Le soleil se couche enfin, tu quittes enfin les locaux de ton job pourri pour rejoindre ton appartement minuscule et insalubre. Alors que tu marches, l'idée de te tirer une balle dans le crâne te traverse pour la centième fois l'esprit et, comme toutes les fois où tu as pensé à mettre fin à ton existence, tu tentes d'effacer tes idées noires en faisant un crochet pour te rendre dans ce bar miteux que tu ne connais que trop bien... L'alcool y est peu cher, probablement coupé avec des produits douteux, mais tu ne roules pas sur l'or... Et quitte à mourir, autant crever en y prenant un minimum de plaisir.

       Tu pousses la lourde porte en bois qui grince fortement et, comme d'habitude, le même barman avec des poches sous les yeux te gratifie d'un ''bonsoir'' protocolaire. Tu viens ici depuis presque dix ans, mais ce connard ne connais toujours pas ton nom, il se contente de te servir son poison... en un sens, il est serviable, il accélère le processus de ton existence pitoyable. Tu t'avances, prends place sur l'un des tabourets et commandes un Whisky On The Rocks, un jameson, ton préféré... enfin... c'est surtout parce que tu peux te le payer. Tu portes le verre à tes lèvres, le breuvage te brûle la gorge plus que d'habitude ''Le barman doit être en difficulté financière'' penses-tu ''il a ajouté plus de produits qu'a l'accoutumé''. Tu ne lui fais pas remarquer. On a tous nos problèmes pas vrais ? Ce qu'il fait n'est pas plus immonde que ce que peuvent faire les vendeurs de tabacs, les industriels et ces autres tocards qui pensent qu'on peut vivre dans ce Nouveau Monde comme dans l'ancien. Tu soupires quand une voix grave, caverneuse et comme venue d'un autre monde te fait frissonner.

        –Patron, un autre, dit un vieillard assis quelques tabourets plus loin

        Et le patron lui sert exactement la même soupe que toi. Un vieux jameson.

        –Laisse la bouteille, surenchérit-il

        Tu restes perplexe... Aussi loin que tu t'en souviennes, tu n'avais jamais vu le moindre client aux horaires où tu viens en presque dix années au moins... Tu inspectes l'homme. Un vieil homme dans la soixantaine, un colosse de presque deux mètres tout en muscle et vêtu de vieux vêtements chauds, troués et usés par le temps ''Un clochard ?'' te demandes-tu. Son aspect négligé ne fait que confirmer tes soupçons : une barbe fournie, grisonnante et négligée qui doit probablement être infestée de parasite et une coupe de cheveux qui n'a rien à envier à sa pilosité faciale. Son visage est cabossé, couvert de cicatrices. Il fait peur à voir.

        –T'as jamais vu un vieil homme, gamin ? t'interpelles le vieil homme

       Gamin ? Tu ignores cette petite pique... Après tout, à ses yeux, tu n'étais en effet qu'un petit jeune sans expérience. Il tourne son regard vers toi et tu es pris d'un étrange malaise alors que tu tentes de soutenir son regard : des yeux d'un bleu glacial, qui pénètre ton esprit. Ils sont magnifiques, sincèrement magnifiques... Mais insoutenable. Tu ne connais pas cet homme, mais après avoir tenu cette bataille de regards brève, tu peux comprendre toute l'horreur, toute la haine et l'ignominie de ce curieux personnage.

       –Non monsieur, réponds-tu presque bégayant, je suis juste étonné de voir quelqu'un dans ce trou à rat.

       Le barman grogne. Tu ne le relèves pas : il sait très bien ce qu'est son bar.
L'autre client se lève de toute sa hauteur et se dirige vers toi. Quelque chose te prend alors aux tripes, un détail pourtant choquant que tu n'avais pas vu jusqu'alors : son bras gauche est manquant, coupé net au niveau de l'épaule. Cela pourrait le rendre moins menaçant, mais étrangement cela ne fait qu'augmenter ton malaise. Il pose sa grosse main sur ton épaule et sa grosse voix inhumaine résonne à nouveau :

       –La vie est un combat garçon, dit-il, bats-toi, de toutes tes forces. Si tu dois partir, pars en beauté, dans la fièvre du combat, dans la violence et dans un éclat tonitruant.

       Et il passe la porte sans te gratifier du moindre regard. Tu restes là, estomaquer quelques instants avant de payer, de lâcher ton verre, et de reprendre le chemin vers ton logement... Tu penses à ses dernières paroles... N'as-tu pas une arme à feu qui traîne secrètement sous ton plancher ?  

