Si je n’étais pas épuisé par tous ces voyages de district en district ? Ah, si, complètement. Et la fatigue se faisait nettement ressentir sur mon visage. Mon humeur aussi, en prenant un sacré coup. À pleurer car je n'arrivais pas à ouvrir le paquet de céréales ce matin, par exemple. Mais personne n'est censé le savoir… Sauf le Spiritomb de mon père qui m'avait vu. Mais je l'avais menacé pour qu'il se taise.

J'avais accumulé de nombreuses informations dans de nombreux districts, à ajouter à la version finale de ma thèse. J'avais beaucoup rushé ces derniers jours, à mesure que la date de pré-rendu approchait.

J'allais révolutionner les mentalités. Je ne devais rien lâcher.

Même si la peur m'empêchait de dormir par moment. J'avais peur des regards désapprobateurs, des critiques que j'allais recevoir. Ça n'était pas grand chose, mais rien que ça avait tendance à me donner des insomnies. Ça, et le fait qu'un refus de thèse était possible. Le cauchemar. On allait me prendre pour un révolutionnaire aussi, si ça se trouve…

Alors en train de me torturer mentalement l'esprit dans le fond d'un rayon, à lire plus ou moins un livre traitant des magnolias d'Atara (sujet qui ne m'intéressait absolument pas), prouvant une fois de plus ma détresse psychologique, je remarquai que le Trousselin qui me servait de partenaire était parti vadrouiller auprès d'autres clients.

En espérant qu'il n'ait rien volé, cette fois. Je ne tiens pas à être encore engueulé par une mamie aigrie…

Fausse frayeur, pensais-je intérieurement. Le trousseau de clefs ambulants regardait juste avec curiosité un Baggiguane, se demandant comment l'aborder correctement et sans créer de vagues. Parce qu'il était une catastrophe. Vraiment.

Voulant l'aider un peu à sociabiliser, je m'approchais du Pokémon et des deux autres personnes, des mangas sous le bras - puisque je n'ai aucun self control sur mes achats en ce moment.

"Excusez-moi ! Je crois que mon Pokémon est intrigué par le vôtre. On en voit rarement ici, il faut dire ! Il s'appelle comment ?"

Je n'étais pas non plus le type le plus à l'aise quand il s'agit de discuter avec des inconnus, mais à Sunoh, c'était différent. J'étais chez moi.

Kleis finit par s'approcher en agitant timidement ses clefs devant le Baggiguane. Le connaissant, la timidité s'envolera très rapidement. Tiens… je ne l'avais pas remarqué plus tôt, mais le Trousselin avait un bonbon accroché à lui. Bonbon qu'il tendit joyeusement à son semblable Pokémonesque. …bonbon qu'il a - j'en mettrais mes deux mains à couper - sans doute subtilisé à un gosse quelques heures plus tôt.