qu'à voir Stab, en intervention, qui faisait parfois plus flipper la victime qu'autre chose. Pourtant, la guèpe était bien intentionée, mais y avait rien à faire. Les gens ne tremblaient pas face à un aligatueur, mais devant un dardargnan.

C'était pour une étude, donc. L'homme était probablement lié à l'Académie, ou un truc du style. Un boulot trop cérébral pour June, du moins c'est ce qu'elle se disait. Peut-être qu'elle aurait pu bosser dans le domaine, si elle s'était un peu plus concentré à l'école. Puis finalement, elle se disait que ce qui lui plaisait, dans son boulot, c'était l'action. Et ça, le métier de ranger, et dans son cas de top-ranger, en était la source parfaite.

Je savais pas. Elle était sincèrement curieuse. Je suis plus callée en écologie qu'en histoire. Même niveau "faune ancienne", je commence à peine.

Elle touchait du bout des doigts la pokéball de Nex, qui était attachée à sa ceinture. Le jeune galvagon était encore en train d'apprendre à vivre dans le monde moderne. Et surtout, il devait apprendre à composer avec sa cécité. Il faudrait qu'à l'occasion, June trouve un spot un peu tranquille pour lui permettre de découvrir une zone plus sauvage. Et peut-être, qui sait, il pourrait se montrer utile en intervention. Il ne serait évidemment qu'un renfort de dernier secours, hors de question de le mettre en danger.

Mon capstick? Elle le sortait de son holster: c'était courant qu'on lui pose des questions dessus. C'est un appareil qui a pas mal de fonctionnalités: j'ai un radar, une radio, et... Elle visait le zapétrel, et éjectait le disque de capture, ça. Ça a un effet calmant, ce qui permet de capturer "momentanément" le pokémon juste le temps de le reloger. C'est moins traumatisant qu'une capture dans une vraie pokéball.

June commençait alors à faire de grands cercles autour du zapétrel, trop occupé à tenir tête au dardargnan pour s'en préoccuper. Un tour, deux tours... Et voilà. L'oiseau avait été capturé. Son corps s'était illuminé, tandis qu'il semblait s'être calmé vis à vis de Stab. Ce dernier le guidait plus loin, vers de grands arbres où il pourrait se nicher sans mal. L'oiseau jaune et noir restait ensuite là, avant de secouer la tête, les effets de la capture se dissipants alors que June avait récupéré sa toupie. Totalement revenu à lui, il ouvrait grand ses ailes, et décidait finalement de flâner ailleurs.

À sa réponse, June n'avait pas eu de réaction. C'était vrai, elle n'était que ranger. Top-ranger, à la limite si on voulait préciser, mais ranger quand même. Son domaine de prédilection, ce n'était pas la théorie, donc ça ne servait à rien de se donner des airs plus érudits qu'elle ne l'était vraiment. Ses forces se trouvaient simplement ailleurs, dans l’action, sur le terrain. Elle était là pour protéger la faune, garantir la sécurité des pokémons et des humains, et non pour s'engager dans de longues discussions philosophiques. C'est ce qui faisait d'elle une top-ranger. Elle excellait dans ce qu'elle faisait, sans jamais prétendre être autre chose.

La petite démonstration terminée, le zapétrel volant vers d'autres cieux, elle ramenait son attention sur son interlocuteur. Il semblait encore intrigué par le processus de capture, peut-être un peu sceptique aussi. Si elle trouvait qu'une capture pouvait être traumatisante? Une question délicate, car de nombreux paramètres devaient être pris en compte pour y répondre. June prit le temps de réfléchir à sa réponse, choisissant soigneusement ses mots.

Ça dépend, je dirais, commença-t-elle en gardant son ton habituellement calme et mesuré. Certains pokémons sont suffisamment proches des humains pour tolérer la capture dans une pokéball. D'autres, en revanche, sont tellement attachés à leur liberté qu'ils le vivraient mal. Pour moi, l'important, c'est de comprendre chaque espèce et chaque individu. Pour une capture temporaire, ça ne sert à rien de leur imposer ce stress si je peux les convaincre autrement de me suivre. Si je dois aider un pokémon en réel danger, ou que je veux le ramener au QG pour des soins par exemple, la pokéball est une option. Mais souvent, je préfère éviter.

June avait l’habitude de travailler avec un grand respect pour les pokémons. En tant que ranger, son objectif n'était jamais de les soumettre, mais plutôt de collaborer avec eux. Dans les situations où un déplacement était nécessaire, elle optait autant que possible pour des méthodes douces, privilégiant la compréhension mutuelle. Chaque pokémon avait son propre caractère, ses propres besoins, et il était crucial d’en tenir compte. C'était cette approche qui la distinguait, qui lui permettait d'accomplir ses missions sans perturber l'équilibre fragile de la nature.

Puis enfin, ce qu'attendait l'homme. Les coxys. Enfin, pour l'instant, un coxyclaque. Il regardait dans leur direction. Est-ce que leur présence dérangeait l'insecte? Stab était revenu se poser aux côtés de June, comme si la guèpe se portait garant. L’insecte rouge fut bientôt rejoint par un autre, plus jeune à en juger par sa couleur orangée encore vibrante. C’était un véritable spectacle naturel qui se déroulait sous leurs yeux.

June restait silencieuse. Elle savait que parfois, il valait mieux laisser la nature parler d’elle-même. L'homme, absorbé par ses observations, ne semblait même plus prêter attention à elle. Et elle s’en accommodait parfaitement. Elle était heureuse de simplement être là, témoin de cette scène paisible.