@sanguis_lunae a écrit :
Hey.
Comme convenu, je suis à l’Observatoire.
Pas sûr de trouver ce que tu recherches, par contre.
T’as vraiment des idées lugubres, sérieux.
Tu veux que je te le trouve où ton bout de météorite ?
Par terre peut-être ??? J’ai limite plus de chance de ramener un Météno.
Ou alors tu veux que j’attende éternellement ici, le temps qu’il en tombe ?


@melonpan a écrit :
Je suis vraiment désolée de te demander ça… TT
Mais ma soeur est malade et j’aimerais vraiment lui offrir une pierre météorite.
Tu t’y connais en lithothérapie ?

@sanguis_lunae a écrit :
Non. Et je m’en fous. Les cailloux c’est pas mon truc.
En vrai, ça me dérange pas d’être là, y’a des Pokémons, normalement.

@melonpan a écrit :
Tu pourrais au moins faire semblant de t’y intéresser :/
Je te remercie en tout cas.
Tu m’enverras ça par lettre, je te rembourserai tout de suite ^^

@sanguis_lunae a écrit :
Bah, je pourrai lire des trucs sur ça, si je me fais chier, s’tu veux ._.
Mais j’ai l’impression que c’est pas une science fiable, les vertus ont l’air de changer selon qui ça arrange.

@melonpan a écrit :
Eeeeeh… T’as pas tort.
La pierre météorite aide les personnes carencées en fer, apparemment.
Peut-être que si ma sœur y croit, ça l’aidera.
Le psychique, ça joue énormément !

@sanguis_lunae a écrit :
Ouais.
Bon, je te laisse.
Je te recontacte quand j’ai ton caillou.

@melonpan a écrit :
Je te revaudrai ça !
Merciii

Un morceau de météorite, ça n’était pas facile à trouver. Elle était sacrément optimiste. D’un côté, j’y voyais mon compte. Y’avait des Pokémons ici. Et des rares. J’allais pouvoir les observer avec Soleil, et peut-être en apprivoiser un. Mon père allait tirer la gueule, mais j’allais lui prouver par A + B que j’étais parfaitement capable de gérer plus d’un Pokémon. La preuve : Soleil était parfaitement docile malgré sa réputation dangereuse.

Alors… Bah son caillou, je le trouve pas. Juste des roches ordinaires, on dirait. J’avais pas trop envie de lui mentir en lui ramassant un caillou au hasard. Ce ne serait pas honnête. Si elle n’était pas mon amie, je l’aurais fait, en vrai.

Fioooooooouh ! BOOOOOOM !

Merde. Un truc venait de se crasher à quelques mètres, laissant un petit cratère bénin. Qui aurait pu croire qu’une météorite allait s’écraser maintenant ? C’était improbable. Je croyais rêver.

Avec précaution, j’approchais et aperçus un Météno dénudé, ses fragments brisés en plusieurs morceaux. Me vint donc une idée. Lui en voler. Et pas qu’un. C’était presque de la roche de météorite, ça. Puis, franchement, j’allais jamais trouver mieux que ça.

“Je vais pas te demander ton avis, quand même. Je te prends tes cailloux.”

Et c’est ainsi que je remplissais mon sac de cailloux. Le Météno était parti vaquer à ses occupations de Pokémons sans rien dire, de toute façon. Qu”il se balade tout nu, je n’en avais rien à faire. Il pouvait reconstituer sa carapace comme il le voulait, de toute manière.

Autre chose venait de tomber du ciel, maintenant que j’avais ramassé la coquille brisée du Météno. C’était dangereux, ici. Est-ce que j’allais pour autant faire attention à moi ? Pas vraiment. Si quelque chose venait à me tomber dessus, ce qui serait improbable, eh bah tant pis. Je n’allais pas en mourir, quand même. Puis c’était tellement improbable.

J’allais quand même regarder ce que c’était, dans le doute. Et c’était encore un Pokémon, comme je m’en doutais. Je le trouvais un peu nul. Il essayait de communiquer avec moi en émettant des sons graves louches.

“T’as quoi ?”, lui demandais-je d’un ton presque autoritaire et intimidant. “J’ai rien pour toi, dégage.”

Il devait vouloir de la bouffe. En attendant, j’avais pas le temps de perdre mon temps avec ce Pokémon. Il avait l’air nul. Aucune idée de ce que ça pouvait être, de toute façon. Sans intérêt.