       Jameson Arkeley est né en 2257 dans une bicoque reculée des montagnes du Tôkan. Fils d'un père bûcheron et d'une mère morte en couche, il fût dès le plus jeune âge habitué à une vie minimaliste. En effet son père lui apprit, dès qu'il fût en âge de marcher, à traquer, chasser, couper du bois et survivre dans des milieux froids et hostiles jusqu'à ses vingts printemps où son père tomba terriblement malade. Un mal vicieux, dont il avait vaguement entendu parlé dans l'un de ses rares passages dans les quelques villages éparpillés du Tôkan, un mal que l'on nomme le cancer. Rapidement diagnostiqué, la pauvre existence des deux Arkeley ne permettaient pas de subvenir aux soins de l'homme qui n'en avait déjà plus que pour quelques petites années... C'est alors que le jeune homme s'engagea sur un chemin de violence et d'autodestruction qui le caractérise tant aujourd'hui : quittant son foyer pour se rendre sur d'autres terres où il pourrait saisir d'autres opportunités et ainsi pouvoir offrir plus de temps à son paternel dans ce monde... mais là où on lui avait vendu un univers où tout était plus avancé que dans le Tôkan, il n'y trouva que déception et haine. Rapidement remarqué pour sa carrure par des personnes agissant à l'ombre de la justice, il fut embarqué dans un cercle de violence le faisant descendre toujours plus dans un enfer dont personne ne revient... Et c'est à cet instant même que son âme fût à jamais altérée par les ténèbres les plus profondes de la société : il appréciait ça. Il appréciait le combat, l'odeur et le chaos des escarmouches auxquels il participait pour une bouchée de pain. Sans idéologie, sans aucune loyauté pour un quelconque camp, le dresseur se dirigeait vers l'employeur le plus offrant avec des pokémons toujours plus fort au fur et à mesure que le temps passait... Et il ne s'arrêta pas, il ne s'arrêta jamais, pas même lorsque son père décéda de son affliction par manque de soins qu'il ne fut jamais en mesure de lui offrir. Jameson s'abandonna dans la débauche la plus sombre, devenant un démon à la force redoutée... Jusqu'à ce qu'il s'en prenne aux mauvaises personnes, jusqu'à ce qu'un homme se dresse sur son chemin et ne lui rappelle qu'il était dans l'erreur depuis plus de trente années. Un homme du nom de Brémont, un nom gravé au fer rouge dans sa mémoire depuis lors

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       Un bruyverne pousse un hurlement sinistre dans un brouillard à couper au couteau alors que ses ailes mortifères tranchent la brume pour venir se poser sur la terre ferme. Le brave dragon souffre d'une blessure fatale au niveau du thorax et il ne lui reste probablement que quelques minutes à vivre. Il s'affaisse et de son dos un homme tombe lourdement au sol dans un grognement mauvais. Cet homme se relève et sa main droite faite compresse à l'emplacement de son bras gauche, du moins, là où son bras gauche devait se trouver. Il souffre énormément et perd son sang à une vitesse inquiétante, mais l'homme n'a pas peur. Au contraire. Il est en colère. Il bouillonne d'une rage perverse.

      –Merde ! hurle-t-il. C'était qui ce type ? C'était quoi ce pokémon ? Putain ! Mon bras... Je dois atteindre le... camp...

      Mais derrière lui se font rapidement entendre les aboiements des pokémons canins sur ses traces. Des bêtes assoiffées de sang dressées pour traquer et tuer. Impossible pour lui de les distancer surtout avec une blessure aussi importante et son bruyverne en fin de vie. Il s'approche alors de la gigantesque chauve-souris et pose une main réconfortante sur son crâne.

      –Eh... ça sent la fin mon ami... mais je ne partirais pas sans combattre. Je ne partirais pas en laissant ces cabots et ces dresseurs de pacotille me déchiqueter t'es pas d'accord ? Allez... Tonton Jameson va offrir du grand spectacle...

      De son bras valide, titubant, se vidant de son sang, Jameson trouve la force de prendre une pokéball à sa ceinture et la lance en l'air en hurlant le nom de son plus fidèle et ancien ami. Les hommes qui arrivent alors à son niveau stoppent immédiatement leur course. Ils ont entendu parler du Léviator de Jameson Arkeley, une créature de cauchemar se nourrissant de la chair des vaincus et apportant avec lui la désolation... Ils restent un instant immobiles, interdits devant la peur avant que l'un d'eux ne donne le coup de grâce et ne condamne sa proie :

      –De quoi avez-vous peur ? hurle-t-il. Aujourd'hui, nous avons eu confirmation que Jameson Arkeley n'était qu'un humain ! Vaincu ! Il a été vaincu par un seul homme ! Ne flanchez pas ! Couvrons-nous de gloire !

      Et les soldats se ruent alors avec leurs pokémons à l'assaut de leurs cibles. Jameson dont la vue commence à se troubler hurle des ordres à son Léviator qui se déchaîne dans une cacophonie de violence et de mort. Son dresseur en profite pour faire appel à son pokémon feu à qui il ordonne de brûler la plaie béante d'où son sang s'écoule en grande quantité. La douleur le frappe à nouveau, une douleur indicible, une implacable torture. Il encaisse, mais son état est trop préoccupant pour qu'il arrive à rester conscient et il s'écroule au sol tandis qu'un voile noir l'emmène dans un royaume de ténèbres.

      Quand il se réveille, anémié, aux portes de la mort, il gît en enfer. Tout le monde est mort. Ses assaillants... Ses pokémons... Son léviator... Il se relève avec toute la difficulté du monde et constate  le chaos, l'humiliation qu'il vient de subir. Plus aucun frère d'armes... Plus aucune dignité... Un bras en moins... Il se met à marcher en titubant et disparaît dans le brouillard, vaincu, anéanti... Sans se douter que cette ultime bataille marquera à tout jamais son nom du triste titre de ''Manchot fou''.

Espèce: Stalgamin

Sexe: Femelle

Talent: Attention

Nature: Hardi

Téracristal: Sol

Niveau: 10


Descriptions: Offert par Zaya, ce petit gars semble être une blague de mauvais goût envers l'ancien combattant qui n'éprouve qu'un mépris palpable envers sa nouvelle compagnon qu'il juge faible. Cependant ce stalgamin ne se laisse pas abattre et fait preuve, étrangement, d'une détermination étonnante dans l'objectif de satisfaire son nouveau propriétaire. A la manière de son dresseur, elle n'aime pas abandonner et, bien que conscient de sa faiblesse actuelle, se montre étonnamment combative.