Je finis donc pas totalement l’ignorer. En espérant qu’il arrête son bordel, que je ne me fasse pas repérer. …Ah, oui. J’étais sorti de nuit sans prévenir personne. Mon père allait rentrer dans genre trois heures de son voyage d’affaires. Comme j’étais assez grand pour me garder tout seul, j’en profitais pour sortir. Personne allait vérifier ce que je faisais.

Autre chose venait de tomber du ciel, maintenant que j’avais ramassé la coquille brisée du Météno. C’était dangereux, ici. Est-ce Les Pokémons du coin ne me disaient trop rien. C’était décevant. Moi qui pensais tomber sur des Pokémons originaux. Je m’étais trompé. Enfin, je n’avais pas fini d’en voir. Et puis, ce Mélofée qui danse bizarrement… Attendez. C’était Gangnam Style ? Ça datait tellement, cette horreur. Je préférais oublier. Je devais exorciser le mal en écouter autre chose dans mes oreilles.

Me venait une autre idée. Je n’avais pas du tout la bonne affinité des types, mais c’était pas grave. j’allais entraîner Soleil pour passer le temps. J’avais toute la soirée à tuer, musique mon père n’allait pas rentrer avant longtemps.

“Désolé, c’est rien de personnel, je veux juste m’entraîner.” prévins-je le Mélofée tout de même pour avoir moins de remords. “Vive-Attaque, Soleil !”

L’Absol s’exécuta, lançant même une autre capacité de statistique au préalable pour être encore plus efficace. Cependant, le Mélofée n’était pas très ravi, évidemment. Sauf qu’au lieu de viser mon Pokémon, c'est moi qui me suis pris le Vent féérique. J’éternuais, me sentant vraiment très bizarre. Légèrement affaibli. C’était donc ça que ressentaient les Pokémons quand il se battait ? Non. Les humains étaient forcément plus nuls.

“Continue. Je… Je vais esquiver ses prochaines attaques. C’est pas agréable.”

Jusqu’à preuve du contraire, je n’étais pas masochiste.

Defeating the weird and pink Fairy Pokémon was really easy. Too easy. Boring. Frustrating. Its body was faced to the ground, while its mouth was growling inaudibly. Tsk.

“Sorry. You were too weak for me. I hope you’ll progress, sincerely. How are you supposed to protect yourself from the other Pokémons ? Next time we’ll meet, I hope you’ll become stronger.”

I sighed. And… you know what ? I was more and more sighing when I saw this Pokémon. Again. Another Elgyem. Soleil was strictly stronger than him. So, defeating it will not be an interesting experience.

…Uh. I wanted to fight him by myself so much. But it was dangerous, and I didn't want my father to know I was here and not at home like I promised. I had to control myself. My blood was boiling inside of me. Soleil will do the job for me, so. Next, I hope better Pokémons will show themselves.

“Can you get rid of it ? It pisses me off.”

A little embarrassed, Soleil scratched it twice, showing it she was sorry for that.

“It’s not like you killed it. It’s just K.O., that’s all. C’mon.”

She was nice. I’ll never understand why people find her dangerous. She never bit or scratched me.

J’avais fini par laisser tomber les combats. Ça me faisait trop chier. C’était ennuyeux, ici, contre ces Pokémon super nuls. Des Mélofées, des Lewsors, un Météno… Bedwyr n’était pas la ville la plus peuplée de Pokémons intéressants. Pas la ville la plus peuplée de Pokémons tout court, je dirais même.

Je soupirais, en haut de la tour de l’Observatoire que je venais d’escalader sans grands soucis. J’observais les étoiles qui semblaient bien plus proches, sur la Haute-Uthyrgham. Je me demandais si c’était normal de se sentir aussi bien, seul, la nuit, lorsque personne ne me regarde. J'avais l’impression de respirer. D’être moi.

Je ne savais pas encore combien de temps j’allais devoir vivre comme ça. Presque personne ne savait que j’étais… non-binaire. Ce terme était encore difficile pour moi à assimiler. C’était assez récent. Mais tellement logique. Je n’avais pas spécialement besoin de ce mot pour me définir. Pourtant, c’était bon de savoir que je n’étais pas bizarre.

Je me demandais pourtant encore si ça avait un lien avec ce que j’avais oublié. Je savais que ça n’était pas forcément lié. Pourtant, ce malaise que je ressentais avec mon corps… Il n’y avait pas que ça. Des personnes comme moi étaient pleinement épanouies dans leurs corps. Même sans faire le moindre changement hormonal ou physique.

J’étais mal à l’aise. J’évitais de voir mon reflet le plus possible, pour ce qui était du corps. Le visage, ça allait encore. Selon les jours.

Me voyant assez déprimée, Soleil frottant sa tête contre moi. Je caressais simplement sa tête pour lui assurer que ça allait. Je n’étais pas sortie pour déprimer. Simplement pour prendre l'air, ramener un caillou à ma pote et… éventuellement trouver des Pokémons cool.

Assez las de ne rien trouver d’intéressant, je sortis un miroir de poche ainsi que du maquillage. J’avais toujours un peu de tout dans mon sac. Au cas où je décide à passer une nuit dehors, si j’en ai envie. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. C’était essentiel pour la survie. Et la survie, mon père me l’avait enseignée suffisamment de fois pour que je fasse extrêmement attention à ne manquer de rien quand je sors. Il était certainement trop inquiet, et pour rien, mais au moins, j’avais toujours de quoi faire.

Je passais lentement le pinceau sur un premier œil. Du rouge. De loin ma couleur préférée. C’était bizarre, mais cette couleur me rappelait que j’étais vivante. Parfois, j’avais quelque flash où cette couleur apparaissait. Des formes étranges se dessinaient dans ma rétine, mais c’était encore tellement abstrait. Je voulais me rappeler. Mon père était mal à l’aise lorsque je lui demandais des informations sur ma vie d’avant.

Il disait qu’il fallait que je me souvienne par moi-même, sinon, tout le travail psychologique que je faisais ne rimait à rien. Apparemment. Mais ça ne voulait pas revenir. Seules bribes sans queue ni tête me venaient à l’esprit. Et des cauchemars très imagés. Impossible d’interpréter tout ça.

J’avais bien consulté des faits divers. Mais mon prénom n’apparaissait nulle part. Il y en avait eu tellement à Kôyô. Et beaucoup d’affaires avaient été étouffées, jugées comme trop dures. Résultat : j’étais dos au mur. Je ne savais rien de mon passé.

Le premier œil n’était pas si mal. C’était toujours le premier œil que j'arrivais le mieux à faire. Le second finissait toujours raté. Lorsque je n’oubliais pas carrément de la faire. C’était difficile, la symétrie, et personne pour m’apprendre. Mon père ne se maquillait pas. Logique. Peu d’hommes le faisaient. C’était dommage, d’ailleurs.

Je terminais quelques finissions avant de me pencher sur le second. J’étais déjà bien moins adroit et tremblais. Je devais m’entraîner. De toute façon, j’avais aussi du démaquillant avec moi, si jamais c’était immonde. Ce qui risquait d’arriver. Et au pire, dans la nuit, personne n'allait me calculer.

Je frissonnais, repensant à mes camarades de classe. Non, pas possible qu’ils tombent sur moi. Puis dans la rue, je pourrais me défendre. Il n’y aurait pas autant de témoins qu’à l’Académie. Je chassais ces sombres pulsions de bagarre pour me concentrer sur le deuxième œil.

Le résultat finit par me convaincre, à peu près. C’était bien. Est-ce que je devais tenter de peindre mes lèvres également ? J'avais de quoi le faire. Mais ça me rendait particulièrement anxieuse. Je craignais d’avoir l’air d’un clown.

Je secouais la tête et cessais d’y penser, appliquant le pourpre sur mes lèvres après avoir vérifié que personne n’était présent.

J'entendis quelques bruits de roulements de pierres. Très légers. Je me retournai brusquement, espérant que ça ne soit pas un type louche qui tente de me prendre par surprise. Dans ce cas-là, je l'attendais avec un couteau, mon briquet, mes poings et Soleil.

Improbable, à l'Observatoire. À part quelques fans d'astronomie et des étudiants dans le domaine, je n'avais vu personne. Déjà que les lieux étaient très peu peuplés, comme nous étions en vacances scolaires…

Non. En fait, il s'agissait d'un petit Pokémon qui ressemblait à un enfant. Mais un enfant gothique-lolita. Ce qu'il faisait m'intriguait. Il déplaçait des pierres en observant le ciel.

Aligné avec les étoiles…? Ça devait être ça. Je n'étais pas convaincu par l'utilité de ses actions, mais comme je n'avais rien d'autre à faire, je me décidai à l'aider. Juste pour l'amadouer et l'attraper.

Le problème étant que je ne plaçais pas les pierres correctement. Alors le Scrutella me sermonnait en me jetant des regards désapprobateurs. N'aimant pas vraiment me faire engueuler par littéralement un bébé de quelques centimètres, je pestais et lui lançais une Pokéball au visage. Il n'y avait que dans la colère que je visais bien.